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Interaction avec la représentation

Chapitre 6 Première étude 75

6.1.5 Interaction avec la représentation

Les fonctionnalités de l’interface utilisateur sont reprises de l’étude préliminaire, car elles offrent les moyens d’intraction nécessaires au parcours de la collection dans des conditions op-timales. Les études antérieures ont montré que les utilisateurs n’utilisent que les fonctionnalités les plus simples [Rodden et Wood, 2003], ce qui fournit une première justification à ce choix. La seconde justification s’appuie sur les commentaires des participants de l’étude préliminaire : mis à part quelques adaptations ou changements mineurs sur un aspect particulier (dispositif de zoom, défilement discontinu à vitesse fixe), aucun participant n’a demandé de fonctionnalités supplémentaires.

Avant de présenter les modifications apportées à l’interaction, rappelons brièvement les fonc-tionnalités retenues :

– déplacement : le déplacement doit pouvoir se faire dans deux dimensions. D’une part, le déplacement latéral à distance constante de la paroi du cylindre, c’est-à-dire une rotation par rapport à l’axe (vertical) du cylindre. D’autre part, un déplacement perpendiculaire au plan de l’écran (éloignement ou rapprochement de la vue), afin de moduler la distance entre le cylindre et le point de vue de l’utilisateur. Le mouvement de rotation correspond au défi-lement produit par les ascenseurs dans les interfaces 2D classiques : il permet l’exploration de la collection. Le déplacement perpendiculaire au plan de l’écran permet de faire varier continûment le niveau de détail et de ce fait le nombre d’images affichées simultanément. Il correspond au facteur de zoom, que l’on retrouve par exemple dans les logiciels Microsoft Office ou Adobe Acrobat, et il permet d’adapter l’interface aux capacités visuelles de cha-cun. Comme nous l’avons précisé précédemment, nous préférons « brider » le second type de déplacement, quitte à perdre une partie de l’intérêt de la 3D, pour rendre meilleure la compréhension de l’interface et faciliter son utilisation. Le déplacement vertical, parallèle-ment à la paroi du cylindre, est quant à lui rendu nécessaire lorsque la distance au cylindre empêche de visualiser l’ensemble des 11 lignes simultanément ;

– zoom : dans le cadre d’une recherche et/ou d’une exploration, il peut être nécessaire de moduler le niveau de détail d’une photographie particulière ;

– dispositif de repérage : la colonne sans photographie indique le parcours d’un tour complet. Cette information précieuse est pourtant incomplète, car elle ne permet pas de connaître à tout instant la position des photographies visibles dans la représentation visuelle de la collection courante. Il est nécessaire de disposer d’un dispositif supplémentaire répondant à ce besoin.

Améliorations par rapport à l’étude préliminaire

Dans l’étude préliminaire, de nombreux participants ont jugé inadapté le dispositif de zoom de la vue interne, car trop lent et fastidieux à mettre en œuvre. Les sujets auraient préféré un dispositif de zoom identique à celui de la vue externe. Même si le défilement discontinu a sans doute pesé fortement sur les jugements négatifs portés sur le zoom dans VI, il fallait revoir cet aspect. Le second point sur lequel nous avons porté notre attention a trait à la commande des déplacements, en particulier du défilement latéral. Le mode d’interaction proposé pour VE, qui

obligeait l’utilisateur à faire un drag sur la paroi du cylindre en dehors des photographies, s’est révélé peu pratique à utiliser en raison de la précision qu’il exige. Enfin, la discontinuité du mouvent de rotation, associée à l’impossibilité d’en moduler la fréquence, avait posé problème aux participants de l’étude préliminaire. Les raisons techniques qui avaient imposé ce choix ont pu être éliminées grâce à l’utilisation d’un nouvel atelier de réalité virtuelle.

Nous allons maintenant présenter le dispositif d’interaction de chaque vue.

Déplacements : interacteurs

L’idée que nous avons suivie est « d’unifier » les interacteurs utilisés dans chaque vue, en tenant compte des points à améliorer (précédemment exposés) et du respect de ces deux contraintes :

– faire cohabiter dans le même objet graphique commande et informations sur la position courante. C’est-à-dire se rapprocher du modèle de la barre de défilement (scroll-bar ), pour que l’utilisateur puisse se focaliser uniquement sur la recherche, sans avoir à regarder à de multiples endroits pour réaliser une action ;

– adapter cette commande à la spécificité de la vue : déplacement « dans » la vue interne et déplacement « de » la vue externe.

Les premières ébauches (figure 6.1) n’ont pas été retenues, car leur compréhension n’était pas évidente, compte tenu de la taille nécessairement réduite de cet interacteur qui faisait également office d’indicateur de position. En ce sens, nous rejoignons le point de vue exprimé dans [Trumbo, 1998], à savoir que des objets sous forme de pictogrammes sont plus rapidement reconnaissables, comparés à des objets avec un niveau de détail élevé. Il était donc préférable de réaliser un interacteur simple, permettant un usage immédiat. L’idée première était de rendre évident le point de vue de l’utilisateur sur le cylindre par l’emploi d’un avatar simplifié. Nous avons conservé

Fig. 6.1 – Trois projets non retenus d’interacteurs

cette idée mais sans recourir à une représentation de l’utilisateur sous forme d’avatar afin de matérialiser en quelque sorte son point de vue courant sur la visualisation. Nous avons repris l’interacteur utilisé lors de l’étude préliminaire, qui associe une direction de déplacement à un bouton en forme de flèche pointant dans la direction correspondante. Ce dispositif avait été apprécié pour son caractère intuitif.

Pour contrôler la rotation, le rapprochement et l’éloignement des vues cylindriques, l’utilisa-teur dispose donc, en bas de l’écran, d’une reproduction miniature (homothétique) du cylindre. La différenciation entre les deux vues se retrouve dans la position des boutons-flèches sur ce

6.1. Méthodologie 81 cylindre. La rotation du cylindre est activée par un clic gauche sur l’une des deux flèches hori-zontales « collées » sur les parois du cylindre (VE) ou placées dans le cylindre (VI) (voir figure 6.2). Il suffit d’effectuer un clic droit sur n’importe quelle partie de l’affichage pour arrêter le mouvement. Les deux autres flèches, sur le « couvercle » (VE) ou sur le « fond » (VI) du cylindre

(a) Vue interne (b) Vue externe

Fig. 6.2 – Interacteurs des vues interne et externe

miniature, permettent d’ajuster la distance entre l’utilisateur et la représentation, pour permettre l’adaptation des visualisations aux capacités visuelles de chacun. La position de l’interacteur (en bas de l’écran, au centre) a imposé une adaptation supplémentaire dans la vue externe, car il se trouve « devant » la représentation et masque de ce fait quelques photographies. Ainsi, la paroi translucide n’est visible qu’à l’arrêt du cylindre, pour mieux discerner les flèches. Dès le début de la rotation, les flèches supérieures et la paroi disparaissent : seuls le cylindre et les flèches latérales subsistent, ce qui limite le phénomène de masquage. Dans la vue interne, du fait de sa forme concave, le cylindre miniature, qui est également au premier plan, ne masque pas la visualisation car il est situé dans une zone de l’affichage vierge de toute photographie.

Déplacements : vitesse

Compte tenu de la levée des contraintes techniques, le défilement peut être continu, pour un meilleur confort visuel. Dans l’étude préliminaire, certains sujets ont observé que la vitesse de défilement était trop faible dans la tâche 2, mais trop rapide dans la tâche 1. Pour tenir compte de la variabilité inter-individuelle et intra-individuelle, nous avons décidé de laisser aux utilisateurs la liberté de moduler la vitesse, selon 12 pas. Par défaut, la vitesse initiale correspond au premier pas, celui où la vitesse est la plus faible. C’est la molette de la souris qui permet la modulation de la vitesse de défilement, une fois la rotation lancée par la sélection de l’une des flèches.

Zoom

Un dispositif classique de zoom est proposé. Il est activé par un clic sur l’image à agrandir ; l’image agrandie apparaît au centre de l’écran et disparaît lorsque l’utilisateur clique sur elle. Ce dispositif est utilisé dans les deux vues, car il surclasse actuellement tous les autres dispositifs, et l’utilisation exclusive de la souris comme périphérique d’interaction se prête mal à la mise en œuvre d’autres possibilités. Cette solution a le grand avantage d’être immédiatement assimilée par la grande majorité des utilisateurs.

Système de repérage

Un dispositif permettant un repérage de la position courante est également proposé. La colonne affichée au centre de l’écran est matérialisée sur le cylindre miniature par une barre verticale rouge. Les mouvements de la représentation et ceux du cylindre miniature sont syn-chronisés. Ainsi, l’utilisateur peut connaître à chaque instant la position de la colonne centrale de l’affichage par rapport à la colonne vierge.

Discussion

Nous avons constaté dans l’étude précédente que les caractéristiques géométriques des vues semblent exercer une grande influence sur les préférences des participants. L’interaction, même si elle a suscité de nombreuses remarques, semble avoir joué un rôle secondaire. C’est pourquoi nous pouvons prendre le risque de modifier le mode d’interaction relatif aux deux métaphores, en allant vers un système mixte, identique pour les deux vues, qui cumule les avantages des solutions adoptées pour l’étude préliminaire tout en supprimant leurs inconvénients. Ainsi le zoom de la vue externe de l’étude préliminaire a été généralisé à la vue interne. Il en est de même pour l’interacteur de la vue interne. Les interacteurs des vues interne et externe sont légèrement différents les uns des autres pour être en cohérence avec chacune des métaphores qu’ils implémentent respectivement. Cependant, leurs fonctionnalités sont strictement identiques, ce qui garantit la validité des comparaisons entre les performances et jugements subjectifs des participants lors de l’utilisation de chacune d’elles pendant T1 et T2.