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4 Méthodologie 68

4.4 Le déroulement des séjours de terrain 87

L'auteur a effectué quatre séjours de terrain sur une période de trois ans, dont deux sur chaque terrain.

- Premier séjour à Wallis (22.6.- 3.8.2009)

- Premier séjour en Polynésie Française (29.10. - 4.12.2009) Tahiti (29.10.-6.11.2009), (2.12.-4.12.2009)

Rangiroa (6.11.-2.12.2009)

- Deuxième séjour à Wallis (7.8. – 27.9.2010)

- Deuxième séjour en Polynésie Française (24.6. – 19.8.2011) Tahiti (24.6. – 1.7.2011), (12.8.-19.8.2011)

Rangiroa (1.7. – 14.8.2011), Makatea (4.-5.8.2011)

Les premiers séjours de terrain à Wallis et en Polynésie Française en 2009, plus courts dans la durée que le deuxième séjour sur chaque terrain, ont surtout servi à une prise de contact, afin de connaître le mode de vie, les impératifs et les enjeux sur place. Le but était une première insertion dans la société locale, afin de faire connaissance des acteurs sur place et orienter les recherches. Les dynamiques locales sont cachées au visiteur et il faut du temps pour essayer de comprendre au moins un minimum de la vie locale. L'insertion et l'adaptation au mode de vie étant importants, l'auteur a néanmoins commencé très tôt à faire des interviews qualitatives et à travailler sur ses questions de recherche.

Les deuxièmes séjours de terrain à Wallis (2010) et en Polynésie Française (2011) ont permis de développer plus en profondeur les connaissances déjà acquises lors des premiers séjours de terrain. Ces séjours, plus longs, ont permis de réviser certaines visions développées auparavant.

Globalement, l'auteur a donc passé presque sept mois sur le terrain. Étant conscient des limites des connaissances qu’il est possible d’acquérir sur des séjours de cette durée, l'auteur espère cependant avoir compris les dynamiques essentielles.

Les séjours à Wallis

A Wallis, l'auteur a habité chez la famille Magoni dans le village de Vailala situé au nord de l'île. L'insertion au sein de la famille a permis de développer une vision très personnelle de la vie wallisienne, et la famille a facilité l'approche par de nombreuses discussions, en laissant participer l'auteur à toutes ses activités et en la mettant en contact avec des personnes susceptibles d’être des informateurs importants. Même si toute la famille parle bien le français, la vie quotidienne s'est déroulée en wallisien, ce qui a facilité l’acquisition de connaissances linguistiques de base, en supplément des cours de langue suivis. Il s'agit d'une famille qui met en valeur les traditions et valeurs locales, ce qui a permis à l'auteur d'avoir des explications très détaillées sur le fonctionnement de la vie wallisienne, explications qui ont beaucoup aidé à la compréhension de la vie sur place et également dans les démarches spécifiques là faire pour rencontrer et engager des échanges avec les autorités coutumières

La vie wallisienne est très structurée autour de la famille comme unité sociale, et à croire aux témoignages de certains expatriés vivant sur l'île, il n'est pas évident de créer des liens profonds avec la population locale si on arrive tout seul, malgré l'accueil positif des Wallisiens. Le fait d'être accueilli par la famille Magoni a beaucoup aidé à ne pas être confronté à cette barrière.

Les séjours à Rangiroa

Les séjours en Polynésie Française se sont déroulés un peu différemment. Du fait de la réalité polynésienne et de la grande variété et dispersion géographique des îles, il était important de passer quelque temps également à Tahiti où se trouvent toutes les institutions administratives. Ainsi, les séjours ont été partagés entre Tahiti et Rangiroa, avec naturellement des séjours plus longs à Rangiroa.

familles locales connues de l'auteur. Ces séjours en famille, même s'ils n'étaient pas de longue durée, ont permis à l'auteur d'avoir un aperçu de la vie à Pape'ete qui diffère beaucoup de la vie à Rangiroa.

A Rangiroa, l'auteur a séjourné dans la pension de famille « Chez Nanu'a » à Avatoru. Le propriétaire, Nanu'a Tamaehu, est connu sur tout l'atoll pour son accueil des étrangers et également des chercheurs. A Rangiroa, la vie est moins limitée à la famille élargie qu'à Wallis, ce qui a facilité les autres contacts en dehors du cercle familial. Ces contacts se sont vite ouverts et ont permis de développer une vision plus large sur les différents modes de vie qui existent sur l'atoll.

Makatea a initialement attiré l'attention de l'auteur à cause de ses particularités et de son potentiel comme destination de migration. Pourtant, cette île est très difficile d’accès à défaut d'une déserte aérienne. Un bateau cargo s'y rend deux fois par mois, qui transporte très peu de passagers. Cependant, il s'est avéré que la commune de Rangiroa avait prévu un déplacement en bateau avec des agents venant de Tahiti, pour faire une réunion concernant le Plan général d'aménagement (PGA) de Makatea. Grâce à la commune de Rangiroa, l'auteur a donc eu l'occasion exceptionnelle de se rendre sur Makatea pendant deux jours. Pendant son séjour, l'auteur a eu l'occasion de discuter avec des habitants de Makatea, qui ne sont pas très nombreux mais dont une partie s'était réunie pour le PGA. De plus, le tavana (maire) de Makatea, Julien Mei, a fait visiter l'île à toute la délégation, ce qui a rendu les propos des habitants plus réels et compréhensibles. Le tavana même, très axé sur la culture et le développement de son île, a permis de compléter la vision globale de l’auteur sur l'état actuel de l'île.

Cette visite a donc permis de couvrir un volet très important de cette thèse qui n'était pas certain d'être réalisé : la visite de Makatea.

4.4.1Engagement de la conversation sur le changement

climatique

Au début des recherches pour ce travail de thèse, l'auteur est parti du principe qu'une approche directe du sujet, c'est-à-dire des questions ouvertes qui évoquent le

changement climatique, serait la meilleur méthode à utiliser. Or, au fil des recherches, il s’est avéré que cette approche a très souvent provoqué la réaction Ici il n'y a pas de

changement climatique. Surpris par cette réaction, nous en avons rapidement conclu que

cette entrée directe n'était pas la meilleure. Souvent, il est apparu au fil des conversations que même si l'informateur déclarait au début des conversations qu'il n'y avait pas de changement climatique, qu'il ou elle a pourtant observé des changements dans son environnement physique, changements qu'il trouve à minima inquiétants. Le terme « changement climatique » s'est révélé par contre inadapté et ne correspondait pas au sentiment des informateurs.

Avec plus d'expérience et d'immersion dans le milieu local, des conversations qui tournaient autour des changements observés dans l'environnement local, des problématiques de l'utilisation des ressources locales ou des événements concrets comme le dernier cyclone apportaient beaucoup plus d'information et permettaient une meilleure compréhension de la vision locale du changement climatique. Pour le dire avec les mots de Marino et Schweitzer (2009:210) : « ... not talking about climate change proved the best method for understanding local conceptions of change ».

A Rangiroa, beaucoup plus qu'à Wallis, l'auteur a ressenti une forte hésitation de la part des informateurs à communiquer sur ce sujet, même si la première approche avec les personnes se faisait plus facilement que dans d'autres contextes. L'auteur évoque des explications possibles pour ce comportement dans le chapitre 8.1.2.2 « Le discours scientifique à Rangiroa ». Il faut également prendre en compte les conditions de communication, comme le dit un expatrié des Tuamotus :

Quelqu'un [de l'atoll] peut être réceptif avec un étranger comme avec quelqu'un qui vient d'ici. Il y a d'autres paramètres, comme la convergence de points de vue, le fait que la personne se sente dans des bonnes dispositions pour communiquer,... Pour beaucoup de personnes, donner une information, c'est arracher une partie de son corps. Il faut arriver à appréhender les bons paramètres...c'est difficile.

Par ailleurs, il parait que Rangiroa a la réputation d'être particulièrement fermée et soucieuse de garder ses secrets, comparée à d'autres îles de la Polynésie.

mais de faire un constat de la situation actuelle en ce qui concerne le changement climatique. Une profonde connaissance de l'histoire, de la culture et des pratiques locales aident à faire ce constat, mais tout en respectant la volonté des personnes concernées de partager ou non certaines notions. L'auteur respecte le fait que l'approche océanienne de « la propriété intellectuelle et culturelle » ne soit pas la même que dans le monde scientifique : le savoir est souvent lié à des lignées de famille et il n'est pas censé être divulgué. Pourtant, l'auteur a une profonde reconnaissance pour la plupart de ses informateurs qui ont pris le temps, fait preuve de patience et de confiance pour discuter en profondeur sur les sujets qui étaient essentiels pour ce travail de thèse.

Venant d'une autre culture et avec très peu de temps passé sur le terrain, l'auteur se rend compte des limites de la possibilité de bien comprendre les dynamiques locales. Les résultats présentés ne peuvent être qu'un aperçu incomplet de la situation, car on ne cesse jamais d'apprendre dans un environnement humain. A la lecture de cette thèse, il est certain qu'elle sera exposée à la critique même de certains informateurs, car il s'agit d'un résumé de différents points de vue présentés par des personnes différentes. Mais, pour encore citer l’expatrié des Tuamotus :

Il faut admettre quelque soit le travail qu'on produit, qu'il il sera toujours critiqué, à tort ou à raison. Je sais qu'il y en a qui voient mal le travail d'Ottino (1965, 1972). Il est venu dans un cadre spécifique, avec une mission spécifique. Le reste, peut-être les gens n'ont pas su lui rapporter leur contribution à ce moment là.

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