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Chapitre 6 Première étude 75

6.10 Commentaires sur l’interface : suggestions d’améliorations

6.10.5 Zoom

Le zoom permet aux utilisateurs d’agrandir une photographie afin d’obtenir un niveau de détail plus élevé. T1 impose un recours au zoom plus important, afin de vérifier la correspondance entre une photographie et la cible décrite textuellement. La seconde tâche rend l’utilisation du zoom moins nécessaire, tout du moins dans le cas d’une bonne mémorisation de la position de la cible. La majorité des sujets a jugé le zoom utile et satisfaisant. 8 sujets affirment ne pas s’en être servi, jugeant les photographies suffisamment visibles. Le zoom est néanmoins une fonctionnalité qu’il faut implémenter, dans l’objectif de satisfaire les besoins du plus grand nombre d’utilisateurs, d’autant plus que sa présence est « invisible », et n’occasionne pas de gêne pour les personnes qui la jugent inutile. La principale critique concerne le nombre de clics nécessaires pour l’activation et la désactivation du zoom d’une image.

Le zoom est ennuyeux à cause du nombre de clics nécessaires. Sujet 13

Le zoom est à refaire en raison du clic nécessaire pour dézoomer. Sujets 3 et 9

La sélection par clic est intuitive et naturelle pour la grande majorité des participants, même s’il est vrai que cela nécessite attention et précision dans le mouvement. Deux améliorations formulées par les participants sont à prendre en considération. D’une part, la possibilité de moduler le niveau de zoom (S5, S14, S18), toujours dans l’optique d’être au plus proche des capacités de chacun. D’autre part, outre le fait que le nombre de clics est jugé trop important, le sujet 15 aurait jugé préférable de faire un clic droit pour dézoomer, plutôt que de devoir cliquer sur l’image agrandie. Cette amélioration présente deux avantages : le premier, d’être cohérent avec l’action à réaliser pour arrêter un mouvement ; le second, de limiter la précision demandée en autorisant un clic sur n’importe quelle partie de l’affichage.

6.11. Conclusions générales 107

6.10.6 Discussion

Comparée à l’interface réalisée pour l’étude préliminaire, l’interface de l’étude décrite dans ce chapitre a suscité beaucoup moins de commentaires critiques de la part des sujets. Nous sommes donc parvenus à une sorte de point d’équilibre où seules de petites retouches sont nécessaires. En particulier, faire disparaître le dispositif d’interaction de l’affichage pendant la rotation, pour évi-ter tout phénomène de masquage. La présence permanente du dispositif de repérage ne s’avérant pas utile, il sera nécessaire de déterminer comment représenter graphiquement les « boutons » de lancement de la rotation différemment, en minimisant la précision demandée. Pour autant, il apparaît que le clic de sélection reste le moyen le plus intuitif. Les fonctionnalités proposées sont quant à elles suffisantes pour réaliser, sur les visualisations que nous proposons, les actions élé-mentaires nécessaires à la recherche visuelle de photographies dans de grandes collections. Elles ont toutes été jugées positivement. L’intégration des observations des sujets doit permettre de s’approcher d’une interface simple à utiliser, ne détournant pas les utilisateurs de leurs activités de recherche et/ou d’exploration. L’interaction que nous avons mise en œuvre dans le prototype utilisé pour l’étude présentée dans ce chapitre est donc mature et adaptée aux représentations cylindriques. Elle constitue une base satisfaisante pour la conception de l’étude présentée dans le chapitre suivant.

6.11 Conclusions générales

Nous avons présenté une étude empirique visant à déterminer l’utilité, le confort et l’effica-cité d’un cylindre virtuel interactif pour représenter de grandes collections non structurées de documents visuels, des photographies au cas particulier. Nous avons implémenté et évalué deux métaphores d’interaction avec cette représentation : « manipulation » d’un objet virtuel 3D, constitué par une vue externe du cylindre, ou interaction avec les éléments d’un espace virtuel immersif, constitué par une vue interne du cylindre. Dans la vue externe, les distorsions dues à la perspective canalisent le regard vers les colonnes centrales, tandis qu’elles permettent une meilleure vue globale des colonnes centrales dans la vue interne. L’étude préliminaire conduite précédemment a permis de mesurer l’intérêt de 8 utilisateurs potentiels pour ces représentations. Les résultats indiquaient une légère supériorité de la vue interne sur la vue externe, en termes de performances et de préférences. En tenant compte des améliorations proposées par les sujets et de leurs commentaires, nous avons corrigé les défauts des vues interactives utilisées lors de l’étude préliminaire et amendé, en particulier, l’interaction avec ces vues. Dans l’objectif de réaliser une analyse statistique des performances, nous avons augmenté, dans le cadre de l’étude présentée dans ce chapitre, l’effectif des participants (20), ainsi que le nombre de cibles à chercher (10) pour chaque vue et chaque tâche (T1 et T2) de recherche visuelle, l’une portant sur des photographies non familières (caractérisées de manière unique par une description textuelle), l’autre portant sur des photographies familières, dont les positions au sein des collections sont connues. Nous résumons dans la suite de cette section les principaux résultats de cette première étude qui fait suite à l’étude préliminaire et à laquelle est consacré le présent chapitre.

6.11.1 Synthèse des résultats

S’appuyant sur les mêmes fonctionnalités, les 2 vues du cylindre vertical possèdent des mo-dalités d’interaction identiques, bien qu’adaptées à chaque métaphore d’interaction. L’étude pré-liminaire a montré le faible impact de ces métaphores sur les préférences et les performances. Ainsi, nous avons convergé vers un dispositif d’interaction « mixte », reprenant des éléments de chaque métaphore d’interaction pour rendre l’interface plus simple à utiliser, mais aussi plus effi-cace. Toutes les commandes de déplacement ont été regroupées dans un seul interacteur qui sert également de dispositif de repérage ; l’agrandissement d’une photographie se fait par un simple clic. La sélection par clic reste aujourd’hui la méthode la plus intuitive car la plus couramment utilisée, même si elle n’est pas exempte de défauts, entre autres la précision du geste requise.

Contrairement à nos attentes, les performances des participants diffèrent relativement peu entre les deux vues : cela est principalement dû aux importantes différences inter-individuelles observées. Les résultats obtenus sont en contradiction avec l’hypothèse A, la vue interne permet-tant d’obtenir des résultats significativement meilleurs durant T1 (temps de recherche, nombre de succès) que la vue externe. Dans la tâche T2, plus simple à réaliser, les performances des participants sont similaires, même si nous remarquons que la vitesse de rotation est plus élevée dans VI, tandis que la longueur de parcours est plus faible dans VE. Les performances globales étant très proches, ces deux variables se sont vraisemblablement neutralisées. La plus grande vitesse de défilement dans VI peut être mise en relation avec les meilleures performances dans T1 pour VI : la vue interne, par les déformations moindres des photographies qu’elle implique du fait de sa concavité, apporte une meilleure vision globale des photographies affichées. Elle est donc plus adaptée à des tâches de navigation qui demandent un examen rapide de l’ensemble des photographies de la collection, ce qui confirme l’hypothèse D.

Tous les participants, sauf un, ont jugé positivement l’apport de la troisième dimension, comparativement aux représentations 2D couramment utilisées (explorateur de fichier Windows, par exemple), ce qui confirme un des résultats de l’étude préliminaire. Sur les 20 participants, 14 ont exprimé une préférence marquée pour l’une des deux vues 3D : 10 participants préfèrent VI, alors que 4 participants seulement expriment une préférence pour VE. Les 6 autres participants n’ont pas de préférence particulière, ou ont exprimé des avis divergents entre le questionnaire final et le débriefing. Si les performances n’ont pas influencé les préférences des participants, les caractéristiques géométriques des vues ont joué vraisemblablement un rôle non négligeable ; elles sont en effet souvent mises en avant pour justifier les préférences. Ainsi, VE est préférée pour la taille des photographies dans les colonnes centrales, tandis que VI apporte une meilleure vue globale avec davantage de photographies faiblement déformées, et de plus grande taille sur les « bords ». Ces résultats sont partiellement en accord avec l’hypothèse C. Bien que renforcé par la projection murale, le caractère immersif de VI n’a été évoqué que par 5 sujets, dont 4 positivement et 1 négativement.

Les débriefings et les traces des interactions ont permis de déterminer 4 types de stratégies d’exploration visuelle : l’observation des colonnes centrales (C) ou entrantes (E) pour les deux vues, ou E pour VI et C pour VE ou vice-versa. Sur les 16 participants pour lesquels l’identifi-cation des stratégies visuelles a été possible, 10 conservent une stratégie constante d’une vue à

6.11. Conclusions générales 109 l’autre. Quant aux 6 autres, ils utilisent des stratégies flexibles. 4 d’entre eux ont tiré parti des caractéristiques géométriques des vues en adaptant leur stratégie aux distorsions (stratégies E pour VI et C pour VE). Nous pouvons néanmoins remarquer que 10 sujets ont une stratégie E dans VE, ce qui suggère une influence prépondérante des caractéristiques dynamiques des vues sur les stratégies visuelles, par rapport à leurs propriétés statiques spécifiques : le renouvellement des photographies se faisant latéralement, le bord de l’écran peut apporter un guidage natu-rel, ce qui favorise une stratégie « colonnes entrantes » même si, pour VE, les images latérales sont très déformées et de taille très réduite, alors que pour VI elles sont de taille importante et relativement peu déformées. VI et VE implémentant la même caractéristique dynamique, le défilement latéral, les deux vues tendent à favoriser une même stratégie visuelle (i.e., E plutôt que C) puisque les propriétés dynamiques des vues semblent influencer davantage les stratégies d’exploration visuelle que leurs propriétés statiques. Cette observation peut expliquer pourquoi les performances entre VI et VE ne diffèrent pas davantage, les participants tirant au mieux parti des caractéristiques visuelles dynamiques identiques des deux vues et, à un degré moindre, des caractéristiques statiques différentes de chacune pour améliorer l’efficacité de leur recherche. Ces résultats ne contredisent pas l’hypothèse C, même s’ils imposent une lecture légèrement dif-férente de cette hypothèse, dans la mesure où, dans sa formulation initiale, elle tenait compte exclusivement de l’influence éventuelle des caractéristiques statiques spécifiques de chacune des deux vues sur les stratégies d’exploration visuelle.

Pour évaluer la qualité du repérage spatial, nous nous sommes appuyés sur les 2 cibles visibles initialement et sur les 3 cibles les plus proches de l’affichage initial. Ces cibles peuvent conduire à des temps de recherche très différents, selon le sens de rotation choisi. Pour les 8 cibles nécessitant un déplacement, 4 sujets ont effectué un examen inutile de l’affichage initial dans VE, contre 2 seulement dans VI, ce qui traduit une mauvaise mémorisation de la position des cibles. 14 des 20 sujets gardent un sens de rotation constant durant toutes les tâches de type T2. Ce qui peut s’expliquer par la consigne de réaliser T2 aussi vite que possible, ainsi que par la stratégie adoptée pendant T1 (points de repère le long du chemin menant à la cible). Pour les 6 sujets changeant de sens de rotation au cours de T2, on observe que, pour les 3 cibles proches de l’affichage initial, le sens de rotation correct est choisi en moyenne 2,5 fois avec VI, contre 1,75 fois avec VE. Contrairement à [Cockburn, 2004], et en accord avec [Robertson et al., 1998], l’analyse qualitative des comportements des participants suggère que la vue interne a le potentiel de favoriser une meilleure mémorisation spatiale que la vue externe. Ce qui contribue à confirmer l’hypothèse B. Néanmoins, l’adoption de l’hypothèse B nécessite la validation de ce résultat qualitatif par une étude qui implique davantage de sujets et fasse appel à des mesures plus précises tout en préservant le caractère réaliste des tâches proposées aux participants, ce qui impose la conception et la mise en œuvre d’une nouvelle méthodologie. Enfin, même s’il apparaît difficile de mesurer l’impact du caractère immersif de la vue interne sur le processus de mémorisation, il serait nécessaire de mener des études plus spécifiques sur ce point, en conservant le réalisme de l’étude présentée dans ce chapitre.

6.11.2 Conclusion

La vue interne semble prendre l’avantage sur la vue externe, au sens où elle permet de meilleures performances (dans T1), tout en garantissant une meilleure mémorisation de la posi-tion des photographies. De plus, compte tenu de l’influence prépondérante des caractéristiques visuelles dynamiques sur les stratégies d’exploration visuelle, VI semble plus adaptée au défile-ment latéral, les images entrantes étant agrandies dans cette vue, contrairedéfile-ment à la vue externe où les images entrantes sont de taille réduite. Enfin, rappelons que la moitié des participants donnent leur préférence à la vue interne, quand seulement 4 préfèrent la vue externe. Pourtant, compte tenu du partage des préférences, et des performances relativement proches obtenues avec les deux vues, il ne semble pas opportun d’exclure totalement la vue externe. Afin de répondre au mieux aux besoins et aux attentes des utilisateurs, une solution possible, à court-terme, est de proposer les deux vues conjointement. On se rapproche ainsi des solutions proposées dans [Vernier et Nigay, 1997] qui recommande la conception de représentations multiples. L’adoption de cette solution offrirait une meilleure adaptation à la diversité des tâches, à condition que les représentations interactives proposées vérifient les trois principes énoncés dans [Vernier et Nigay, 1997], à savoir, assurer la facilité du passage d’une représentation à l’autre à tout moment, la continuité visuelle lors du passage d’une visualisation à l’autre, et l’utilisation des mêmes outils de navigation dans les deux vues.

Il est aujourd’hui nécessaire de comparer de façon globale les vues de la représentation cy-lindrique aux structures matricielles 2D classiques pour déterminer avec précision quels peuvent être les apports de la troisième dimension par rapport aux visualisations 2D. Au vu de l’im-portance de la relation entre les stratégies d’exploration visuelle et les caractéristiques statiques et dynamiques des vues choisies, il est nécessaire d’observer plus finement le comportement des participants lors de leur utilisation, en ayant recours à des techniques avancées telles que l’ocu-lométrie (eye-tracking ). C’est l’objet de l’étude présentée dans le chapitre suivant.

Chapitre 7