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En vue de s’adapter à un marché du travail en plein bouleversement, le

bibliothécaire peut prendre le rôle

d’un « info-entrepreneur »

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LES TERRAINS D’EXERCICE DE L’INFO-ENTREPRENARIAT : DE MULTIPLES POSSIBILITÉS

Les terrains d’exercice sont nombreux et offrent des avantages différenciés. L’info- entrepreneur peut déployer son action sur plusieurs terrains d’exercice que nous allons passer en revue, le premier étant celui de l’entreprise individuelle puis celui de la micro-entreprise et de la société en nom col- lectif (SNC), de l’intraprenariat, ou de l’étu- diant-entrepreneur. Il existe également des exemples de professionnels travaillant en télétravail ou travail à distance ce qui consti- tue une autre option mais n’est pas un statut. D’autres options peuvent être citées.

Le régime de l’entreprise individuelle

L’entreprise individuelle ou l’entreprise en nom propre est le statut le plus simple pour démarrer une activité professionnelle, y compris à temps partiel. Ce statut est aujourd’hui beaucoup plus protecteur que dans le passé puisqu’une partie des biens personnels de l’entrepreneur individuel peut être mise à l’abri des éventuels créan- ciers. Il n’en demeure pas moins qu’il n’est pas vraiment adapté pour lancer une acti- vité à risque. En France, un certain nombre de professionnels des bibliothèques ont pris cette voie, en particulier dans le domaine de la formation continue.

Le régime d’indépendant : la micro-entreprise

Toute personne peut devenir micro-entre- preneur, que ce soit à titre principal ou à titre complémentaire. Cette activité doit être exercée sous forme d’entreprise indi- viduelle. Il est possible de développer une micro-entreprise ou un projet spécifique tout en ayant un emploi stable dans une ins- titution ou une entreprise. Les raisons d’un tel choix sont nombreuses : se réaliser dans une autre branche ; avoir l’esprit d’entre- prise ; réaliser un projet qui tient à cœur… La raison peut être simplement économique : exercer une activité stable permet d’assu- rer un revenu régulier (ce qui n’est pas tou- jours le cas avec une activité partielle entre- prenariale) et de s’accomplir dans un autre contexte.

Adopter la société en nom collectif (SNC)

Le choix de la société en nom collectif (SNC) comporte un certain nombre d’avantages car elle est fondée sur les relations personnelles entre les associés. Elle convient à de petites entreprises souvent familiales et apporte aux tiers un engagement important des asso- ciés (responsabilité solidaire et indéfinie) et donc une réelle garantie financière. Elle offre une grande stabilité à la gérance car les gérants associés ne peuvent être révoqués qu’avec l’accord unanime des associés.

L’intraprenariat

L’intraprenariat prend différentes formes : – une entreprise ou une organisation peut décider qu’un de ses collaborateurs est por- teur d’un projet suffisamment intéressant et rentable pour elle, il pourra le réaliser en son sein.

– le projet peut concerner un individu seul, mais aussi un groupe au sein de l’entreprise. L’intraprenariat peut être défini au sein de l’entreprise comme « une capacité collec- tive et organisationnelle pour encourager

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et accompagner la prise d’initiatives, à tous niveaux dans une entreprise » selon Thierry Picq 3. Mais l’intraprenariat est aussi indi- viduel. Il fait bénéficier l’entreprise de compétences et de stratégies qui vont la dynamiser. Un « intrapreneur » est généra- lement porteur d’activités et d’orientations innovatrices, tels que le développement de nouveaux produits, services, technolo- gies, techniques administratives, stratégies compétitives.

Le statut d’étudiant-entrepreneur

Même si ce statut est un peu périphérique par rapport à notre propos, il est cependant intéressant de le signaler ici, car certains professionnels en cours d’études peuvent être concernés. Ce statut permet de mener à bien un projet d’activité et s’adresse notam- ment aux étudiants et aux jeunes diplômés qui sont porteurs d’un projet entrepreneu- rial. Le baccalauréat ou l’équivalence en niveau est la seule condition requise pour prétendre à ce statut. Il permet aux étu- diants de rendre compatible études et pro- jet d’activités en proposant notamment des aménagements d’emploi du temps, des cré- dits ECTS et la possibilité de substituer au stage le travail sur son projet.

3 Thierry Picq est professeur à l’EM Lyon Business School, il exerce une triple activité d’enseignement, de recherche et de conseil dans le domaine du management des hommes et des organisations.

À PART CES OPTIONS « CLASSIQUES » DE L’ENTREPRENARIAT, IL EXISTE D’AUTRES POSSIBILITÉS.

L’externalisation et la sous-traitance

Selon les moyens mis à disposition, selon la taille de l’organisation qui ne peut recruter un bibliothécaire ou un documentaliste pour ses propres besoins – notamment dans les petites et moyennes entreprises -, la docu- mentation peut être externalisée, c’est-à- dire confiée à un prestataire extérieur, soit un autre service de documentation, soit un consultant. Il peut s’agir de réaliser une revue de presse ou des recherches docu- mentaires, de numériser un fonds… La sous-traitance ou l’externalisation en docu- mentation porte souvent sur :

− la gestion des abonnements avec le recours à une agence d’abonnements ;

− la saisie d’un fonds antérieur (rétroconver- sion de fichiers) lors de l’informatisation du service ou de la constitution d’une base de données interne ;

− la recherche documentaire dans des domaines très spécialisés ou dans des domaines de prime abord étrangers à ceux de l’entreprise ;

− la fourniture de produits documentaires (panorama de presse, extraits de catalogue, mailings, sommaires…) ;

− la veille sur internet…

Le télétravail ou travail à distance

Le télétravail est une forme d’organisation qui permet à un salarié de travailler ailleurs que de son lieu d’habitation ou des locaux de son employeur, de manière régulière et volontaire, grâce aux technologies de l’infor- mation et de la communication (TIC). Il peut éventuellement développer en parallèle une activité indépendante qui entre ainsi moins en conflit qu’une présence réelle en entre- prise. Il s’agit de trouver un réel équilibre entre les deux activités qui ne doivent pas empiéter l’une sur l’autre. Le salarié peut donc travailler :

– chez lui : dans ce cas, il bénéficie aussi du statut de travailleur à domicile 4 ;

– dans un télécentre ou espace de co-wor- king, par exemple s’il habite loin de son entreprise ou s’il a une profession nomade. Le télétravail doit être prévu dans le contrat de travail.

51 Le co-working

En poursuivant l’idée que le travail peut être réalisé en dehors de l’entreprise ou de la maison, l’utilisation des espaces de co-wor- king peut se révéler très utile dans les villes ou les zones dont les loyers sont élevés. Ils redéfinissent en quelque sorte ce que signi- fie le fait de se rendre au travail chaque matin et illustrent les moyens utilisés par le tra- vailleur nomade. Ces espaces permettent d’avoir à disposition l’infrastructure infor- matique, logicielle dans un espace créé spé- cialement pour recevoir des travailleurs nomades.

Les startups

L’entreprise dite « startup » implique la construction d’une entreprise à partir de

zéro (mais qui exige souvent des années de travail acharné).

Les franchises

La franchise est une autre option d’entre- preneuriat. L’avantage de posséder une franchise est que généralement il s’agit d’une marque ou d’un service éprouvés sur le mar- ché. Il existe un grand nombre de marques franchisées au plan commercial, mais il est vrai que dans le domaine de l’information documentaire, ce domaine est peu exploité En conclusion, il n’est pas inutile de citer des exemples d’actions innovantes en bibliothèque ces dernières années qui démontrent un certain esprit d’innovation

et d’entreprise. Parmi celles-ci : le design thinking ; les fablabs et makerspaces ; la réalité augmentée… sans compter toute la réflexion sur l’espace documentaire avec le « 3e lieu », ou les learning centers, ou les « ideas stores » en Grande-Bretagne. Mais ces actions qui montrent la faculté d’innova- tion des bibliothèques sont déjà développées dans la littérature professionnelle sans qu’il soit nécessaire de le faire ici. L’objet de cet article est de mettre en avant les interactions possibles entre les secteurs privé et public, et de montrer que la notion d’entreprenariat peut s’appliquer dans le domaine des biblio- thèques et de la documentation.

P A R J E A N - P H I L I P P E A C C A R T

Cet article est un extrait de l’ouvrage

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