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Les points de vanneries de la presse à manioc

Dans le document The DART-Europe E-theses Portal (Page 138-143)

Des techniques et des formes comme identité ethnique

Planche 7 Les points de vanneries de la presse à manioc

Planche 7 – Les points de vanneries de la presse à manioc

1) 2)

1) Technique dite en « dent d’agouti » couchée ; 2) Technique dite en « dent d’agouti » debout

3) 4)

3) Technique dite en « écaille de poisson » couchée ; 4) Technique dite en « écaille de poisson » debout

5) 6)

5) Technique eiletã des Wayãpi ; 6) Technique alama uponpë des Wayana

Crédits : Tous les motifs ont été dessinés par Laurence Billault

Tableau 6 - Comparaison des noms des points de vannerie utilisés pour la couleuvre

87 On retrouve ce terme dans la littérature (Ribeiro, 1985).

88 Cf. planche 7.

89 L’agouti (Dasyprocta agouti) est un rongeur très commun en Amazonie. J’ai forgé ce terme pour cette technique de tressage, qui à l’instar d’écaille de poisson, me semble suffisamment imagé.

90 L’atipa (Hoplosternum spp.) est un poisson caparaçonné des marais du littoral.

91 D’après Roth (1924), ils nomment cette technique aha- (h) abba-dahu avec habba qui est le nom du panier à farine à quatre pieds car les flancs de celui-ci sont toujours fait de cette technique (Roth, 1909). Cette technique est nommée wamma-ahabba ou kamudi (motif de l’anaconda) par les Warao (ibid.). Il décrit un autre point de vannerie nommé abuna-buna-tahu avec tabuna « os » cette technique consiste en deux nappes diagonales enchevêtrées dont une nappe est tressée avec deux brins accolés et l’autre avec un seul.

92 Hydrops triangularis de la famille des Colubridés. Ce nom ne m’a été donné que deux fois par des anciens du village de Bellevue et d’Awala.

Nom de la technique

1-1-2 Les tamis à manioc ou manarés

À l’instar de la presse à manioc cette vannerie est essentielle pour la préparation du manioc. C’est un ouvrage carré gamelliforme composé d’un tamis tressé avec des brins d’arouman en deux nappes droites enchevêtrées toilées ou croisées (cf. planche 8). Il mesure environ 50 cm de côté. Ce tamis est encadré par des baguettes de bois afin de maintenir l’ouvrage. Celles-ci sont intriquées les unes dans les autres à leurs extrémités. Chaque bord est composé de plusieurs baguettes superposées (de trois à cinq) donnant ainsi sa profondeur à l’ouvrage. Une grande diversité d’espèces de végétaux (un inventaire précis en est dressé dans le chapitre 5) est utilisée pour ces baguettes. Tous ces bois possèdent des qualités techniques précises : tige droite, rigide et imputrescible.

Tableau 7 – Noms génériques du tamis dans les différentes langues guyanaises français français de

Guyane aluku créole arawak palikur kali’na wayana teko wayãpi tamis à manioc manaré manali manaré manari hu manale manale ulupẽhem ulupẽ

Les termes kali’na et wayana manale, créole manaré, aluku manali, ainsi que manari en Arawak-Lokono connaissent tous la même origine. Ils viennent du groupe linguistique karib. On retrouve des noms semblables chez d’autres ethnies karib de la région, manade en ye’kwana (Guss, 1989), manari en waiwai (Fock, 1963) ou manaré en tilio (Frikel, 1973).

Le groupe isolé linguistiquement des Warao emploie aussi le terme manari (Suarez, 1968).

Les mots ulupẽhem et ulupẽ sont eux d’origine tupi (Grenand, 1989). En língua geral, uru signifie panier (Stradelli, 1929: 708), les Tupinamba du XVIIe siècle employaient également ce terme dans le même sens (Abbeville, [1632] 1975: 225), -pẽ signifie tresser en tupinamba et parintintin (Grenand, 1989). Des termes équivalents sont employés chez d’autres groupes tupi, yrupema en tapirapé (Baldus, 1970), wuirupem chez les Tupi-Kawahib (Lévi-Strauss, 1958), irupém en tenetehara (Wagley et Galvão, 1961). En língua geral on disait aussi urupéma (Stradelli, 1929). En kayabi, urupem est un tamis rond cerclé de liane (Ribeiro B. G., 1979).

Le mot hu en palikur est lui plus problématique, je n’ai retrouvé ce terme que chez les Piaroa du Venezuela appartenant à un petit groupe linguistique, les Saliba. Ces derniers nomment leur tamis rutu’ka93 (Sieni, 1988). Mais n’y aurait-il pas une racine commune avec

93 Les Piaroa emploient le terme manärë pour désigner le plat circulaire utilisé afin de recueillir la farine de manioc tamisée.

le terme, huibichet, nommant le tamis utilisé par les Caraïbes insulaires relevé par Breton au XVIIe siècle, sachant que dans ce dictionnaire français-carib, il existe bien sûr de nombreux termes arawak ? De plus, les Caraïbes de la Dominique emploie le mot hibichette pour désigner ce tamis (Delawarde, 1938).

Ces termes différents sont génériques pour le tamis car il existe en fait trois sortes de tamis. Chaque tamis connaît un usage particulier. Ils sont reconnaissables par la dimension de leurs yeux, c'est-à-dire la grosseur de la maille : mailles serrées filtrantes, mailles légèrement ajourées et mailles fortement ajourées. Une quatrième sorte de tamis existe plus marginalement en Guyane française, le tamis rond. Forme à ne pas confondre avec le plateau rond courant au Venezuela ou sur le Rio Negro qui, lui, sert à récolter la farine tamisée.

Le tamis à mailles serrées sert à filtrer les jus de palmier ou bien les bières de manioc, de maïs et d’igname (cachiri). Ce tamis est tressé suivant la technique à deux nappes droites enchevêtrées croisées. Il nécessite une vingtaine de tiges d’un mètre de long chacune. Ce sont sur ces tamis que les Wayãpi et les Teko tressent le plus souvent leurs motifs (kusiwa en wayãpi et kadzivat en teko). Ils expriment ainsi leur talent de vannier en tressant des motifs variés sur leurs tamis contrairement aux autres groupes qui les décorent moins souvent. Les motifs sont réalisés avec des lames d’arouman enchevêtrées non teintées lorsque le tamis est destiné à être utilisé. Les brins sont teintés seulement si l’ouvrage est destiné à la vente ou à l’échange. Comme je le détaillerai dans le chapitre 3, les Wayana tressent des motifs sur leurs éventails à feu, leurs paniers à mailles serrées et leurs hottes en arouman, tandis que les Kali’na, les Arawak et les Palikur décorent leurs coffres, coffrets ou paniers à mailles serrées.

Les Créoles et les Aluku ne décoraient apparemment pas leurs tamis.

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