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II. L’ UTILISATION DES TEXTES HUMANISTES AU XVIII E SIÈCLE

4. Les récits de voyage intra-helvétique Les voyages de Thomas et Félix Platter

Un autre voyageur, plus célèbre cette fois, nous donne l’occasion de voir l’arc alpin à travers les yeux d’un connaisseur du Valais : Thomas Platter (1499 ? -1582), originaire de Grächen, est l’auteur d’une importante autobiographie du XVIe siècle.220 Si Platter a assez

rapidement quitté ses montagnes du Haut-Valais pour se rendre dans le sud de l’Allemagne et à Zurich où il a adhéré à la Réforme, son autobiographie, rédigée non pas dans les dernières années de sa vie, mais tout de même à l’âge de septante-trois ans, relate certains épisodes alpins susceptibles de donner des renseignements sur sa perception des

218 « The Grand Tour of an Elizabethan », op. cit., p. 112. 219 L’auteur confond la Reuss et le Rhin.

220 Thomas Platter, Lebensbeschreibung, Alfred Hartmann (hrsg), Zweite Auflage durchgesehen und ergänzt

Alpes. Il convient cependant de considérer ce texte avec prudence : au-delà du parcours géographique, c’est également – et surtout – une exceptionnelle ascension sociale que ce récit a pour but d’illustrer. Le regard posé sur le monde alpin n’a en conséquence pas systématiquement la même neutralité que celle rencontrée dans le témoignage de Ryff précédemment évoqué.221 La position sociale de Platter lorsqu’il rédige son texte est dans

les faits bien éloignée de celle du petit chevrier du Mattertal qu’il était alors et il peut sembler discutable de considérer son récit comme un témoignage exact de la perception du milieu alpin chez un habitant du Valais. La vision peut certes être qualifiée d’interne en raison de l’origine de l’auteur et par conséquent des connaissances du terrain qui étaient les siennes, mais le récit qu’il souhaite donner est néanmoins orienté dans un but d’édification pour illustrer le chemin qu’il a parcouru depuis lors. Ces précautions prises, il reste tout de même intéressant d’observer comment ce texte met en scène la réalité alpine, notamment afin de servir ce dessein.

Les premières mentions de l’espace alpin proviennent tout naturellement de l’enfance de l’auteur, qui est né et a grandi dans la région de Grächen. Le milieu alpin fait partie intégrante de la vie du petit Thomas, qui doit garder des chèvres dans des conditions de vie très rudes, aspect maintes fois souligné dans le texte. La montagne en elle-même n’est cependant pas la seule source de difficultés, Platter donnant une image bien peu reluisante du sort qui lui était réservé par les différents adultes qui en avaient la responsabilité. Il peint alors à son lecteur l’ensemble des malheurs liés à sa condition de petit chevrier : employé à l’âge de sept ou huit ans pour garder un troupeau de quatre- vingt chèvres, il se fait renverser et piétiner par son bétail avant d’en perdre le contrôle au milieu des champs de blé, ce qui fait planer le risque de se faire battre à son retour. Le danger et les blessures font également partie de son quotidien : chute dans un chaudron de lait, pieds mis à rude épreuve durant l’été en raison de l’absence de chaussures, soif telle qu’elle le contraint à boire son urine, paillasse pleine de punaises... Dans de telles conditions, l’espace alpin n’apparaît que comme une source de difficultés parmi d’autres, l'enfance de Thomas étant en soi extrêmement rude. Les dangers spécifiquement liés au relief sont néanmoins mentionnés dans l’autobiographie ; s’ils font partie du tableau

221 Simona Boscani Leoni aborde le texte de Platter dans un article intitulé « La montagna pericolosa,

pittoresca, arretrata : la percezione della natura alpina nelle autobiografie di autori autoctoni dall’Età moderna all’Età contemporanea », in Revue Suisse d’Histoire, Basel, Schwabe Verlag, Vol. 54, 2004, p. 359- 383.

brossé par Platter, ils ne se détachent cependant pas de ceux évoqués précédemment. Le petit Thomas fait ainsi à plusieurs reprises figure de miraculé. Le milieu rend les jeux des bergers dangereux ; trop pris par son affaire, Thomas chute alors qu’il reculait sans faire attention à ce qui se trouvait derrière lui :

[...] je tombai dans le précipice. Tous les bergers de s’écrier : « Jésus ! Jésus ! » Mais déjà ils ne pouvaient plus m’apercevoir, car j’étais tombé sous l’arête du rocher. Ils me crurent perdu ; néanmoins, au bout de quelques instants, je me relevai et, ayant remonté le rocher, je me retrouvai au milieu de mes compagnons ; ils pleurèrent de joie, eux qui d’abord avaient pleuré de chagrin. Six semaines plus tard, une chèvre fit le même saut et s’assomma. Dieu m’avait protégé ! 222

L’évocation de cette anecdote ne sert pas à donner une image terrifiante du milieu : ce n’est pas le précipice qui est mis en évidence, mais la protection divine, qui est souvent invoquée au fil du récit. Parvenu dans un endroit abrupt après avoir suivi son troupeau, Thomas ne peut plus ni avancer, ni reculer : « Je restai donc là un bon moment, n’espérant plus qu’en Dieu. Tout ce que je pouvais faire, c’était de me retenir des deux mains à l’herbe et d’appuyer l’orteil sur un petit buisson ; quand je commençais à me fatiguer, je me soulevais un peu pour changer de pied. »223 C’est finalement un autre

berger qui vient sauver Thomas : « [...] il me demanda de ne pas l’oublier lorsque je serai devenu prêtre et de prier pour lui, puisqu’il m’avait sauvé la vie (ce qui est la vérité ; gloire en soit à Dieu). »224 Piégé une nouvelle fois alors qu’il cherchait son bétail, Thomas se

retrouve dans une autre posture fâcheuse :

Bientôt les ténèbres furent complètes et la pente devint si roide que je n’osai plus continuer mon chemin. Me retenant de la main gauche, avec la droite je grattais autour des racines et j’entendais la terre rouler bruyamment au fond de l’abîme. Je m’adossai contre un tronc d’arbre. Je n’avais sur le corps que ma chemise ; j’étais sans souliers ni bonnet, et, dans ma consternation d’avoir perdu mes chèvres, j’avais laissé ma jaquette sur le bord du ruisseau. Des corbeaux perchés au-dessus de ma tête m’aperçurent et se mirent à croasser ; je tremblais que quelque ours ne se trouvât dans le voisinage. Enfin je m’endormis, après

222 Thomas Platter, Ma Vie, Edouard Fick (trad.), Lausanne, L’Age d’Homme, 1982, p. 20. Pour l’original

allemand : « [...] [ich] fiell hindersich über den felsen ab. Die hirten schruwen all : « Jesus ! Jesus » byss sy mich nit mer sachen ; dan ich was underhi under den felsen gfallen, das sy mich nit mochten sächen ; vermeinten gentzlich, ich wer ztodt gfallen. Bald stund ich wider uff, gieng näbend dem felsen wider uffhi zu inen ; do weinten sy, erstlich von kummer, do aber von freiden. Demnach by 6 wuchen fiell eim ein geiss do über ab, do ich gfallen was ; die zerfiell zu todt. Do hatt mich gott woll behuttet. » Thomas Platter, Lebensbeschreibung, op. cit., p. 28-29.

223 Thomas Platter, Ma Vie, op. cit., p. 21. 224 Idem, p. 22.

avoir fait le signe de la croix, et lorsque je me réveillai, le soleil brillait dans tout son éclat.225

Le texte nous apprend quelques lignes plus tard que sa tante et une autre femme ont prié toute la nuit pour que Dieu le protège. Dans ce cas également, si le vide est évoqué, les dangers occasionnés par les animaux prennent une place plus importante dans le récit. L’espace alpin est bien décrit comme un lieu difficile pour le petit chevrier, mais la montagne n’apparaît pas comme un aspect central du texte, qui se concentre sur le destin du personnage principal, présenté ici comme l’objet de la protection divine.

Après ces années d’enfance, Thomas Platter quitte l’espace alpin pour tenter sa chance en Suisse et à l’étranger, ce qui l’éloigne de son pays natal. Il retourne cependant plusieurs fois en Valais : l’autobiographie prend alors, l’espace de quelques passages, une tournure viatique. Si le texte ne détaille pas l’ensemble des trajets, les cols du Lötschepass et du Grimsel sont néanmoins mentionnés. Alors qu’il part du Valais pour se rendre à Zurich, Thomas Platter franchit le Lötschepass en compagnie de ses deux frères. Il relate un épisode vécu lors de la descente qui mène les voyageurs dans le Gasteretal situé au nord du col, dans le canton de Berne :

[...] dans les endroits en pentes mes compagnons s’asseyaient sur la neige et se laissaient glisser ; je voulus les imiter, mais je ne sus pas écarter convenablement les jambes et roulai dans la neige, dos par-dessus tête. C’est un vrai miracle que je ne me sois pas assommé contre un arbre, car pour des rochers il n’y en avait point. Par trois fois je descendis le couloir, la tête la première et tout le corps recouvert de neige ; je me figurais toujours que je saurais m’en tirer aussi bien

que mes frères, mais ils avaient mieux l’habitude de cet exercice.226

La montagne n’est que très peu évoquée dans ce passage, qui ne dit rien de l’ascension du col ; seul un épisode particulier est abordé. Le lecteur n’est pas informé des conditions rencontrées lors de la traversée, abstraction faite de la présence de neige : l’environnement alpin n’est pas au centre de l’attention, le texte se concentrant en toute logique sur son protagoniste principal et sur son manque d’expérience, les autres voyageurs ne rencontrant pas les mêmes difficultés que lui. Le trajet du col du Grimsel, bien qu’évoqué quatre fois au cours du récit n’est pas exposé de façon plus détaillée. Le premier parcours est effectué alors que Platter quitte le Valais pour la première fois afin de se rendre en Suisse alémanique, puis en Allemagne. Le texte ne dit rien au sujet du col, seul le nom

225 Idem, p. 23. 226 Idem, p. 51.

étant mentionné. Platter donne quelques précisions supplémentaires à l’occasion des traversées ultérieures, mais le chemin et l’environnement ne sont pas abordés de façon circonstanciée. Alors qu’il franchit le Grimsel en compagnie de sa femme pour se rendre en Valais, les dangers et les difficultés sont évoqués de façon indirecte :

Quelques hommes, qui voulaient traverser la montagne le lendemain, me dirent : « Tu ne dois pas songer à faire passer ta femme de l’autre côté. » Ce voyage était bien pénible pour Anni ; il fallait coucher sur un peu de paille, et elle n’y était point habituée. Au matin nous nous levâmes et, avec l’aide de Dieu, nous franchîmes le col heureusement, bien que les vêtements d’Anni se fussent gelés

sur son corps.227

Les problèmes liés aux conditions météorologiques sont également mentionnés dans un passage ultérieur, effectué dans le même sens :

Dans le trajet pour retourner chez moi, j’étais accompagné d’un mien écolier qui ne pouvait se décider à passer le Grimsel. La pluie et la neige se mirent à tomber, et le froid devint tel que peu s’en fallut que nous ne fussions gelés tous deux. Connaissant les montagnes, je défendis au pauvre garçon de s’asseoir, ni même de s’arrêter ; je prenais les devants pour me réchauffer, puis revenais vers mon compagnon ; je fis ce manège jusqu’au moment où, Dieu aidant, nous atteignîmes l’hospice, c’est-à-dire une hôtellerie située sur la montagne et où l’on

peut boire et manger quelque chose de bon. Ce n’était pas encore la mi-août.228

Platter évoque encore les difficultés liées au froid et l’aide de Dieu alors qu’il passait à une autre occasion le Grimsel « seul et sans avoir l’expérience des montagnes ».229 Plus tard,

c’est son « fidèle camarade Heinrich Billing »230 qui prend peur avant de passer la Furka,

ce qui provoque les railleries de la dame chez qui ils logent dans l’Urserental. L’ami de Platter, originaire de Bâle, n’a pas l’habitude de parcourir les Alpes et il ne parvient pas à surmonter ses peurs. Lorsque le guide engagé chute dans une pente de neige, s’en est trop pour lui : Platter doit rebrousser chemin avec son ami avant de revenir seul en Valais par le col du Grimsel, ce qui représente un détour bien conséquent. Si on considère l’ensemble de ces passages, on constate que les dangers alpins sont mentionnés : la peur que le relief peut occasionner et les difficultés rencontrées par les voyageurs sont évoquées au fil du texte, mais l’espace alpin est dans l’ensemble abordé de façon secondaire. Les considérations restent laconiques et ont un statut informatif : le propos

227 Idem, p. 82.

228 Idem, p. 86. 229 Ibidem.

du texte est sobre, l’auteur ne procédant pas à une dramatisation des dangers. Bien plus que l’environnement alpin, c’est la protection divine et l’implication du voyageur – qui peut être plus ou moins habitué à ce milieu particulier – qui sont mis en évidence.

Si Thomas Platter connaît bien les montagnes du Valais, il n’en va pas de même de son fils Felix (1536-1614), qui est né et a grandi à Bâle. Envoyé à Montpellier en 1552 à l’âge de seize ans pour y étudier la médecine, le Bâlois y séjourne un peu plus de quatre ans avant de reprendre le chemin de Bâle où il parvient au printemps 1557. Après avoir soutenu son doctorat la même année, il se marie, puis exerce son métier de médecin dans sa ville. Quelques temps plus tard, en 1563, il entreprend un voyage en Valais. Outre son père, il est accompagné de sa femme, de son beau-père, d’un apothicaire valaisan ainsi que d’un employé, nommé Pierre Bonnet et originaire de Porrentruy. La petite troupe part de Bâle le 2 juin en direction du canton de Berne. Ils gagnent le Valais par le col du Sanetsch, puis se rendent à Loèche-les-Bains où Felix Platter laisse sa femme et son beau-père prendre les eaux tandis qu’il part avec son père à Grächen, village natal de Thomas afin de visiter le lieu d’origine de la famille. Sur le chemin du retour, le père et le fils font un détour par Brigerbad, avant d’aller retrouver la femme de Felix et le beau-père à Loèche. Après y avoir séjourné quelques temps, ils franchissent le col de la Gemmi et arrivent à Bâle le 19 juillet. Le récit de ce voyage qui a duré quarante-huit jours fait partie du

Tagebuch231, l’autobiographie de Felix Platter, texte qui n’a pas été édité avant le XIXe

siècle.

Le voyage effectué par Felix et ses proches peut être considéré comme un parcours montagneux, les voyageurs n’ayant que peu cheminé dans la plaine du Rhône. Le récit que nous laisse Felix est intéressant, notamment en raison du trajet effectué, puisqu’il conduit les voyageurs dans des lieux que nous n’avons pas abordés jusqu’à présent, mais c’est surtout en raison du statut particulier de son auteur que ce texte mérite d’être considéré avec attention. Felix apparaît en effet comme un citadin, pas accoutumé aux chemins de montagne, ce qui ne manque pas de lui causer des difficultés, qu’il aborde

231 Felix Platter, Tagebuch (Lebensbeschreibung) 1536-1567, Valentin Lötscher (hrsg.), Basel / Stuttgart,

Schwabe & Co. Verlag, 1976. Il s’agit de la première édition complète de ce texte. Plusieurs éditions sont parues au XIXe siècle : a) Thomas Platter und Felix Platter, zwei Autobiographien : ein Beitrag zur Sittengeschichte des

XVI. Jahrhunderts, D. A. Fechter (hrsg.), Basel, Seul und Mast, 1840. b) Thomas und Felix Platter. Zur Sittengeschichte des XVI. Jahrhunderts, Heinrich Boos (hrsg.), Leipzig, S. Hirzel, 1878. c) Thomas und Felix Platter, zwei Lebensbilder aus der Zeit der Reformation und Renaissance von ihnen selbst entworfen ; aus dem Schweizerdeutschen für die Gegenwart übertr. von J. K. Rudolf Heman, Gütersloh, C. Bertelsmann, 1882.

franchement à plusieurs endroits du récit. L’autobiographie de Felix se distingue ainsi de celle de son père, le narrateur n’étant pas présenté comme quelqu’un qui fait face aux différents dangers, mais comme un voyageur peureux. Inversement, son père apparaît comme très valeureux : tandis que Felix, sa femme et son beau-père voyagent à cheval, Thomas – qui est âgé de soixante-quatre ans – et l’employé de Felix cheminent à pied, différence qui n’a rien de négligeable si l’on prend en considération la longueur de certaines étapes. La petite troupe effectue en effet en un jour la distance qui sépare Erlenbach de Gsteig, ce qui représente environ cinquante kilomètres. Si le père ne semble pas avoir perdu sa forme et ses habitudes de montagnard valaisan, les craintes de Felix sont en revanche déjà persceptibles alors qu’ils traversent la chaîne du Jura. Le passage de Passwang (1004m), qui se trouve entre le village de Reigoldswil au nord et celui de Mümliswil au sud, est ainsi qualifié de très dangereux.232 L’appréhension de Felix est

encore plus visible dans les Alpes, le relief étant par essence plus impressionnant. Alors qu’ils ont franchi le col du Sanetsch et qu’ils descendent en Valais sur le versant sud du col, l’auteur compare ses aptitudes à celles d’une femme rencontrée en chemin :

Wier sahen ein gar hohen berg darbey, von dem viel wasser kenel leiten in die gärten gerichtet wahren, und kamen zu einem brücklin, dardurch flosse ein wasser, in welches ich ein stein von dem brücklin hinunder warfe und 18 zehlett, ehe er dass wasser berüert. Auf der brucken begegnet uns ein weib, sass auf einem saumross, hatt ein logelen auf dem rucken, ein kunklen under dem arm, spanne und ritte also über die schlechte brucken, darüber ich kaum ghen dorftt.233

La suite du passage n’est pas plus élogieuse pour Felix, qui fait un malaise, ce qui conduit le père et le beau-père à retourner auprès de lui. Cette crainte des chemins alpins apparaît à plusieurs endroits du récit, notamment lorsque l’auteur se rend dans la région de Grächen en compagnie de son père. Les deux voyagent cette fois à pied ; après avoir remonté le Vispertal, Thomas et Felix poursuivent leur chemin dans le Mattertal :

232 « Den 3 Junij fuhren wier die Wasserfallen hinauff, ist ein überhauss gefahrlicher weg zureiten [...] ».

Felix Platter, Tagebuch, Valentin Lötscher (hsrg.), op. cit., p. 402-403.

233 Idem, p. 405. « logelen » : récipient conçu pour transporter le vin. « kunklen » : quenouille. « spanne » :

Präterit du verbe spinnen. La femme rencontrée porte un tonneau sur le dos et chevauche sa monture tout en filant, sans se laisser impressionner par le pont qu’elle est en train de franchir.

Wier aber schlugen zur rechten handt dass ander thal hinein ; wahr ein schmaler weg, dass ich mehrteils mitt der einen handt mich am berg hulte, auf der

anderen seiten in ein grimme dieffe hinab sahe.234

S’il semble jusqu’ici maîtriser la situation, l’arrivée d’un cousin, qui veut lui prêter sa monture complique les choses : Felix refuse de monter avant d’être arrivé en terrain plus sûr. Tout comme dans la scène précédente, le texte insiste sur l’aisance de l’habitant des lieux en regard du malaise de Felix :

Daselbsten begegnet uns der Hans in der Bünde, unser vetter : hatt ein theilet kleidt an und ritt auf einem kleinen rösslin ohne zaum, nun mitt einem seil umb den kopf, und sass auf einem bast, sprang herab, sagt : « Biss mir Gott willkomm, vetter Thomas ! Ist dass dein Sohn ? », wolt mich gleich zwingen, auf

sein ross zusitzen, saget, ich wehre müedt.235