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Utilisation de l’information non financière par une diversité d’individus en contexte de société d’investissement

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Academic year: 2021

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UNIVERSITÉ DE SHERBROOKE

Utilisation de l’information non financière par une diversité d’individus en contexte de société d’investissement

Thèse

par

Lionel Bahl

Thèse présentée à l’École de gestion

Comme exigence partielle du doctorat en administration (DBA)

offert conjointement par l'Université de Sherbrooke et l'Université du Québec à Trois-Rivières

Novembre 2018

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UNIVERSITÉ DE SHERBROOKE

École de gestion

Utilisation de l’information non financière par une diversité d’individus en contexte de société d’investissement

Lionel Bahl

Cette thèse a été évaluée par un jury composé des personnes suivantes :

Jean Cadieux Président du jury

Aurélie Desfleurs Directrice de recherche

Sophie Audousset-Coulier Examinateur externe

Marie Marchand Autre membre du jury

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SOMMAIRE

Notre thèse porte sur une exploration de l’influence de la diversité des individus qui œuvrent chez une société d’investissement sur leurs conceptualisations, leurs utilisations et leurs objectifs d’utilisation de l’information non financière (INF) dans les analyses d’opportunités de placement et de décisions d’investissement.

Cette exploration répond à une préoccupation managériale des sociétés d’investissement dans un contexte où elles cherchent à mieux intégrer l’INF dans leurs analyses d’opportunités de placement et de décisions d’investissements. Il nous apparait alors pertinent d’explorer comment la diversité des individus entre en ligne de compte, car ce sont les individus qui, dans le quotidien de leur travail, recherchent, filtrent, traitent, utilisent et acheminent l’information pertinente à leur travail, dont fait partie l’INF.

Sur le plan des connaissances scientifiques, une littérature abondante aborde les associations entre l’INF et la performance des entreprises et des investisseurs au niveau des marchés financiers. Au niveau organisationnel, une large littérature empirique explique la diversité des méthodes d’utilisation de l’INF pour atteindre une diversité d’objectifs chez les sociétés d’investissement. Toutefois, les connaissances au niveau individuel sont plutôt fragmentaires. Notre thèse contribue aux connaissances de nature comportementale sur l’utilisation d’INF par les individus. De plus, l’innovation principale au plan scientifique porte sur l’exploration de la diversité au niveau des individus et des liens entre cette diversité et la conceptualisation, l’utilisation et les objectifs d’utilisation de l’INF.

Notre stratégie de recherche exploratoire se base sur des entrevues semi-dirigées conduites selon la méthode des entrevues convergentes. Nous avons établi un échantillon de convenance à partir d’individus qui occupent certaines fonctions choisies au sein d’une même organisation. Cet échantillonnage constitue une limitation

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qui permet de concentrer notre recherche sur la diversité des individus qui partagent un même contexte organisationnel.

Les facteurs de diversité identifiés et décrits dans nos résultats ouvrent de multiples pistes de réflexion utiles aux sociétés d’investissement. Ces résultats éclairent sur les manières de prendre en compte la diversité des individus pour mieux atteindre les objectifs d’utilisation d’INF en pratique.

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RÉSUMÉ

Utilisation d’information non financière par une diversité d’individus en contexte de société d’investissement

Notre thèse vise à identifier et à décrire la nature des facteurs de diversité des individus chez une société d’investissement et à décrire la nature de l’influence de ces facteurs sur la conceptualisation, l’utilisation et les objectifs d’utilisation de l’information non financière dans les analyses d’opportunités de placement et de décisions d’investissement.

De nature qualitative et exploratoire, la thèse répond à un besoin de connaissances empiriques à propos de l’influence de la diversité des individus en contexte réel sur leur conceptualisation et leur utilisation d’information non financière. Notre stratégie de recherche porte sur la conduite d’entrevues avec des individus diversifiés qui partagent le même contexte organisationnel. Les résultats ouvrent de multiples pistes de réflexion utiles à cette organisation de même qu’aux autres sociétés d’investissement. Ces réflexions portent sur les manières de prendre en compte les facteurs identifiés de la diversité des individus pour mieux atteindre les objectifs d’utilisation d’information non financière en pratique.

Mots clés (5) : diversité des individus, information non financière, investissement responsable, sociétés d’investissement, utilisation d’information.

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ABSTRACT

Non-Financial Information Use by a Diversity of Individual in the Context of Investment Firm

The thesis identify and describe the nature of diversity factors among individuals working in an investment firm and describe the nature of the influence of these diversity factors on individuals’ non-financial information conceptualizations, uses and objectives of use in their investment analyzes and decisions.

This qualitative and exploratory thesis provides empirical knowledge about real-life implications of individual’s diversity on their non-financial information use. Based on interviews with diverse individuals sharing the same organizational context, the results enable multiple useful reflections to the organization and other investment firms. These reflections concern how to take into account the identified individual diversity factors to achieve practical non-financial information use objectives.

Keywords (5): individuals’ diversity, information use, investment firm, non-financial information, responsible investment.

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TABLE DES MATIÈRES

SOMMAIRE ... 3

RÉSUMÉ ... 5

ABSTRACT ... 6

LISTE DES TABLEAUX ... 11

LISTE DES FIGURES ... 12

LISTE DES ABRÉVIATIONS, DES SIGLES ET DES ACRONYMES ... 14

REMERCIEMENTS ... 15

INTRODUCTION ... 16

PREMIER CHAPITRE PROBLÉMATIQUE MANAGÉRIALE ... 19

1. UTILISATION DE L’INFORMATION NON FINANCIÈRE PAR LES MARCHÉS FINANCIERS ... 21

2. VALIDATION EMPIRIQUE DE LA PROBLÉMATIQUE ... 29

2.1 Activités ISR et évolution de l’Organisation ... 30

2.2 Structure organisationnelle et secteurs d’intérêt ... 32

2.3 Rôle de l’Organisation comme société d’investissement responsable .. 33

2.4 État de la problématique et question préliminaire de recherche ... 36

3. CONCLUSION ... 42

DEUXIÈME CHAPITRE CONTEXTE THÉORIQUE ... 45

1. QU’EST-CE QUE L’INFORMATION NON FINANCIÈRE? ... 45

1.1 Vocabulaire et définitions utilisés ... 46

1.2 Nature, attributs et classement de l’information non financière ... 50

1.3 Information en contexte de communication : variété de sources, d’intentions et de formats ... 57

2. QUELS SONT LES RÔLES ET L’UTILITÉ DE L’INFORMATION NON FINANCIÈRE CHEZ LES SOCIÉTÉS D’INVESTISSEMENT? ... 63

3. COMMENT LES INDIVIDUS EMPLOYÉS PAR LES SOCIÉTÉS D’INVESTISSEMENT UTILISENT-ILS L’INF? ... 73

(9)

3.2 Études clés sur l’utilisation de l’information non financière par des

individus en investissement ... 77

4. SYNTHÈSE ET QUESTION DE RECHERCHE ... 83

4.1 Besoins de connaissances et question de recherche ... 86

4.2 Facteurs d’intérêts et relations attendues ... 94

4.3 Enjeux méthodologiques ... 103

TROISIÈME CHAPITRE CADRE OPÉRATOIRE ... 106

1. POSTURE DE LA RECHERCHE ET DU CHERCHEUR ... 106

2. STRATÉGIE DE RECHERCHE ... 108

3. CHOIX ET DESCRIPTION DU TERRAIN DE RECHERCHE ... 110

4. CHOIX DES OUTILS MÉTHODOLOGIQUES ET OPÉRATIONNALISATION ... 111

4.1 Opérationnalisation des entrevues semi-dirigées ... 117

4.2 Opérationnalisation des outils méthodologiques complémentaires ... 119

5. MÉCANISMES DE VALIDITÉ ... 121

5.1 Enjeux éthiques ... 121

5.2 Applicabilité et transférabilité des résultats ... 123

QUATRIÈME CHAPITRE RÉSULTATS ET DISCUSSION ... 125

1. RÉSUMÉ DE LA DÉMARCHE DE COLLECTE DE DONNÉES ET CARACTÉRISTIQUES DES PARTICIPANTS À L’ÉTUDE ... 126

1.1 Sélection des répondants et conduite des entrevues ... 126

1.2 Codage des données ... 128

1.3 Saturation et représentativité ... 130

1.4 Description des répondants ... 133

2. CONCEPTUALISATION, UTILISATION ET OBJECTIFS D’UTILISATION DE L’INF . 141 2.1 Conceptualisation de l’INF ... 141

2.1.1 Explicitation du processus d’analyse qualitative ... 142

2.1.2 Résultats de l’analyse qualitative ... 148

2.1.3 Analyse et discussion ... 159

2.1.4 Sommaire ... 165

2.2 Utilisation de l’INF ... 168

(10)

2.2.2 Pertinence variable et systématisation de l’utilisation ... 172

2.2.3 Usage spécifique et implications des caractéristiques de l’INF ... 174

2.2.4 Analyse et discussion ... 176

2.3 Objectifs d’utilisation de l’INF ... 179

3. FACTEURS DE DIVERSITÉ DES INDIVIDUS ... 189

3.1 Fonctions, rôles et responsabilités ... 190

3.1.1 Nature du facteur de diversité ... 195

3.1.2 Liens entre les fonctions, rôles et responsabilité, l’INF et les autres facteurs de diversité ... 196

3.1.3 Comparaison et apport à la littérature scientifique ... 198

3.2 Compétence, formation et expérience ... 202

3.2.1 Nature du facteur de diversité ... 207

3.2.2 Lien entre la compétence, l’INF et les autres facteurs de diversité ... 209

3.2.3 Comparaison et apport à la littérature scientifique ... 211

3.3 Âge et genre des individus ... 217

3.4 Facteurs individuels émergents ... 223

3.4.1 Valeurs personnelles, valeurs organisationnelles et adéquation entre les deux ... 224

3.4.2 Personnalité cartésienne et tolérance à l’ambigüité ... 233

3.4.3 Influence des pairs, évolution et spécialisation de la pratique . 239 3.5 Temps, horizon temporel et évolution ... 242

4. SOMMAIRE DES CONTRIBUTIONS ... 245

4.1 Conceptualisations, utilisations et objectifs d’utilisation d’INF ... 245

4.2 Facteurs préidentifiés de la diversité des individus ... 246

4.3 Facteurs émergents de la diversité des individus ... 247

4.4 Retour sur la méthodologie ... 249

4.5 Contributions aux disciplines de la comptabilité et de la finance ... 251

5. CRÉDIBILITÉ, TRANSFÉRABILITÉ, LIMITES ET RECHERCHES FUTURES ... 253

5.1 Contexte organisationnel ... 253

(11)

5.3 Stratégie et méthodologie de recherche ... 254 5.4 Recherches futures ... 256

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LISTE DES TABLEAUX

Tableau 1 Avantages et inconvénients de l’information non financière en

évaluation d’entreprise ... 23

Tableau 2 Exemples de conceptualisations de l’INF dans la littérature ... 47

Tableau 3 Information non financière ... 51

Tableau 4 Types d’information non financière selon Cohen et al. (2011) ... 56

Tableau 5 Objectifs d’utilisation de l’INF selon la littérature scientifique ... 65

Tableau 6 Sommaire des constatations des trois études clés selon des approches comportementales ... 78

Tableau 7 Facteurs d’intérêt de la diversité des individus ... 100

Tableau 8 Programme de recherche par entrevues semi-dirigées ... 112

Tableau 9 Biais identifiés et contrôles prévus ... 116

Tableau 10 Technique des entrevues convergentes ... 118

Tableau 11 Saturation des codes rubriques au gré de la séquence des entrevues convergentes ... 131

Tableau 12 Distribution des répondants par fonction ou secteur d’activité ... 132

Tableau 13 Distribution des répondants par niveau hiérarchique ... 133

Tableau 14 Distribution des répondants par genre ... 134

Tableau 15 Distribution des répondants par groupe d’âge ... 134

Tableau 16 Distribution des répondants par formation de base... 135

Tableau 17 Distribution des répondants par formation de 2e cycle ... 135

Tableau 18 Distribution des répondants par type d’autre formation pertinente .... 136

Tableau 19 Distribution des répondants selon la diversité de leur formation ... 136

Tableau 20 Distribution des répondants selon le plus haut niveau de formation suivi ... 136

Tableau 21 Diversité des répondants selon le genre et l’âge, répartie par secteurs d’activité et niveaux hiérarchiques ... 138

Tableau 22 Diversité des répondants selon leur formation, répartie par secteurs d’activité et niveaux hiérarchiques ... 139

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LISTE DES FIGURES

Figure 1 Utilisation de l’INF par les marchés financiers ... 27

Figure 2 Synthèse des relations financières et non financières entre les entreprises, les investisseurs et les épargnants. ... 36

Figure 3 Contexte de l’utilisation de l’INF chez l’Organisation ... 37

Figure 4 Évolution des formes de publication d’information sur la performance des entreprises ... 60

Figure 5 Cadre intégré des obstacles comportementaux ... 81

Figure 6 Synthèse graphique des différents courants de recherche ... 84

Figure 7 Complexité de l’utilisation de l’INF dans un processus réel d’analyse et de décision d’investissement... 89

Figure 8 Figure synthèse des besoins de connaissance ... 91

Figure 9 Impact de la diversité des individus sur la conceptualisation et l’utilisation de l’INF ... 94

Figure 10 Outils méthodologiques ... 119

Figure 11 Visuel des codes rubriques organisés ... 129

Figure 12 Aperçu du travail d’organisation visuelle de la famille de codes rubriques – Conceptualisation... 143

Figure 13 Nature de l’INF – Travail d’organisation qualitative ... 146

Figure 14 Nature de l’INF – Attribution des codes thématiques ... 147

Figure 15 Codage thématique final - Nature de l’INF ... 149

Figure 16 Accès, sources, disponibilité, fiabilité et pertinence de l’INF ... 153

Figure 17 Standardisation partielle de l’INF ... 157

Figure 18 Évolution associée au concept d’INF ... 158

Figure 19 Sommaire de la conceptualisation de l’INF ... 166

Figure 20 Codage thématique – Utilisation – Financiarisation ... 169

Figure 21 Pertinence variable et systématisation de l’utilisation de l’INF ... 172

(14)

Figure 23 Objectifs d’utilisation de l’INF ... 180

Figure 24 Codage thématique – Fonctions, rôles et responsabilités ... 191

Figure 25 Codage thématique – Formation et expérience ... 203

Figure 26 Âge et genre des individus. ... 218

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LISTE DES ABRÉVIATIONS, DES SIGLES ET DES ACRONYMES

DD Développement durable

ESG Environnement, société, gouvernance GRI Global Reporting Initiative

IASB International Accounting Standard Board IF Information financière

IIRC International integrated reporting council INF Information non financière

IR et ISR Investissement responsable et investissement socialement responsable PIR Principes pour l’investissement responsable

PP Partie prenante

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REMERCIEMENTS

Merci à Aurélie, ma directrice, autant pour ta folie de me suivre dans cette aventure que pour la rigueur de ta direction.

Merci aux membres de mon jury pour la pertinence de vos remarques et pour l’attitude bienveillante à l’égard de ce projet.

Merci aux participants anonymes et aux intervenants qui ont permis à ce projet de se concrétiser et qui constituent la trame même de la thèse.

Un remerciement tout particulier à ma conjointe pour sa compréhension, son soutien et sa participation active.

Enfin, une salutation chaleureuse aux collègues de notre petite communauté de doctorants du DBA, ainsi qu’aux autres collègues, professeurs et collaborateurs qui agissent, plus qu’il n’y parait, comme un groupe de soutien.

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INTRODUCTION

La prise en compte du développement durable par les entreprises amène ces dernières à divulguer de manière croissante leur performance sur des enjeux sociaux et environnementaux à l’aide d’information non financière (INF). Pour leur part, les investisseurs tendent à utiliser cette INF dans leurs critères d’investissement. Cette utilisation d’INF permet aux investisseurs de répondre à leurs objectifs financiers traditionnels ainsi qu’à des objectifs de retombées sociales propres à l’investissement dit socialement responsable.

Une période de résidence auprès d’une société d’investissement (désignée comme l’« Organisation ») nous démontre que la diversité des utilisations et des objectifs d’utilisation d’INF constitue une problématique d’intérêt. Toutefois, cette problématique se situe au niveau des individus dans leur travail quotidien. À ce niveau de perspective, il est difficile de discerner comment et pourquoi les individus qui travaillent au sein de sociétés d’investissement utilisent effectivement cette INF dans le cadre de leurs fonctions. De plus, pour eux, qu’est-ce que l’INF?

Notre thèse cherche donc à répondre à un besoin de connaissances de l’Organisation et des sociétés d’investissement, lesquelles désirent mieux connaitre quels sont les liens entre, d’une part, la diversité dans les fonctions, la compétence et d’autres caractéristiques des individus et, d’autre part, la diversité dans l’utilisation et les objectifs d’utilisation d’INF. Pour l’Organisation, l’utilisation d’INF constitue un facteur-clé de succès pour atteindre son objectif de rendement financier de façon responsable.

Afin d’étayer notre compréhension de l’utilisation d’INF en contexte d’investissement, nous établissons notre contexte théorique autour de trois questions intrinsèquement liées, soit qu’est-ce que l’INF, quels sont les objectifs de son utilisation, puis comment les individus l’utilisent-ils? Nous constatons un important

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flou conceptuel autour de l’INF. Outre son opposition par rapport à l’information financière, il n’existe pas de définition consensuelle de l’INF, de ce qu’elle inclut ou de ses rôles. Néanmoins, il nous est possible de faire ressortir certaines tendances qui nous permettent d’analyser la diversité de la conceptualisation rencontrée en pratique. Aussi, la conceptualisation de l’INF se trouve étroitement associée aux objectifs de son utilisation. Dans la littérature, nous répertorions trois catégories d’objectifs pertinents au contexte de notre thèse. D’abord, nous distinguons différents objectifs financiers, ensuite ceux en lien avec le développement durable et, enfin, ceux traitant de l’aspect de la divulgation. Pour comprendre l’utilisation concrète d’INF par les individus en contexte d’investissement et les caractéristiques des individus qui influencent cette utilisation, nous nous tournons vers la littérature au niveau comportemental en comptabilité et en finance. Toutefois, l’ensemble de la littérature consultée nous procure un portrait fragmentaire de l’utilisation d’INF par les individus.

Afin de répondre aux besoins de connaissances sur l’utilisation d’INF par les individus, nous proposons une approche exploratoire et inductive par entrevues semi-dirigées avec un échantillon de convenance de répondants qui partagent le même contexte organisationnel. Nous formulons alors notre objectif central de recherche : décrire et analyser l’influence de la diversité des individus sur leur conceptualisation, leur utilisation et leurs objectifs d’utilisation d’INF. Pour y parvenir, nous identifions deux objectifs préalables. Le premier objectif préalable consiste à identifier et à décrire la conceptualisation, l’utilisation et les objectifs d’utilisation d’INF. Le second objectif préalable consiste à identifier et décrire les facteurs de diversité des individus pertinents par rapport à l’INF. Nous y couvrons certains facteurs préidentifiés à partir du contexte théorique, ainsi que d’autres facteurs émergents et pertinents pour leurs liens avec la diversité dans la conceptualisation, l’utilisation et les objectifs d’utilisation de l’INF. Nous intégrons les discussions au fur et à mesure de la présentation des résultats.

Les résultats et discussions issus de la thèse procurent à l’Organisation, ainsi qu’à d’autres sociétés d’investissement, des pistes de réflexion pertinente pour mettre

(19)

en perspective leur utilisation de l’INF avec la diversité des individus. Ces réflexions amènent à mieux prendre en compte les implications de la diversité des individus en pratique, notamment sur la structure et les processus d’utilisation d’INF, ainsi que sur la sélection et la formation du personnel. Nous croyons que l’Organisation se trouve mieux outillée pour comprendre comment la diversité des individus contribue effectivement à l’atteinte de son objectif de rendement financier responsable par l’utilisation d’INF.

(20)

PREMIER CHAPITRE

PROBLÉMATIQUE MANAGÉRIALE

Depuis le début des années 1990, le développement durable (DD) émerge comme une nouvelle philosophie de gestion (Hubbard, 2009). Depuis le rapport Brundtland (1987), on définit le DD comme un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs. La gestion des organisations s’oriente alors vers la prise en compte des parties prenantes (PP), c’est-à-dire toute partie qui affecte ou qui se trouve affectée par les actions d’une organisation (Finch, 2005).

La vision de la performance organisationnelle limitée à la perspective des besoins des investisseurs est donc peu à peu remplacée par celle des besoins des PP. Finch (2005) résume de manière éloquente le caractère drastique de cette évolution. Dans les années 1960 et 1970 et d’après les travaux de Freidman, un récipiendaire du prix Nobel d’économie, le rôle des entreprises devait se limiter à la maximisation des profits. Toute action à caractère social ou caritatif de la part d’un gestionnaire d’entreprise était considérée alors comme une utilisation détournée des fonds de l’organisation (Finch, 2005). Au cours des décennies 1980 et suivantes, la perception du rôle des entreprises a évolué pour prendre en compte une certaine obligation morale envers la société. Depuis, on parle de plus en plus de la responsabilité sociétale des entreprises (RSE), lesquelles sont appelées à opérer en respect des valeurs de la société et de l’environnement (Finch, 2005).

En conséquence, les entreprises divulguent plus d’information sur leur performance à propos d’enjeux de nature non financière regroupés sous le sigle ESG pour environnement, société et gouvernance. Dans ce contexte, différentes initiatives comme le Global Reporting Initiative (GRI) se concentrent sur le développement et l’harmonisation de la divulgation des entreprises sur les enjeux ESG.

(21)

Alors que cette forme d’information tend à se standardiser et à devenir de plus en plus disponible, une variété de libellés est utilisée autant en pratique que dans la littérature scientifique, tels qu’information ESG, mesures de performance non financière, information non financière (INF) ou extrafinancière. On utilise souvent ces termes de manière interchangeable (Accounting for Sustainability (A4S), 2012). Lorsqu’on évoque un de ces termes, à quoi fait-on réellement référence? Nous portons attention à cette question dans le second chapitre. Pour l’instant, nous retenons le terme information non financière (INF) que nous voulons le plus inclusif possible.

Par ailleurs, les initiatives de divulgation d’INF par les entreprises relèvent surtout d’efforts volontaires de leur part. En conséquence, le choix de l’information publiée revêt en partie un caractère discrétionnaire (Simpson, 2010). Une portion importante de l’INF ne serait divulguée que de manière qualitative et ne rendrait pas suffisamment compte des impacts financiers potentiels de ces mesures (Hespenheide et Koehler, 2012). De plus, il existe une variété importante dans les modes de mesure et de présentation de l’INF (Taleb, Gibson et Hovey, 2011; Finch, 2005; Hubbard, 2009). Les entreprises mesurent et publient donc de l’information de nature différente, sous des formes variées et dans des optiques très diverses. Cette grande diversité complique en pratique les analyses et les comparaisons entre les entreprises pour quiconque désire utiliser l’INF divulguée (Amaeshi et Grayson, 2009).

Malgré ces difficultés, la disponibilité de l’INF ouvre la voie à plusieurs utilisations, notamment par les marchés financiers. En effet, l’utilisation de l’INF y connait un essor important. Selon Capelle-Blancard et Monjon (2012) ainsi qu’Amaeshi et Grayson (2009), l’engouement des investisseurs pour l’INF se reflète particulièrement dans le discours utilisé. À ce propos, Amaeshi et Grayson (2009) compilent des rapports empiriques sur l’utilisation des facteurs ESG (de l’INF) dans les décisions d’investissement de 2000 à 2009 publiés par des firmes comptables, des associations d’investissement, des consultants et certains autres agents des marchés financiers. Ils constatent que la majorité de ces rapports utilisent un ton promotionnel

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assumé en faveur de l’intégration des facteurs ESG dans les décisions d’investissement. Dans leur analyse, ils identifient trois profils de discours. D’abord, le discours classique autour de la valeur d’entreprise aborde des thèmes comme les avantages compétitifs, la réputation, ainsi que la gestion des risques et de la croissance à long terme. Le discours futuriste focalise quant à lui sur l’avenir des enjeux ESG et peut transmettre des émotions tantôt d’optimisme, tantôt de tension et de peur. Finalement, le discours réglementaire exprime le besoin d’interventions gouvernementales pour pallier certains problèmes associés à l’utilisation de l’INF par les marchés financiers, par exemple, pour améliorer la crédibilité de l’INF divulguée ou pour obliger les gestionnaires de portefeuille à rendre compte de manière détaillée de la façon dont ils utilisent cette INF (Amaeshi et Grayson, 2009).

Pour les investisseurs, l’INF peut servir d’élément clé pour la prise de décisions pour plusieurs raisons. Sur le plan financier, la littérature scientifique se concentre sur l’amélioration, grâce à l’utilisation d’INF, des rendements et de la gestion des risques. Par ailleurs, les investisseurs peuvent aussi vouloir améliorer leur propre performance non financière tant en investissant selon certaines lignes de principes qu’en aidant les entreprises dans lesquelles ils investissent, à faire de même. On parle alors d’investissement responsable (IR) ou d’investissement socialement responsable (ISR). La prochaine section expose en détail ces différentes utilisations de l’INF par les marchés financiers. D’abord, nous abordons la perspective strictement financière pour expliquer en quoi l’INF contribue au travail d’analyse d’opportunité d’investissement et de décision de placement. Ensuite, nous abordons la perspective de l’ISR et discutons de ce qui motive les investisseurs à intégrer l’INF dans leur travail.

1. UTILISATION DE L’INFORMATION NON FINANCIÈRE PAR LES MARCHÉS FINANCIERS

La littérature scientifique reconnait depuis plusieurs années l’utilité de certaines INF comme indicateurs de performance économique. On l’utilise alors pour

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l’identification des entreprises à fort potentiel de rendement financier, ainsi que pour l’identification et la gestion des risques. Plusieurs études démontrent en effet des associations entre la valorisation des entreprises ou leur performance financière et certaines INF, telles que la pénétration des marchés et la croissance (Amir et Lev, 1996), le nombre de visiteurs et de pages visitées pour les sociétés Internet (Kozberg, 2001) ou encore la satisfaction de la clientèle et les revenus d’une entreprise de télécommunication (Ittner et Larcker, 1998). Alors que ces INF sont reconnues comme des indicateurs économiques pertinents, la littérature cherche aussi à mesurer si l’INF publiée plutôt à des fins de RSE s’avère elle aussi pertinente d’un point de vue financier. Par exemple, les synthèses de la littérature de Griffin et Mahon (1997) puis de Roman, Hayibor et Bradley (1999) tendent à démontrer un lien globalement positif entre la performance sociale des entreprises (ou la performance sur des enjeux ESG) et leur performance financière.

En parallèle, certains facteurs réduiraient le potentiel et la portée de l’information financière traditionnelle (Orens, 2007), ce qui renforcerait l’utilité de l’INF pour expliquer la valorisation boursière. Par exemple, citons l’accélération des développements technologiques, la globalisation et l’économie du savoir (Orens 2007), ainsi que l’augmentation des contraintes environnementales, politiques et démographiques sur les organisations (Hespenheide et Koehler, 2012). Hespenheide et Koehler (2012) expliquent cette évolution par la proportion des actifs incorporels dans la valeur boursière totale des organisations : alors que la valeur des actifs incorporels constituait moins de 20 % de la valeur boursière des sociétés de l’indice S&P 500 au milieu des années 1970, elle en représenterait 80 % en 20051. Selon ces mêmes auteurs, l’INF divulguée actuellement par les entreprises (ou celle idéalement publiée) serait mieux à même de représenter et de mesurer ces actifs intangibles.

1 Hespenheide et Koehler (2012) font ici référence à un sondage annuel effectué par la société Ocean

Tomo, LLC. Le sondage 2015 est disponible à la page : www.oceantomo.com/2015/03/04/2015-intangible-asset-market-value-study

(24)

L’utilisation de l’INF en évaluation d’entreprise comporte donc plusieurs avantages, mais aussi certains inconvénients. Le tableau 1 en résume les principaux.

Tableau 1

Avantages et inconvénients de l’information non financière en évaluation d’entreprise

Avantages Inconvénients

En lien plus étroit avec les stratégies organisationnelles

Indicateurs indirects de la valeur des actifs intangibles non comptabilisés

Meilleurs indicateurs de la performance future, car indicateur guide (leading) vs témoin (lagging)

Temps et coût (disponibilité et mesure) Évaluation et comparaison difficile Manque de fiabilité et pertinence difficile à établir

Confusion dans l’état actuel de la publication

Inspiré et traduit de la figure 1 de Kotane, I. et Kuzmina-Merlino, I. (2011). Non-financial indicators for evaluation of business activity. European Integration Studies, 5(2011), page 217.

En conséquence, même sur un plan strictement financier, l’ensemble des acteurs des marchés financiers tendent à recourir de manière croissante à de l’INF comme indicateur économique dans le cadre de leur travail. Avec une INF suffisante en quantité et en qualité, ils pourraient améliorer la précision de leurs prévisions financières (Simpson, 2010) et donc produire un meilleur rendement financier.

Du côté de l’ISR, l’INF à propos de la responsabilité sociétale des entreprises s’avère nécessaire pour la poursuite d’objectifs à caractère non financiers propres à l’ISR et au DD. Bien que cette utilisation d’INF découle d’objectifs non financiers, une grande portion de la littérature scientifique cherche à déterminer s’il y a aussi des avantages financiers potentiels résultant de cette utilisation d’INF et de critères non financiers en investissement. Sur ce point, il n’y a pas de consensus (Capelle-Blancard et Monjon, 2012; Revelli et Sentis, 2012). Du point de vue théorique, la littérature scientifique fournit plusieurs théories contradictoires sur la rentabilité financière de l’ISR. D’abord, les efforts des investisseurs responsables pourraient s’avérer payants à long terme si on en croit Bauer, Koedijk et Otten (2005), lesquels identifient un effet favorable à long terme de l’ISR. Ils l’associent à une sorte d’effet d’apprentissage qui

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nécessiterait du temps et des efforts sur plusieurs années de la part d’un investisseur qui se tournerait vers l’ISR. Toutefois, les résultats de Bauer et al. (2005) démontrent aussi certains effets négatifs à court terme du changement vers l’ISR. Par exemple, la littérature soulève souvent la problématique du temps d’analyse supplémentaire requis pour l’INF et, en conséquence, des frais de gestion plus élevés. Sur le long terme néanmoins, l’effet d’apprentissage selon Bauer et al. (2005) finirait par compenser ces coûts supplémentaires.

Pour leur part, la théorie du portefeuille et la théorie des coûts financiers expliqueraient une performance négative de l’ISR par l’effet d’une moins grande diversification d’investissement possible et par des coûts de suivis supérieurs (Revelli et Sentis, 2012). À court terme, la croissance de la demande pour les placements privilégiés par l’ISR en ferait augmenter les prix, introduisant ainsi un coût potentiel à l’éthique par des rendements plus bas (Revelli et Sentis, 2012). Ce dernier effet pourrait toutefois n’être que transitoire et neutre. Cette allocation différente de capital par l’ISR ferait diminuer le coût en capital des entreprises les mieux cotées sur des critères ESG et inciterait les autres entreprises à s’ajuster pour éviter une augmentation corolaire de leur coût en capital (Dupré, Girerd-Potin, Jimenez-Garces et Louvet, 2009). Bref, sur le plan théorique, c’est l’impasse.

Les recherches empiriques ne permettent pas de surmonter l’absence de consensus théorique sur la performance financière de l’ISR, alors même que la plupart des articles scientifiques sur l’ISR portent sur ce point (Capelle-Blancard et Monjon, 2012). Par exemple, Revelli et Sentis (2012) décomptent 75 études pour un total de 161 expérimentations de 1972 à 2009. Au final, 40 indiquent des impacts positifs de l’ISR sur la performance financière (une performance boursière supérieure de l’ISR), 80 impacts neutres et 41 impacts négatifs.

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La question qui émerge alors est pourquoi une telle absence de consensus sur les retombées financières de l’ISR? Plusieurs liens positifs sont pourtant démontrés entre la performance des entreprises sur le plan de la RSE (ou performance ESG) et leur performance financière. En fait, ces liens sont démontrés au niveau des entreprises seulement. Pour transposer ces liens au niveau des investisseurs en ISR, il faut tenir compte des efforts supplémentaires des investisseurs ISR par rapport aux autres investisseurs pour bénéficier des avantages financiers potentiels de la RSE. De manière concrète, pensons à la variété dans les stratégies de placement, dans la compétence des gestionnaires, dans la taille et le rôle des différents investisseurs ainsi que les analyses supplémentaires requises sur les critères ESG. En conséquence, le lien global entre la performance ESG d’une entreprise, sa performance financière, puis le rendement financier de l’ISR devient alors non concluant, indirect et plus complexe.

En somme, la question de la rentabilité financière de l’ISR demeure d’actualité malgré des efforts importants de recherche (Capelle-Blancard et Monjon, 2012). À tout le moins, ces études tendent à démontrer qu’en moyenne et à long terme, il n’y aurait pas de coûts significatifs à supporter en termes de baisse de rendement en poursuivant une stratégie d’ISR (Mercer et UNEP FI AMWG2 , 2007; Bauer et al., 2005; Revelli, 2013; Guyatt, 2005).

Néanmoins, l’engouement des investisseurs pour l’utilisation d’INF en ISR continue de se développer malgré cette complexité, alors même que la rentabilité financière réelle de l’ISR ou son apport à produire un rendement financier supérieur n’est pas démontré. La question demeure donc. Pourquoi des investisseurs en viennent-ils à intégrer l’INF dans leur processus d’analyse d’opportunités d’investissement et de

2 UNEP FI AMWG - The Asset Management Working Group of the United Nations Environment

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décisions de placement? Peut-être parce que, outre les justifications philosophiques du DD et de l’ISR, ils y sont en quelque sorte obligés.

Le devoir fiduciaire représente la relation fiduciaire entre un client bénéficiaire qui confie des fonds et le gestionnaire de ces fonds. Des lois régissent cette relation dans la plupart des pays, incluant le Canada. En bref, la responsabilité première du fiduciaire correspond généralement à la gestion des fonds en respect d’une relation risque-rendement entendu avec le client bénéficiaire. Par ailleurs, le rapport Freshfield en 2005 (UNEP FI AMWG, 2005, 2009) apporte un éclairage important sur l’intégration des facteurs ESG par rapport au devoir fiduciaire. Le rapport conclut que « integrating ESG considerations into an investment analysis so as to more reliably predict financial performanceis clearly permissible and is arguably required in all jurisdictions »3 (UNEP FI AMWG, 2009, p. 14). En conséquence, l’intégration des facteurs ESG (l’INF) constituerait un mode obligatoire d’identification et de gestion des risques, peu importe que l’investisseur se définisse comme responsable ou non. La prise en compte des facteurs ESG (et de l’INF au sens large) peut donc relever, dans une certaine mesure, des responsabilités fiduciaires des investisseurs. Toutefois, l’adéquation entre le devoir fiduciaire et la poursuite d’objectifs autres que financiers au-delà de cette seule gestion de risques demeure un sujet d’actualité (Sandberg, 2011).

Au-delà de leurs obligations minimales, les investisseurs peuvent s’engager de manière volontaire à intégrer l’INF dans leurs analyses d’opportunités d’investissement et leurs décisions de placement, dans l’esprit de l’ISR et du DD. En pratique, l’ISR se décline essentiellement en deux types d’activités : l’engagement actionnarial auprès des entreprises et l’intégration des critères ESG dans les processus chez l’investisseur. L’engagement actionnarial amène les investisseurs à exiger des entreprises dans

3 Traduction libre : intégrer des considérations ESG dans l’analyse d’investissement pour prévoir de

manière plus fiable la performance financière est clairement permis, voire requis dans l’ensemble des juridictions.

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lesquelles ils investissent des niveaux de performance sur des critères ESG et les amener à améliorer leurs pratiques sur ces aspects. L’intégration des facteurs ESG implique chez l’investisseur la mise en place de pratiques internes et l’emploi de différentes méthodes, notamment l’inclusion et l’exclusion de titres en particulier pour des raisons éthiques ou pour des risques ESG. Toutefois, la littérature empirique et les sondages professionnels consultés ne font que peu de distinctions à propos des motivations derrière l’emploi de chacune des différentes méthodes, encore moins de distinctions sur comment cela se traduit concrètement en termes d’utilisation de l’INF dans le travail quotidien des individus chez l’investisseur, comme le montre la figure 1.

Figure 1

Utilisation de l’INF par les marchés financiers

Comme l’indique la figure 1, toutes ces méthodes ainsi que toutes ces motivations derrière l’utilisation de l’INF ne semblent pas mutuellement exclusives. En pratique, poursuivre une stratégie ISR pourrait vouloir dire pour l’investisseur à la fois une meilleure gestion des risques, de meilleurs rendements financiers et une contribution en matière de DD. Par exemple, l’utilisation de l’eau dans l’exploitation d’une entreprise agricole peut représenter un risque financier pour l’entreprise, donc

Variété de méthodes d'utilisation Variété d'objectifs

Offrir des produit de placement pro-ESG Améliorer la gestion des risques financiers Augmenter la rentabilité de l'investisseur Engagement actionnarial Augmenter la performance ESG des entreprises

Sélection de titres

Promouvoir le DD et les retombées NF pour la société en général

Variété des méthodes employées en même temps pour une variété d'objectifs Absence de consensus sur la performance financière de l'ISR

Objectifs non mutuellement exclusifs

Difficile de discerner concrètement, pourquoi et comment les individus à l'intérieur des organisations d'investissement utilisent l'INF dans le cadre de leur travail Intégration de l'INF dans les analyses

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pour ses investisseurs aussi. L’utilisation de l’eau pourrait aussi représenter un enjeu environnemental et social important aux niveaux local et mondial. L’entreprise, l’investisseur ou les deux peuvent donc vouloir considérer cet enjeu de l’eau pour des motivations autant financières que non financières. En conséquence, dans l’état actuel de la littérature, on ne connait que peu et encore mal si concrètement, dans leur quotidien, les différents analystes et gestionnaires de portefeuilles ou autre utilisent effectivement l’INF dans leurs analyses d’opportunités d’investissement et leurs décisions de placement. S’ils le font, comment et pourquoi?

En somme, une littérature abondante aborde la nature et la variété de l’INF divulguée par les entreprises et disponible pour les investisseurs. Toutefois, la variété des termes employés dans l’ensemble de la littérature nous amène à nous interroger : cela crée-t-il une confusion en pratique? Ensuite, les investisseurs utilisent une variété de méthodes pour utiliser l’INF dans leurs analyses d’opportunités d’investissement et leurs décisions de placement. Néanmoins, pour bien comprendre comment les individus utilisent concrètement ces méthodes et l’INF, il importe de comprendre pourquoi ils le font. Sur ce plan, les investisseurs peuvent poursuivre toute une variété d’objectifs, lesquels ne semblent pas exclusifs entre eux. De plus, la rentabilité de poursuivre des objectifs ISR ne fait pas consensus. En conséquence, les questions suivantes se posent :

Comment les individus qui travaillent pour les sociétés d’investissement conçoivent-ils concrètement l’INF? Pourquoi et comment l’utilisent-ils?

En lien avec la finalité du programme de DBA nous avons validé si ces questionnements soulevés par notre analyse préliminaire de la littérature constituent une problématique en pratique.

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2. VALIDATION EMPIRIQUE DE LA PROBLÉMATIQUE

Nous avons cherché une organisation pour valider si la diversité de la conceptualisation, de l’utilisation et des objectifs d’utilisation de l’INF constitue effectivement une problématique pertinente pour la pratique. Nous avons établi deux critères principaux pour la sélection de cette organisation. Comme premier critère, nous avons besoin d’une organisation de taille suffisante pour inclure une diversité d’individus qui utilise l’INF dans leurs fonctions quotidiennes. Comme second critère dans le choix du terrain de résidence, nous avons cherché une société d’investissement à l’avant-garde dans l’utilisation de l’INF, notamment parmi celles ayant adopté des pratiques d’investissement responsable. D’ailleurs, la littérature tant empirique que scientifique reconnait l’engagement des grandes sociétés d’investissement et investisseurs institutionnels comme un facteur clé pour le développement de l’utilisation de l’INF en investissement (Paredes-Gazquez, Benito et de la Cuesta Gonzalez, 2014).

Selon ces critères, nous avons pris contact avec une société d’investissement d’envergure que nous désignons comme l’Organisation. En lien avec nos critères, l’Organisation dispose d’un grand bassin diversifié d’employés. De plus, elle s’est dotée d’une politique d’ISR, a mis en place des politiques et a attribué des fonctions et des responsabilités au sein de sa structure afin d’intégrer dans ses façons de faire l’utilisation de l’INF dans la poursuite de ses objectifs d’ISR. En fin, elle occupe une position de chef de file dans son domaine quant à l’utilisation de l’INF. L’Organisation occupe donc une position de choix pour étudier l’utilisation de l’INF dans l’analyse d’opportunités d’investissement et de décisions de placement. Elle constitue ainsi un terrain de recherche tout indiqué pour une thèse de DBA sur les plans pratique et scientifique.

Nous avons identifié et pris contact avec deux personnes responsables de la mise en place et la promotion de l’ISR à sein de l’organisation. Elles sont aussi

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impliquées à ce propos dans leur milieu financier. Ces deux personnes ont accepté d’agir à titre de Répondants sur place pour la conduite de la résidence et du projet de recherche dans son ensemble. Nous désignons ces deux personnes comme nos Répondants principaux.

Dès nos contacts initiaux, nous convenons que l’Organisation, et en particulier nos deux Répondants principaux aimeraient savoir si concrètement, dans leur quotidien, les différents employés, analystes, gestionnaires de portefeuilles ou autre, utilisent effectivement l’INF dans leurs analyses d’opportunités d’investissement et leurs décisions de placement. S’ils le font, comment et pourquoi? Est-ce que leur utilisation actuelle de l’INF est en lien avec la politique d’ISR en place et permet de répondre de manière effective aux objectifs de l’Organisation?

Pour entreprendre la validation de la problématique de l’utilisation de l’INF auprès de l’Organisation, nous avons d’abord pris connaissance de la documentation existante sur ses activités d’ISR et sur sa structure organisationnelle. Par la suite, nous avons conduit quelques entrevues avec du personnel pour comprendre comment cela se décline dans leur travail et ce que signifie pour eux l’INF, à quoi cela correspond. Pourquoi et comment chacun d’eux utilise-t-il l’INF dans ses fonctions et quels sont les principaux enjeux de cette utilisation? Les prochaines sections résument l’information recueillie et les constatations obtenues au cours de la période de résidence.

2.1 Activités ISR et évolution de l’Organisation

Les politiques et activités d’ISR de l’Organisation guident l’utilisation de l’INF dans le travail quotidien de ses employés. Elles influencent donc pourquoi et comment ces derniers utilisent l’INF et aussi comment ils la conceptualisent. En conséquence, nous devons en tenir compte dans notre compréhension de l’utilisation de l’INF par les employés de l’Organisation.

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L’Organisation s’est jointe au mouvement de l’ISR et figure parmi les signataires des Principes pour l’investissement responsable (PIR) (UNEP FI, 2017). Il s’agit d’un engagement volontaire à intégrer des facteurs ESG dans l’analyse d’opportunités d’investissement et dans les décisions de placement (UNEP FI, 2006). L’Organisation participe à diverses initiatives et regroupements tant sur le plan national qu’international en lien avec la promotion de l’ISR. À cette fin, elle s’est dotée d’une politique d’investissement responsable dont l’objectif consiste à définir le cadre pour l’intégration de l’investissement responsable à ses activités. L’organisation vise alors à contribuer à l’amélioration du bilan social des entreprises, tout en tenant compte de ses objectifs de rendements financiers.

L’Organisation croit, selon nos Répondants, que l’IR constitue une voie incontournable dans la poursuite d’un développement économique durable. En somme, l’utilisation des éléments ESG contribue à la gestion complète et intégrée des risques liés aux investissements et que la gestion proactive des éléments ESG améliore la performance à long terme des entreprises. L’Organisation adapte l’application de sa politique selon la nature des investissements, le type d’instrument financier et les stratégies d’investissement. L’Organisation utilise deux principales approches, soit l’engagement actionnarial actif auprès des sociétés dans lesquelles elle investit, puis l’intégration des critères ESG dans le processus d’analyse et de décision d’investissement. La démarche d’engagement actionnarial inclut le dialogue direct avec les entreprises et leurs PP, ainsi que l’exercice du droit de vote aux assemblées des actionnaires. Le dialogue permettrait de mieux faire connaitre ses attentes en tant qu’investisseur responsable et de soutenir les démarches des entreprises.

Ces politiques et activités d’ISR impliquent également des distinctions dans la structure organisationnelle.

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2.2 Structure organisationnelle et secteurs d’intérêt

Lors des entretiens avec nos Répondants principaux, nous identifions les personnes les plus susceptibles d’utiliser l’INF dans leurs fonctions. Nous identifions en particulier deux secteurs de l’Organisation qui agissent en tant que fonctions de support, notamment dans l’application de la politique d’IR. Nous identifions ces fonctions supports comme la fonction des risques (ou «risques ») et le groupe d’investissement responsable. Ces deux secteurs représentent deux courroies de transmission par lesquelles se développe l’utilisation de l’INF. De plus, ils agissent de manière transversale au sein de l’Organisation. Autrement dit, certains aspects du travail effectué par les membres de ces deux équipes affectent l’ensemble des activités de l’Organisation.

La structure organisationnelle évolue avec le développement de l’ISR. Nos Répondants mentionnent qu’il demeure difficile d’assurer une présence physique de gens dédiés à l’ISR dans chaque équipe d’investissement. Cette difficulté liée à la gestion des ressources humaines et à l’organisation interne apparait peu dans la littérature scientifique et nous semble constituer un élément empirique intéressant que nous pourrons approfondir. En pratique, les divers spécialistes de l’ISR ont été rassemblés au sein d’une seule équipe. Ce changement dans la structure organisationnelle vise surtout deux objectifs. Premièrement, la centralisation assure le maintien d’un bassin suffisant de main-d’œuvre spécialisée pour assurer une continuité au sein des responsables de l’ISR. Deuxièmement, il devient possible pour ces derniers de se spécialiser par secteur de l’économie, par exemple les secteurs bancaire, minier ou manufacturier. Ainsi, chacun peut dorénavant agir de manière transversale au sein de toutes les activités d’investissement. Cette évolution amène nos Répondants principaux à se questionner sur l’utilisation concrète de l’INF, notamment par les employés du côté investissement. Ce sont eux qui sont responsables du processus d’analyse d’opportunité d’investissement et de décisions de placement. À ce propos, le secteur des marchés boursiers se trouve relativement à l’avant-garde de l’utilisation de

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l’INF, en partie parce que l’INF y est plus disponible par rapport aux autres secteurs d’investissement. Nous nous intéressons donc en particulier à ce secteur d’activité de l’Organisation.

Jusqu’ici, ces éléments nous éclairent sur l’évolution du contexte organisationnel. Au gré d’entretiens avec nos Répondants et d’entrevues avec des employés lors de la résidence, nous comprenons que le contexte de la problématique se situe dans la transition de son rôle d’investisseur. En effet, son rôle premier demeure avant tout de produire un rendement financier sur les sommes qui lui sont confiées. Dorénavant, l’Organisation doit aussi s’assurer de le faire de manière socialement responsable. La prochaine section explique son rôle financier et comment celui-ci conduit aussi à l’utilisation de l’INF dans les analyses d’opportunités d’investissement et les décisions de placement. Ensuite, nous discutons de la manière dont s’imbriquent l’ISR et le rôle financier selon ce que nous avons constaté sur place.

2.3 Rôle de l’Organisation comme société d’investissement responsable

L’objectif central de l’Organisation demeure la production d’un rendement financier selon des paramètres de risque définis. L’essence de son travail consiste donc à identifier des opportunités de placements diversifiés, dont le potentiel de rendement financier s’avère plus intéressant qu’un investissement dans les marchés financiers traditionnels. Ce travail de sélection nécessite d’établir des prévisions quant à la performance financière future et les risques associés à ces opportunités d’investissement. Pour les raisons précédemment exposées, ce rôle financier amène donc l’Organisation à recourir à l’INF dans le déroulement normal de ses activités. En effet, selon plusieurs témoignages recueillis durant la période de résidence, l’intégration de l’INF permettrait d’améliorer la compréhension que l’on peut avoir de la performance financière des entreprises.

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Avant l’avènement du DD et de l’ISR, le rôle traditionnel d’une société d’investissement comme l’Organisation pouvait être perçu comme limité à des considérations financières. L’ISR constitue donc en quelque sorte un élargissement de ses objectifs pour y inclure des retombées non financières sur la société en général et prendre en compte ces considérations dans les analyses d’investissements et les décisions financières. De manière intuitive et selon Hansen et Schaltegger (2012), cet élargissement pourrait introduire une certaine ambiguïté parmi les objectifs poursuivis. Par exemple, doit-on revoir la manière d’évaluer la performance d’un investisseur responsable? Quelle place doivent prendre les retombées non financières parmi les objectifs financiers? Or, d’après les entrevues menées durant la période de résidence, nous ne constatons pas une telle ambiguïté, et ce à trois niveaux. D’abord, la responsabilité fiduciaire établit une règle relativement claire de préséance du rendement financier. Ensuite, l’objectif des retombées non financières découle en partie d’une volonté de maximiser l’ensemble des retombées positives possibles, tant financières que non financières, des activités d’investissement de l’Organisation. Par exemple, à rendement financier comparable, elle peut investir dans les entreprises qui affichent les meilleurs comportements et ainsi encourager de tels comportements. Enfin, la période de résidence démontre aussi que la politique d’IR de l’Organisation vise clairement une contribution au DD des entreprises et de la société en général dans une perspective plus large et à long terme. Dans cette perspective, elle croit pouvoir bénéficier d’une meilleure performance financière grâce aux avancées non financières ainsi suscitées pour la société. Le tout s’imbriquerait de manière logique et cohérente autour de son objectif de rendement financier central.

Par ailleurs, durant la résidence, l’obligation fiduciaire de prendre en compte l’INF n’a pas été évoquée comme un aspect problématique. Pour les individus rencontrés, cela semblait aller de soi. Ils mentionnent plutôt la question de la visibilité médiatique et les risques d’atteinte à la réputation comme éléments sensibles et importants pour l’Orgnisation. En effet, les sociétés d’investissement comme l’Organisation pourraient être pointées du doigt pour les conséquences non financières

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de leurs investissements (Paredes-Gazquez et al., 2014). La protection de la réputation de l’Organisation rejoint en quelque sorte une prise en compte d’une responsabilité fiduciaire tacite des conséquences non financières de ses investissements. Toutefois, il y a lieu de se questionner : en quoi le devoir fiduciaire de l’Organisation correspond-il effectivement à la protection de sa réputation? Cette dernière pourrait-elle s’entendre aussi comme la gestion stratégique d’un capital incorporel important pour elle, sa réputation? Son devoir fiduciaire sur le plan financier est-il simplement complètement acquis pour ses employés : « notre rôle, c’est d’abord de produire un rendement financier. » À tout le moins, l’intégration de l’INF revêt ici un aspect de gestion de risque de la réputation au niveau de l’investisseur. Concrètement, un problème de réputation dans un, en plus de rejaillir sur la réputation de l’investisseur, risque aussi de conduire à un revers financier pour l’entreprise, puis pour l’investisseur. Enfin, outre l’obligation fiduciaire, il y a aussi l’obligation morale issue de l’engagement volontaire de l’Organisation sur la voie de l’ISR. Sa signature des PIR, sa participation auprès de différents regroupements nationaux et internationaux et sa politique d’IR reflètent son engagement en ce sens. À cela pourrait s’ajouter la pression des marchés et un mouvement général vers l’adoption de plus en plus répondue de l’ISR. Bref, pour plusieurs raisons, l’Organisation veut le faire et se doit de le faire. Un champ de littérature scientifique en comptabilité aborde les questions de pression de l’environnement institutionnel et de gestion de la réputation. Compte tenu de l’importance de cet aspect pour l’Organisation, il sera nécessaire d’aborder ce thème au prochain chapitre du contexte théorique.

En somme, la figure 2 résume l’état des différentes relations entretenues entre l’Organisation en tant qu’investisseur responsable, les entreprises dans lesquelles elle investit et les épargnants, selon les dimensions financières et non financières.

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Figure 2

Synthèse des relations financières et non financières entre les entreprises, les investisseurs et les épargnants.

Figure 1 de Bahl, L. et Desfleurs, A. (sous presse). L’information non financière : un élément incontournable pour la finance responsable et le développement durable. In C. Champagne, F. Coggins et L. Latulippe (dir.), Éléments de la finance responsable : une perspective multidimensionnelle. Montréal : Les Éditions Yvon Blais.

1 : Gestion stratégique de la performance organisationnelle ; associations démontrées et interactions complexes entre les dimensions financières et non financières (ESG) de la performance des entreprises. 2 : Divulgation de la performance financière (IF) par les entreprises pour une utilisation financière traditionnelle par les investisseurs.

3 : Contribution au DD et divulgation de la performance non financière (INF) par les entreprises ; engagement actionnarial des investisseurs et implication directe sur des aspects ESG auprès des entreprises.

4 : Utilisation d’INF en investissement pour estimer la valeur des flux monétaires futurs et des risques associés ; intégration financière ; sélection/exclusion de titres.

5 : Rendement financier pour les épargnants.

6 : Contribution au DD et divulgation de la performance non financière (INF).

2.4 État de la problématique et question préliminaire de recherche

De manière constante au travers des sections précédentes, nous constatons que l’utilisation de l’INF constitue un point d’attache clé de l’ensemble de la problématique managériale, autant sous l’angle de l’ISR que du rôle financier traditionnel des sociétés d’investissement. La figure 3 en résume l’essentiel.

Entreprise Investisseurs Épargnants

Performance financière Performance financière $$$ Performance non financière (DD) Performance non financière (ISR) DD 1 3 2 4 5 6

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Figure 3

Contexte de l’utilisation de l’INF chez l’Organisation

D’abord, la période de résidence nous a permis de constater une aussi grande variété dans les termes utilisés pour désigner l’INF et dans les façons possibles de les conceptualiser que dans l’analyse préliminaire de la littérature scientifique. Ce flou conceptuel constitue une complication pertinente lorsqu’on aborde l’INF au sens large ou de manière abstraite. Dans nos échanges, nous devons continuellement chercher à définir la nature de l’information sur laquelle portent les discussions. Nous jugeons même prioritaire, dès le début de ces échanges, de cerner comment les individus conceptualisent la notion d’INF dans le cadre de leur travail. Néanmoins, les entrevues menées durant la résidence tendent à montrer que les individus en pratique ne s’attardent pas sur les problèmes de conceptualisation. Plutôt que de parler d’INF en général, ils vont au contraire être très précis, mentionnant une mesure X dans un contexte donné qui risque d’engendrer un impact Y sur une entreprise ou un secteur de l’économie. Ainsi, définir l’INF ne semble pas essentiel pour les individus à l’échelon opérationnel. Néanmoins, la variété dans leur conceptualisation de l’INF demeure pertinente à notre problématique. En effet, quelles sont les sources de cette variété dans la conceptualisation de l’INF ? Quels sont les liens entre la conceptualisation, l’utilisation et les objectifs d’utilisation d’INF? Quels sont les liens entre cette diversité et celle des individus? Au prochain chapitre, nous devons donc enrichir notre

Objectif ISR Objectif financier

Engagement actionnarial Rendement / Risque

Intégration des facteurs ESG Coût de suivi

Engagement volontaire Évolution et utilité de l'INF disponible

Discours et engouement Amélioration des prévisions financières

Structure, politique IR et responsabilités Obligation fiduciaire et réputation

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compréhension autour du concept de l’INF, de son utilisation de l’INF et des objectifs de son utilisation par les individus.

Si arriver à cerner le concept d’INF ne semble une priorité ni pour les individus rencontrés, la façon de concilier les objectifs liés à l’utilisation de l’INF et les moyens d’y parvenir constituent au contraire une problématique clairement identifiée lors des entretiens préliminaires avec nos Répondants. En fait, les motivations derrière l’utilisation de l’INF chez l’Organisation s’inscrivent sur plusieurs échelles de temps par rapport aux retombées financières visées. D’abord, l’intégration des facteurs ESG constitue toujours une approche de gestion élargie des risques en lien avec ses obligations fiduciaires. Les impacts sur les rendements financiers semblent alors concrets et identifiables. On y perçoit une certaine forme de contrôle. À une autre échelle, l’utilisation de l’INF déborde le seul discours des impacts financiers identifiables. Nous devons emprunter une perspective plus systémique, plus globale, en sachant que l’Organisation ne contrôle pas ou ne bénéficie pas nécessairement de retombées financières directes de ses efforts. Elle s’appuie alors sur les philosophies de l’ISR et du DD, selon lesquelles contribuer à des retombées non financières pour la société en général contribue à la pérennité des entreprises et à leur performance financière à long terme. En faisant partie de cette société, l’Organisation bénéficierait donc d’un meilleur rendement financier. De manière intégrée, son objectif consiste donc à générer un rendement financier à long terme de manière responsable. Selon la façon dont elle applique sa politique d’IR, nos Répondants indiquent que l’Organisation croit à la cohérence de ses approches en ISR par rapport à son objectif financier.

Nos Répondants sont les promoteurs et responsables de l’application de cette façon de faire de l’investissement au sein de l’Organisation. L’intégration de l’INF de manière concrète constitue donc pour eux une préoccupation réelle et fondamentale pour leur contribution à l’atteinte de l’objectif de rendement financier de l’Organisation. De plus, les changements dans la structure organisationnelle pour

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regrouper le personnel spécialisé en ISR renforcent l’intérêt de nos Répondants à connaitre l’état actuel de l’utilisation de l’INF par les individus, notamment du côté investissement par rapport aux fonctions supports. De plus, comment les employés perçoivent-ils ces changements dans la structure organisationnelle? Contribuent-ils effectivement à renforcer l’utilisation de l’INF au niveau des activités de l’Organisation? Concrètement, l’intégration de l’INF dans le processus d’analyse d’opportunités d’investissement et de décisions de placement correspond à des façons de faire à l’interne pour assurer l’identification, la communication et la concertation sur les risques ESG pertinents. Certaines personnes sont donc responsables de coordonner ce processus d’intégration. Elles l’effectuent avant les investissements et parfois elles établissent des suivis pour certains risques jugés suffisamment importants ou lorsque de nouveaux enjeux surviennent.

En somme, il ne semble pas y avoir de réelle ambiguïté à propos des objectifs poursuivis au niveau organisationnel dans son ensemble. Toutefois, dans le détail, les rôles occupés par les différents analystes et gestionnaires, de même que par les différents secteurs de l’Organisation varient sensiblement. Or, au niveau des individus, certains pourraient percevoir la promotion de l’ISR comme issue d’une visée idéologique, laquelle pourrait sembler déroger de l’objectif financier central, d’où un potentiel d'ambiguïté perçu dans les rôles des individus. Les entrevues menées durant la résidence montrent de manière préliminaire qu’un des éléments clés de la problématique en pratique se situe dans la complexité à démontrer des liens entre l’INF et des retombées financières identifiables dans les analyses d’opportunités d’investissement et de décisions de placement. Bref, tant que la performance ESG des entreprises et l’exposition à des risques de nature non financière ne sont pas financiarisées (traduit en impacts financiers et en probabilités), il semble subsister un risque d’accoler une étiquette idéologique aux promoteurs de l’utilisation de l’information ESG. Cette ambiguïté perçue à propos des rôles des individus et de l’utilisation de l’INF rappelle aussi l’engouement pour l’INF, évoqué précédemment

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dans la revue préliminaire de littérature, malgré l’absence de consensus sur les retombées financières de l’ISR.

En conséquence, la période de résidence nous démontre la pertinence du questionnement sur les objectifs (le pourquoi) de l’utilisation de l’INF, mais à un niveau individuel. À ce niveau, on ne connait que peu et encore mal comment et pourquoi les différents individus utilisent effectivement l’INF. Leurs motivations sont complexes et risquent de varier de manière importante selon leurs rôles et responsabilités. Leur processus d’analyse et de décision, de même que l’information qu'il requiert, demeurent des phénomènes à explorer et à analyser. En prémisse à la période de résidence, nous pensions que des variations s’observeraient naturellement entre les individus au sein de l’Organisation. Une variété importante de fonctions, de rôles et de responsabilités, dans la formation ainsi que d’autres caractéristiques individuelles pourraient engendrer cette variété dans la façon de concevoir et d’utiliser l’INF entre les individus et les secteurs de l’Organisation. La période de résidence a permis de valider le bien-fondé de cette prémisse. Il s’agit en effet d’une situation d’intérêt pour l’Organisation. Porter une attention à l’existence de ces variations entre individus nous semble nécessaire pour comprendre l’utilisation concrète de l’INF pour l’ensemble de l’Organisation. Cette variété pourrait néanmoins être tout à fait souhaitable. Emprunter la perspective des individus permet de dresser un portrait détaillé de l’état actuel de cette utilisation et ainsi éclairer un parcours d’apprentissage mieux défini et mieux adapté à la réalité de l’Organisation, telle que vécue par les différents individus et secteurs qui la composent. Au bout du compte, comprendre la conceptualisation et l’utilisation de l’INF au niveau des individus contribue à l’intégration de l’INF dans l’analyse d’opportunités d’investissement et de décisions de placement et contribue ainsi à l’objectif de produire un rendement financier de manière responsable. En conséquence, notre question préliminaire de recherche correspond à :

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