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La vannerie dans les récits de voyages

Dans le document The DART-Europe E-theses Portal (Page 73-84)

La vannerie : l’artisanat masculin par excellence

Planche 3 La vannerie dans les récits de voyages

Planche 3 – La vannerie dans les récits de voyages

1) Vanneries de Guyane d’après Barrère (1743)

2) 3)

Gravure 2 et 3 : Pagara et tamis à boisson d’origine caraïbe insulaire (Caille de Castre, [1694] 2002)

Planche 3

4) Couleuvre à manioc caraïbe insulaire (Caille de Castre, [1694] 2002)

5) Wayãpi et pakala, gravure de Riou (Crevaux, 1883)

Planche 3

6) Danse wayana, en bas à gauche hotte ouverte en arouman, gravure de Riou (Coudreau, 1893)

Soit dit en passant, fidèle à sa réputation de plagieur et de compilateur, Préfontaine a tiré intégralement cette description de l’ouvrage de Barrère sur l’Histoire Naturelle de la Guyane (Barrère, 1741: 89-90).

Barrère (1743) apprécie, lui aussi, la beauté et la diversité des vanneries de Guyane. Il en décrit de nombreuses ainsi que leurs usages : « L’industrie de nos sauvages ne se fait pas moins admirer dans ces lits portatifs, que dans les pagaras. Ils en font de quarrés, de cylindriques, de ronds et d’autres qui ont la figure d’une pirogue. Ils les peignent en manière de compartiments de vître, de rouge et de noir. Ceux dont on se sert plus communément, ont la figure d’un carré long, doubles par tout : on met des feuilles de balourou ou de ahouai, dans l’entre deux, afin que l’eau ne puisse pénétrer en dedans. Ces sortes de paniers ont bien leur mérite dans les voyages : outre qu’ils sont très légers, ils servent tout à la fois de garde manger, de coffre et de cave ; car on y met les hardes, l’hamak, les ustensiles de cuisines et les provisions les plus nécessaires pendant la route. […] Outre les pagaras, ils s’occupent à faire des couleuvres, des manarets et des grages pour faire la cassave […] On sert sur des plats ou sur des aouaris-aouaris (qui sont une espèce d’écran ou d’éventail fait de feuilles de palmistes) de la cassave, du poisson ou de la viande […] quand ils voyagent, ils mettent dans un kourkourou leurs hamak, quelques couyes, du tabano ou du uicou en pâte pour faire de la boisson » (Barrère, 1743: 138-139). Son ouvrage est illustré d’une belle gravure représentant différentes formes de pagaras (cf. planche 3) dont seulement une forme persiste encore aujourd’hui.

Prudhomme dans son ouvrage « Voyage à la Guiane et à Cayenne fait en 1789 » (1797), dresse un dictionnaire caraïbe-français où sont recensées quelques vanneries comme

« une assiette à mettre la viande : metoutou », « crible : manaré », « catoli : hotte », « une sorte de petite hotte, corbeille à jour, ronde, de la longueur d’environ 2 pieds et large de son ouverture d’un pied : kourkourou », « petit panier : paguara », « panier à mettre des flèches : amati », « arrouma : plante pour faire les tamis » et « tamis à passer la farine de manioc : matapi35». Prudhomme, en fin observateur et ethnographe avant l’heure, dresse là l’inventaire de vanneries encore tressées et utilisées aujourd’hui par les Kali’na du littoral guyanais.

35 Plutôt que tamis, il s’agit plutôt d’un long tube, matapi désignant la presse à manioc en kali’na.

Au XIXe siècle, Freytag témoigne de l’usage, disparu aujourd’hui, d’un panier utilisé lors d’un enterrement d’un « chef » caraïbe « au bout d’un an, on recueille les os du chef et de sa femme, on les renferme dans une corbeille qui est suspendue dans l’endroit le plus apparent de la case » (Freytag, 1824: 65). Déjà au XVIIIe, le père Fauque décrivait l’usage funéraire de paniers chez les Palikur « des paniers ajourés étaient utilisés pour transporter les os des morts préalablement boucanés » (Fauque, [1736] 1840). Barrère (1743) atteste lui aussi de l’usage de ces paniers chez les Palikur « quand il meurt en voyage quelque palikour, et qu’on est éloigné de plusieurs journées du karbet, ils décharnent et font bouillir le cadavre dans un canary pour en retirer les os qu’ils mettent dans un kourkourou. Ils ont grand soin de ce précieux dépôt pendant toute la route, qu’ils gardent toujours à vue »36 (ibid. : 230). Ces témoignages uniques renseignent ainsi sur des rites et des coutumes disparus. L’usage des paniers mortuaires était relativement répandu dans toute l’Amazonie.

Thébault de la Monderie, traiteur ayant remonté plusieurs fois l’Oyapock entre 1819 et 1843, décrit l’usage de vanneries employées pour le rite d’imposition des fourmis chez les Wayãpi « les nattes que les vieillards avaient tressées avant la danse et dans lesquelles se trouvaient les fourmis flamandes, furent appliquées sur le corps des danseurs et danseuses » (Thébault de la Monderie, 1856: 25). À la même époque, Adam De Bauve témoignant des vertus curatives de ces piqûres de fourmis, écrit à propos d’un Wayãpi malade : « ayant fait prendre de grosses fourmis par Orapoï, il fit sur leur corps une tresse avec de l’arouma, de manière à ce qu’elles ne pussent s’échapper, et ensuite il exposait à leurs morsures la partie souffrante. Il en éprouvait, disait-il, un grand soulagement. Il se lavait avec de l’eau dans laquelle avait trempé du mavévé, herbe très amère » (Adam De Bauve et Ferré, 1833: 271).

Avant les explorateurs Crevaux puis Coudreau, ces auteurs sont les premiers à évoquer les rites d’imposition d’insectes chez les Amérindiens de l’intérieur de la Guyane.

À la fin du XIXe siècle, ces deux grands voyageurs que sont Jules Crevaux ([1883]

1993) et Coudreau (1893)37 ont eux aussi apporté de précieux témoignages se situant à la charnière entre le récit de voyages et le travail ethnographique. De par les livres qu’ils nous ont laissés ainsi que les nombreuses pièces muséographiques, conservées au Musée du Quai Branly de Paris, un précieux matériel est à notre disposition tant sur les Teko, les Wayana que les Wayãpi.

36 Dans leur article sur les Palikur, P. et F. Grenand avancent que la longue fête mortuaire à l’issue de laquelle le mort était boucané par morceaux a duré jusqu’aux années 60 (Grenand et Grenand, 1987).

37 Un ouvrage sur la vie et les expéditions de Coudreau a été écrit par S. Benoit (2000).

À travers la lecture des récits de ces voyageurs de nombreuses descriptions de vanneries et d’usage de vanneries transparaissent. On réalise ainsi combien l’usage des vanneries était prégnant dans ces sociétés mais aussi comment cet artisanat a marqué ces voyageurs fascinés par cette vannerie si différente de la leur. Il y a en proportion, en effet, beaucoup moins de descriptions de poteries par exemple, artisanat qui ressemble davantage au nôtre.

Si les descriptions des techniques ne constituent qu’une partie infime de ces différents ouvrages, ils nous offrent néanmoins de précieux témoignages permettant de mieux appréhender l’ancienneté de certaines pratiques. D’un point de vue linguistique, le vocabulaire compilé dans ces récits permet de retracer l’origine et l’évolution de différentes formes. En effet, nombre de ces objets sont encore en usage aujourd’hui chez les communautés amérindiennes de Guyane.

1-2 L’apport de l’ethnologie

Au début du XXe siècle sont apparus les premiers ouvrages ethnologiques traitant de la vannerie et de la culture matérielle des Guyanes. Ils représentent de réels travaux scientifiques exhaustifs et comparatifs allant au-delà des descriptions faites par les voyageurs précédemment cités.

Au début du siècle de nombreux travaux encyclopédiques et érudits sont ainsi menés sur le plateau des Guyanes. Ils s’attachent tous particulièrement à la civilisation matérielle et au recueil des mythes. Ainsi dans ses livres, Walter Roth (1924, 1929), décrit de manière unique la culture matérielle et les techniques des peuples Arawak, Carib et Warao du Guyana et dans une moindre mesure celle des peuples de l’intérieur. Cette étude comparative de la culture matérielle ainsi qu’une autre sur les mythes des Guyanes (Roth, 1915) sont à la hauteur des travaux d’un Nordenskiöld ou d’un Métraux. Ces livres sont le fruit d’une grande connaissance du pays. En effet, W. Roth a vécu longtemps au Guyana en tant que magistrat et

« protector of indians » du district de Pomeroon au Guyana, membre du Smithonian Institute de Washington et fonda le musée d’Anthropologie de Georgetown au Guyana (McDougall, 1998).

En 1925, Curt Nimuendaju, célèbre ethnologue allemand devenu Brésilien et ayant travaillé chez un très grand nombre de peuples amazoniens38, séjourne chez les Palikur et les Amérindiens de la rivière Uaça dans l’Etat d’Amapa au Brésil. Suite à cette mission financée par le Musée de Göteborg et son directeur Erland Nordenskiöld, il écrit la seule monographie sur les Palikur (1926). Il nous fournit ainsi un témoignage précieux de la vie de ce peuple au début du siècle tant d’un point de vue de la culture matérielle, que des aspects historiques, démographiques ou sociaux. Ce travail reste jusqu’à nos jours la source la plus complète sur ce groupe arawak.

Puis ce sont les travaux d’Ahlbrinck qui, avec sa fameuse et toujours inégalée

« Encyclopédie des Caraïbes » (1931), apportent de précieux témoignages sur les Kali’na du Surinam ; en effet, pour cet Hollandais ceux qu’il nomme Caraïbes sont, en fait, les Galibi ou Kali’na. Sa très riche encyclopédie traite de tous les champs culturels de ce peuple et comme Nimuendaju pour les Palikur, lègue ainsi un témoignage unique sur un mode de vie profondément bouleversé ces cinquante dernières années.

Dans les années 50, de Goeje, s’il s’attarde moins sur la culture matérielle, recueille par contre de nombreux mythes et rites concernant les Carib et les Arawak du Surinam (1941, 1943, 1955). Ces ouvrages issus de travaux de terrain sont complétés par de nombreux témoignages d’ethnologues du début du siècle ayant laissé peu de publications comme Brett ou les frères Penard ; ces derniers n’ont en effet que très peu publié leurs travaux (Penard, 1928). Leurs carnets de terrain contenant de précieux témoignages ethnographiques sur les Kal’ina et Arawak-Lokono du Surinam, ainsi que leurs collections ethnographiques, sont conservés au Musée d’Anthropologie de Leiden en Hollande. De Goeje laisse aussi de riches travaux linguistiques sur les langues karib des Guyanes (de Goeje, 1910, 1946).

Plus récemment, des travaux exhaustifs ont été menés sur l’ethnographie et la civilisation matérielle des Tilio (Frikel, 1973), des Waiwai (Fock, 1963; Yde, 1965), ainsi que des Wayana et des Apalai (Van Velthem, 1976, 1998, 2003). Dans ses divers ouvrages, ce dernier auteur apporte un admirable travail sur l’esthétisme et le symbolisme wayana et apalai. Soulignons cependant que depuis Roth, il n’y a plus eu de travaux comparatifs traitant de la civilisation matérielle du plateau des Guyanes à l’instar de ceux menés au Brésil par Darcy et Berta Ribeiro, dans leur fameuse Suma etnologica brasileira (1986) ou sur la plumasserie (1957).

38 Il s’est rendu en l’espace de quarante ans chez 45 peuples aux quatre coins du Brésil (Hemming, 2003: 169).

Enfin, ce sont divers travaux plus contemporains touchant à l’ethnohistoire, à l’ethnologie et l’ethnobotanique que ce soit sur les Aluku (Hurault, 1970; Fleury, 1991), les Kali’na (Delawarde, 1966; Kloos, 1969, 1971; Delawarde, 1980; Collomb, 2000; Collomb et Tiouka, 2000; Collomb, 2003), les Palikur (Grenand et Grenand, 1987; Van Den Bel, 1995;

Passes, 1998; Ouhoud-Renoux, 2000b; 2000a; 2000c; Passes, 2000; Renoux et al., 2000;

Davy, 2002; Passes, 2002; Neves Mussolino, 2006), les Wayana (Hurault, 1968; Schoepf, 1971a; 1971b, 1972; 1979; Chapuis et Hurault, 2000; Chapuis, 2003; Chapuis et Rivière, 2003) ou les Wayãpi (Grenand, 1980; Grenand F., 1982a; Grenand P., 1982; Grenand, 1984, 1989; Grenand F., 1995b; Grenand, 1996a; 1996c) qui permettront d’avoir une vision plus complète des cultures des Guyanes.

1-3 De l’apport des pièces muséographiques

Lors de ces voyages et grâce aux différentes personnes ayant travaillé ou séjourné en Guyane, de nombreux objets, dont un grand nombre de vanneries, ont été rapportés en France et en Europe. Des vanneries caraïbes ont eu leur place dans les cabinets de curiosité du XVIIe et du XVIIIe puis plus tard dans les collections des musées. L’exposition « D’un regard, l’Autre » ayant eu lieu de septembre 2006 à janvier 2007 au musée du Quai Branly de Paris, a montré, entre autre, un magnifique pagara caraïbe richement orné de motifs. Celui-ci faisait partie de l’ancienne collection du cabinet royal du Danemark, pièce attestée de 1737.

Ces collections permettent d’apprécier la qualité, les techniques et les motifs des objets de ces différentes époques. Ils sont indispensables pour estimer la longévité de certains motifs, de certaines formes ou pour témoigner de leur disparition. Ainsi, au Musée du Quai Branly, de très belles pièces sont parvenues jusqu’à nous39.

J’ai pu consulter les principales collections de vanneries, représentant un panel significatif de la diversité ethnique guyanaise, dans quatre musées : le défunt Musée de l’Homme de Paris, le Musée d’Anthropologie de Leiden (Hollande), le Musée des Cultures du Monde de Göteborg (Suède), ainsi que, pour des pièces plus récentes, le Musée des Cultures Guyanaises de Cayenne. Une mission devait également être menée au Musée Paraense Emílio

39 Un inventaire sur le territoire national effectué par P. Ignace en 1997 recense plus de 400 pièces muséographiques amérindiennes provenant des Guyanes sans compter celles du Musée de l’Homme. Elles sont conservées dans 45 Musées et Muséums d’Histoires Naturelles en région (Collomb et Taladoire, 2001).

Goeldi de Belém (Brésil), malheureusement elle ne put être effectuée en raison du déménagement de ses collections.

Les plus anciennes pièces sont conservées au Quai Branly et datent de la fin du XVIIe siècle40. Celles-ci appartenaient à la fameuse collection dite du Jardin du Roi. D’autres vanneries de Guyane du XVIIIe siècle font partie de ces collections constituées par les saisies révolutionnaires (référencées sous le numéro 71-1878-32). Ces pièces furent léguées, en 1878, par la Bibliothèque Nationale au nouveau Musée du Trocadéro, nommé par la suite Musée de l’Homme, en 1937. Cette collection est constituée de 37 pièces de vanneries, essentiellement kali’na. Le reste des collections de vanneries du Musée de l’Homme41, récemment transférées au Quai Branly, s’échelonnent du milieu du XIXe siècle jusqu’à nos jours. Les principales collections de vanneries guyanaises conservées à Paris sont celles de Crevaux avec 10 pièces, de Coudreau avec 46 pièces wayana collectées dans les années 1888-1890, de Guffroy42 avec 17 pièces galibi de 1900, de l’expédition Monteux-Richard (1932) avec 34 vanneries teko, de la mission Paul Sangnier (1939) avec 119 pièces wayana, des missions dans les années 50 de Edgar Aubert De la Rue avec 55 pièces wayana et wayãpi ou plus récemment de 40 vanneries wayãpi collectées en 1975 par Pierre et Françoise Grenand. Outre ces collections importantes en nombre de vanneries collectées, il n’y a pas moins d’une trentaine d’autres collecteurs de vanneries guyanaise ayant offert leurs pièces au Musée. Au total, le Quai Branly possède une collection d’environ 500 vanneries ou objets comportant des éléments tressés et provenant de la Guyane française.

Le Musée d’anthropologie de Leiden en Hollande possède aussi une grande et belle collection de vannerie du Surinam43. Les groupes majoritairement représentés sont les Galibi ou Kali’na, les Arawak ainsi que les Wayana. Les collections les plus intéressantes et les plus fournies sont celles des frères Penard avec 41 vanneries galibi récoltées en 1912, celles de de Goeje avec 25 vanneries collectées dans les années 1937-1938 chez les Wayana et les Arawak et 8 pièces akuryo de 1978 rapportées par P. Kloos. Avec la quinzaine d’autres personnes ayant donné des vanneries provenant du Surinam, le musée de Leiden possède environ 150 vanneries de cette région.

40 Contrairement aux poteries kali’na qui n’ont été collectées qu’à partir du milieu du XIXe siècle (Collomb, 2003). Par ailleurs, les collections de céramique du musée national de Céramique de Sèvres et du musée du Quai Branly possèdent des pièces uniques permettant d’étudier la céramique kali’na sur deux cent ans (Tricornot de, 2005).

41 Au total, le Musée de l’Homme possédait plus de deux mille objets en provenance de Guyane (Collomb et Taladoire, 2001). La totalité de ces collections sont aujourd’hui au Musée du Quai Branly.

42 Administrateur des Mines d’or de la Guyane néerlandaise (Collomb, 2003).

43 Le Surinam est une ancienne colonie hollandaise indépendante depuis 1975.

Le Musée de Göteborg possède, lui, une collection unique de 39 vanneries palikur et d’un groupe métissé vivant sur le fleuve Uaça. Ces pièces ont été collectées par le grand ethnologue Curt Nimuendaju en 1925. Ces peuples ne semblent être représentés nulle part ailleurs sauf une petite collection de vanneries palikur existant au Musée Goeldi de Belém (Brésil) et des vanneries contemporaines palikur au Musée des Cultures Guyanaises.

Quelques vanneries arawak du Guyana, ancienne Guyane britannique, ont été collectées par Walter Roth en 1927 et par Otto Thulin en 1912.

Le Musée des Cultures Guyanaises possède quant à lui une collection de 200 vanneries provenant de toutes les communautés de Guyane. Elles sont beaucoup plus récentes mais pas moins inintéressantes. Ces objets ont été collectés notamment par Pierre et Françoise Grenand chez les Wayãpi et les Palikur, Daniel Schoepf chez les Wayana ou Eric Navet chez les Teko entre 1989 et 1991.

Tous ces musées possèdent un panel très intéressant de vanneries historiques. Les vanneries les plus représentées sur le temps long dans tous ces musées sont celles des Kali’na de Guyane et du Surinam.

Comme cela a déjà été dit, les plus anciennes pièces, datant de la fin du XVIIe siècle, faisaient partie des collections du Jardin du Roi ou Cabinet du Roi, cabinet de curiosité de Louis XIV. Les vanneries du cabinet du Roi proviendraient de la collection personnelle du grand naturaliste Python de Tournefort qui a donné sa collection entière au Roi Louis XIV.

Ces pièces semblent d’origines carib dont des pagara illustrés sur les gravures de l’ouvrage de Barrère ainsi qu’un coffre probablement d’origine palikur. Deux pièces de cette collection ayant la même forme (n° 71.1878.32.174 et 71.1878.32.253) ne sont plus confectionnées aujourd’hui par les vanniers de Guyane. Lorsqu’on leur en montre des photos, les anciens ne les reconnaissent pas. Deux hypothèses s’offrent à nous, soit ces objets ont été tressés par des ethnies n’existant plus aujourd’hui en Guyane, soit ils ont été oubliés par les artisans. Je pencherai plutôt pour la deuxième hypothèse, étant donné que ces vanneries sont décorées de motifs encore connus et tressés. Ces motifs sont typiques aujourd’hui des peuples Kali’na et Wayana. On peut donc avancer qu’elle était tressée par les ancêtres des Kali’na peut-être pour y ranger les ouvrages de coton, autre forme du pasuwa encore tressé aujourd’hui.

Une autre vannerie, illustrée également dans l’ouvrage de Barrère (1743), n’est plus tressée de nos jours. Deux exemplaires ressemblants, datant du XIXe siècle, sont conservés au Musée du Quai Branly (n° 71.1934.33.524) ainsi qu’au Musée d’Anthropologie de Leiden (Hollande) (n° 231.18). Celui conservé à Leiden est attesté comme carib d’après le collecteur

et daté d’avant 1880. Il est décoré d’un motif typiquement kali’na, encore connu aujourd’hui.

Il s’agit d’un serpent entourant une araignée. Par contre celui conservé au Quai Branly est orné par un motif non identifié.

Ainsi, on peut avancer que ces deux formes de vanneries illustrées dans l’ouvrage de Barrère en 1743 sous le nom de pagara et dont plusieurs exemplaires sont conservés au Quai Branly et au Musée d’Anthropologie de Leiden peuvent être considérés comme des formes tressées par des ancêtres des Kali’na contemporains. Ces pièces ne doivent plus être confectionnées depuis la seconde moitié du XIXe siècle environ.

Quelques autres formes de vanneries présentes dans ces musées ne sont plus confectionnées aujourd’hui comme le matutu, corbeille kali’na décorée de motif servant à servir les cassaves. Celle-ci est encore présente dans la mémoire des anciens et des ouvrages ethnographiques comme ceux de Roth et d’Ahlbrinck ainsi que les collections conservées dans les musées témoignent de son usage relativement tardif. Par exemple, grâce aux pièces collectées par les frères Penard au début du XXe siècle et conservées au Musée de Leiden, nous sommes assurés que ces vanneries étaient encore tressées au début du siècle. Elles ne sont plus réalisées aujourd’hui et cela depuis au moins une cinquantaine d’années44.

Quelques autres formes de vanneries présentes dans ces musées ne sont plus confectionnées aujourd’hui comme le matutu, corbeille kali’na décorée de motif servant à servir les cassaves. Celle-ci est encore présente dans la mémoire des anciens et des ouvrages ethnographiques comme ceux de Roth et d’Ahlbrinck ainsi que les collections conservées dans les musées témoignent de son usage relativement tardif. Par exemple, grâce aux pièces collectées par les frères Penard au début du XXe siècle et conservées au Musée de Leiden, nous sommes assurés que ces vanneries étaient encore tressées au début du siècle. Elles ne sont plus réalisées aujourd’hui et cela depuis au moins une cinquantaine d’années44.

Dans le document The DART-Europe E-theses Portal (Page 73-84)