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II. L’ UTILISATION DES TEXTES HUMANISTES AU XVIII E SIÈCLE

3. Les récits de traversée des Alpes

Les voyages du Bâlois Andreas Ryff dans les baillages tessinois

« Wer wandlen oder reisen will, der vertrauw dem glück nit zvyl ». C’est par ces mots que le marchand bâlois Andreas Ryff (1550-1603) s’adresse à son lecteur au début de son Reisebüchlein.187 Fréquemment envoyé en mission diplomatique pour

représenter son canton dans les bailliages tessinois188, Ryff laisse parler son expérience de

voyageur.189 S’il n’a bien entendu pas uniquement parcouru les chemins des Alpes, il

mentionne néanmoins sept traversées de cols alpins effectuées entre 1587 et 1599, soit cinq fois le Gothard en comptant les allers et retours, une le Splügen et une la Gemmi.190

Bien que n’étant pas originaire des Alpes, il possédait donc une connaissance pratique du milieu, basée sur sa propre expérience. Ces différents voyages sont mentionnés dans deux textes, restés à l’état de manuscrits, qui n’ont été publiés dans leur intégralité qu’au XXe

siècle. Le Reisebüchlein, « Reiss Biechlin » dans l’original, rédigé en 1600 à partir de notes prises antérieurement, englobe la totalité des voyages mentionnés, Ryff remontant jusqu’à sa naissance en 1550. En revanche, l’autre texte intitulé Liber Legationum191 ne s’étend pas

sur un espace temporel aussi vaste : seules les années 1593 à 1602 sont prises en considération. Le premier voyage du Gothard et la traversée de la Gemmi, effectués respectivement en 1587 et en 1591, ne sont par conséquent pas abordés. Si ces deux textes se complètent partiellement, le Reisebüchlein donne en général plus de détails sur le parcours tandis que le Liber Legationum a une portée plus politique du moment qu’il relate les voyages effectués pour le compte du gouvernement bâlois, par exemple pour se rendre à la Diète fédérale. Ryff y mentionne scrupuleusement la date du départ, la durée du

187 Andreas Ryff, Reisebüchlein, Friedrich Meyer et Elisabeth Landolt (éds), Basler Zeitschrift für Geschichte

und Altertumskunde, No 72, 1972.

188 Les bailliages tessinois, également appelés « baillages italiens » et « ennetbirgische Vogteien » en

allemand comprennent les quatre bailliages communs, qui appartenaient de 1512 à 1798 aux XII cantons, soit les XIII cantons sans Appenzell. Il s’agit des bailliages du Val Maggia (Maynthal), de Locarno (Luggarus), de Lugano (Lauis) et de Mendrisio (Mendris). Le versant sud du Gothard, la Léventine, appartenait au canton d’Uri (Livinental).

189 « Aber, in erwägung der sachen beschaffenheit, wirt man finden, dass ich iner 25 joren nyt vyl

anheimmisch gwësen bin, sonder jederzeith, obbleichwol nit uff feeren, withen reisen, doch jederzeith uff den strossen ». Reisebüchlein, op. cit., p. 29.

190 Au total, Ryff relate quatre voyages alpins. En 1587 : Gothard en aller et retour. En 1591 : Gemmi à

l’aller, retour par la Vallée du Rhône et le pont de St-Maurice. En 1593 : Gothard en aller et retour. En 1599 : Gothard à l’aller, retour par le Splügen.

191 Andreas Ryff, Liber Legationum, Friedrich Meyer (éd.), Basler Zeitschrift für Geschichte und

voyage et cite nommément l’ensemble des autres représentants envoyés par chaque canton. Si le Liber Legationum témoigne d’une volonté d’unité confédérale192, le Reisebüchlein

se voit attribuer un usage pratique : après une page de captatio benevolontiae Ryff mentionne sous une modestie d’apparence la précieuse source d’informations que pourrait représenter son texte pour de futurs voyageurs.

Großgenstiger läser, dich mechte wundernemen, waß mich bewegte, ein sollich unnötig libell ze schriben, das doch onne sondere miey und arbeit nit verrichtet werden kan, aber doch keinen nutz bringe.

[...]

Und ob man gleich schon kein anderen nutz davon hat, so megen doch solliche wägwyser und guidozedel einem die unbekanten strossen und peß [Pässe] durch

die lender zeigen und kundtbar machen.193

Si l’argument est indéniable, les informations précises et fiables sur les passages alpins n’étant pas aussi répandues qu’au XVIIIe siècle, il convient en revanche de s’interroger sur

le caractère hybride du texte : l’aspect viatique est certes omniprésent, mais le choix de l’auteur qui fait coïncider le début du récit avec sa naissance n’est évidemment pas anodin. Autobiographie sélective construite avec la matière itinérante d’une vie, le « Reiss Biechlin » est une œuvre tardive de Ryff qui, âgé de cinquante ans, consulte d’anciennes notes pour en faire ressortir le passé ou plutôt son passé projeté. On sait le genre éminemment subjectif. Peut-il dès lors être utilisé pour mettre en évidence les rapports entretenus entre l’homme et la montagne ? L’héroïsation du protagoniste principal ne sera-t-elle pas trop marquée ? N’en tirera-t-on pas une vision biaisée du relief alpin, instrumentalisée dans le but de mettre en évidence les hauts-faits de l’auteur du récit ? Ces questions méritent évidemment d’être posées et devront à nouveau l’être ultérieurement194, car elles concernent de fait chaque récit de voyage, mais si elles doivent

inciter à la prudence dans le traitement de ce type d’ego-document, il convient cependant de ne pas négliger les informations qu’on peut y recueillir. En effet, une comparaison attentive du texte avec le terrain permet de faire une distinction entre les passages dans

192 On le constate dans la « Prefactionn » que Ryff donne à son ouvrage : « Ob gleichwol die Eidtgnosen

nit einer landtsart, nit einer sprach, nit einer religion, denocht sind sy im gmeinen wolstandt des vaterlandts eins ». Nous ne développons pas cet aspect ici. On se reportera pour plus de détails à la « Prefactionn » de Ryff et à l’introduction de Friedrich Meyer.

193 Reisebüchlein, op. cit., p.28-29.

194 Nous pensons notamment à l’autobiographie de Thomas Platter qui sera abordée dans la suite de ce

lesquels la description se veut objective de ceux où on observe un agencement plus marqué de la réalité. De plus, même si on constate une certaine mise en scène, elle n’est pas dénuée d’intérêt dans la mesure où elle est identifiée comme telle : la façon dont le milieu est utilisé par l’auteur pour faire ressortir ce qu’il souhaite montrer étant dans les faits symptomatique de sa propre perception des Alpes.

Si Ryff commence par mettre en garde son lecteur dans son « ermanung » rédigée en vers qui précède la narration proprement dite, l’appel à la prudence n’est en revanche par orienté du côté des dangers naturels. Il est bien fait mention de l’eau, mais de manière très allusive. Quant à la montagne, elle n’est abordée que dans l’expression par monts et par

vaux. L’ensemble de ces soixante vers, censés dépeindre les dangers auxquels le futur

voyageur risque d’être exposé se concentre de fait sur la malveillance humaine. « Den menschen förcht, roth ich dir schir / Vil würsch dan alle wilde thier » conseille Ryff à son lecteur, ce qui laisse à penser qu’il a plus souvent eu à se plaindre de ses semblables que des éléments. Bien que la montagne n’apparaisse pas dans l’avertissement initial, Ryff y consacre néanmoins de longs passages : la traversée du col de la Gemmi, effectuée en mai 1591 est ainsi abordée de manière circonstanciée. Parti de Bâle le 8 mai pour se rendre à Sion auprès de l’évêque du Valais afin de discuter d’affaires concernant des mines, Ryff voyage très tôt dans la saison compte tenu de l’altitude de la Gemmi et de l’orientation nord du début du parcours. Arrivé à Kandersteg, il se voit dans l’obligation de renvoyer ses chevaux à Frutigen afin qu’ils attendent son retour. La neige encore présente sur la montagne à cette saison le contraint de poursuivre à pied, non sans avoir engagé deux garçons pour porter ses affaires et lui montrer le chemin. Les conditions du voyage s’annoncent donc objectivement difficiles, le passage n’étant pas encore ouvert, comme le précisent « d’honnêtes gens » qui leur déconseillent vivement de franchir le col. Ryff suspend alors le récit de son voyage pour aborder le col de la Gemmi selon un point de vue informatif. Il précise qu’il n’est effectivement pas utilisable en hiver avant de décrire en détail le chemin creusé à travers les parois qui surplombent Loèche-les-Bains. La question du commerce est également abordée en mentionnant les tactiques utilisées : les muletiers valaisans qui disposent de mules habituées à la difficulté et à la raideur du chemin déposent leurs marchandises dans une souste au sommet du col tandis que les Bernois font de même depuis leur versant, leurs mules ne pouvant pas descendre le sentier escarpé. Chacun repart ensuite en sens inverse chargé du matériel entreposé par

l’autre. Le texte présente jusqu'ici les caractéristiques d'une description factuelle de la Gemmi et des pratiques de transit qui ont cours sur le col. Ryff cherche cependant à partager son expérience avec le lecteur en mettant tout en œuvre pour lui faire ressentir la hauteur impressionnante de la paroi :

Wan man nun bey disem heuslin ist, do heist es uff der Touben, so sicht man strags über den felsen ab zuom dorf Baden, und wiewoll dises ein groß dorff (gwiß 100 firsten oder heuser hat), so sicht eß der grousamen höche halb, alß ob, salva honore, 8 oder 9 schwin-stäle nache bey einander lägen, so hoch ist der berg. Und meint ein unbekanter unmiglich sein, daß man kenn do hinab

komen.195

Confronté à une réalité qui sort de l’ordinaire, Ryff se doit d’illustrer son propos par une image compréhensible de chacun, seul moyen de rendre la chose imaginable. Si l’expression salva honore est chargée d’atténuer le caractère désobligeant de l’énoncé, comparer les maisons de « Baden » – c’est-à-dire Loèche-les-Bains – à quelques stalles à cochons permet à toute personne, même dépourvue d’expérience alpine, d’éprouver la distance qui sépare l’œil du narrateur du village qui se trouve à ses pieds. Il poursuit sa description de la Gemmi en abordant le lac du Daubensee, qui va lui donner l’occasion de rattacher le récit de sa traversée au texte, composé jusqu’ici d’informations à caractère général. Après avoir précisé le temps d’ordinaire nécessaire pour rallier Loèche-les-Bains depuis Kandersteg en été, soit cinq heures à cinq heures et demie196, Ryff mentionne les

importantes difficultés liées à la nécessité de faire la trace dans la neige : partis à quatre heures du matin de Kandersteg, ils ne sont arrivés en Valais qu’à cinq heures de l’après- midi, ce qui représente treize heures de marche. Notre voyageur précise alors qu’il était presque mort de fatigue… et qu’il n’aurait pas marché deux heures de plus. Le récit ne s’appesantit cependant pas sur son état physique pour retourner promptement à l’évocation du principal problème qui explique la fermeture du col en hiver. Le chemin, tracé dans la paroi est chaque année endommagé par les avalanches et nécessite des réparations, qui n’ont évidemment pas encore été réalisées lors de son passage, ce qui l’a contraint à effectuer quelques dangereuses acrobaties. L’histoire se termine cependant de la plus heureuse des manières dans les bains de Loèche où Ryff retrouve, par hasard précise-t-il, l’évêque qui s’y était rendu en cure :

195 Reisebüchlein, op. cit., p. 98.

196 Ce qui ne semble en rien exagéré pour 1150 m de dénivellation positive sur une distance relativement

Do wir nun gehn Baden inß dorff hinab komen sindt, do hat sich jederman verwundert, daß wir jetzundt über die Gemmi komen sindt, und haben unbewust den bischoff selbs mit seinen räthen do funden ; der hat ein badenfarth do gehalten. Wir haben auch alsbald denselben obent noch zuo iren gnaden inß baad sitzen miesen, welliches unß die miede [Müdigkeit] fein hat

abgeweschen197.

Le parcours effectué dans la région de la Gemmi n’est dans les faits pas la première expérience alpine de Ryff, qui avait déjà franchi le Gothard en 1587 pour se rendre à Milan. Cette première traversée du col est également décrite avec précision, particulièrement en ce qui concerne le passage des gorges de Schöllenen, qui représente assurément la partie la plus impressionnante du parcours. Ici également, Ryff relate avec précision les détails du chemin et mentionne le danger d’avalanche. Si le récit donne dans l'ensemble une description factuelle du trajet, Ryff cherche malgré tout à rendre le caractère effrayant de ce cheminement aérien au-dessus de la Reuss en multipliant les notations liées à la verticalité et à l’eau dans un texte qui devient lui-même tourbillonnant :

Demnach facht man ahn, algemach die reuche [rauhe Gegend] des Schellenebergs anreithen, hat schmale, auch bergauff und –ab rouche strossen neben dem wild rouschenden wasser der Ryß hinauff […]. »

Do rouschet und tobet das wasser so grausam, daß es einen, der solches nie gesechen, erschreckt [...]. » « Zur rechten handt rouschet und rumpplet das wasser [...].198

Les répétitions, réparties sur deux paragraphes, mettent en évidence le caractère sauvage et effrayant du lieu dans un texte qui donne à voir sans pour autant délaisser le but informatif qui est le sien. En effet, l’évocation des parois suintantes et de la vapeur d’eau qui s’échappe de l’endroit est mise à profit pour donner une explication sur l’origine du nom du Pont du Diable : le lieu serait assimilé à l’enfer par les gens de la région. Quant au célèbre pont, le texte précise qu’il ne dispose pas de barrières. Là également le détail aurait pu servir à dramatiser le franchissement du passage, mais Ryff se concentre de nouveau sur le factuel pour expliquer la raison de cette étrange particularité, qu’il lie au transport de bois. Les habitants de la Vallée d’Urseren devant faire venir leur bois de construction et de chauffage de la plaine, la présence de barrières empêcherait de manœuvrer les grandes pièces, la route n’étant pas droite au niveau du pont. Parvenu au sommet des gorges de

197 Reisebüchlein, op. cit., p. 99.

Schöllenen, Ryff arrive « in der schönnen und fuoßebnen, grasreichen wilde Ursseren »199, un

espace plat, donc beau en regard des effrayants passages traversés.

Les deux textes que nous avons considérés cherchent bien à transmettre au lecteur les émotions ressenties dans des passages particuliers, mais le récit conserve toujours un but informatif. Ryff note scrupuleusement les lieux traversés sous forme de liste à laquelle il joint la distance pour s’y rendre, ce qui rend son Reisebüchlein utilisable comme guide de voyage conformément au but annoncé dans la préface. Si les sentiments de l’auteur apparaissent dans le texte, il reste néanmoins subordonné à la portée pratique de l’ouvrage, censé apporter des renseignements utiles à d’autres voyageurs. Dans ce sens, le Reisebüchlein peut être considéré comme un texte qui donne accès à l’expérience personnelle du voyageur sans pour autant déconnecter le récit de la réalité du terrain, qu’il cherche à rendre de manière objective. Ryff aurait en effet eu matière à multiplier les aventures en évoquant de manière systématique ses différents passages du Gothard. Il n’en est cependant rien : le second voyage qui a eu lieu dans la première moitié du mois de juin 1593 est décrit de manière bien plus expéditive.

Und diewyl ich erst nechst hievor die glägenheit des landts über den Gothart beschriben, so loß ichs dabei verbliben, wil allein die tagreisen und, waß

notwendig, hie vermelden.200

Suit la liste des sept jours de voyages nécessaires à la traversée depuis Bâle. L’énumération appelle un seul commentaire de Ryff, à nouveau très factuel, qui précise que le trajet prend un jour de moins lorsqu’il est effectué en été et peut donc être parcouru en six jours.201 Le parcours effectué au retour par le même col est mentionné de manière encore

plus laconique tandis que le troisième voyage du Gothard, au mois de juin 1699, est également résumé sous forme de liste qui reprend les lieux de passage avec les distances correspondantes. Les informations déjà fournies au lecteur ne sont pas répétées : l’aspect utilitaire du texte prévaut ici sur le rendu personnel d’une expérience de voyage précise. Lors de ce troisième trajet par le Gothard, Ryff ne rentre toutefois pas par le même chemin, puisqu’il poursuit en direction de l’Italie pour ne retourner en Suisse qu’à

199 Reisebüchlein, op. cit., p. 46. En italique dans le texte. 200 Reisebüchlein, op. cit., p. 50.

201 Ryff ne considère donc pas que son voyage de début juin a eu lieu en été. Indépendamment du fait qu’il

voyage avant le 21 juin, la remarque de Ryff est influencée par le fait qu’il reste encore de la neige dans la première moitié de juin dans la partie la plus élevée du parcours. L’été représente dans ce cas la brève période la plus favorable, soit les mois de juillet et d’août, voire de septembre lors d’années sèches.

l’automne par le col du Splügen.202 Ce nouveau passage n’ayant pas encore été décrit, les

informations le concernant sont plus circonstanciées, même si le récit n’est pas aussi développé que dans le cas de la Gemmi ou du premier voyage par le Gothard. Parti de Milan, Ryff passe par Côme, navigue sur le lac par beau temps pour arriver à Chiavenna, ville qui se situe au pied « des wilden Spligenbergs ». Le col a mauvaise réputation, comme le confirme Ryff qui avoue préférer franchir deux fois le Gothard que le Splügen une seule fois. Le problème ne se situe pas spécifiquement au niveau de l’accès au Splügen par le sud, mais de l’autre côté bien en contrebas du col même entre les villages de Splügen et de Thusis, comme le précise Ryff qui mentionne les passerelles de bois, collées à la paroi dans les gorges de la Viamala et les croisements difficiles occasionnés par l’étroitesse du chemin.

Sur les quatre voyages alpins mentionnés dans le Reisebüchlein seuls deux apparaissent également dans le Liber Legationum, soit le deuxième voyage du Gothard, effectué en aller-retour et le troisième voyage du Gothard, avec retour par le Splügen. Si le

Liber Legationum semble au premier abord moins intéressant que le Reisebüchlein de par sa

forme concise qui ne donne pas d’informations supplémentaires sur le déroulement du voyage, sa structure récurrente permet néanmoins d’effectuer certaines observations. Cet ouvrage, qui relate les missions effectuées par Ryff pour le compte du gouvernement bâlois, indique de manière presque systématique pour chaque voyage les mêmes informations. Dans un premier temps, Ryff mentionne la date d’arrivée de l’ordre de mission en précisant son contenu et la destination. Suit la date effective du départ de Bâle, un résumé du trajet parcouru qui s’apparente plus à une suite de noms de lieux qu’à un récit de voyage, puis la date d’arrivée à destination. Ryff précise alors le nom de chaque délégué présent en le rattachant au canton qu’il représente avant de donner quelques informations, en général sommaires, sur le déroulement de la mission. Vient finalement la date du départ et celle d’arrivée à Bâle. L’intérêt narratif du texte est de fait sommaire, mais on peut en revanche se pencher sur les formules d’envoi et de retour qui invoquent la protection divine afin de déterminer si elles diffèrent en fonction du voyage entrepris. Une multiplication de ces formules avant et au retour d’un voyage alpin pourrait indiquer que ce type de parcours était considéré comme particulier aux yeux du voyageur. Lors de

202 « Bin also mit der hilff gottes den 7 ten juny von Basel auß- und uff den 3. october doselbsten wider