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3 Une description de Wallis et de Rangiroa 52

3.2 Les conditions de vie aujourd’hui 59

3.2.2 La vie à Rangiroa 63

Le système politique et social

La vie politique en Polynésie Française est aujourd'hui marquée par des changements fréquents du gouvernement. Ceci empêche le progrès et l'implémentation des nouvelles directives, et l'administration se sent paralysée à plusieurs niveaux.

La mairie de la commune se trouve à Avatoru et le maire est le représentant élu de la population. Il y a également un conseil municipal qui est en général constitué des personnages influents sur l'atoll. A Rangiroa22, ce système administratif a largement

remplacé les structures traditionnelles de pouvoir. Les communes ont été créées en Polynésie Française en 1972 et cette création a fortement influencé la vie sur l'atoll.

Rangiroa est un des rares endroits dans le Pacifique qui n'est pas concerné par un taux d'émigration élevé. Ceci est principalement lié à deux facteurs : à Rangiroa, se trouve le seul collège des Tuamotus du nord-ouest, ce qui attire des habitants des îles de la région et crée également une petite activité tertiaire (par exemple, le logement des

22 Si on parle de « Rangiroa » dans la suite du texte, l'auteur fait référence à l'atoll et non pas à la

enseignants métropolitains ou la satisfaction de leurs préférences en termes de biens de consommation courante). Rangiroa est également devenue une destination privilégiée du tourisme, qui se base surtout sur la plongée sous-marine dans la passe de Tiputa. De nombreuses pensions de famille se sont créées, et l'hôtel « Kia Ora » est l'employeur le plus important de l'île. Ceci rend Rangiroa attirant même pour la jeune génération qui revient souvent après un séjour à Tahiti ou en métropole.

Néanmoins, l'atoll est loin d'être surpeuplé, la majorité de la population habite dans et entre les deux villages - sur une bande de sable d'un kilomètre de large sur une longueur de 16 km.

Le système économique

Historiquement, avant que Rangiroa ne reçoive des biens importés, l'économie de subsistance s'appuyait sur les seules ressources de l'atoll, du lagon et de l'océan. Les cocotiers étaient relativement rares avant l’introduction de la copraculture, et le fara (Pandanus tectorius) était la nourriture de base, avec d'autres plantes telles que les nono (morinda citrifolia) et les pia (selon Ravault 1982:95 « tacca pinnatifida », un synonyme pour « tacca leontopetaloides ») - un tubercule auquel on attribue encore aujourd'hui une certaine importance, comme on le verra par la suite. Des oiseaux marins, leurs œufs, le poisson et d'autres produits de la mer complétaient ce régime (Ravault 1982). Plus tard, les plantations de taro dans des fosses à culture (maité) ont été introduites, avec des bananiers et les arbres à pain. Ces cultures ont eu une grande importance alimentaire jusqu'au début du 20ème siècle

La création du Centre d'expérimentation du Pacifique (CEP) en 1960 a profondément changé la structure démographique et économique des Tuamotu. Avant, l'économie de subsistance et la copraculture étaient dominantes. Le CEP a engendré un changement vers l'économie monétaire, un processus qui avait déjà commencé à la fin du 19ème siècle avec l'intensification de la copraculture et qui s'est beaucoup accéléré ensuite. (Ravault 1982) Le CEP a attiré beaucoup de travailleurs, et une grande partie de la population a abandonné le travail agricole pour aller travailler pour le CEP.

Ceci a fortement contribué au fait qu'aujourd'hui, il n'y a quasiment plus d'agriculture sur l'atoll et que l’on dépend des produits importés. Les ressources principales sont le tourisme (accéléré par la construction de l'aéroport en 1964), la production du coprah, la culture des perles et d'une façon limitée, également la pêche. On pêche pour les besoins personnels, mais le surplus est vendu à Tahiti ou sur d'autres îles qui apprécient le poisson des Tuamotu.

Le coprah

La production de coprah s'accélère à chaque fois qu'il y a un cargo qui vient à Rangiroa, c'est un moyen facile d'arrondir les fins de mois. En 2011, le prix pour un kilo de coprah de première qualité était de 140 cfp, pour du coprah de deuxième qualité de 100 cfp. Les prix sont fortement subventionnés par le Territoire, afin d'offrir aux populations des îles une petite ressource financière de base. Néanmoins, aujourd'hui, rares sont ceux qui vivent exclusivement du coprah, car l'exploitation est très dure physiquement. Pourtant, quelques personnes pratiquent cette activité et selon leur témoignage, il est possible de gagner une bonne base de vie rien qu'avec le coprah. Il s'agit ici d'un moyen très flexible de gagner sa vie car le prix s'adapte à la quantité livrée à chaque fois, donc on peut travailler quand on en a besoin.

Le développement démographique

A Rangiroa, on a pu observer un développement assez atypique pour les Tuamotu, dans le sens où il y eu une explosion démographique ces dernières décennies. Très probablement, le tourisme, une bonne desserte aérienne et la construction du collège des Tuamotus du Nord (ouvert en 1992) sont des raisons importantes permettant d'expliquer cette évolution. Les deux villages de l'atoll, ont vu une nette augmentation du nombre des habitants depuis la fin du système de râhui et la mise en place des communes en 1972.

Aujourd'hui, la population de l'atoll de Rangiroa est de 2473 personnes (ISPF 2007). A l'époque des recherches de Paul Ottino, la population de l'atoll était de 700 habitants (1972:28). On voit donc que la population a plus que triplé au bout de

quarante ans. Les facteurs cités ci-dessus en sont très probablement la raison.

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