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Analyse par regroupement général des thèmes émergents

Dans le document en fr (Page 149-153)

expérience de l’espace « La phénoménologie ouvre un horizon de

Phase 4 Analyse par regroupement général des thèmes émergents

La dernière étape de l’IPA poursuit le travail d’analyse individuelle des cas et consiste à regrouper les informations collectées auprès de l’ensemble des cas. Il s’agit de réaliser la même démarche que celle réalisée pour chaque cas particulier, cette fois à l’échelle du groupe d’étude.

Le résultat final est un document ordonné où nous pouvons observer clairement les « regroupements, convergences et divergences au sein des données et de la densité des phénomènes vécus » (Antoine et Smith 2016, 8). Nous avons réalisé une carte conceptuelle sur NVivo, de la même manière que celles réalisées pour chaque visiteur50. L’utilisation du logiciel et son système de liens hypertexte permet de garantir l’accessibilité des propos originaux, car ils sont entièrement accessibles durant tout le processus analytique. Néanmoins, cette carte conceptuelle, si utile pour l’analyse sur l’écran, n’est pas très lisible lorsqu’elle est imprimée. Nous avons donc fait le choix de présenter ces résultats sous forme de tableau (voir Tableau 35, Annexe IX).

5.4. Apports et limites de l’IPA

Si l’objectif de cette thèse est d’améliorer la compréhension du processus de mise en visiteur, et ce notamment lors de l’expérience de la (re)découverte des espaces du quotidien, l’IPA permet un accès direct par le biais des témoignages de ceux qui expérimentent ce phénomène. L’IPA permet d’analyser, non seulement le contenu des témoignages, mais également la manière dont les individus interviewés agencent leurs souvenirs, perceptions et représentations.

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L’IPA privilégie l’analyse en détail d’un nombre réduit de cas par rapport à une étude plus superficielle d’un grand nombre d’individus. La taille réduite de l’échantillon permet cette profondeur, mais ne permet pas les généralisations. Elle nous rapproche d’un individu en particulier pour nous montrer comment il donne du sens à ses expériences en nous éloignant d’autres individus avec d’autres formes d’habiter le monde. Elle nous montre un monde et nous en cache d’autres. Une autre limite de cette méthode est liée justement à l’un de ses atouts, à la liberté laissée au participant de choisir les thématiques dont il veut parler, car, de cette manière, les participants choisissent inévitablement de s’étaler plus sur certains thèmes que sur d’autres. Dans le cadre de notre recherche, l’expérience de la visite guidée à Barcelone n’a parfois pas été abordée aussi longtemps que nous l’aurions espéré. Lors de ces moments, nous les avons relancés, avec plus ou moins de succès, en leur proposant des questions en lien avec ce dont ils parlaient par rapport à cette expérience barcelonaise. Nous avons constaté que, lorsque les différentes personnes interviewées ont eu la liberté de parler des thèmes dont ils avaient envie en lien avec leurs expériences de visites à Barcelone et avec leurs voyages, ils ont souvent pris plaisir à parler de leurs voyages et n’ont pas mis la même énergie pour évoquer leurs expériences dans les espaces du quotidien. Nous reviendrons sur ce constat dans les résultats. Il s’agit ici simplement de l’évoquer du point de vue méthodologique, de faire référence à l’écart identifié entre les attentes de la chercheuse en relation avec les techniques et méthodes mobilisées et la réalité des résultats. Nous avons largement évoqué le débat concernant l’utilisation ou non de nouvelles technologies pour le traitement des retranscriptions dans le cadre de l’IPA. Notre utilisation du logiciel d’aide à l’analyse qualitative NVivo s’explique par un besoin d’organiser toutes les données dans un même projet et pour garder un accès permanent aux références originales concernant chaque thème identifié. Nous avons organisé les métadonnées correspondant aux caractéristiques de chaque entretien et nous pouvons croiser les résultats de l’analyse de ces entretiens avec le reste de données collectées et analysées autrement si cela nous parait pertinent. Si les trois types d’annotations et le rassemblement des thèmes dans les cartes conceptuelles (cluster) ont été réalisés manuellement, les liens hypertexte existants entre les différents outils de NVivo favorisent les allers-retours entre les différentes étapes analytiques et les documents originaux. Cela contribue à respecter l’un des principes de l’IPA en restant au plus près des témoignages et de la manière dont ils ont été exprimés.

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Nous n’avons eu accès dans notre enquête qu’à l’espace vécu décrit par quelques individus à un moment et un lieu déterminé :

[…] l'enquête ne nous permet de le saisir qu'en instantané, n'oublions jamais qu'il est susceptible de se modifier ou d'être modifié. Il faut s'efforcer d'évaluer ces transformations, mais aussi de discerner les processus et les résultats qu'elles impliquent (Chevalier 1975, 64).

À notre avis, cela ne nuit pas à la légitimité de l’étude, car il n’a jamais été question de décrire un présent figé qui serait, de toute manière, insaisissable, mais de comprendre un phénomène dans le contexte spatio-temporel où il a eu lieu afin d’en saisir le fonctionnement. Cela nous permettrait d’imaginer le fonctionnement de dispositifs similaires dans des contextes similaires.

6. Cartographier la (re)découverte de la ville de

Barcelone

Après avoir écouté les professionnels du secteur de l’offre de visites de Barcelone destinée à un public essentiellement local, identifié cette offre, observé différentes visites et accédé aux expériences vécues de différents visiteurs lorsqu’ils visitent ici et ailleurs, nous avons collecté une série de données spatio-temporelles que nous avons exploitée par le biais d’un système libre d’information géographique (QGis 2.10.1.).

Cette partie de l’analyse des données collectées concerne de nombreuses questions de recherche (voir Tableau 1, p. 16). À travers la cartographie, nous avons pu saisir la place de ces propositions dans l’espace et le temps de la ville. Quels quartiers font l’objet des visites guidées de proximité ? Quand les visiteurs de proximité visitent-ils ? Quelles sont les similarités et les différences entre le cadre spatio-temporel de ces propositions et d’autres telles que les visites destinées essentiellement aux touristes ou les balades urbaines concernant des thématiques urbanistiques et citoyennes ? Le traitement cartographique s’est révélé utile en tant que complément des observations et des témoignages, car les événements cités par les visiteurs interviewés et observés directement par la chercheuse ont pu être situés dans le parcours à l’endroit où ils ont eu lieu.

Cet exercice contribue à la réflexion sur le choix des éléments potentiellement intéressants pour un public local et sur leur mise en valeur : comment construire une destination de proximité ? Quels éléments choisir ? D’où vient l’intérêt pour les espaces familiers ? Les pages suivantes décrivent le chemin analytique emprunté pour répondre à toutes ces questions.

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6.1. Analyse cartographique du cadre spatio-temporel des visites guidées

À la suite de la réalisation de l’inventaire des visites guidées de proximité organisées par les cinq entreprises citées entre 2014 et 2016, une analyse cartographique a été réalisée avec l’objectif de visualiser les quartiers visités à différents moments (de la journée, de la semaine, de l’année)51. Nous avons également analysé la spatialité et temporalité de ces activités en comparaison à d’autres types de visites telles que celles proposées par l’office de tourisme (Turisme de Barcelona) et celles proposées dans le cadre des promenades de Jane à Barcelone (des balades urbaines annuelles autour de thématiques urbanistiques et citoyennes), les unes essentiellement touristiques, les autres essentiellement citoyennes.

6.1.1. Comparer les espaces et les temps au sein de l’offre de visites de proximité

Même si la totalité des activités du secteur n’est pas inventoriée, cet exercice nous donne une idée assez réelle de la spatialité des visites, toutes entreprises confondues. En suivant les sites de vente en ligne d’activités culturelles, nous avons pu constater que les horaires, les espaces et, souvent, les thématiques allaient dans le même sens que les caractéristiques des activités analysées. Nous avons choisi de cartographier seulement celles-ci, car nous connaissons leur fréquence, ce qui nous permet de les analyser dans un contexte plus large.

Nous avons distribué les activités comptabilisées dans la base de données présentée précédemment selon qu’elles aient lieu vendredi, samedi ou dimanche. Cela nous a laissé un échantillon de vingt- six mille deux cent quatre-vingt-cinq références de visites proposées en 2014, 2015 et 2016. Nous parlons en termes de références, car, lorsqu’une visite concerne différents quartiers, elle a été comptabilisée une fois pour chaque quartier concerné. Nous nous sommes centrée sur le week-end, car la plupart de ces activités ont lieu à ce moment-là, tel qu’il sera expliqué dans le chapitre 7. Nous avons également fait une distribution par saison. Pour des questions de simplicité (car l’inventaire a été réalisé mois par mois), la distribution par saison est agencée de la manière suivante : hiver (du 1er janvier au 31 mars), printemps (du 1er avril au 30 juin), été (du 1er juillet au 30 septembre) et automne (du 1er octobre au 31 décembre).

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Carte 3. Exemple d’analyse cartographique du cadre spatio-temporel des visites guidées de

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