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Le rôle de l'hétérosexisme et du sexisme dans la construction de la paternité chez les conjoints de même sexe

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Academic year: 2021

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Texte intégral

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Le rôle de l’hétérosexisme et du sexisme dans la

construction de la paternité chez les conjoints de

même sexe

Mémoire

Jessie Vaillancourt

Maîtrise en service social

Maître en service social (M.Serv.Soc.)

Québec, Canada

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Résumé

L’évolution de la parentalité occidentale a mené à une redéfinition de la famille. Il est évident que la famille d’aujourd’hui a bien changé si on la compare à la famille traditionnelle d’autrefois. Actuellement, l’une des nouvelles configurations familiales occidentales lie à la fois la parentalité et l’homosexualité. La famille dite homoparentale suscite actuellement plusieurs débats et enjeux sociaux.

Cette recherche qualitative situe l’homoparentalité masculine à l’aide de témoignages de sept familles constituées de pères homosexuels ayant entrepris un projet commun d’adoption. La construction de la paternité et l’intégration de l’identité paternelle à l’identité homosexuelle s’expérimente parfois avec plaisir, parfois avec amertume. Les résultats de cette recherche exposent les différents stresseurs familiaux engendrés par la stigmatisation sociale et les facteurs favorisant une gestion efficace de ces difficultés chez les pères gais. À différents degrés, les résistances rencontrées affectent les relations personnelles, sociales, familiales et conjugales. Les difficultés et les stratégies utilisées pour faire face aux défis sont identifiées dans trois périodes de la vie des répondants : (1) la période avant l’arrivée de l’enfant (2) la période entourant l’accueil de l’enfant au sein de la famille et (3) la période actuelle où la famille évolue et cristallise les liens. Cette distinction entre les périodes a permis de situer les enjeux en fonction de l’évolution de la famille.

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Remerciements

Je prends quelques lignes pour remercier les gens qui ont permis la réalisation de ce projet.

D’abord, c’est avec beaucoup de reconnaissance que je remercie les hommes qui ont accepté de partager leur vécu, parfois difficile, avec tant de transparence. Vos parcours inspirants et porteurs d’espoir ont permis d’obtenir l’essence de cette recherche. Merci de m’avoir accueillie dans vos vies.

Je remercie également du fond du cœur ma directrice, Claudine Parent pour son soutien tout au long de ce projet. Merci pour la disponibilité, la rigueur et les judicieux conseils qui m’ont permis d’aller au bout de mes capacités. Vous resterez une source d’inspiration remarquable pour moi.

Un merci tout spécial à mes parents, Linda et Benoît pour leur soutien et leur foi inébranlable en moi. Vous faites partie intégrante de mon parcours académique. Merci de m’avoir appris à me servir de mes forces et me pousser à me dépasser. J’ai acquis, grâce à vous, une solide confiance en moi et en la vie.

Merci à mes enfants Lily-Rose et Jake. Sans vous, ce projet n’aurait pas eu tout son sens. Vous avez été une source de motivation inestimable, l’essence même de cette réalisation. Merci de m’offrir, jour après jour, le bonheur en abondance. Merci aussi à Peter de m’avoir soutenue et rassurée dans ce projet lorsque j’en avais grandement besoin.

Merci à mes amis Marilou, Audrey, Stéphanie et particulièrement mon frère Stéphane et ma sœur Cindy pour leurs mots d’encouragement, leur soutien et leurs conseils. Vous avez su bien m’entourer et me conduire vers l’aboutissement de ce parcours parfois éprouvant. Merci!

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Table des matières

RÉSUMÉ ... III REMERCIEMENTS ... V TABLE DES MATIÈRES ... VII LISTE DES TABLEAUX ET DES FIGURES ... IX

INTRODUCTION ... 1

CHAPITRE 1 – RECENSION DES ÉCRITS ... 3

1.1HOMOPARENTALITÉ ... 3

1.2PRÉVALENCE... 4

1.3ASPECTS JURIDIQUE ... 5

1.4MODE D’ACCÈS À LA PATERNITÉ ... 5

1.5HÉTÉROSEXISME ET SEXISME ... 7

1.6DIFFICULTÉS ET VÉCU DES PÈRES HOMOSEXUELS... 8

1.6.1 Tensions liées à l’identité homosexuelle ... 8

1.6.2 Tensions liées à l’identité paternelle ... 8

1.6.3 Défis dans la réalisation d’un projet ... 9

1.6.4 Résistances de l’entourage social ... 11

1.7STRATÉGIES UTILISÉES POUR SURMONTER LES DIFFICULTÉS ... 12

1.8LIMITES MÉTHODOLOGIQUES DES ÉTUDES ACTUELLES... 13

1.9LA PERTINENCE SOCIALE ET SCIENTIFIQUE ... 15

CHAPITRE 2 – CADRE DE RÉFÉRENCE ET D’ANALYSE ... 17

2.1LE MODÈLE ÉCOLOGIQUE DU DÉVELOPPEMENT HUMAIN ... 17

CHAPITRE 3 – MÉTHODOLOGIE ... 21 3.1PARADIGME ÉPISTÉMOLOGIQUE ... 21 3.2L’APPROCHE PRIVILÉGIÉE ... 21 3.3TYPE DE RECHERCHE ... 22 3.4POPULATION ET ÉCHANTILLONNAGE ... 22 3.5COMPOSITION DE L’ÉCHANTILLON ... 24

3.6LA COLLECTE DES DONNÉES... 26

3.7L’ANALYSE DES DONNÉES ... 26

3.8CONSIDÉRATIONS ÉTHIQUES ... 28

CHAPITRE 4 – PRÉSENTATION DES RÉSULTATS ... 30

4.1DIFFICULTÉS VÉCUES AVANT LA PÉRIODE D’ACCUEIL DE L’ENFANT ... 30

4.1.1 Homosexualité et paternité ... 30

4.1.2 Démarches relatives à l’accueil d’un enfant ... 32

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4.1.4 Stratégies utilisées pour surmonter les difficultés ... 39

4.2DIFFICULTÉS VÉCUES PENDANT LA DÉMARCHE D’ACCUEIL DE L’ENFANT ... 41

4.2.1 Lien d’attachement ... 41

4.2.2 Adaptation à la venue de l’enfant ... 43

4.2.3 Stratégies utilisées pour surmonter ces difficultés ... 47

4.3DIFFICULTÉS LIÉES À LA REPRÉSENTATION DE LA FAMILLE... 48

4.3.1 Population/Société ... 49

4.3.2 Institutions ... 52

4.3.3 L’enfant ... 57

4.3.4 Sexisme ... 60

4.3.5 « Coming out » perpétuel ... 62

4.3.6 Stratégies utilisées pour surmonter ces difficultés ... 63

4.3.6.1 La société ... 64

4.3.6.2 La garderie, l’école et les loisirs ... 68

4.3.6.3 Soutenir l’enfant ... 70

4.3.6.4 La perception de soutien ... 72

4.3.6.5 Conseils aux pères ... 73

CHAPITRE 5 – SYNTHÈSE ET DISCUSSION ... 75

5.1QUELS SONT LES OBSTACLES À LA PATERNITÉ GAIE? ... 75

5.1.1 Représentation sociale du père gai ... 75

5.1.2 Adaptation au rôle de père ... 77

5.1.3 Lien avec le centre jeunesse ... 79

5.2COMMENT VIVRE SON RÔLE DE PÈRE GAI? ... 80

5.2.1 Croire en soi et en sa famille ... 80

5.2.2 Soutien social et mutuel ... 81

5.2.3 Éduquer la population ... 82

5.2.4 S’impliquer dans son rôle de père ... 82

5.3FORCES ET LIMITES DE LA RECHERCHE ... 83

5.4PISTES POUR LA RECHERCHE ... 84

5.5PISTES POUR L’INTERVENTION ... 86

CONCLUSION ... 88

BIBLIOGRAPHIE ... 90

ANNEXE 1 : FORMULAIRE DE CONSENTEMENT ... 95

ANNEXE 2 : RESSOURCES D'AIDE ... 98

ANNEXE 3 : QUESTIONNAIRE FACTUEL ... 99

ANNEXE 4 : GUIDE D’ENTREVUE ... 101

ANNEXE 5 : ANNONCE DE RECRUTEMENT ... 104

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Liste des tableaux et des figures

Tableau 1:Caractéristiques sociodémographiques des répondants ... 24

Tableau 2: Caractéristiques familiales des répondants ... 25

Figure 1: Systèmes de l'environnement social ... 18

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Introduction

L’institution de la famille a vécu de profonds changements dans les dernières décennies et ces transformations ont créé certaines ambiguïtés liées à la définition de la filiation et de la parentalité. De nouvelles formes familiales sont apparues, en raison notamment du déclin et de la précarisation de l’institution du mariage, de la multiplication des options relatives à la vie en couple et de la dissociation entre conjugalité et parentalité (Desrosiers, Le Bourdais et Laplante, 2000). Ainsi, il existe maintenant certains clivages entre sexualité et procréation et entre relation amoureuse et désir d’enfant. En outre, le choix de devenir parent représente souvent un projet d’accomplissement personnel qui peut être réalisé en couple, mais aussi individuellement (Cadoret, 2002).

Le schéma classique de la famille composée d’un père, d’une mère, et leurs enfants tend à se complexifier et des structures familiales inédites font leur apparition. La famille dite « homoparentale » représente une de ces structures familiales qui remet en cause la notion même de la « famille hétéroparentale », encouragée par la société depuis très longtemps. Le présent mémoire s’intéresse à cette configuration familiale, mais plus spécifiquement à la paternité chez les conjoints de même sexe.

Plus qu’une question politique, l’homoparentalité est devenue un enjeu social dans un environnement qui s’est transformé et qui tente de s’adapter aux réalités contemporaines et aux demandes sociales de notre époque. Aborder ces questions dans leur complexité constitue une opportunité scientifique de penser et étudier une autre configuration familiale qui permet de s’interroger sur ce qu’est un parent, une famille, une filiation. Traiter des configurations homoparentales masculines permet aussi de s’attarder aux facteurs qui pourraient faciliter l'intégration identitaire de ces hommes et mieux comprendre l'exercice de la paternité dans ce contexte. Ainsi, ce mémoire examine l’expérience parentale gaie, à travers les différents obstacles rencontrés par ces pères, notamment en examinant l’impact de l’environnement social sur la qualité des relations familiales ainsi que les stratégies utilisées pour y faire face. Afin d’y parvenir, la question de recherche retenue est la suivante : quelles sont les difficultés engendrées par

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l’hétérosexisme et le sexisme et les stratégies utilisées pour surmonter ces difficultés chez les pères homosexuels ayant adopté un enfant?

Dans le cadre de cette recherche, il est souhaitable que les réponses à cette question mènent à une meilleure compréhension de l’unicité de ces familles qui doivent composer avec certaines idées, idéaux et idéalisations du couple et de la famille. Quelles que soient les modalités prises par la paternité gaie, il existe encore une dichotomie entre les rôles attribués à l’homme et à la femme dans l’éducation des enfants. Malgré la présence de certaines barrières à l’exercice de leur rôle comme l’homophobie, la stigmatisation et le manque de reconnaissance psychologique, sociale, culturelle, civile et morale, ces hommes usent de stratégies particulières pour penser leurs rôles parentaux et s’organiser en tant que système familial. Or, le but premier n’est pas tant de démontrer la légitimité de ces familles que de mieux comprendre leur fonctionnement, les obstacles à l’épanouissement de ces pères ainsi que leurs modalités d’adaptation. Puisse aussi cette recherche permettre de poursuivre la réflexion sur l’intégration de cette minorité sexuelle dans la définition de la famille et des relations familiales.

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Chapitre 1 – Recension des écrits

1.1 Homoparentalité

La famille que nous appelons « homoparentale » se définit comme toute situation familiale où au moins un parent légal est reconnu publiquement comme homosexuel (Robinson, 2001; Leroy-Forgeot, 1999). L’orientation sexuelle du parent doit donc être clairement reconnue et l’enfant ou les enfants doivent être légalement liés à au moins un des parents. Cette structure familiale peut prendre plusieurs formes que les sciences sociales tentent de mieux décrire afin d’améliorer la compréhension de ces configurations familiales et prendre part au débat en cours. La famille homoparentale peut être issue soit d’une ex-union hétéroparentale ou être issue d’un projet coparental d’une personne d’orientation homosexuelle ou d’un couple de même sexe. Selon Ryan et Julien (2007), elle peut résulter; d’une recomposition familiale avec un partenaire de même sexe à la suite de la dissolution d’une union hétérosexuelle, d’une adoption par une personne ou un couple homosexuel, d’un recours à l’insémination artificielle pour une femme lesbienne, seule ou en couple ou d’une entente coparentale entre une femme lesbienne ou non et un homme gai.

Le terme « homoparentalité » qui est aujourd’hui passé dans le sens commun fait souvent l’objet de débat. Bien que l’expression invite à dissocier la procréation de la sexualité et intègre la parentalité et l’homosexualité en un seul terme, certains disent qu’il n’est pas neutre et peut, de ce fait, être discutable. En effet, le terme ramènerait la parentalité à une question de sexualité alors qu’être parent devrait être indépendant du sexe ou de la sexualité. Selon Heenen-Wolff (2011), l’utilisation de ce terme suggère que l’orientation sexuelle des individus surplombe la fonction parentale. De plus, ce mot engloberait une pluralité de constellations familiales sans distinction de leurs particularités alors qu’elles représentent un schéma beaucoup plus complexe que la famille dite « traditionnelle ». Certains militants préfèreraient ne pas utiliser d’appellations particulières pour parler des familles avec parents homosexuels puisque selon eux, à plusieurs égards, ces familles ne seraient pas bien différentes des autres. Ainsi, certains auteurs parleront plutôt de

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« coparentalité » chez les conjoints de même sexe puisque le terme ne placerait pas l’orientation sexuelle des parents en avant-plan et ne ferait aucune référence au statut particulier de la famille(Descoutures et de Singly de, 2005). Bien que je sois moi aussi perplexe quant à l’utilisation du terme « homomoparentale » pour désigner les familles ayant deux parents de même sexe, le phénomène étant encore méconnu, il peut faciliter la compréhension pour certains. L’appellation sera donc préservée aux fins de ce mémoire.

1.2 Prévalence

Puisque le dévoilement de l’homosexualité entraîne encore des conséquences négatives malgré les avancées légales et puisque les grandes enquêtes nationales ont ignoré la question pendant longtemps, il est très difficile de relever le nombre exact de familles homoparentales. De plus, la diversité des configurations familiales (paternité issue d’une ex-relation hétéroconjugale, coparentalité avec un couple lesbien, etc.) représente un défi supplémentaire pour évaluer statistiquement l’ampleur de l’homoparentalité. Au Canada, selon le recensement de 2001, 3000 familles avec un ou plusieurs enfants de moins de 18 ans étaient composées de deux parents s’identifiant comme homosexuels (Ryan et Julien, 2007). Le nombre de couples de même sexe a fait un bond de 32,6 % entre 2001 et 2006 et les données du recensement de 2006 dénombrent plus de 4300 familles canadiennes de même sexe résidant avec au moins un enfant. Selon ce recensement, c’est 16,3 % de couples lesbiens canadiens qui déclarent vivre avec un enfant pour 2,9 % de couples gais (Statistique Canada, 2007). Toutefois, il faut ajouter à ce nombre les parents homosexuels qui ne sont pas en couple, pour lesquels nous n’avons pas de statistique. En 2006, au Québec, 980 ménages étaient composés d’une personne homosexuelle ou d’un couple de même sexe ayant un ou plusieurs enfants (Ministère de la Famille et des ainés, 2011). Ce nombre représente 7,2 % des enfants québécois qui vivent avec un ou des parents d’orientation homosexuelle. De ce nombre, certains sont issus d’une relation hétérosexuelle dissoute, mais de plus en plus d’enfants naissent du projet familial d’un couple homosexuel. Le nombre de ces familles au Québec est sans doute plus élevé aujourd'hui, mais il faudra attendre les prochaines données de l'enquête de Santé Québec pour avoir une meilleure estimation de la situation.

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1.3 Aspects juridique

Au cours des dernières années, des militants homosexuels ont entrepris des démarches pour faire reconnaitre aux hommes gais et aux femmes lesbiennes les mêmes droits conjugaux et parentaux que ceux des hommes et femmes hétérosexuels. Ainsi, des avancées légales donnant accès à l'union civile et à la parentalité pour les hommes gais et les femmes lesbiennes ont eu des implications directes sur la visibilité des réalités familiales homoparentales. En effet, le Canada et le Québec ont connu des changements législatifs importants accordant une reconnaissance légale du droit d’être parent pour les personnes d’orientation homosexuelles. Plus précisément, le Québec adopte en 2002 la loi 84 sur l’union civile incluant les couples de même sexe et instituant de nouvelles règles de filiation qui permettent, entre autres, à deux personnes homosexuelles d’adopter conjointement et légalement des enfants (Assemblée nationale, 2002). Ainsi, ce changement législatif rend dorénavant possible le développement d’un projet commun de paternité chez des conjoints de même sexe. En adoptant cette loi sur l’union civile, l’homoparentalité est dorénavant formellement inscrite dans le Code civil québécois.

1.4 Mode d’accès à la paternité

Dans le contexte particulier de la paternité gaie, il existe deux catégories de pères. La première correspond aux pères gais qui ont développé leur identité homosexuelle après la naissance de leur enfant, et ce, dans le contexte d'une relation conjugale hétérosexuelle, maintenant dissoute dans la plupart des cas. La deuxième catégorie, qui nous intéresse plus particulièrement, correspond aux pères gais qui ont amorcé le projet de parentalité alors que leur homosexualité était connue et vécue publiquement. Ainsi, le projet est entrepris par un homme ou un couple d’hommes qui se reconnaissent homosexuels, le plus souvent, par l’entremise de l’adoption ou par l’obtention de responsabilités au sein d’une famille d’accueil.

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Au Québec, ce sont les Centres Jeunesse du Québec1 qui relèvent du Ministère de la Santé et des Services sociaux qui sont responsables de l’adoption. Il existe trois types d’adoption : l’adoption régulière, l’adoption par le programme banque mixte et l’adoption internationale. L’adoption régulière réfère aux enfants qui sont confiés par leurs parents biologiques le plus souvent dès la naissance, sur la base d’un consentement général à l’adoption. L’adoption internationale consiste à devenir parent d’un enfant issu d’un autre milieu culturel que le sien, entrainant une rupture totale des liens de filiation de l’enfant avec sa famille d’origine. Toutefois, pour les pères gais, cette option représente souvent certaines contraintes puisqu’aucun pays n’accepte ouvertement de confier ses enfants en adoption à des couples homosexuels. Dans ce contexte, l’adoption doit être réalisée par une personne dite célibataire et l’homosexualité du parent doit être dissimulée. Finalement, l’adoption par le programme Banque mixte est le mode d’adoption le plus souvent privilégié par les couples d’hommes gais. Ce programme a été mis en place en 1988. Les enfants issus de cette banque sont à haut risque d’abandon ou ont des parents qui se trouvent dans l’incapacité de répondre à leurs besoins et dont la situation familiale a peu de chance de se rétablir. Ainsi le programme recrute des parents substituts prêts à devenir famille d’accueil dans une perspective d’adoption. L’enfant est donc jumelé avec une famille d’accueil tout en continuant, en vertu de la Loi sur la protection de la jeunesse, d’entretenir des contacts avec sa famille d’origine. Si les intervenants arrivent à la conclusion que les parents biologiques ne pourront assumer la charge de l’enfant, une requête est faite à la Cour dans le but d’obtenir un jugement d’admissibilité à l’adoption. En définitive, le tribunal peut accepter la requête ou ordonner le placement de l’enfant jusqu’à sa majorité. Selon les résultats de recherche de Fortin (2011), le choix de privilégier la Banque Mixte comme voie d’adoption pour les homosexuels repose d’une part sur le fait qu’il représente un mode d’accès à la paternité plus rapide que l’adoption régulière et d’autre part un passage vers la paternité plus éthique et moral que l’adoption internationale qui suppose la dissimulation de l’homosexualité ainsi que des contraintes sociales et légales considérables.

1

Les Centres jeunesse ont pour mission d'offrir des services de protection, des services psychosociaux, des services d'adaptation ou de réadaptation, d'intégration sociale, d'accompagnement, de support et d'urgence sociale pour les jeunes et leur famille et les mères en difficulté d'adaptation. Ils offrent également des services particuliers de placement d'enfants en milieu de vie substituts, des services d'adoption, de recherche des antécédents biologiques, de retrouvailles et d'expertise à la

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1.5 Hétérosexisme et sexisme

Parce qu’ils font partie d’une minorité homosexuelle et que l’exercice de la paternité remet en cause les paramètres fondamentaux du modèle familial traditionnel, qui a longtemps légué aux femmes le champ des compétences parentales, les pères homosexuels se voient confrontés à deux barrières dans l’exercice de la parentalité (L’Archevesque, 2009). En effet, la société québécoise est marquée à la fois par une ouverture au niveau des rôles sexuels et par certaines barrières dans l’adoption des rôles qui diffèrent de la coutume. Ces résistances s’expriment dans notre société à travers l’hétérosexisme et le sexisme. L’hétérosexisme réfère aux systèmes idéologiques qui stigmatisent, dénigrent ou ignorent toute forme non hétérosexuelle de comportement, de relation, de communauté ou d’identité (Herek, 1995). Ainsi, on présuppose la supériorité du modèle hétérosexuel sur les autres modèles existants et on propose le modèle du couple et de la famille hétéroparentale comme le modèle de référence pour garantir la santé, l’équilibre, la normalité et la fonctionnalité des relations (D’Amore, 2010).

Le sexisme, quant à lui, réfère à l’ensemble des institutions et des comportements, individuels ou collectifs, qui suppose une discrimination basée sur le sexe, plaçant les hommes en position de supériorité par rapport aux femmes (Dhavernas, 2007). Dans l’exercice de la parentalité, le sexisme signifie toute forme de croyance qui suggère un rapport hiérarchique entre les hommes et les femmes et qui sanctionne négativement la transgression de ces rôles (L’Archevesque, 2009).

De ce fait, la famille homoparentale entre en contradiction avec la conception patriarcale et hétérosexiste de la famille qui structure les statuts, les rôles et les fonctions parentales autour de l’opposition père/mère (Neyrand, 2001). Cette conception des rapports et des rôles amène à percevoir la famille homoparentale comme « déviante » par rapport à la norme plutôt que simplement « différente » dans un continuum de diverses façons de penser le couple et la famille (D’Amore, 2010). L’hétérosexisme et le sexisme continuent d’avoir un impact majeur sur la vie des gais, lesbiennes, bisexuelles, transsexuelles et leurs familles. Conséquemment, l’émergence et la reconnaissance du couple homosexuel comme principe fondateur d’une famille entraînent plusieurs résistances au sein de la

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société, qui encourage un schéma classique de configuration familiale et une différenciation accentuée des genres (Ricard, 2002).

1.6 Difficultés et vécu des pères homosexuels

1.6.1 Tensions liées à l’identité homosexuelle

D’après Meyer (1995), les hommes qui proviennent de minorités stigmatisées vivent une plus grande quantité de stress que les individus qui n’appartiennent à aucune minorité. Selon lui, la discrimination et les préjugés véhiculés augmentent la probabilité de vivre des problèmes de santé mentale. D’après une étude qualitative et exploratoire réalisée par Roseborough (2003) auprès de 7 hommes homosexuels âgés de 40 à 55 ans, cinq d’entre eux témoignent du sentiment d'être différents. Souvent, les hommes disent s’être rendu compte dès le début que leurs désirs étaient en conflit avec ce que la société attendait d’eux. Cette « dissonance » aurait conduit à beaucoup de conflits internes pour ces hommes qui vivaient mal la pression que la société exerçait sur eux. Pour combattre ce sentiment d’inadéquation, les hommes disent tenter de lutter contre les messages négatifs et combattre la culpabilité. En outre, en ce qui concerne la générativité, ces hommes mentionnent que la société saisit mal la distinction entre la diversité biologique et symbolique de la « parentalité ». Pour eux, la rencontre d’un ovule et d’un spermatozoïde ne représente pas la parentalité, mais la reproduction. Or, la parentalité réfère à l’ensemble des fonctions que doivent assumer le ou les individus qui se considèrent comme parents d’un enfant (Gross, 2005). Réussir à faire cette distinction fondamentale permettrait aux hommes homosexuels d’envisager la paternité comme un projet réalisable (Roseborough, 2003).

1.6.2 Tensions liées à l’identité paternelle

En plus de devoir vivre avec des tensions liées à leur identité homosexuelle, les pères gais doivent aussi composer avec les tensions liées à l’exercice de la paternité. Ainsi, plusieurs pères gais disent vivre des tensions entre leurs identités homosexuelle et

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paternelle en ce sens que chacune correspond à un ensemble de valeurs opposées (Benson, Silverstein et Auerbach, 2005; Bozett, 1980; Silverstein, Auerbach et Levant, 2002).

Selon Schacher, Auerbach et Silverstein (2005), qui ont réalisé un groupe de discussion avec 21 hommes gais devenus pères après la divulgation de leur homosexualité, l’intégration des identités homosexuelle et paternelle réfère à un long processus qui nécessite du temps et de l’introspection chez les hommes gais. Bozett (1980) et L’Archevesque (2007) mentionnent que l'intégration progressive des identités homosexuelle et paternelle implique nécessairement l’acceptation de ces identités. En effet, celles-ci doivent être perçues comme acceptables et positives pour ces hommes. En outre, l'acceptation des identités serait facilitée par l'implication dans le « monde homosexuel » et dans le « monde paternel » ainsi que par l’acceptation des deux identités par les proches. La non-intégration des identités homosexuelle et paternelle serait associée à de l'anxiété, à de la détresse, et à une distance affective avec l'enfant (Bozett, 1980).

De plus, l’absence de références et de modèles sociaux de paternité gaie complexifie l’exercice de la parentalité des hommes gais qui doivent faire face à des tâches développementales spécifiques comme la gestion de la parentalité dans un contexte de discrimination sociale et institutionnelle et la façon d’aborder ces questions avec leurs enfants (D’Amore, 2012). En effet, ces tâches et réflexions peuvent s’avérer particulièrement ardues et doivent parfois nécessiter le recours à des ressources internes ou externes au système qui doivent être en mesure de répondre à la demande.

1.6.3 Défis dans la réalisation d’un projet

Les hommes gais ayant entrepris un projet d’adoption font face à plusieurs défis particuliers (James, 2002). En effet, Jonhsons et O’Connors (2002) ont effectué une étude auprès de 256 familles américaines dont 44 étaient considérées comme homoparentales masculines. Le but de l’étude consistait à identifier les préoccupations des parents ainsi que leurs attentes par rapport au fait d’élever un enfant dans un foyer gai ou lesbien. Les

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résultats démontrent que la plupart des hommes gais ont admis avoir quelques préoccupations sur le fait d’élever un enfant en tant que parents homosexuels (73 % des pères gais). L’inquiétude la plus souvent citée concernait les moqueries dont l’enfant pourrait être victime à cause de sa famille (85 % des pères ayant ce type d’inquiétudes).

Selon James (2002), plusieurs problèmes sont communs aux familles adoptives homoparentales, dont la perte d’identité et les difficultés relatives à l'attachement, à la réorganisation de la famille et aux différences dans la sexualité. Il stipule, notamment, que l’expression de l’homophobie intériorisée par les parents adoptifs est une difficulté souvent rencontrée dans ces familles. En effet, la culpabilité liée à l’orientation sexuelle peut amener les parents homosexuels adoptifs à démontrer un manque d’assurance dans l’exercice parental, à adopter des modes d’évitement sociaux, à avoir de la méfiance et à vivre de la dépression. Toutefois, il semble que ces difficultés sont le plus souvent vécues lors des démarches d’adoption et représentent un motif de préoccupation important pour les parents gais adoptifs. Par ailleurs, une étude réalisée auprès de 80 familles d’accueil australiennes, dont dix s’identifiaient comme homoparentales, révèle que les familles homoparentales perçoivent de la discrimination venant des travailleurs sociaux (Riggs et Augoustinos, 2009). Ces résultats indiquent au moins quatre domaines de discrimination perçues par les familles d'accueil homoparentales : 1) il y aurait une attention démesurée accordée à leurs compétences parentales par les travailleurs sociaux 2) il y aurait des familles homoparentales qui seraient rejetées sur la base de leur orientation sexuelle 3) il y aurait un traitement prioritaire accordé aux familles dont les parents sont hétérosexuels; et 4) il y aurait encore des demandes faites aux familles homoparentales à l’effet qu’elles doivent démontrer qu’elles fourniront un modèle de sexe opposé aux enfants qui leur seront confiés. Les résultats de Riggs et Augoustinos (2009) suggèrent aussi que les familles homoparentales vivent des expériences explicites d’homophobie et sont victimes de discrimination et d’hétérosexisme de la part des travailleurs sociaux, ce qui constituerait, pour eux, un défi supplémentaire à l’accomplissement du projet de paternité.

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1.6.4 Résistances de l’entourage social

Des difficultés peuvent se présenter au fur et à mesure que les familles se développent. Bien sûr, l’homosexualité en soi ne conduit pas à des dysfonctions familiales. En fait, ce sont les caractéristiques associées à l’homosexualité, telles que les résistances de l’entourage social, qui peuvent affecter ces familles, au-delà des stress communs rencontrés par tous les types de familles (Ryan, 2007). Par ailleurs, James (2002), mentionne des préoccupations particulières liées à la représentation de la famille homoparentale au quotidien. Si les familles adoptives doivent affronter la question de la vie dans une culture qui met l’accent sur les liens biologiques entre parents et enfants, il existe une double problématique pour la famille adoptive homoparentale qui doit aussi composer avec les résistances associées au caractère unique de leur famille. Ainsi, la représentation de la famille au sein des diverses institutions en lien avec la famille (école, garderie, hôpital, travail), représente un défi supplémentaire tant pour les parents que pour les enfants qui grandissent et doivent aussi affronter les difficultés venues du regard des autres.

Selon Neyrand (2001), la famille homoparentale rompt avec la conception hétérosexiste de la famille conjugale traditionnelle, ce qui suscite de fortes résistances dans l’entourage social et plus particulièrement chez les partisans d’un conservatisme familial et d’une différenciation accentuée des genres (Ricard, 2002). Plus souvent, le couple homosexuel doit se battre contre les objections de l’entourage pour accéder à une reconnaissance qu’un couple hétérosexuel obtient d’emblée. Ces familles, comme toutes les autres familles, vivent des difficultés relationnelles; rôles parentaux, relation parents-enfants. Toutefois, elles sont aussi confrontées à certains défis liés aux préjugés qui font entraves à l’adoption de rôles parentaux qui s’éloignent des stéréotypes. Heenen-Wolff (2011), mentionne que la stigmatisation est d’autant plus douloureuse lorsqu’elle est issue de la famille proche des pères. Ces préjugés hétérosexistes et sexistes exigent pour les pères gais de devoir apprendre à composer avec toute la tension et les conflits liés aux résistances des institutions sociales et de leur entourage (James, 2002). Toutefois, 23 % des pères homosexuels pensent que le nombre d’obstacles à surmonter pour avoir un enfant rendrait leur famille plus forte et plus solide (Jonhson et O’Connors, 2002) et pour

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plusieurs hommes gais, l’expérience paternelle, malgré les difficultés, représente une possibilité de développement personnel (Schacher, Auerbach et Silverstein, 2005).

Lorsque les difficultés reliées au rôle de père sont abordées dans les études, la notion de soutien social est incontournable. En effet, la nature spécifique du stress rencontré par les familles homosexuelles est fortement influencée par le soutien de l’entourage perçu par les pères (Julien, 2001; L’Archevesque, 2009). Pour l’Archevesque (2009), en plus des difficultés reliées à leur identité homosexuelle, les pères gais sont susceptibles de vivre de la détresse s'ils ne sont pas acceptés par leur entourage dans leur rôle de père. Comme la famille et le réseau d'amis représentent pour ces hommes des sources importantes de soutien, le support de ceux-ci permettrait de freiner les effets négatifs de l'hétérosexisme et du sexisme en offrant du réconfort au père gai (Kurdek, 1988). Le degré de résilience des familles homoparentales serait donc directement lié à la capacité d’accéder à une multitude de ressources à travers leurs réseaux affectifs et amicaux (D’Amore, 2012).

1.7 Stratégies utilisées pour surmonter les difficultés

Plusieurs études s’intéressent à la question de l’homoparentalité en soulignant leurs problèmes de discrimination, d’invisibilité ou d’oppression (James, 2002; Jonhsons et O’Connors, 2002; Schacher, Auerbach, et Silverstein, 2005; Riggs et Augoustinos, 2009). Cependant, à l’heure actuelle, il existe très peu d’études portant sur les stratégies de gestion de ces difficultés, sur l’adaptation de ces parents et de leurs enfants et sur les stratégies utilisées par les parents afin de guider leurs enfants à travers les contradictions sociales actuelles. D’Amore (2012) est l’un des rares qui s’est intéressé à l’impact des alliances familiales dans le contexte de l’homoparentalité et aux différentes dynamiques familiales susceptibles d’offrir des repères dans un contexte social encore résistant. Les résultats de sa recherche réalisée auprès de 11 familles homoparentales démontrent que l’alliance familiale permet aux familles de résoudre les tâches développementales auxquelles elles doivent faire face. Cette alliance fait référence à la capacité des membres de la famille de faire équipe, de se coordonner sur le plan émotionnel, de maintenir un

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contact inclusif et d’être impliqués dans des échanges affectifs. De plus, la capacité de chaque parent à se soutenir mutuellement et à coopérer faciliterait la résolution des conflits et diminuerait les incertitudes. Par conséquent, le soutien mutuel des membres et l’alliance positive d’une familiale homoparentale serait un critère fondamental pour que les parents gais puissent faire face aux défis inhérents liés au statut de leur famille et à son évolution.

Aussi, la possibilité de pouvoir recourir à son entourage social lors des difficultés et la qualité des rapports entretenus avec cet entourage seraient de véritables tuteurs de résilience capables de supporter et enrichir la qualité de vie de ces familles qui évoluent encore souvent dans des contextes hostiles (D’Amore, 2010). Or, la gestion du stress à l’interface des multiples systèmes d’appartenance demeure difficile tant pour les parents que pour les enfants.

Bien que les données concrètes sur l’adaptation des familles soient manquantes, plusieurs études obtiennent des résultats qui démontrent l’importance d’examiner non seulement les effets de l’hétérosexisme sur les familles homoparentales, mais aussi comment ces familles développent des stratégies d’adaptation capables de les aider à coexister avec les sentiments négatifs provenant de leur entourage (Julien, 2001; James, 2002).

1.8 Limites méthodologiques des études actuelles

Les études recensées présentent certaines limites méthodologiques non négligeables. Tout d’abord, la principale limite est la représentativité des échantillons de répondants. En effet, dans la plupart des études, l’échantillon sélectionné était composé de pères ayant des niveaux de scolarité élevés et appartenant à des classes socio-économiques avantagées. De plus, certains d’entre eux étaient impliqués dans la communauté militante pour les droits à la parentalité, ce qui rend cette sous-population de parents particulièrement résilients et pas nécessairement représentatifs de l'ensemble des pères gais. Une population plus diversifiée permettrait d’atteindre des familles possiblement

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moins résilientes et de recueillir des données qui échappent encore à notre compréhension.

Une autre limite concerne la saturation des données qui est très difficile à atteindre. En effet, la nature exploratoire des recherches ainsi que les échantillons de faible taille ne permettent pas d’obtenir une compréhension complète du sujet. Aussi, certaines études ne différencient pas le contexte d’accès à la paternité. Or, l’expérience des pères ayant construit un projet de paternité est très différente de celle des pères qui le sont devenus dans le contexte d’une ex-relation hétéroconjugale.

Finalement, les études démontrant les résultats de recherches réalisées auprès de mères lesbiennes ne permettent pas nécessairement de généraliser les résultats à l’ensemble des familles homoparentales. En effet, les pères gais sont confrontés à une barrière qui leur est propre, c’est-à-dire le sexisme, qui encourage la maternité lesbienne au détriment de la paternité gaie, ce qui constitue une contrainte supplémentaire dans l’exercice de la parentalité qui doit être prise en compte dans les recherches.

Pour pallier certaines de ces limites méthodologiques, la présente recherche s’intéresse exclusivement au contexte particulier des pères homosexuels. La nature spécifique de leur expérience a été questionnée, afin de permettre une compréhension approfondie de leur situation, leur dilemme et du sens donné à leur choix, pour ainsi être en mesure de recueillir des résultats exclusifs à l’homoparentalité masculine. De plus, la recherche traite de ces expériences sans nier le caractère singulier du mode d’accès à la paternité. Ainsi, seule l’expérience des pères ayant entrepris un projet parental lorsque l’homosexualité était divulguée a été questionnée, permettant de dégager les défis et les enjeux qui leur sont propres. Finalement, la recherche fournit un apport considérable à la recherche courante, qui a non seulement très peu abordé la question de la parentalité homosexuelle masculine, mais qui a nettement négligé d’identifier les stratégies utilisées pour mieux vivre avec les difficultés liées à leur statut de famille homoparentale. Ces données permettront, entre autres, d’initier un chantier de réflexion scientifique sur l’intervention auprès de ces familles aux besoins particuliers.

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1.9 La pertinence sociale et scientifique

L’homoparentalité est un thème nouveau dans l’univers conceptuel des chercheurs et plusieurs données sont encore manquantes pour bien cerner leur réalité. L’absence de la représentation des couples parentaux homosexuels dans la recherche serait en partie imputable à la visibilité récente du phénomène, au manque de place accordée à l’homosexualité dans les diverses disciplines du savoir et à la pénurie d’infrastructures de recherche qui en découle (Julien, Tremblay, Leblond De Brumath et Chartrand, 2002). Les recherches, majoritairement anglo-saxonnes (Grande-Bretagne, États-Unis), ont permis de recueillir des données empiriques sur la famille homoparentale. Toutefois, l’orientation des recherches, priorisant les questions relatives à l’intérêt de l’enfant, a retardé le développement des recherches concernant le caractère unique de ces familles (Paterson, 2000). Dans ce contexte, la présente recherche constitue une opportunité scientifique d’aborder ces questions dans leur complexité et de chercher des pistes de réponses susceptibles de favoriser un développement sain pour ces familles.

La pertinence de la recherche repose aussi sur la volonté de contribuer à un travail de production et d’intégration des réalités familiales homosexuelles à la recherche courante, tant dans la nature des questions posées que dans le nombre de productions pour ainsi générer des connaissances dans un domaine où règnent plusieurs discours construits à partir d’opinions et de jugement moraux. De plus, la recherche d’arguments scientifiques qui traitent de ces réalités permet d’accéder à l’homoparentalité en tant que phénomène social constaté et reconnu.

Bien que l’on compte un nombre croissant d’études s’intéressant aux spécificités de ces familles (Riggs et Augoustinos, 2009; L’Archevêque 2009; Schacher, Auerbach et Silverstein, 2005; James, 2002), les recherches qui tentent de cerner le contexte particulier de l'expérience parentale des hommes homosexuels sont encore très peu nombreuses. Dans le cas de l’homoparentalité, comme dans celui de l’hétéroparentalité, le fait d’être de sexe masculin constitue une difficulté supplémentaire pour devenir parent (Gratton, 2008). L’obstacle majeur de la réalisation d’un projet de paternité chez un homme gai ne tient pas seulement à des lois biologiques, mais à des règles culturelles et

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aux représentations qui y sont souvent associées. Traiter des configurations homoparentales masculines dans la recherche permet de se concentrer sur les réalités particulières de ces familles pour ainsi influencer les pratiques futures et faciliter l'intégration identitaire et l'exercice de la parentalité chez ces pères, tout en suivant une logique qui fait de la visibilité un facteur majeur de changement des mentalités et des représentations sociales.

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Chapitre 2 – Cadre de référence et d’analyse

2.1 Le modèle écologique du développement humain

La construction de la paternité ne peut se comprendre sans faire référence au milieu familial et social dans lequel vit un homme. Ainsi, c’est le modèle écologique du développement humain qui servira de guide dans la présente étude. Ce modèle suggère que le développement s’effectue au cours de processus interactifs entre un individu et les différents éléments de son environnement immédiat (personnes, objets, symboles) et son environnement distal (institutions, valeurs, idéologie) (Bronfenbrenner, 1979). Le modèle écologique du développement humain propose d’analyser les situations à l’aide d’un cadre où des niveaux de systèmes interagissent. Ces interactions bidirectionnelles influencent l’organisation des situations dans lesquelles œuvrent les individus. Ainsi, dans le cas de la paternité chez les conjoints de même sexe, l’hétérosexisme et le sexisme se présenteront de différentes manières dans les niveaux systémiques de l’environnement social des pères gais.

Les principaux systèmes de l’environnement humain sont les suivants :

1- L’ontosystème : Expériences et caractéristiques personnelles de l’individu. Manière d’agir et de réagir.

2- Le microsystème : Milieu immédiat de l’individu (famille, école, etc.). Il se définit à travers les rôles occupés, les activités réalisées et les interrelations entre les acteurs qui y sont impliqués.

3- Le mésosystème : Les interrelations entre deux ou plusieurs milieux dans lesquels l’individu prend activement place (relations entre la famille et l’école par exemple).

4- L’exosystème : Paramètres de l’environnement externe qui influencent de manières indirectes (politiques, lois).

5- Le macrosystème : Contexte culturel qui influence l’ensemble des autres systèmes (valeurs, croyances, normes et idéologies).

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Figure 1: Systèmes de l'environnement social

Dans le cas de la paternité chez les conjoints de même sexe, le macrosystème est particulièrement important puisqu’il réfère au système idéologique hétérosexiste et sexiste décrit précédemment. La recension des écrits montre que des résistances associées à ces concepts font partie des obstacles quotidiens rencontrés par les pères homosexuels. De plus, si certaines familles surmontent ces obstacles et sont résilientes, d’autres, plus fragiles et vulnérables, en subissent les contrecoups (Patterson, 1992). Le macrosystème est donc au cœur de la présente recherche.

Deuxièmement, l’exosystème réfère aux évènements qui se produisent et qui influencent l’existence de l’individu sans qu’il n’ait d’interaction directe avec ce système. Au Québec, notons l’adoption de la loi 84 sur l’union civile incluant les couples de même sexe et instituant de nouvelles règles de filiation en permettant, entre autres, à deux personnes homosexuelles de devenir légalement des parents adoptifs Ces avancées légales ont des implications sur la visibilité des réalités familiales homosexuelles et elles pourraient également avoir une influence sur la diminution de l’hétérosexisme dans l’environnement social des individus concernés. De plus, ce changement législatif rend dorénavant possible le développement d’un projet commun de paternité chez des conjoints. La présente recherche s’intéresse à l’impact de ces avancées législatives sur le désir de devenir parent et sur l’accomplissement du projet parental.

Troisièmement, le mésosytème réfère aux relations entre les microsystèmes. Pour les pères gais, les relations qui se tissent entre la famille et les différentes institutions en liens

Ontosystème

Microsystème

Mésosystème Exosystème Macrosystème

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avec la famille (école, garderie, hôpital) ou entre la famille et son milieu de vie (quartier) peuvent être marquées par des résistances liées au statut de minorité sexuelle (Ryan et Julien, 2007). Dans ce contexte, la recherche s’intéresse à ces relations qui peuvent affecter la qualité de la communication dans la famille, la nature des conflits entre les parents, les modes de décision des parents ainsi que l’expression de l’affection et du bien-être de ceux-ci.

Quatrièmement, le microsystème réfère aux activités, aux rôles et aux relations d’un individu dans un système où il peut être engagé directement dans des interactions comme la famille. Orles rôles attribués à l’exercice de la paternité au sein de la famille peuvent être déterminants dans le développement des identités homosexuelle et paternelle (Ryan, 2007). En effet, la paternité s'est construite dans le contexte du couple hétérosexuel au sein duquel la femme assume la responsabilité de la majorité des tâches de soins à l'enfant. Ainsi, les rôles parentaux sont souvent présentés sous une image polarisée des rôles de genre. Lorsque les deux parents sont de même sexe, on ne peut s’appuyer sur la variable « sexe » pour effectuer la division des tâches parentales. Selon Kurdek (1993), les homosexuels répartiraient les tâches en se spécialisant dans certains domaines (tâches ménagères, cuisine, soins, devoirs). Ainsi, la répartition des rôles au sein de la famille a été étudiée au cours de la recherche afin d’examiner comment l’hétérosexisme et le sexisme peuvent jouer sur la nature des rôles adoptés par les conjoints.

Cinquièmement, l’ontosystème réfère à un ensemble de caractéristiques personnelles, de compétences, d’habiletés ou de déficits d’un individu. Certains pères homosexuels affirment vivre des tensions entre leurs identités homosexuelle et paternelle qui présentent un ensemble de valeurs opposées (Schacher, Auerbach & Silverstein, 2005; Bozett, 1980). Aussi, les préjugés envers l’homosexualité que certains hommes ont intériorisés au sein de leur système de croyance pendant le processus de socialisation (homophobie intériorisée), peuvent jouer un rôle dans l’acceptation de leur homosexualité (Bozett, 1980; James, 2002) et par ricochet sur la manière de jouer son rôle de père dans la famille. Dans la présente étude, nous avons examiné cet aspect particulier.

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Finalement, le chronosystème correspond à la dimension temporelle. Ainsi, le développement des pères gais ne s’effectue pas de la même façon selon le contexte socioculturel et politique. La société tente de s’adapter aux demandes sociales de son temps. Actuellement, cette transition entre une société hétérosexiste et une société plus ouverte est observable, entre autres, à travers les avancées législatives, comme la loi 84, qui favorisent l’essor de la paternité chez les couples homosexuels. Il était donc important de prendre en compte l’époque durant laquelle l’adoption a eu lieu afin de mieux comprendre les difficultés des pères en lien avec le sexisme et l’hétérosexisme. L’âge du père et le moment où l’enfant a été adopté nous a permis de tenir compte de ces aspects dans la présente recherche.

Le modèle écologique de Bronfenbrenner inclut les concepts de processus, personne, contexte et temps (PPCT) (Tudge, Mokrova, Hatfield & Karnik, 2009). Ainsi, le développement de la personne s’effectue à l’aide de processus interactifs constants et durables entre une personne et les objets, symboles et autres personnes présentes dans son environnement immédiat. Ces interactions dans l’environnement de la personne sont appelées processus proximaux. L’effet des processus proximaux varie sur la personne en fonction de ses caractéristiques et de l’environnement dans lequel ils ont lieu.

Bref, c’est en explorant les relations entre les personnes et entre celles-ci et leur environnement social que nous avons pu examiner les effets de l’hétérosexisme et du sexisme sur les familles homoparentales masculines. À cet égard, le modèle écologique du développement humain nous a semblé un cadre de référence et d’analyse adéquat pour effectuer cet examen. En effet, ce modèle s’intéresse à la position sociale que les gens occupent dans un milieu, aux activités qu’ils y mènent et aux liens d’interdépendance entre les membres (Saint-Jacques, Drapeau, etc., 2003). Il est donc très intéressant d’explorer comment l’hétérosexisme et le sexisme s’incarnent dans les différents niveaux imbriqués de l’environnement social des pères gais.

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Chapitre 3 – Méthodologie

3.1 Paradigme épistémologique

La présente recherche adhère aux principes du paradigme épistémologique constructiviste qui souligne l’importance de la société dans le développement d’un individu en ce sens que la réalité de l’individu est le reflet de son esprit en interactions avec son environnement. Hacking (2001) suggère qu’un projet constructiviste doit s’attarder à la démonstration ou à l’analyse des interactions sociales ou des chaînes de causalités réelles, historiquement situées, qui auraient été impliquées dans la construction d’une réalité présente. En d’autres termes, le constructivisme s’intéresse aux conditions et aux processus sociaux qui ont favorisé l’émergence d’une réalité (DiMaggio et Powell, 1983). L’individu est donc indissociable de la société, du système dans lequel il vit, système qui influence la construction qu’il se fait de la réalité, des problèmes sociaux, de sa vision du monde. Dans ce contexte, la recherche tient compte du père gai dans son système d’interaction, de la réalité qu’il s’est construite et de l’organisation de son monde constitué par son expérience de paternité et le sens qu’il donne à cette expérience.

3.2 L’approche privilégiée

L’expérience parentale gaie a été étudiée à l’aide d’une méthodologie de recherche qualitative. La recherche qualitative est une approche qui permet d’analyser les comportements humains du point de vue de ceux qui sont étudiés. Elle se caractérise particulièrement par son analyse en profondeur des données descriptives et traite donc des données difficilement quantifiables (Deslaurier, 1991).

La présente recherche s’inspire de l’expérience de la paternité gaie et tente de comprendre quelles sont les difficultés engendrées par l’hétérosexisme et le sexisme qui bouleversent et affectent les familles dans ses différentes dimensions sexuelles, conjugales et familiales. Elle traite aussi des stratégies qui ont été adoptées par ces pères pour réussir à surmonter les problèmes et protéger les liens familiaux. La méthode de

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recherche qualitative s’avère particulièrement efficace pour collecter de telles données et comprendre la signification que les hommes donnent à leur situation de paternité.

De plus, les méthodes qualitatives sont particulièrement indiquées afin de recueillir des données qui nécessitent une analyse aprofondie (Padgett, 1988). Dans ces circonstances, l’utilisation des mesures qualitatives représente le meilleur moyen pour recueillir des informations de sens et de valeur qui ne pourraient se faire par une méthode quantitative et statistique. Ainsi, la méthode qualitative permet de comprendre le vécu propre aux familles homoparentales en privilégiant une compréhension approfondie de cas concrets, sans mettre de côté la façon dont les individus eux-mêmes perçoivent leur situation.

3.3 Type de recherche

La présente recherche sur la paternité chez les conjoints de même sexe se veut être une recherche de nature exploratoire puisqu’il existe très peu de connaissances empiriques sur le sujet. Comme les recherches antérieures ont priorisé les questions relatives à l’intérêt de l’enfant et se sont très peu intéressées au vécu propre aux familles homoparentales, une recherche de type exploratoire permet d’explorer ce thème et accroître les connaissances sur ce sujet peu connu. D’ailleurs, Poupart et coll. (1997) considèrent qu'une recherche qualitative de nature exploratoire permet de se familiariser avec les gens et leurs préoccupations pouvant ainsi permettre d’explorer certaines pistes de réflexion pour les recherches futures.

3.4 Population et échantillonnage

La population à l’étude est constituée de pères gais qui ont concrétisé leur projet de vie familiale alors que leur homosexualité était connue et vécue publiquement. Pour participer à l’étude, ces pères gais devaient soit être identifiés comme tuteur légal d’au moins un enfant dans le cadre d’une adoption, soit détenir des responsabilités parentales

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dans le cadre d’une procédure de placement en famille d’accueil Banque mixte2. Le choix de ces critères repose sur le fait que les familles d’accueil sont confrontées aux mêmes difficultés et doivent surmonter les mêmes obstacles liés à la représentation de la famille et à son statut homosexuel.

Puisqu’il est impossible d’établir une liste exhaustive de toute la population à l’étude et d’effectuer un échantillon probabiliste, l’échantillon a été constitué selon une méthode non probabiliste et volontaire. Cette méthode implique le recrutement d’éléments de la population en fonction de certaines caractéristiques en supposant que les caractéristiques à l’intérieur de la population sont égales, donc que l’échantillon sera représentatif (Cauchat, 1995 dans Saint-Jacques et Ouellet, 2000). C’est une méthode très peu couteuse, rapide et facile à utiliser. Toutefois, il est très difficile de mesurer la précision de la population d’un échantillon non probabiliste puisque cette méthode ne garantit pas que chaque élément aura une chance égale d’y être inclus ainsi que d’identifier les biais possibles (liés aux traits de caractère des répondants sélectionnés).

Le recrutement des répondants a débuté en septembre 2011 et s’est poursuivi jusqu’en aout 2012. Le recrutement s’est effectué par le biais de différents moyens. D’abord, la sollicitation de volontaires s’est faite à l’aide d’une annonce de recrutement à la Coalition des familles homoparentales de Montréal (voir annexe 4). Cette technique a permis de recruter cinq pères qui correspondaient aux critères de sélection de la recherche. De plus, un courrier électronique a été envoyé à la communauté universitaire de l’Université Laval, permettant de rejoindre plus de 34 000 destinataires (voir annexe 5) duquel trois pères ont répondu, sans toutefois correspondre aux critères mentionnés.

En plus de la technique d’échantillonnage de volontaires, la technique d’échantillonnage « boule de neige » a été utilisée. Cette technique suppose l’utilisation de personnes interposées pour référer des connaissances personnelles susceptibles de répondre aux critères de la recherche. Grâce à cette technique, trois pères supplémentaires ont été sélectionnés. En définitive, huit pères ont participé à l’étude. Dans 3 cas, le conjoint était

2 L'objectif de ce programme est de permettre à des enfants à haut risque de délaissement ou dont les parents sont

incapables de répondre à leurs besoins d'être placés le plus tôt possible dans une famille stable, prête à les garder à titre de famille d'accueil tant et aussi longtemps que l'enfant ne sera pas adoptable.

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présent lors de l’entretien et pouvait participer à l’entrevue s’il le désirait. Toutefois, pour une raison technique (bris de matériel), les données d’une entrevue n’ont pas pu être analysées me donnant finalement accès aux perceptions de sept pères.

3.5 Composition de l’échantillon

Ainsi, les témoignages de sept pères âgés entre 30 et 59 ans ont été recueillis. Dans le but de mieux situer la structure familiale dans laquelle vivent ces pères, les tableaux suivants résument les données sociodémographiques et familiales de leur famille3.

Tableau 1:Caractéristiques sociodémographiques des répondants

Répondant Situation conjugale Milieu de vie Niveau de scolarité Occupation Revenu familial Benoît Conjoint de fait

Urbain Universitaire Travail à temps plein

60 000 et +

Stéphane Marié Urbain Universitaire Travail à

temps plein

60 000 et +

Peter Marié Rural Universitaire Congé

parental

40 000 - 59 999

Tommy Conjoint de

fait

Urbain Universitaire Travail à temps plein

60 000 et +

Laurent Conjoint de

fait

Urbain Universitaire Travail à temps plein

60 000 et +

Jake Conjoint de

fait

Urbain Universitaire Travail à temps plein

60 000 et +

Malcom Marié Urbain Universitaire Travail à

temps plein

60 000 et +

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Tableau 2: Caractéristiques familiales des répondants

Répondant Âge Nombre

d’enfants dans le foyer Âges des enfants Temps de cohabitation Mode d’accès à la paternité Benoît 50-59 2 14 ans 16 ans 13 ans 15 ans Adoption internationale Stéphane 40-49 2 6 ans 3 ans 6 ans 3 ans Banque mixte Peter 30-39 3 2 ans 14 ans 19 ans 1 an 4 ans 1 an Banque mixte Famille d’accueil Tommy 40-49 2 6 ans 4 ans 6 ans 4 ans Banque mixte

Laurent 30-39 1 2 ans 18 mois Banque mixte

Jake 30-39 1 18 mois 17 mois Banque mixte

Malcom 50-59 2 9 ans

5 ans

8 ans ½ 5 ans

Banque mixte

Selon les données de ces tableaux, tous les pères rencontrés sont engagés dans une relation de couple. Trois pères se situent dans un groupe d’âge dans la trentaine, deux dans la quarantaine et deux dans la cinquantaine. Quatre de ces pères ont deux enfants dans le foyer, deux en on un et un père à la responsabilité parentale de trois enfants. L’âge des enfants varie entre 1 an et 19 ans et la plupart (n=6) ont eu recours au service de la Banque mixte pour adopter leurs enfants. Un répondant a eu recours à l’adoption internationale et un répondant agit à titre de famille d’accueil pour deux des trois enfants dans le foyer. Un seul répondant vit dans un milieu de vie rural. Tous les pères ont un niveau d’éducation universitaire et détiennent un emploi à temps plein. Finalement, les revenus annuels familiaux des répondants se situent entre 40 000 et plus de 60 000.

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3.6 La collecte des données

La collecte de données s’est effectuée par le biais d’un entretien individuel semi-directif (voir annexe 3) d’approximativement une heure trente minutes. L’entrevue semi-dirigée est une technique de collecte de données très souple qui donne un accès direct à l’expérience des individus (Gauthier, 2009). Ainsi, l’entretien est structuré autour de différents thèmes à couvrir au cours de l’entrevue et identifiés dans une grille d’entretien. Ce mode de collecte de donnée est approprié puisqu’il permet de formuler des questions ouvertes laissant au répondant toute la latitude nécessaire pour s’exprimer sur des thèmes qui lui tiennent à cœur, ce qui permet au chercheur d’avoir accès à l’expérience intime des individus (Gauthier, 2009). De plus, Gauthier (2009) mentionne que les entrevues semi-dirigées sont souvent riches en détail et en descriptions, ce qui est cohérent avec la recherche de type exploratoire. En outre, elles permettent d’approfondir la relation avec le répondant, de fournir des explications complémentaires ou de reformuler si nécessaire, garantissant une bonne qualité de réponse.

3.7 L’analyse des données

La technique d’analyse de contenu thématique a été utilisée pour analyser le contenu des entrevues réalisées. Selon Mayer et Deslaurier (2000), cette technique permet de classer et codifier les éléments d’un message en les catégorisant, dans le but de mieux en faire sortir le sens. Cette technique a permis un examen systématique et méthodique des discours recueillis lors des entrevues. Ainsi, les entrevues ont été retranscrites sur le logiciel de traitement de texte Word et ont fait l’objet d’une première lecture flottante afin d’en faire une préanalyse. Les données ont ensuite été regroupées en thèmes, en catégories et finalement en sous-catégories se rapportant aux différentes étapes dans le processus d’accueil de l’enfant, aux difficultés et aux stratégies adoptées pour surmonter les difficultés à chacune de ces étapes. Cette technique a ensuite permis de faciliter l’interprétation des données. Dans le cadre de cette recherche qualitative, le logiciel de soutient NVivo a été utilisé. Ce logiciel est utile au chercheur afin de l’aider à collecter, à organiser et à analyser le contenu des entrevues en minimisant les biais et à s’assurant de

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l’objectivité de l’analyse des données. D’après cette démarche, la figure suivante démontre le système de codification utilisé pour analyser les données :

Figure 2: Catégorisation des données

Avant l'accueil de l'enfant Difficultés rencontrées Démarches intrusives hétérosexisme Manque d'ouverture des intervenants Manque d'ouverture de la famille

Réseau social limité

Stratégies utilisées pour surmonter les

difficultés Préparation Confiance en soi Honnêteté Éducation de la population Pendant l'accueil de l'enfant Difficultés rencontrées Transition radicale Modification du mode de vie Manque d'ouverture de la famille

Réseau social limité

Modificaton de la vie de couple

Stratégies utilisées pour surmonter les

difficultés Soutien du conjoint Visibilité Jumelage famille-intervenants sociaux Après l'accueil de l'enfant Difficultés rencontrés Coming out perpétuel Sexisme Craintes liées à l'enfant Institutions peu adaptées réactions de la population/soc iété Stratégies utilisées pour surmonter les difficulté Être modérateur Visibilité Éducation de la population Implication dans le rôle de père Soutien mutuel et de l'enfant Soutien social

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3.8 Considérations éthiques

Comme la présente recherche fait appel à des sujets humains, elle doit répondre à certains critères éthiques. Les différentes mesures appliquées par le chercheur doivent démontrer le respect des principes éthiques généraux, soit le respect du participant, la bienfaisance et la confidentialité. Afin de respecter ces considérations éthiques, les mesures suivantes ont été appliquées :

D’abord, les participants ont été informés des buts et des objectifs poursuivis par la recherche dans l’annonce de recrutement afin de bien comprendre les implications de la présente étude. De plus, les risques potentiels, les avantages de la participation à la recherche ainsi que les principaux thèmes abordés lors de l’entrevue ont été clairement expliqués aux participants, afin que ceux-ci puissent se faire une idée de ce qui les attendait et éviter toute ambigüité.

Afin de respecter le consentement libre et éclairé, toute question du participant nécessitait une réponse claire avant la signature du formulaire de consentement (voir annexe 1) pour que ceux-ci aient toute l’information préalable au consentement. L’examen et la signature du formulaire de consentement étaient obligatoires avant d'amorcer l’entrevue.

Lors de l’entrevue, chacun des participants était accueilli avec respect, non-jugement et confiance. Les participants étaient avisés que leur implication au projet de recherche était volontaire, non-compensée financièrement et qu’ils pouvaient mettre fin à leur participation en tout temps, sans préjudice. Cette approche a permis de minimiser tous sentiments d’incitation ou pression indue qui auraient pu être vécus par le répondant. De plus, des mesures ont été appliquées afin de protéger la confidentialité des participants et de leurs réponses. En effet, les documents sont demeurés anonymes et numérotés, de sorte qu’ils ne contenaient aucune information susceptible d’identifier les participants. Aussi, ces documents ont été conservés dans un classeur sécurisé et les données recueillies seront détruites après la diffusion des résultats, dans le respect de la vie privée et de la confidentialité des répondants.

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Finalement, une liste de ressources a été remise de façon systématique à tous les participants, si ces derniers ressentaient le désir d’obtenir de l’aide ou du soutien à la suite de la participation à la recherche.

Ainsi, la présente étude s’inscrit dans un souci de respect des considérations éthiques en vigueur, afin d’assurer le respect, la confidentialité, la protection ainsi que le consentement libre et éclairé des participants à l’étude.

Figure

Figure 1: Systèmes de l'environnement social
Tableau 1:Caractéristiques sociodémographiques des répondants  Répondant  Situation  conjugale  Milieu de vie  Niveau de scolarité  Occupation  Revenu familial  Benoît  Conjoint de  fait
Tableau 2: Caractéristiques familiales des répondants
Figure 2: Catégorisation des données

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