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Visite guidée à la Rambla et lieux cités par Carolina (visite non observée)

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expérience de l’espace « La phénoménologie ouvre un horizon de

Carte 9. Visite guidée à la Rambla et lieux cités par Carolina (visite non observée)

Source : auteure sur QGis (bases cartographiques téléchargées de CartoBCN,(2017)), 2018.

Du fait de son niveau culturel (d’avoir fait des études d’histoire) et de son métier (professeur d’université), elle considère qu’elle a une connaissance assez approfondie de Barcelone. Pourtant, elle parvient à découvrir de nouveaux endroits à chaque visite et se surprend car il s’agit de zones

où elle passe très fréquemment :

[…] J’ignorais que la première université de Barcelone était juste là au milieu de Las Ramblas. En plus, elle fermait du côté de Place Catalunya et je n’en avais aucune idée. On nous a montré aussi des gravures et tout ça. Pour cette raison, on l’appelle la Rambla dels Estudis (Rambla des Études), parce que dans ce morceau là-haut il y avait l’université. En 1714, c’est quand l’Université de Barcelone a été démolie et, moi, de ça, je n’avais strictement aucune idée. Je savais que l’Université avait été

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ailleurs mais… qu’elle était à Cervera seulement parce que cette ville avait collaboré avec Philippe V, mais je ne savais rien de tout ça.

[…] J’ai découvert aussi un passage à côté de la Place Reial, un passage commercial comme ceux qu’on trouve à Milan et Paris, etc. Ceux qui sont comme […] intérieurs, comme une petite ruelle couverte à laquelle je n’avais jamais fait attention et pourtant j’y vais […]. Il y a un club de jazz là-bas, le Djamboree, à côté de ces lieux et je n’avais jamais fait attention. Il y a une grille et on ne peut pas y passer facilement parce que c’est genre fermé mais on peut le voir parfaitement de la rue.

Carolina est très surprise d’avoir cette capacité de découverte sur des lieux et des thématiques qui lui sont très familiers. Elle est d’abord étonnée. Elle remarque ensuite que le guide ne se centre pas sur une seule période ni une seule question, qu’il passe d’une chose à une autre. La visite est

construite alors à partir d’un enchaînement de curiosités et d’anecdotes dont le tronc commun est la rue (Las Ramblas), et les bâtiments autour (existants et disparus). La diversité de

questions abordées explique cette capacité de découverte et d’apprentissage.

Comme il s’agit de lieux très familiers, Carolina ne voit pas la nécessité de prendre des photos pendant la visite :

Je n’ai fait aucune photo parce que ce sont des endroits où je passe souvent, donc j’ai pas besoin de faire des photos, en vrai. Non. Je suppose que si on avait été dans un autre endroit, là peut être que oui, mais comme c’était ici je sais pas, et en fait je n'avais pas d’appareil photo. L’autre fois non plus, remarque, je n’avais pas eu l’idée de prendre l’appareil et comme mon téléphone ne fait pas de superbes photos… Ma sœur non plus n’a pas fait de photo, et, elle, elle avait pris son appareil, maintenant que j’y pense, parce qu’après, quand on est allées manger quelque chose elle a fait des photos, alors que de la sortie non, parce que, bon, comme ce sont des endroits où on va souvent parce qu’on est de Barcelone, et bien non...

Elle s’exprime ici en termes de nécessité. Lorsque les lieux sont trop connus, elle considère que

la prise de photos n’est pas nécessaire car elle pourra revenir vers ces lieux quand elle le

voudra. C’est aussi cette possibilité d’y retourner qui définit l’extrême familiarité entre Carolina et le centre-ville de Barcelone. Les lieux familiers sont redécouverts à travers la visite guidée, mais aucun souvenir tangible (comme les photographies) n’est nécessaire du fait de leur proximité géographique et de leur facile accessibilité.

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6.2. Le voyage ailleurs : « S’assoir quelque part et regarder passer la vie »

Carolina voyage souvent vers des destinations lointaines. Elle est enseignante et n’a donc de disponibilités qu’en été. Pour cela, elle réserve longtemps à l’avance afin de minimiser les coûts du transport, notamment lorsqu’elle planifie de prendre l’avion :

Je m’organise normalement à l’avance, parce que j’ai la théorie que les vols, si on les prend à l’avance, ils sont moins chers et qu’à la dernière minute… Cette histoire qu’à la dernière minute tu trouves je ne sais pas quoi, il faut que cela soit en accord avec tes jours de vacances, avec ce que tu veux et tout ça. Alors, [...] je comprends qu’une personne à la retraite, par exemple, ou qui n’a pas d’horaires de travail ou des jours fixes de vacances, fantastique ! Mais, autrement, seulement les jours qui te conviennent… Pour ces jours il n’y a rien et le vol qui te convient c’est pour rentrer trois jours plus tard […]. Je n’aime pas.

Elle vit l’organisation du temps travail-vacances comme une contrainte. Son temps est structuré d’une façon tellement rigide qu’elle se sent dans l’obligation d’organiser ses voyages toujours longtemps à l’avance. On constate qu’elle aime bien voyager vers des destinations très

diverses et différentes à chaque fois (ce qui explique que les entités de son cartogramme et de son

univers soient assez similaires en taille, voir Figure 16) :

Normalement, comme j’aime bien voyager, je préfère investir l’argent dans des voyages plus ou moins lointains au lieu d’avoir un appartement à la plage ou à la montagne, comme la plupart de gens ont. Peut-être que c’est parce que je n’ai pas d’enfants, des petits, rien, pour les balader par monts et vaux. Si je vais avec des amis ou avec mon conjoint, quand j’en ai eu, c’est bien tout. C’est-à-dire, je voyage normalement soit en Espagne, soit à l’étranger ou... A l’étranger, en fait, en Europe aussi mais, bon, j’ai été en Australie, j’ai été en Afrique, dans différents pays de l’Amérique aussi, enfin…

Carolina s’intéresse à la découverte de destinations différentes à chaque fois. Elle s’interroge toutefois sur ce qu’elle ferait si sa situation était autre, si elle avait des enfants. Tout ce qu’elle sait c’est que, malgré les contraintes temporelles de son métier, elle a la liberté de choisir de bouger ou de ne pas bouger, d’aller ici ou là, ce qui lui offre des possibilités infinies.

Elle préfère effectivement organiser son voyage de manière autonome. Lorsqu’elle visite des

destinations plus « exotiques », elle trouve néanmoins plus pratique de se laisser porter en

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