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ENGAGEMENTS DANS LA MUSIQUE

2.1. F AIT SOCIAL ET MUSIQUE

2.1.2. E XPERIENCES FESTIVALIERES

Les festivals sont des événements s’étalant sur plusieurs jours qui font se rejoindre périodiquement des auditeurs venus de nombreux endroits se retrouvant ensemble au cours d’une occasion précise en une seule et même place, où ils peuvent brièvement changer leur mode d’interactions aux autres. En ce sens les expériences festivalières permettent d’analyser la production du social. Les festivals sont des lieux de création d’un entre soi éphémère ayant ses

propres signes409 (ivresse, drogues…). Les descriptions ci-dessous montrent qu’il n’y a pas

collectif du simple fait d’une coprésence, du partage d’un même foyer d’attention auditive, mais qu’il existe différentes formes de coprésence. De la sorte ces descriptions donnent à voir une articulation entre :

- des pré-agencements situationnels (ordonnancement matériel, spatial et temporel des places et des rôles)

- des affordances auditives (qui s’imposent ou sont collectivement construites dans le cours de l’écoute, divergent d’un co-présent à l’autre)

- une dynamique d’ajustements interactionnels (indifférence, coordination, conflit…, ou passages de l’un à l’autre).

2.1.2.1.FESTIVAL DE DOUR

Le festival de Dour en Belgique (situé à la frontière) a lieu dans un environnement spécifique, c’est un vaste champ appartenant à une commune de 16 000 habitants, qui est investi par près de 180 000 festivaliers (jusqu’à 45 000 le même jour) pendant quatre jours tous les mois de juillet depuis 26 ans. Cet environnement spécifique baptisé « plaine de la machine à feu », met à distance les supports usuels de la vie urbaine, loin des agents de contrôle social.

Extrait d’une newsletter éditée par le Festival de Dour, suite à l’édition 2012 : « La vie telle qu’elle devrait être : un microclimat où tout est possible. L’atmosphère si spéciale du festival qui fait sa réputation dans le monde entier est toujours bien présente. Le temps de 4 jours, le public éclectique vit réellement ensemble et oublie toutes différences sociales ou culturelles. Ils partagent une manière de vivre et d’être commune qui crée une magie que personne n’arrive vraiment à expliquer. Un début d’explication à ce phénomène, est peut-être la programmation variée, abondante, cohérente et exigeante où l’on a vraiment l’impression que tout est possible. Le public du festival est ouvert d’esprit et aime réellement la musique au sens large. Qui d’autre que Dour pourrait se permettre de programmer sur une même affiche Aphex Twin + Hecker, Pet Shop Boys, Sepultura et Alborosie ? »

Cet extrait atteste des représentations d’une expérience sociale collective particulière. Décrivons l’expérience de l’intérieur :

Allongés pour dormir sur un des immenses parkings de plus de 60 000 voitures, on peut voir arriver des fêtards qui ont fini leur nuit aux derniers concerts (6h du matin), et qui

saluent les festivaliers à moitié endormis avec un sourire qui se veut complice, rarement entrevu dans d'autres moments de la vie sociale. Les usages de produits psychoactifs ayant une incidence évidente sur ces comportements. En effet l’alcool est utilisé pour désinhiber les êtres, mais encore les drogues, notamment celles qui circulent le plus aujourd’hui sur ce genre d’événements, à savoir la Md mA, molécule active de l’ecstasy, anciennement surnommée « drogue de l’amour ». Les usagers étant dans une sensation de partage avec leurs amis comme d’illustres inconnus. On peut voir quelques jeunes monter sur les chapiteaux sous lesquels se déroulent les concerts, faisant un spectacle improvisé pour les centaines de danseurs amassaient devant car il fait trop chaud sous le chapiteau pour pouvoir y rester. Les festivaliers les acclament en cœur. On peut voir quelqu’un prendre une photo et avoir plus d'une quinzaine de personnes qui se mettent sur la photo avec le sujet initial. On peut entendre à tout moment entonner très fort par des centaines de personnes dourééééééé, comme un cri visant à confirmer le ralliement collectif et la présence dans l’ici et maintenant. On peut voir les gens sortir de leurs sacs des « paksons» d'herbe, des « bombes » de vodka (mise dans des ballons en plastique afin de passer les sécurités à l’entrée qui n’autorisent pas les bouteilles), de la Md mA en petite « bombe » faite avec des feuilles de papier à rouler cette fois, des ecstasy, des champignons, évidemment de l'alcool à foison, souvent bien calé dans le sac à dos à usage des sportifs habituellement ayant un tuyau qui relie la poche dans le sac à son détenteur. On peut le voir le partager et en proposer à ses amis et amis d'amis, personnes qui passent par là. On peut croiser des gens hagards, désorientés sans doute « en descente » de quelque drogue un peu forte. Passé une certaine heure on peut voir certaines personnes faire l'amour dans les recoins sombres sous les chapiteaux. On peut voir des amitiés éphémères se lier en quelques secondes en faisant la queue pour acheter à manger ou une boisson, se parler, se serrer la main lorsqu’elles se quittent avec cette complicité en forme de bienveillance notamment renforcée par des conditions intenses (du son, de la poussière, de l'alcool, des drogues, des pieds sales et des corps fatigués – sans compter les années où la « plaine de la machine à feu » inondée de pluies rend le terrain extrêmement boueux). L'expérience de Dour fait figure d’épreuve physique qui renforce probablement l'expérience sociale. On peut voir s'improviser une bataille d'eau entre deux tables (disposées pour se restaurer) de personnes qui ne se connaissent pas mais interagissent comme si c'était le cas et finissent conséquemment par se parler. Un allant de soi singulièrement à l’œuvre à Dour, fortement partagé par les festivaliers, prenant la forme d’une solidarité, semble fonder l’expérience collective du festival. Les organisateurs ont repris ce qui se disait sur la « plaine de la machine à feu » : « Dour c'est l'amour. ». On peut émettre l'hypothèse que la difficulté des conditions physiques proches de l'épreuve seraient à l'aune de ce comportement d'autant plus bienveillant des festivaliers les uns envers les autres. Quatre jours de son, 200 groupes sur 7 scènes, des concerts de 14h à 6h du matin, sans compter pour les campeurs un « warm up » (échauffer) au camping le mercredi soir. Là encore l'organisation a repris une réalité vécue : tous les ans les festivaliers soucieux d'être bien placés dans le camping -il y a 4 campings de plusieurs dizaines de milliers d’« emplacements »- arrivaient le mercredi pour être relativement bien situé par rapport à l’entrée du festival. Avec l'envie de festoyer dès l’amont du festival, il se passait souvent d'énormes fêtes dès le mercredi soir. Maintenant le « warm up » s'est « officialisé ». Pris dans des conditions extérieures relativement éprouvantes, les co-présents déploient des solidarités pour renforcer l’esprit

de communauté rassurante. Cela peut faire écho en un sens aux quêtes des musiciens concernant des formes de contraintes pour bénéficier de son potentiel fécond pour la création. Les contraintes (d’horaires/de groupes éphémères) permettant de déployer la créativité des musiciens, renverraient aux contraintes physiques de promiscuité et de mise à l’épreuve du corps des festivaliers visant à déployer des formes de solidarité rarement expérimentées de façon si intense par ailleurs.

2.1.2.2.NUITS SECRETES

Le festival a lieu tous les étés en août depuis 2002, (56 000 festivaliers en 2014). il se déploie au sein de la même ville d’Aulnoye-Aymeries (8 000habitants).

Le lieu investi durant trois jours

Cette année-là nous arrivons par l'entrée qui se situe sur la gauche, entre le chemin de fer, et cet immense parking qui sert dorénavant de lieu pour la « Grande Scène ». Nous sommes en 2009. Un an plus tard l'organisation spatiale changera encore un peu et toutes les entrées se feront par la droite. Il est notable de réaliser comme un endroit dénué de vie habituellement (un parking en l’occurrence), se trouve tout à coup investi de mille histoires de festivaliers, d'amis, de groupes, de rencontres fortuites, bref de relations sociales. Cette entrée sur le parking par la gauche (en 2009) était déjà une modification par rapport aux toutes premières éditions du festival. Il se tenait auparavant sur un autre parking mais, bien que jouxtant celui qui est dorénavant investi, se situait plus dans le centre-ville, à quelques centaines de mètres de là. Le centre c'est à dire au milieu des immeubles, HLM pour la plupart, derrière le supermarché (devenu en 2013 un immense centre commercial) à deux pas des quelques rues commerçantes qui jalonnent la ville d'Aulnoye-Aymeries.

Lorsque la Grande Scène s’est déplacée, elle a laissé place pour quelques années à une « ducasse », autrement dit un rassemblement de manèges très populaire dans le Nord. Cela donnait lieu à des coprésences et rencontres relativement disjointes. Entre certaines familles venant avant tout profiter des attractions à sensations et « passant » voir les concerts gratuits de la grande Scène. Et d’autres festivaliers venant spécifiquement pour la musique, « passant » temporairement au milieu de ces manèges, expérience inhabituelle lors d’un festival musical. En somme cette réalité singulière donnait à voir un exemple typique de coprésence due aux pré-agencements situationnels (ordonnancement spatial et temporel commun) mais donnant à voir un ajustement interactionnel d’indifférence. Cette « ducasse » dut prendre fin pour faciliter l’expansion du festival, ainsi depuis 2012 elle n’a plus lieu en même temps que le festival.

Voilà pour la grande scène qui a la particularité d’être gratuite et ouverte à tous, contrairement à la majorité des festivals. Mais il y a aussi une seconde scène, plus petite, ayant une jauge de 900 spectateurs (agrandie en 2014), et nommée le Jardin. Elle est aussi en plein air, mais abritée de quelques arbres. À l’année c’est un lieu peu investi jouxtant

un mini-parc public. Désempli de relations sociales durant l’année, cet espace devient le cadre de multiples expériences de vie. Les festivaliers se retrouvent près du bar, ou devant l’entrée qui fait office de véritable carrefour d’où partaient (jusqu’en 2013) les bus pour les parcours secrètes (voir plus bas).

La ville

Au-delà de ces reconfigurations spatiales temporaires, cette petite ville du Nord de la France, fut bouleversée à l’instar de nombreuses autres villes du territoire par la désindustrialisation qui débuta 40 ans auparavant. Elle se situe dans l’avesnois qui connaît la même histoire. Faste par le passé industriel, abreuvé de retombées de la métallurgie, de la sidérurgie et de l'industrie automobile (encore à l’œuvre aujourd’hui), jouxtant un paysage vallonné, encore majoritairement agricole entre les aires urbaines. Quelques initiatives se mettent en place pour revaloriser ce territoire meurtri par les événements (la guerre en fit aussi un lieu de prédilection, la ville de Maubeuge à 20 km de là fut détruite à 90% durant la Seconde Guerre mondiale), c’est parfois face aux contraintes que des dynamiques créatives émergent.

Création du festival

Olivier Conan décida en 2001 de monter un festival de musiques dans cette ville, peu avenante à la période estivale. Il se dit qu'un festival en plein été au début du mois d'août pourrait combler ces temps peu animés. C'est de cette volonté de proposer quelque chose aux jeunes d'Aulnoye dont il fait partie, et plus largement de l'Avesnois, qu'Olivier Conan fait naître les Nuits Secrètes. Ce qui renvoie donc à l’usage de l’art et de la culture à des fins sociales.

Politiques publiques410

Les élus politiques locaux, dont le maire d'Aulnoye, ont largement contribué au financement de ce dernier, assurant la gratuité du Festival pour la majorité des festivaliers. L'engouement régional puis national pour ce festival a poussé les politiques en charge de la culture au niveau régional à investir ce territoire spécifique. C'est ainsi qu'est en cours d'élaboration un Pôle Régional des Musiques Actuelles (PRMA) à Aulnoye. Les Pôles régionaux de musiques actuelles, se veulent être des lieux de concentration des informations et actions relatives aux musiques actuelles en région. Il vise à dynamiser le territoire. Aulnoye étant devenue par conséquent la ville phare d'une implantation potentielle. Ce projet est toujours en cours. Il suscite des engouements mais aussi de nombreuses réserves, car ce territoire éloigné de la métropole lilloise, risque de ne pas être investi par les musiciens à la hauteur de l'investissement financier qu'il suscite. Un autre point dommageable au territoire de l'avesnois est son manque d'infrastructures de transports. L'autoroute permet de rejoindre Lille à Maubeuge en 50 minutes mais la route pour Aulnoye depuis Lille emprunte de petites routes départementales, où d’ailleurs de nombreux festivaliers, non originaires de l'avesnois, m'ont déclaré s'être perdus. Par le train, le territoire est joignable en 1H15. Mais l'éventualité sans cesse repoussée d'établir

un TER GV, soit un train régional à grande vitesse, pour relier le territoire de l'avesnois à la métropole ne favorise pas son désenclavement.

Bénévoles

Comme de nombreux festivals, les Nuits Secrètes ne sauraient exister sans les nombreux bénévoles qui participent de multiples manières au bon déroulement des éditions. Il va s'en dire que l’équipe de moins de 10 personnes qui travaille à l’année à l'élaboration d'une édition, ne saurait être efficace trois jours durant sans un soutien humain conséquent. La participation des bénévoles va de la décoration des bars et des loges temporaires, au service au bar, au nettoyage du site, à l’accueil des artistes, à la gestion du « catering » (la restauration des artistes). En tant que bénévole « accueil-artistes » nous avons menés ces derniers en interview pour soutenir la chargée de communication dans ses tâches. Cela a permis de rencontrer l’équipe organisatrice et de discuter avec de nombreux artistes nationaux et internationaux. On retrouve parmi les bénévoles des Nuits Secrètes une équipe en partie semblable à celle du festival de Dour. Aux Nuits Secrètes les bénévoles se nomment “Agents secrets” depuis quelques années. Ils ont mis en place des agents secrets juniors pour délivrer des informations et flyers sur le festival, la programmation, les « secrètes sessions » mais aussi des messages « eco-citoyens » (prévention routière, prévention SIDA, sécurité en milieu festif, environnement). On trouve sur le site du festival (comme à Dour) la présence de l’association Spiritek que l’on retrouve aussi dans des free parties, qui vise à faire de la RDR = réduction des risques, auprès des festivaliers et notamment des potentiels usagers de drogue (prévention des risques encourus par l’usage de telle ou telle drogue, des comportements à avoir en cas d’urgence, des comportements de sécurité à adopter soit généralement soit spécifiquement concernant l’usage de drogues -pailles propres pour priser, préservatifs, etc.)

Festivaliers

Comme dans tout festival il y a des évolutions sensibles des festivaliers au cours des années. D'abord les festivaliers des premières éditions étaient les habitants de l'avesnois (la programmation éclectique permettant aux générations moins habituées aux festivals musicaux de venir le temps d’une soirée profiter des spectacles). Puis de plus en plus de personnes issues de villes plus éloignées se rendent au festival, telles que Valenciennes et Lille et maintenant de Paris et de la Belgique voisine. Le festival a donc acquis une réputation lui permettant de prétendre à faire venir des publics de plus loin que le seul territoire environnant. Cela se réalise grâce à des éléments de communication, des programmations qui font parler d’elles dans les discussions entre mélomanes, des tractages de flyers, et les relais de la presse nationale. Le festival organise deux soirées de présentation de la programmation annuelle. Une à Aulnoye et une autre à Lille, à la Gare saint Sauveur, s’assurant d’une participation du public lillois. Les Nuits Secrètes se déroulent en plein centre-ville, de nombreux concerts sont gratuits (ceux de la scène principale), poussent les personnes à venir en familles.

Grande Scène gratuite - têtes d'affiche. Jardin payant - artistes plus ou moins confidentiels

Aux Nuits Secrètes on trouvera un mode de programmation inédit: compte tenu des réalités sociales du territoire il fut décidé que la Grande Scène soit gratuite. À l’inverse de

la logique existant ailleurs, les artistes les plus connus sont ceux que l'on peut voir sans payer. La programmation du jardin est plus spécifique quoiqu’elle tende ces dernières années à changer, invitant des auditeurs investis dans leur goût, qui doivent quant à eux payer une entrée au Jardin, où elles auront l'occasion de voir jouer ces groupes dits plus confidentiels. Il va sans dire que les têtes d'affiche telles Marianne Faithfull, Peter Doherty, Alain Baschung,... coûtent plus chers à l'organisation, que les artistes issus des niches musicales. Mais le parti pris est de permettre au plus grand nombre d'écouter des artistes de qualité et connus (notons que la municipalité est communiste), et de permettre aux auditeurs avertis d'écouter les artistes de qualité mais moins connus. Il faut préciser que les prix d'entrée du Jardin ne sont guère élevés, 9€ la soirée en 2009, passé à 15€ en 2014. Ce choix est tenable compte tenu de l’importance des subventions publiques reçues par la Région.

Parcours secrets

Un dispositif très spécifique est celui des Parcours secrets. Moyennant 6 euros en 2012, les festivaliers embarquent dans des bus aux vitres fumées (recouvertes de sacs poubelles foncés les premières années), vers un lieu inconnu pour une expérience sonore inconnue à l’avance. C’est à dire que les festivaliers achètent un billet pour un parcours en ne sachant pas quel artiste ils vont voir parmi plusieurs groupes présentés dans la brochure (cinq ou six en moyenne). La perception de l'espace et du temps sont abolis, dans le but d’éprouver l'expérience sonore mais encore l’expérience collective. Il arrive couramment que le bus prenne des détours pour arriver en un point qui aurait pu être rejoint plus aisément. Le but est de faire monter l'impatience, insinuer une ambiance d'attente, d'excitation. Ces expériences sont souvent vécues avec une grande intensité, les personnes relatent des « moments hors du temps », des découvertes musicales mais aussi de lieux spécifiques pour la plupart (sauf pour les aulnésiens). En effet ces rassemblements d'une soixantaine de personnes investissent des lieux insolites (une médiathèque en rénovation, une brasserie artisanale, un château avesnois...). Une autre initiative assez insolite est celle qui a lieu au centre aquatique l’Aiguade, c’est à dire la piscine municipale récente et moderne d’Aulnoye, où les samedis et dimanche après-midi des DJ’s présents sur le festival (jouant notamment à la « Bonaventure », lieu de rassemblement la nuit après les concerts) passent des vinyles l’après-midi pendant que les festivaliers se baignent, dansent ou plus souvent dorment dans l’herbe pour se reposer de leurs nuits agitées. Ces parcours secrets donnent à voir des expériences de l’ordre du rituel et de l’initiation.

L'expérience du camping

On entendra souvent les festivaliers habitués des festivals du territoire, crier Dour bien qu’ils soient aux Nuits Secrètes, comme un cri de ralliement entre festivaliers ordinaires qui connaissent et se rendent aux événements musicaux locaux. Sur le camping, les festivaliers crient en chœur à maintes reprises à des heures bien différentes de celle à laquelle on est usuellement habitué « Apéro ». La promiscuité due aux conditions de campement a évidemment pour conséquence d’entendre les conversations des uns et des autres, et pour peu que l’on porte la voix, c’est l’ensemble du camping quasiment, qui peut se rallier à ce cri (on compte environ 4 000 campeurs pour les Nuits Secrètes). Ce genre de cri de ralliement est une manière collective d’auto-entretenir l’expérience

commune. De même que de tout temps des musiques ont servi de points communs de ralliements et de constitution d’identité collective. Ayant assisté au festival en tant que festivalière et non plus bénévole, nous avons découvert l’ambiance spécifique du camping (car les bénévoles ont un camping qui leur est réservé afin d’être plus au calme pour se reposer et dormir). En effet sur le camping festivalier la fête et le bruit sont quasi