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Un voyage atypique : l’espace alpin helvétique comme parcours Albert Jouvin de Rochefort dans les Alpes helvétiques

Un voyageur se détache néanmoins de l’ensemble de ceux que nous avons considérés jusqu’à présent : Albert Jouvin de Rochefort (~1640-~1710), auteur d’un vaste récit de voyage européen, aborde de manière très détaillée et selon un parcours original les Alpes du Valais, de l’actuel Tessin, des Grisons et de la Valteline. Le voyageur d’Europe, où

sont les voyages de France, d’Italie et de Malthe, d’Espagne et de Portugal, des Pays-Bas, d’Allemagne et de Pologne, d’Angleterre, de Danemark et de Suède404 ne mentionne pas nommément la Suisse

dans son titre, mais c’est malgré tout un récit viatique fondamental pour ce qui concerne les Alpes helvétiques au XVIIe siècle. Le parcours alpin se développe en deux temps,

entrecoupés par une visite de certains cantons du plateau suisse tels que Zurich, Berne ou Fribourg. Il ne s’agit cette fois pas d’une traversée des Alpes relatée selon un aller simple ou un aller et retour comme chez Constantin Huygens, mais d’un parcours bien plus sinueux à travers l’arc alpin. Dans un premier temps, Jouvin de Rochefort, que son voyage a jusqu’ici conduit depuis la France jusqu’au nord de l’Italie, se trouve à Como. Il

404 Albert Jouvin de Rochefort, Le voyageur d’Europe, où sont les voyages de France, d’Italie et de Malthe, d’Espagne

et de Portugal, des Pays-Bas, d’Allemagne et de Pologne, d’Angleterre, de Danemark et de Suède, Paris, D. Thierry, 1672-1676. La description des Alpes helvétiques se trouve dans le tome III, qui contient « Le voyage d’Allemagne et de Pologne & le Voyage d’Angleterre, de Dannemark et de Suede ».

entreprend alors de se rendre à Bellinzona, puis de remonter la Lévantine pour arriver à Airolo, franchir le Gothard et descendre sur Altdorf, Schwytz et Lucerne pour finalement faire un tour du plateau helvétique qui va le conduire à Lausanne et à Vevey. De là commence le second trajet alpin durant lequel il va remonter la Vallée du Rhône pour parvenir à Sion, Viège, Brigue et continuer son chemin dans la Vallée de Conches. Arrivé au bout du Valais, il se rend à la source du Rhône pour ensuite retourner sur ses pas, monter le col du Nufenen (2440m)405 et redescendre sur Airolo dans le Val Bedretto où il

avait déjà passé précédemment. Il descend alors la Lévantine jusqu’à l’entrée de la Valle Mesolcina (Misox), fait un aller et retour dans le Val Calanca, remonte finalement la Valle Mesolcina et passe le San Bernardino (2065m) d’où il va voir une des deux sources du Rhin.406 Il revient alors sur ses pas, repasse le San Bernardino dans l’autre sens, redescend

en partie la Valle Mesolcina avant de prendre une vallée latérale, qui le conduit à un col nommé Forcola (2226m) d’où il redescend sur Chiavenna. Le parcours déjà impressionnant est cependant loin d’être terminé, Jouvin de Rochefort désirant se rendre en Valteline, vallée qu’il remonte intégralement jusqu’à Bormio. Ici commence assurément la partie la plus alpine du trajet : Jouvin de Rochefort s’enfonce dans le Val Furva afin de faire l’ascension du Passo della Sforzellina (3006m) pour redescendre dans la Val di Peio et arriver finalement à Trento.

L’expérience de Jouvin de Rochefort se détache ainsi des voyages considérés jusqu’ici, ne serait-ce que du point de vue du temps passé au sein de l’arc alpin. La démarche est aussi fondamentalement différente : si Jouvin de Rochefort peut être considéré comme un voyageur qui poursuit un but culturel au même titre que les autres membres de l’élite européenne qui se rendent en Italie, la place réservée aux Alpes est dans son cas plus importante, puisqu’il ne se contente pas de les traverser par le chemin le plus court. Il effectue en plus des excursions en marge de son itinéraire principal, témoignant ainsi d’une pratique proto-touristique des Alpes au XVIIe siècle.407 Délaissant

405 Le col historique ne se trouve pas exactement au col actuel. 406 L’autre source du Rhin se trouve dans la Surselva.

407 Rappelons qu’il n’est pas le seul dans ce cas, puisque Constantin Huygens souhaitait aller voir la source

du Rhin depuis le village de Splügen, mais qu’il n’en a pas eu l’occasion pour des questions de temps, l’ambassadeur qui l’accompagnait ayant décidé de quitter Splügen tôt le lendemain matin. Nous utilisons le terme proto-touristique pour décrire les pratiques viatiques qui se rapprochent de la notion de tourisme, mais qui sont antérieures au tournant des Lumières. Marc Boyer utilise le terme de « Préhistoire du tourisme ». Pour plus d'informations sur l'histoire du tourisme, on se reportera à Marc Boyer, Histoire générale du tourisme. Du XVIe au XXIe siècle, Paris, L'Harmattan, 2005.

le point de vue strictement pratique qui voudrait qu’on se rende d’un point à un autre de la manière la plus efficace qu’il soit, Jouvin de Rochefort fait d’importants détours pour aller voir des curiosités. Au-delà de ces allers et retours dénués de toute fonction itinérante, Jouvin de Rochefort livre également un texte original de par le choix du parcours. Contrairement aux autres voyageurs étrangers, qui restent sur les chemins très courus et donc bien entretenus, Jouvin de Rochefort passe par des itinéraires assurément plus fréquentés par les chasseurs et les contrebandiers que par les membres de l’élite socioculturelle européenne. Si les Alpes représentent une petite partie de l’ensemble du voyage effectué par Jouvin de Rochefort, l’ampleur de son parcours à travers l’espace alpin helvétique est néanmoins exceptionnelle. Au-delà du voyage en lui-même, c’est bien évidemment le récit qui est au centre de nos préoccupations. Fort heureusement, le texte laissé par Jouvin de Rochefort permet de suivre dans le détail l’ensemble de ses pérégrinations alpines et offre ainsi au lecteur un point de vue privilégié pour considérer les réflexions d’un voyageur étranger sur l’espace alpin.

Il convient d’emblée de constater que le récit est très précis d’un point de vue géographique. Nous avons cité ci-dessus uniquement les lieux nécessaires à la visualisation du parcours effectué, mais Jouvin de Rochefort indique scrupuleusement bon nombre de localités traversées. Le parcours peut ainsi être scrupuleusement reconstruit à l’aide d’environ cent-quarante mentions de nature géographique telles que villages, vallées, cols, hospices ou encore lacs. L’écrasante majorité de ces lieux est reconnaissable et même si un toponyme n’est plus attesté, les mentions sont assez fréquentes pour que celui qui le précède et celui qui le suit soient bien identifiables, ce qui permet de lever toute incertitude au sujet du parcours. Le texte est en revanche plus discret en ce qui concerne les dates. Il n’est dès lors pas possible de définir de manière exacte l’année du voyage, qui a vraisemblablement eu lieu aux environs de 1665-1670 si on tient compte de l’âge de l’auteur, lui-même incertain, et de l’année de publication du texte. Les mois ne sont pas précisés, pas plus que la saison, et les étapes doivent être déduites en fonction des informations d’ordre général présentes dans le texte. Vu le parcours effectué et compte tenu de l’altitude de certains cols secondaires utilisés par l’auteur, on peut néanmoins en déduire que le voyage a eu lieu à une période favorable, soit en été. Certaines activités pastorales et l’heure déjà peu tardive du coucher du soleil à la fin de la partie alpine du

parcours laissent penser que Jouvin de Rochefort a quitté les Alpes vers la fin du mois d’août ou au début du mois de septembre.

Les excursions d’Albert Jouvin de Rochefort

Les parcours annexes à l’itinéraire, effectués en aller et retour, sont une des particularités marquantes du voyage de Jouvin de Rochefort. Il convient dès lors de les considérer de plus près pour en identifier les motivations et s’arrêter plus longuement sur les conditions dans lesquelles ces excursions sont effectuées. Deux trajets annexes ont pu être identifiés au cours du voyage, plus précisément dans la seconde partie alpine qui conduit Jouvin de Rochefort du Valais à Trento. Le premier est effectué dans le Haut Valais, dans la Vallée de Conches. Alors que Jouvin de Rochefort se trouve à Zum Loch au pied du Nufenen, qu’il va franchir ultérieurement, il organise une journée supplémentaire pour aller voir la source du Rhône. Si le détour n’est pas très conséquent, il faut tout de même remonter la Vallée de Conches pendant quelques kilomètres, puis commencer l’ascension du col de la Furka d’où l’on pouvait voir le glacier du Rhône et la source du fleuve.408 Le texte montre que cette journée supplémentaire était prévue par

Jouvin de Rochefort, qui avait cherché des renseignements afin de pouvoir la réaliser :

Je trouvay ensuite [...] Gestele [Obergesteln] où je m’instruisis du chemin que je devois tenir pour aller voir la source du Rhosne, comme aussi pour passer le mont Louvenen [Col du Nüfenen] ; afin de descendre à Airol [Airolo], bourg sur le Tesin, au pied du mont saint Gotard, dont nous avons parlé cy-dessus, en entrant d’Italie dans la Suisse. On me conseilla de passer le Rhosne, pour m’en aller à Somloc [Zum Loch], où je trouverois des gens qui en avoient fait le chemin plusieurs fois, qui parloient aussi la Langue Italienne que j’avois plus en

main que la Langue Suisse, ce que je fis.409

L’idée de se rendre auprès de la source du Rhône est donc antérieure à l’arrivée de Jouvin de Rochefort sur les lieux et met en évidence une organisation du voyage qui prévoit la visite de curiosités, en plaçant ces journées annexes au trajet sur le même plan que celles qui constituent une étape à proprement parler. L’expression utilisée, « aller voir », indique

408 Le texte précise qu’il faut compter deux heures de chemin de Zum Loch à la source du Rhône, ce qui

peut laisser penser que la distance est faible, mais il ne peut s’agir du temps nécessaire pour la parcourir à pied. Le temps de trajet est vraisemblablement indiqué pour un parcours à cheval.

bien la nature proto-touristique de l’excursion, tout comme le repas pris aux abords de la source :

[...] après avoir cheminé par les rochers qui sont tous à découvert, nous arrivâmes entre deux pointes de rochers hauts environ de vingt toises, entre lesquels rochers le Rhosne se précipite, qui prend sa source à un coup de fusil plus loin sur une planure couverte de rochers, ou sont plusieurs petits étangs, d’autant de sources qui se reduisent à un gros, en produisant un ruisseau de la grosseur d’un demi muid, qui fait le commencement du Rhosne, qui descend sans tournoyer de ce haut entre les rochers, par où nous le costoyâmes, aprés que nous eûmes fait collation d’une petite provision que nous avions faite à Somloc [Zum Loch] sur le bord de la source de ce grand torrent, dont l’eau ne nous sembla pas si bonne que le vin que nous y beuvions, bien qu’elle fust de

mesme couleur, & mesme bien plus claire.410

L’objet que Jouvin de Rochefort veut « aller voir » est crédité d’une importance assez grande pour justifier l’utilisation d’une journée de voyage, mais au-delà du temps qui lui est consacré, cette excursion implique également un effort supplémentaire, en l’occurrence librement consenti puisqu’il n’est pas absolument nécessaire à la poursuite du trajet. En effet, si Jouvin de Rochefort ne court pas le risque de se perdre, puisqu’il a engagé un guide, il lui faut néanmoins « monter fort rudement » pour atteindre le but convoité. L’organisation de l’excursion augmente également le coût du voyage, puisque le guide, qui conduira également le voyageur à Airolo en passant par le col du Nufenen, travaille une journée de plus. Que ce soit d’un point de vue temporel, physique ou financier, « aller voir » la source du Rhône implique donc de quitter une représentation linéaire du trajet pour adopter une perspective viatique qui inclut volontairement l’espace alpin dans le parcours plutôt qu’elle ne le subit passivement. Jouvin de Rochefort voyage dans les Alpes et non pas à travers.

La seconde excursion de ce type s’effectue en deux temps. Jouvin de Rochefort commence par remonter le Val Calanca pour le redescendre une fois qu’il a atteint le dernier village, mais l’aller et retour n’est pas motivé par la visite de la vallée : il s’agit plutôt d’une erreur d’itinéraire.

Cette petite Riviere fait encore plus de dix milles dans la vallée de Galance, jusqu’à Valbelle [Valbella], qui est le dernier village, où je croyois passer pour aller voir l’une des deux sources du Rhein, mais on me conseilla pour le plus

court & pour le plus frequenté de ceux qui vont à Coire, de prendre mon

chemin par le val Misancine.411

Si le Val Calanca n’était pas un but proto-touristique en soi, c’est par contre bien l’objet de la seconde excursion, la source du Rhin, qui a conduit Jouvin de Rochefort dans cette vallée. Dans l’impossibilité de parvenir à la source du Rhin par un chemin évident depuis l’endroit où il se trouve, il retourne sur ses pas pour se rendre dans la Valle Mesolcina, qui le mènera cette fois bien au but convoité. Si Jouvin de Rochefort avait déjà consenti à un effort supplémentaire pour aller voir la source du Rhône, le trajet qu’il entreprend cette fois est encore plus conséquent, même si on ne tient pas compte du détour involontaire par le Val Calanca. La Valle Mesolcina, qu’il doit remonter dans son intégralité, est non seulement plus longue que la distance qui sépare Zum Loch d’Oberwald d’où il a pu monter à la source du Rhône, mais il convient également de franchir à deux reprises le col du San Bernardino puisqu’il reviendra sur ses pas dans la Valle Mesolcina afin de poursuivre son voyage en direction de Chiavenna. Le parcours qui le conduit du col du San Bernardino à la source même est de surcroît moins évident puisqu’il ne se déroule pas sur le chemin d’un col très parcouru comme c’était le cas à la Furka. A l’ensemble de ces difficultés, il convient d’ajouter que Jouvin de Rochefort effectue à cette occasion en grande partie le trajet seul, n’ayant pas engagé de guide pour le conduire, se contentant des informations fournies par quelques voyageurs bienveillants avec qui il avait effectué la montée au col du San Bernardino :

[...] mes gens me quitterent-là qui s’en alloient à Sploug [Splügen], qui est une bourgade située au bord du Rhein, & me montrerent un rocher qui s’éleve au dessus des autres, où je devois aller pour y voir au pied la source du Rhein, où j’arrivay heureusement, non sans grande fatigue de descendre & de monter par les rochers l’espace de deux heures que je les avois quittez, dont je fus bien payé lors que je vis un petit lac de la largeur d’un coup de fusil environné en façon d’un amphitheatre de plusieurs petites collines, d’où un nombre infini de petites sources s’écoule dans ce petit lac, qui rend ses eaux de la grosseur environ d’un

demi muy, lesquelles forment le commencement du Rhein [...].412

La fatigue engendrée par le parcours, somme toute assez alpin, est, selon l’expression utilisée par l’auteur, « payé[e] » par la vue de la source, qui vient récompenser l’effort fourni, ce qui illustre la perspective particulière du voyage de Jouvin de Rochefort. S’il est globalement construit selon un cheminement linéaire, qui conduit le voyageur d’étape en

411 Le voyageur d’Europe..., op. cit., t. III, p. 156. 412 Le voyageur d’Europe..., op. cit., p. 157.

étape à travers les Alpes, la mention de ces excursions effectuées « pour voir » donne une dimension supplémentaire au voyage : le narrateur se doit de « satisfai[re] sa curiosité ».413

Un parcours original

Bien que significatives, ces journées annexes restent malgré tout peu fréquentes au cours du voyage. La « curiosité » de Jouvin de Rochefort ne s’exerce cependant pas uniquement à l’occasion de ces excursions, mais également lorsqu’il effectue les étapes linéaires de son voyage. Le choix du parcours, qui s’écarte fréquemment des chemins battus, nous donne ainsi l’occasion d’apprécier un récit géographiquement neuf, certains cols fréquentés n’étant pas mentionnés dans d’autres textes. Le choix de franchir le col du Nufenen pour se rendre de la Vallée de Conches au Val Bedretto se justifie d’un point de vue géographique, car il représente une voie plus directe que celle qui consisterait à traverser le col de la Furka, puis celui du Gothard. Ce second parcours est plus long, aussi bien du point de vue du développement qu’en terme de dénivellation puisque la descente du col de la Furka pour parvenir au pied du Gothard fait perdre une bonne partie de l’altitude gagnée. Les voyageurs que nous avons abordés jusqu’à présent n’ont cependant pas arrêté leur choix sur le col du Nufenen pour quitter le Valais. Ceci s’explique si on considère leur provenance et leur destination. Ceux qui arrivent de France dans l’idée de se rendre en Italie par la Suisse n’ont pas besoin de remonter la quasi intégralité de la Vallée du Rhône pour effectuer la traversée des Alpes, les cols du Gd St-Bernard et du Simplon étant bien plus proches. Quant aux voyageurs qui arrivent depuis le nord de la Suisse ou depuis l’Allemagne, le chemin le plus direct passe par le col du Gothard. Du point de vue de la destination, les voyageurs souhaitant se rendre en Italie n’ont en principe pas besoin de quitter le Valais par le Nufenen. En revanche, Jouvin de Rochefort, qui a prévu d’aller à Chiavenna, choisit ainsi un chemin transversal plus rapide. Le col du Nufenen est donc quelque peu excentré pour la plupart des voyageurs qui effectuent une traversée des Alpes à destination de l’Italie. Son importance se situait alors plus à un niveau régional. Le choix de Jouvin de Rochefort est à mettre sur le compte de l’itinéraire particulier qu’il effectue dans les Alpes, son voyage ne s’étirant pas uniquement selon un axe nord-sud, mais également est-ouest.

413 Idem, p. 158.

Si les excursions aux sources du Rhône et du Rhin étaient dûment prévues, nous pouvons également apprécier le souci d’organisation de Jouvin de Rochefort à l’occasion du franchissement de ce col. En effet, lorsqu’il se trouve dans la Vallée de Conches l’autre versant du Nufenen ne lui est pas inconnu dans la mesure où il s’était déjà rendu à Airolo à l’occasion de la première partie de son voyage alpin. En provenance du nord de l’Italie, il avait gagné la Lévantine pour traverser le Gothard et poursuivre son voyage par le plateau helvétique. Contraint par le mauvais temps de remettre le passage du Gothard au lendemain, il entreprend alors une promenade dans les environs d’Airolo en compagnie d’un voyageur qui connaît les lieux et les différents cols en usage. Jouvin de Rochefort profite de l’occasion pour étudier le chemin qui le reconduira ultérieurement sur ses pas