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Une vue d'ensemble de la révision et de la gestion de la qualité . 88

2.3 Contexte pédagogique et méthodologique de la révision

3.1.2 Une vue d'ensemble de la révision et de la gestion de la qualité . 88

Notre objectif a donc été d'obtenir des données objectives à grande échelle sur 1DANCETTE, Jeanne & MÉNARD, Nathan. Modèles empiriques et expérimentaux en traductologie :

la pratique de la révision et le rôle qu'elle occupe dans la gestion de la qualité. Par  gestion de la qualité , rappelons que nous entendons l'approche globale de la qualité des prestations et l'ensemble des opérations (y compris la révision) qui en découlent. Les prestations visées étaient les traductions spécialisées et les localisations eectuées dans un cadre professionnel.

Pourquoi retenir ce double intitulé (révision et gestion de la qualité) ? Parce que nous pensons que la révision n'est pas une activité isolée ; parce que pour comprendre son positionnement dans l'exécution des prestations de traduction, il convient d'observer l'usage des autres mesures et contrôles de qualité. Nous avons vu combien il est important d'évaluer la pratique de la révision dans le contexte changeant du marché de la traduction spécialisée. Nous chercherons également à savoir, par le biais de cette étude, où en sont la révision et la gestion de qualité en France par rapport aux exigences de la norme européenne NF EN 15038.

La plupart des études empiriques présentées à la n de notre Chapitre 2 visait à mesurer d'une façon ou d'une autre les performances du réviseur. Notre étude poursuit d'autres objectifs :

 connaître l'ampleur de la pratique de la révision ;  mieux cerner le rapport des prestataires à la révision ;

 mieux connaître leurs méthodes et leurs habitudes de révision ;  savoir de quelle autre façon est gérée la qualité de leurs prestations ;

 connaître le niveau de conformité des pratiques de gestion de la qualité avec la norme européenne.

Nous pensons que l'enquête doit aborder à la fois le point de vue de ceux qui révisent ou font réviser (les réviseurs, traducteurs, chefs de projets, chefs d'entreprises) et celui des  révisés  (les traducteurs). Nous avons donc choisi de viser tout type d'intervenant proposant ou gérant des traductions et pouvant être concerné par la révision. Nous présenterons maintenant cette population et évoquerons les dicultés que pose son étude objective.

3.2 Problématique de la population étudiée

Pour tenter d'obtenir un éventail de comportements représentatif de l'ensemble du monde de la traduction, nous n'avons exclu aucun type de structure : les indépendants comme les PME de la traduction, les grandes entreprises ou les organismes publics, ont été inclus dans l'étude. Le seul critère limitatif était celui de travailler sur le

marché français de la traduction (ou d'y avoir une présence). Le marché français nous a semblé porteur d'une cohérence au niveau de l'organisation de l'activité de traduction ( statut  du traducteur, distribution des structures commerciales).

Notre principal problème a été d'établir des critères de représentativité de la population. En eet, les données statistiques sur la population des traducteurs et leur répartition sont à la fois imprécises et incomplètes.

Le nombre total de traducteurs exerçant sur le territoire français, par exemple, n'est pas connu avec précision. L'INSEE2, après plusieurs prises de contacts opiniâtres, n'a pu nous donner que le nombre total des salariés de la catégorie socio-professionnelle 464b ( Interprètes, traducteurs ) pour l'année 2005. Ce total est de 1 512 salariés. Les données les plus récentes remontent à 1990 et à l'étude de Carmelo Cancio sur la traduction professionnelle en France3. Celui-ci a obtenu un recensement de l'INSEE évaluant à 7 212 le nombre de traducteurs et interprètes professionnels appartenant à cette catégorie. Sur ce total, 1 099 traducteurs étaient des traducteurs salariés. 6113 professionnels étaient des indépendants ou des employeurs, ce qui représente 85 % du total des traducteurs et interprètes. Nous avons tenté d'obtenir la part des interprètes dans ces chires, an de la déduire éventuellement de la population, car cette activité n'est de toute évidence pas en lien avec la révision. Les données recueillies sont partielles : la branche française de l'Association Internationale des Interprètes de Conférence (AIIC), qui regroupe tous les membres actifs ayant leur domicile professionnel en France, compte 450 membres. Mais nous savons que les interprètes de liaison ne gurent pas dans cette liste et que beaucoup d'interprètes sont aussi des traducteurs.

La Chambre Nationale des Entreprises de Traduction (CNET), pour sa part, a tenté de réunir des statistiques sur l'activité de traduction, tout en avertissant de la fragilité des données rassemblées. Elle tient ainsi un Observatoire annuel du marché de la traduction4, dans lequel elle a estimé à 5 000 le nombre de traducteurs Freelance en 2005 (à partir de diérentes sources). L'Observatoire a également identié 389 sociétés de traduction.

Un dossier de la revue l'Étudiant5 sur les métiers des langues annonce, quant à lui, un total de 6 000 traducteurs et interprètes environ  selon les associations professionnelles . Selon la revue, 70 % d'entre eux travaillent en freelance. L'Étudiant 2 Institut National de la Statistique et des Études Économiques

3CANCIO, Carmelo. La traduction professionnelle en France. Approche du domaine hispanique. 1995. Thèse de doctorat, Université de Toulouse 2.

4 CNET. Résultats questionnaire Observatoire de la traduction 2006, (page consultée le 18 janvier 2008) <http ://www.cnetfrance.org/_doc/ResultatsObservatoireCNET.pdf>

5 L'ÉTUDIANT. Tous les métiers par secteur. Langues, (page consultée le 18 janvier 2008) <http ://www.letudiant.fr/metiers/secteur/langues.html>

ne révèle malheureusement pas l'année de communication de ces données.

Daniel Gouadec6 avance, quant à lui, des chires bien diérents de tous ceux cités ci-dessus pour les traducteurs et professionnels de la traduction exerçant en France : il évalue à au moins 16 000 le nombre de professionnels en exercice (incluant la traduction occasionnelle et les professions connexes). Il estime également à 50 % la part des indépendants sur le total.

Les données sur la population totale et la proportion d'indépendants et de salariés restent donc très approximatives.

Nous avons cherché à connaître le nombre de traducteurs littéraires an d'isoler cette part de la population (qui possède un statut particulier et des modes de travail diérents des autres traducteurs spécialisés). Le total des traducteurs inscrits à l'AGESSA (le régime des auteurs) est de 745 personnes.

Il serait utile, par ailleurs, de connaître la part des PME et des grandes entreprises de traduction pour pouvoir aner l'échantillon. Nous n'avons pu obtenir ces chires, mais nous savons que les petites structures sont beaucoup plus nombreuses que les grandes entreprises nationales ou internationales. Quant aux  institutionnels  (les services de traduction des ministères et les organisations internationales), les données sont parcellaires : les principaux services linguistiques de l'administration française dépendent du ministère des Finances, du ministère des Aaires étrangères et du Centre des Liaisons Européennes et internationales des Sécurités sociales (CLES). Ceci représente un total de 57 employés7.

Il est dicile, face à une population aux contours ous, de chercher à appliquer des méthodes classiques d'échantillonnage. La question de la légitimité scientique d'une telle étude ne reposant pas sur une base statistique solide peut être posée. Cependant, ce frein doit-il continuer à priver la profession de recul sur son activité et d'analyses globales de son marché ? Nous pensons qu'un tel type d'enquête peut aider à identier des tendances nous renseignant sur la population globale. Il est simplement dommage que des organismes de statistiques comme l'INSEE ne s'intéressent pas de plus près à cette profession.

Pour terminer notre exposé sur la population des traducteurs en France, rappelons qu'une grande partie d'entre eux travaillent en tant qu'indépendants, le plus souvent à domicile et parfois de façon très isolée (tant géographiquement qu'en termes de contacts avec leurs confrères). Les progrès de l'Internet permettent en eet aux professionnels de mener l'essentiel de leur activité à distance. Ce facteur a été pris en compte dans l'approche du public visé.

6 GOUADEC, Daniel. Profession : traducteur. Paris : La maison du dictionnaire, 2002. 432 p. 7 Source : Alain Repaux, Chef du Centre de traduction au ministère des Finances.

Dans la section suivante, nous présenterons la méthode d'enquête adoptée en conséquence, ainsi que son mode de diusion.

3.3 Choix de la méthode d'enquête et de sa diusion