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Le voyage ailleurs : « Le chemin est tracé » Lorsqu’il voyage, il cherche également à connaître :

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expérience de l’espace « La phénoménologie ouvre un horizon de

Carte 7. Contexte de l'expérience de Pedro dans la visite sur la Barcelone de 1700-1714 (21/12/2013).

4.2. Le voyage ailleurs : « Le chemin est tracé » Lorsqu’il voyage, il cherche également à connaître :

Eh bien, de connaître des choses. Ça peut être des villes anciennes, typiques ou la nature, les montagnes, bien sûr. Et au passage faire des excursions, bien sûr. C’est pas seulement les voir, mais aussi, si c’est possible, s’y promener un peu, et voir les perspectives qu’il y a, l’horizon.

Pedro considère que marcher est un moyen idéal pour connaître un lieu en profondeur et accorde beaucoup d’importance à voir de ses propres yeux les choses, à visiter et expérimenter

lui-même ce dont on lui a parlé :

Sur la route de Manacor, il y avait comme des petits châteaux très beaux, et y’avait comme des ateliers d’artisanat, comme pour faire du verre, en soufflant. On pouvait aussi déguster les vins, mais ce qui était unique -parce que pour le reste tu peux le trouver partout-, c’était le verre. Et ça m’a fait très plaisir de voir ça en direct. On m’avait raconté comment ça marchait parce que j’ai des amis qui travaillent à Cornellà dans une usine de verre et ils soufflaient et faisaient des verres et des bouteilles et d’autres trucs.

Pour Pedro, pouvoir dire j’y ai été, j’ai fait cela est donc important et renforce la construction de souvenirs positifs :

Quand on en a l’occasion, on montre des photos. Comme j’aime beaucoup la nature donc, surtout avant c’était plus difficile, maintenant c’est de plus en plus facile, photographier les chèvres sauvages et tout ça... Avant c’était plus difficile et, alors, prendre une bonne photo, c’était une réussite, positive, non ? Maintenant non, elles sont partout et se rapprochent des gens, depuis qu’il y a la protection de l’environnement. Elles n’ont plus peur, maintenant.

Pouvoir vivre quelque chose d’exceptionnel remplit Pedro de satisfaction et il prend plaisir à partager ce souvenir. Lorsqu’il voyage, il essaye de s’adapter au rythme et aux manières de

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Eh bien, les recommandations sont... « où que tu ailles, fais ce que tu vois faire » : déguster un peu, en plus des paysages et tout ça, il y a aussi la gastronomie et toutes les choses autochtones des lieux où tu vas. Ça, dans la limite des possibilités, je le recommande, bien sûr. J’aime bien le faire, j’aime bien le recommander aux autres, bien sûr.

Cela dit, Pedro voyage plutôt dans des destinations culturellement proches de lui : des régions en Espagne et ponctuellement en Italie. Il n’a donc pas été confronté à des écarts significatifs entre son mode de vie et celui des lieux qu’il visite.

En général, il n’a pas une grande liberté pour choisir sa destination de vacances. Il fait toujours le

même voyage pour des raisons familiales. Ses beaux-parents habitant Granada, il est obligé d’y

aller aussi souvent que possible, car ils sont très âgés et leur santé fragile. Il aimerait cependant

partir ailleurs mais ce n'est pas possible tant qu’ils sont en vie :

En général le chemin est tracé. Enfin, quand je peux je fais quelque chose de différent, mais en fait c’est difficile, non ? Tant qu’ils sont là… non…

Il est entraîné dans une situation à laquelle il ne peut pas échapper, qui ne lui permet pas d’envisager de voyager ailleurs qu’à Granada. Curieusement, même s’il ressent cette situation comme une

imposition, comme un manque de liberté, cette ville andalouse reste néanmoins son lieu préféré

au monde. Les raisons qu’il évoque ne sont pas liées à ses liens familiaux mais plutôt aux atouts

touristiques de cette ville :

Bon, c’est possible que [mon lieu préféré au monde soit] Granada. Eh bien, son climat, son paysage... Elle a aussi des monuments historiques...

Pedro parle donc de ses expériences de voyage ailleurs de deux manières : d’un côté, il se souvient avec beaucoup d’émotion de moments où il a été témoin d’événements marquants pour lui (la fabrication du verre) ou bien où il a réalisé quelque chose qu’il considère comme exceptionnelle (la photographie de la faune sauvage) ; de l’autre, les atouts patrimoniaux et paysagers des destinations (Granada, le Vatican…).

L’association entre expérience et émotion n’est pas réservée aux souvenirs de voyage. Pour Pedro, son moment de gloire est lié à une pratique (la course à pied) qui lui était quotidienne il y a quelques années. Ce moment correspond à sa participation en 1992 au marathon de Barcelone :

Le marathon, en plus du parcours, rien que le fait de le faire, c’est… le fait de le finir c’est déjà une réussite, mais en plus, la date… la belle année de 92. C’est comme si c’était des préolympiques, disons, et après avoir fait les 42km 297 mètres, de faire

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deux tours du stade plein de gens… Un tour et demi ! Pour un amateur, tout ça… Ça fait partie des choses que l’on fait qui procurent une grande satisfaction, tu vois ?

Compte tenu de ces exemples cités par Pedro, nous pouvons constater que ses envies aussi bien pour visiter ici (par le biais d’une visite guidée) que pour voyager ailleurs (lorsqu’il peut choisir sa destination) répondent à une envie de connaître. Dans le cas de ses voyages ailleurs, il accorde beaucoup d’importance à la découverte par lui-même (voir de ses propres yeux), tandis que lorsqu’il visite Barcelone, il complète ses connaissances précédentes, les confirmant ou les infirmant. Dans toutes ses expériences de visite, la marche est le moyen privilégié d’accès au territoire (voir Tableau 13).

Tableau 13. Expérience de Pedro ici et ailleurs Expérience touristique (ailleurs) Expérience de la visite (ici) Marcher, idéal pour connaître en profondeur.

Voir de ses propres yeux. J'y ai été, j'ai fait ça.

Adaptation au rythme local (destinations de proximité culturelle).

Même destination (famille), aimerait visiter ailleurs.

Destination imposée vécue comme son lieu préféré au monde (atouts touristiques). Souvenirs émouvants.

Redécouvrir à pied des espaces maintes fois parcourus. Source d'apprentissage historique : anecdotes attachées aux lieux.

Source limitée par les capacités de mémorisation (mélange de différentes visites des mêmes zones). Nuance, confirme, dément des idées reçues sur l'histoire des lieux.

Source : auteure, 2018.

5. Martí

Martí est un homme de 35 ans, photographe. Il est originaire de Tarragone, mais habite à Ciutat Vella depuis plusieurs années. Nous nous sommes rencontrés pendant mon observation de la visite Barcelone, nocturne et criminelle. Il a répondu au questionnaire et donné son adresse électronique et son autorisation pour être contacté. L’entretien a lieu six mois après la visite, par la voie téléphonique. Il organise également des visites guidées pour des groupes fermés. Nous avons pris le temps d’échanger sur ce dernier point également.

Martí participe de temps en temps à des visites guidées à Barcelone, notamment pour s’inspirer pour son activité de balades photographiques à Ciutat Vella. Il voyage beaucoup et assez fréquemment vers des destinations très lointaines (voir Figure 15) pour une longue durée. Normalement, il voyage en couple et les voyages sont semi-organisés. Avec sa copine, ils achètent

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les vols aller et retour, un guide (imprimé), et improvisent un peu sur place en fonction de leurs envies du moment.

Figure 15. L’univers de Martí.

Source : auteure sur QGis (bases cartographiques d’Eurostat et de diva-gis.org), 2018.

Il évoque Barcelone (où il réside) et la Catalogne (il est originaire de Tarragone, mais cite différents endroits) essentiellement au présent et comme faisant partie de sa sphère quotidienne (voir Figures 75 et 77, Annexe X). Les autres lieux sont cités au passé, comme le cadre de ses expériences touristiques. Le caractère positif ou négatif des différentes expériences (voir Figure 76, Annexe X) citées dépend des émotions ressenties (liberté, angoisse, etc.).

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