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Les différentes techniques de tressage

Dans le document The DART-Europe E-theses Portal (Page 60-65)

Méthodologie et contexte de l’étude

Planche 2 Les différentes techniques de tressage

Planche 2 – Les différentes techniques de tressage

1) 2)

3) 4)

5)

1) Technique clayonnée (twined) ; 2) Technique tissée toilée (simple plaiting) ; 3) Technique sergée (twill plaiting) ; 4) Technique à trois nappes enchevêtrées (hexagonal basketry) ; 5) Technique spiralée cousue (coiled)

Crédits : 1) & 5) tiré de Wright, 1992 ; 2), 3) & 4) tiré de Mowat et al., 1992

Une troisième catégorie est constituée par les vanneries à deux ou trois nappes de montants passifs superposés auxquels on enchevêtre une nappe de brins actifs (hexagonal plaiting). C’est le plus souvent un type de vannerie à mailles ajourées tressée avec des lames. C’est dans cette catégorie que l’ont trouve la technique du carreau à trois éléments décrite par Leroi-Gourhan (ibid. : 273). Les nappes sont droites ou diagonales. C’est un type de vannerie que l’on rencontre en Indonésie, en Chine, au Japon, en Asie du Sud-Est (ibid. : 273) et en Amérique, spécialement en Amazonie. C’est la technique la plus employée pour tresser les vanneries ajourées en Guyane française.

Enfin une quatrième catégorie est dite vannerie spiralée cousue (coiled) ou en colombin. C’est un seul montant roulé en spirale suivant la technique du colombin bien connue en poterie. Ce type de vannerie peut être cousu, c’est-à-dire que l’on utilise entre eux une aiguille pour maintenir les montants composés d’un faisceau de fibres fines. On utilise bien souvent des fibres souples que l’on rassemble en spire ou en toron. Ce type de vannerie est très courant en Amérique du Nord, en Afrique et en Asie et beaucoup plus rare en Amazonie. Certain (Gillin, 1948) considère que cette technique est absente de Guyane. Leroi-Gourhan remarque que son aire de répartition coïncide en grande partie avec celle de la poterie en colombin, ce qui montre « l’étroite dépendance des techniques, l’influence du milieu sur la matérialisation des tendances » ([1945] 1973 : 276) mais il est intéressant de noter que si la poterie à colombin est présente dans les Guyanes, on n’utilisait pas cette technique de vannerie traditionnellement. En effet, comme je l’expliquerai plus bas, cette technique est nouvelle en Guyane : elle a été apprise récemment par les Arawak-Lokono du Guyana auprès d’Amérindiens d’Amérique du Nord lors d’un échange culturel.

Les brins peuvent être enroulés autour des montants, ils sont dits liés, c’est le cas le plus courant de la vannerie spiralée. Ils peuvent être tordus autour des montants, ils sont dits cordés, la vannerie clayonnée est souvent de ce type. Enfin ils peuvent être tressés avec les montants, ils sont dits tissés, c’est souvent le cas de la vannerie nattée.

En plus des techniques employées pour tresser le corps de l’ouvrage on peut aussi caractériser une vannerie en décrivant les bords. Balfet (1952 : 277-278) distingue les bords simples quand l’arrêt est constitué par les éléments mêmes de la vannerie et les bords

complexes quand on ajoute d’autres matériaux pour arrêter l’ouvrage. Les bords simples et complexes peuvent être noués, roulés, cordés ou couchés.

Grâce à ces différentes catégories, toutes les vanneries rencontrées dans le présent travail pourront être décrites.

Outre ces considérations techniques l’identification botanique de chacune des espèces entrant dans la confection des vanneries sera donnée. Comme je l’ai précisé plus haut, la matière première constituant les vanneries est uniquement composée de produits issus du monde végétal.

Dans tout travail ethnobotanique l’identification fine de chaque espèce est primordiale pour la description de l’objet en tant que tel (Martin, 1995; Schultes et Reis, 1995). Il existe un certain déterminisme environnemental sur le choix du matériel végétal. Les espèces végétales poussant le plus souvent dans des milieux déterminés, la connaissance fine de ces milieux est primordiale. De plus, dans le cas de la vannerie comme pour beaucoup d’activités artisanales, l’usage de la matière première est intimement lié au genre ou au statut de l’artisan.

En effet, il existe des restrictions et des interdits nombreux et variés quant au travail de certains matériaux en fonction de l’origine familiale ou du sexe de la personne qui les manipule. On peut citer les castes de forgerons dans certaines sociétés africaines qui seuls peuvent travailler le fer ; en Amérique la poterie est quasi exclusivement le fait des femmes…

En ce qui concerne la vannerie nous verrons qu’en Guyane française, comme dans une grande partie de l’Amazonie, seuls les hommes ont le droit de tresser. Je montrerai que cet interdit est plus lié à la matière première employée qu’à l’activité elle-même, comme a pu le montrer pour la poterie Claude Lévi-Strauss dans son ouvrage « La Potière Jalouse » (1985).

Il est donc important d’identifier précisément chacun des matériaux d’un objet artisanal. La nature de la plante, dans le cas qui nous concerne, conditionne le droit d’un individu à l’utiliser et à la transformer. On montrera, dans le chapitre 4, qu’il existe des interdits beaucoup plus forts sur certaines plantes que sur d’autres. Certaines ne peuvent être employées strictement que par les hommes alors que pour d’autres il existe une certaine tolérance, les femmes peuvent s’en servir. On verra aussi que certaines plantes traditionnellement travaillées par les femmes pour tisser des hamacs sont aujourd’hui utilisées pour tresser des néo-formes de vanneries.

Étant donné que chaque activité est l’apanage d’un sexe plutôt que l’autre, il m’a semblé important de classer tous les objets étudiés en fonction de leur usage (cf. chapitre 1 et

2). Cette classification donne plus de clarté au rapport utilisateur/utilisation, chacun de ces objets-outils étant un élément d’une activité de production bien particulière que ce soit la chasse, la pêche, la transformation du tubercule de manioc, la transformation du coton…

Pour autant, la matière première joue un rôle très important quant aux contraintes qu’elle impose sur la confection de l’objet. Ainsi les techniques de vannerie pour tresser tel ou tel objet sont conditionnées dans une certaine mesure par les matériaux employés, en l’occurrence ici le végétal. Certains auteurs qui se sont intéressés aux Guyanes ont utilisé la matière première comme discriminant pour classer les différents types de vanneries (Yde, 1965; Frikel, 1973). Cependant, je ne classerai pas les vanneries de Guyane française suivant ces critères, la classification en fonction de l’usage me semblant plus pertinente pour le type d’analyse que je compte mener. De plus pour les groupes produisant les vanneries, la matière première, si elle joue un rôle indéniable sur des aspects spirituels au niveau de la fabrication, n’est pas un critère classificateur pertinent à leurs yeux. Par contre le procès de production à laquelle est destinée la vannerie est primordial. Or, dans cette thèse, je cherche à montrer comment une production matérielle donnée évolue en fonction du contact existant entre différentes sociétés. On peut avancer que les différentes activités de production sont plus ou moins sujettes au changement social en fonction de tout un faisceau de facteurs qui serons détaillées plus avant.

Partie I

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