• Aucun résultat trouvé

Tresser le monde, symbolisme lié à la vannerie

Dans le document The DART-Europe E-theses Portal (Page 109-130)

La vannerie : l’artisanat masculin par excellence

Section 3- Tresser le monde, symbolisme lié à la vannerie

Comme pour beaucoup d’activités des sociétés amazoniennes, il est difficile de séparer ce que l’on nomme la culture matérielle et les représentations symboliques qui la sous-tendent. Les vanneries sont plus que des objets, ce «ne sont jamais des instruments purs », elles «véhiculent du sens » pour paraphraser R. Barthes (Julien et Rosselin, 2005). En effet, comme l’ont déjà montré de nombreux ethnologues tenants de la technologie culturelle (Lemonnier, 1986; Leroi-Gourhan, [1943] 1992, [1945] 1973) ou de l’ethno-esthétique (Ribeiro, 1989), on ne peut séparer, dans les sociétés à tradition orale, la culture matérielle de la culture au sens large et des représentations qu’elle véhicule.

Les vanneries que les hommes tressent sont certes des outils, des contenants ou des parties de parures formant une base importante de la culture matérielle de ces sociétés forestières, mais, cet artisanat s’insère également dans une compréhension du monde particulière. Les objets manufacturés sont des objets sociaux culturellement fabriqués (Lévi-Strauss, 1962: 151). De nombreux auteurs ayant travaillé sur la vannerie amazonienne ont montré l’importance du symbolisme qui lui est lié (Wilbert, 1975; Reichel-Dolmatoff, 1985;

Guss, 1989; Van Velthem, 2003) .

Aussi, dans cette section je vais m’intéresser à la perception que possèdent les sociétés amérindiennes de Guyane quant à l’origine de la vannerie. J’ai pu, en effet, recueillir de nombreux récits mythiques mais aussi des rites encadrant cette activité. Les vanneries sont souvent présentes dans les mythes amérindiens mais également dans les croyances populaires créoles. Lévi-Strauss a montré dans ses fameuses Mythologiques l’importance des récits d’origine d’activités artisanales comme la poterie ou les flèches. Je vais présenter ci-après les mythes recueillis, ainsi que certains autres déjà publiés dans diverses sources écrites, et montrer que, bien plus qu’un usage fonctionnel, la vannerie en Guyane tient une place importante dans l’ethos social des sociétés guyanaises.

3-1 Aux origines de la vannerie

Quasiment tous les Amérindiens de Guyane connaissent un mythe d’origine contant comment un ancêtre a rapporté, bien souvent après un long périple, la vannerie à ses semblables.

Ainsi, pour les Palikur, la vannerie a été acquise grâce à un ancêtre, qui, s’étant marié avec une femme oiseau cassique cul jaune (Cassicus cela), a appris à tresser avec ce peuple et a ainsi rapporté ce savoir technique à ses compatriotes. C’est depuis ce temps que les Palikur tressent leurs ouvrages comme le font ces oiseaux pour leurs nids (Davy, 2002).

Pour les Emerillon ou Teko, c’est un héros culturel qui, après avoir été lui aussi marié à une femme oiseau mais, cette fois-ci, vautour à deux têtes, rapporta à son peuple les techniques de vannerie ainsi que les motifs qui les décorent (Davy, 2006).

Mais lisons plutôt ces deux mythes :

Mythe 1 – Palikur L’oiseau sawakuk et la vannerie

Il y a très longtemps les Palikur ne savaient pas tresser la vannerie. Un jour, un homme palikur se maria avec une femme oiseau sawakuk66. À cette époque il n’y avait pas de différence entre les Hommes et les Animaux, ils pouvaient se comprendre et se marier ensemble.

Cet homme prit donc une épouse chez les oiseaux sawakuk qui étaient de grands vanniers.

Un jour, le beau-père demanda à sa fille que son mari palikur construise un beau carbet bien tressé avec de jolis dessins comme c’était la tradition67. Or les Palikur à cette époque ne connaissaient par l’art de la vannerie, le petit beau-frère [le frère de l’épouse] apprit à l’homme comment tresser un beau carbet. Il dit :

- “ Il faut tresser comme cela et comme cela car mon père sait très bien tresser et aime le bon tressage. Et puis, il faut qu’il soit fier de toi si tu veux rester ici ”.

L’homme palikur apprit donc à tresser et construisit un beau carbet avec de jolis dessins pour lui et son épouse.

Le lendemain, le père sawakuk vint inspecter le carbet pour voir si l’homme palikur était capable de faire un beau carbet. Il dit :

- “ Je suis fier de toi mon gendre, tu sais maintenant tresser aussi bien que nous ”.

Un jour la pluie se mit à tomber très fort et le vent à souffler violemment si bien que tous les carbets du village sawakuk se cassèrent et tombèrent dans l’eau.

La femme sawakuk se mit à crier très fort car elle ne retrouvait pas son fils qui était tombé dans l’eau. À force de crier tous de conserve ils se métamorphosèrent tous en oiseaux et s’envolèrent dans les grands arbres. Mais l’homme resta un Paykwene, un Palikur.

Il rentra donc dans son village natal et appris à ses frères comment tisser la vannerie.

C’est depuis ce temps que les Palikur connaissent l’art de la vannerie.

On reconnaît les oiseaux sawakuk car ils tissent toujours des nids en forme de couleuvre à manioc et habitent dans les grands arbres. Depuis ils ne peuvent plus parler avec les hommes mais connaissent toujours le langage de tous les oiseaux.

66 Cassique à dos jaune, Cassicus cela.

67 Chez les Palikur comme dans beaucoup de sociétés amérindiennes, le beau-père ne s’adresse pas directement à son gendre, marquant ainsi la subordination de ce dernier.

Récit d’Ignacio Felício recueilli le 21 mai 2002 au village Kamuyene de Tonate-Macouria, adapté du franco-créole.

PS. : Un autre oiseau, tukuuwunye68, aurait aussi appris aux Palikur l’art de la vannerie mais moins que sawakuk. Il fait des nids comme le sawakuk mais en plus gros. D’après Roland Norino, le 24 mai 2002.

Mythe 2 –Teko

La Geste de Ka’akatuwãn contant l’origine de l’iliwi et des motifs de vannerie

À cette époque, les Teko aimaient s’habiller élégamment. Un jour, un Teko du nom de Ka’akatuwãn tua un Tapir et le laissa pourrir. Quand les Urubus69 et les autres rapaces descendirent pour le dévorer, il dit :

« Je vais tuer l’Urubu à deux têtes pour récupérer ses fines plumes pour mes parures. » Sa mère lui dit :

« Tues-en un seul et reviens tout de suite. »

Il prit son arc, ses flèches et partit. Avant que les Urubus n’arrivent, il prépara son affût (tukadj) et attendit. Les rapaces se posèrent. En voyant l’Urubu à deux têtes, le teko banda son arc et le tua. À cet instant, les Urubus et l’Urubu à deux têtes apparurent comme nous : ils n’étaient plus des rapaces mais de vrais êtres humains. Le corps inerte de l’Urubu à deux têtes était là, et les autres se demandèrent :

« Qui a bien pu faire cela ? Qui a tué le serviteur de Katu’aiwöt ?! »

Dans l’affût, Ka’akatuwãn prit peur, ne sachant que faire. L’un des Urubus dit :

« Va chercher des kamanaluwe ! »

L’un d’eux partit chercher ces Fourmis qu’il essaima sous l’abri. Mais le Teko pissa et cracha dessus, les Fourmis n’y résistèrent pas. Du coup, un des Urubus ouvrit le tukadj et vit l’homme. Il dit aux autres :

« C’est facile de le faire sortir de là ! Allez chercher des ta’ok ! »

Ils partirent chercher des Fourmis ta’ok qu’ils répandirent autour de l’affût. Le Teko fit un piquet avec son arc, monta dessus, mais impossible d’aller plus haut. Il descendit de son arc, sortit de son abri et courut. Un des Urubus l’attrapa par les cheveux et lui dit :

« C’est toi qui as tué le serviteur de Katu’aiwöt ? »

« Oui, c’est moi. » L’Urubu reprit :

« Eh bien, tu vas venir avec nous pour servir Katu’aiwöt. »

Les Urubus retirèrent l’habit de l’Urubu mort et le mirent sur le Teko. Il tenta de voler, mais, chaque fois, il tombait. Les urubus lui mirent des plumes fines et il s’envola avec eux, sur leur dos.

En passant au-dessus du village teko, il prononça ces mots comme on lui avait dit :

« Iliwi lelaho, iliwi lelaho, iliwi lelaho (enlevé par l’Urubu…)… »

En cours de route, ils lui expliquèrent ce qu’il devrait faire en arrivant chez Katu’aiwöt :

« Dans la cour, au milieu, il y a un arc multicolore, tu iras te poser dessus… »

À son arrivée, Ka’akatuwãn alla se poser sur l’arc, le courba et faillit le casser. Il descendit. Il y avait à peu près cinq ou six femmes, il pouvait toutes les nommer :

« Viens me peigner Uluwakãbote ! Viens me peigner Silolobote !… »

Toutes ses femmes se rassemblèrent et le peignèrent, ne sachant pas que leur mari était mort et que celui-ci était un imposteur.

Les jours et les nuits sont courts là-bas, le Teko n’arrivait pas à donner du plaisir à toutes ses femmes, il lui aurait fallu des nuits plus longues. Une de ses femmes alla demander à son père de prolonger la nuit. Son père l’écouta et fit ainsi. Cette fois, le Teko pu donner satisfaction à toutes ses femmes.

Le lendemain, Katu’aiwöt questionna ses filles :

« Est-ce vraiment votre mari ? »

« Oui, c’est vraiment lui, mais son sexe brûle. »

Il avait un sexe brûlant parce que sur terre on mangeait du piment. Le Katu’aiwöt eut des doutes sur l’identité de son serviteur.

68 Cassique à huppe noire, Psarocolius decumanus.

69 Sarcoramphus papa.

Pour le mettre à l’épreuve, il dit à l’une de ses filles :

« Dis à ton mari d’abattre le fromager qu’il coupera en quatre billes pour faire mes toilettes. » Le Teko prit la hache, partit abattre le fromager, le coupa en quatre billes mais il ne put les rouler à l’endroit indiqué. Il se mit à pleurer. Le Scarabée, pumu, arriva et lui dit :

« Pourquoi pleures-tu Ka’akatuwãn ? » Il répondit :

« C’est Katu’aiwöt qui m’a dit de couper ce fromager en quatre billes et de les rouler là-bas.

Mais, elles sont trop lourdes. »

« Retire-toi, je vais les emporter; car ton beau-père veut te manger ! » répondit le Scarabée.

Ceci fait, le Teko prit un bain. Comme d’habitude, ses femmes le peignèrent. Il leur montra les quatre billes de bois que le Scarabée avait emportées, les filles avertirent leur père. Le Katu’aiwöt alla sauter dessus et y fit ses besoins. De retour, il demanda à ses filles :

« Est-ce vraiment votre mari ? »

« Oui c’est bien lui, mais son sexe brûle » répondirent-elles.

À chaque bain, pendant qu’elles se coiffaient, Ka’akatuwãn observait les pagnes de ses femmes qui portaient de beaux motifs d’animaux : poissons, oiseaux… Chacune de ses six femmes avaient six pagnes différents. Dans le village, on trouvait différents objets que les Teko n’avaient pas chez eux encore à l’époque : le mbatutu70, la tepitzi71, l’ulupẽhem72, le hamac…

Un autre jour, Katu’aiwöt demanda à ses filles :

« Que votre mari aille me puiser de l’eau pour que je puisse me baigner ! »

Il lui donna deux paniers (kadzala). Ka’akatuwãn partit chercher de l’eau, mais, chaque fois qu’il essayait, l’eau passait à travers les trous du panier. Il mit des feuilles pour boucher les trous, mais ça fuyait quand même. Il se lamenta :

« Comment est-ce que je vais emporter cette eau ? »

Il se mit à pleurer conscient qu’il risquait de se faire manger s’il ne réussissait pas l’épreuve. La Fourmi flamande (Tukãdit) arriva et lui dit :

« Pourquoi pleures-tu Ka’akatuwãn ? »

« C’est Katu’aiwöt qui m’a envoyé puiser de l’eau, mais ça passe à travers les trous ! » Répondit-il.

« Je vais t’aider mais sors car il veut te manger ! Sors ! » Répondit Tukãdit.

Elle prit les deux paniers, les remplit et les donna au Teko, en l’avertissant :

« Ne touche pas aux poches d’eau, sinon tout s’écoulera. »

Ka’akatuwãn ne comprit pas, il toucha les poches d’eau et tout s’écoula par terre. Il se remit à pleurer. La Fourmi l’avertit une dernière fois et lui remplit de nouveau les deux paniers. Il les prit et alla les accrocher dans le carbet de Katu’aiwöt. Celui-ci toucha les poches d’eau ; pour lui, ça coulait comme une douche et il se baigna.

La saison sèche approchait ; Katu’aiwöt délimita un grand abattis qui comprenait plusieurs montagnes et il dit à ses filles :

« Que votre mari aille sabrer l’abattis ! »

Ka’akatuwãn prit son sabre et partit sabrer l’abattis. Il se rendit compte qu’il ne pourrait jamais finir en une journée ; il s’assit et pleura. La Fourmi manioc arriva et lui dit :

« Pourquoi pleures-tu Ka’akatuwãn ? »

« C’est Katu’aiwöt qui m’a dit de sabrer ce grand abattis, je ne pourrai jamais finir aujourd’hui. » répondit le teko.

« Sors ! Sors de l’abattis, je vais t’aider » dit la Fourmi manioc.

Elle appela ses troupes qui finirent le sabrage. Ka’akatuwãn sortit de l’abattis, se baigna, se fit peigner, mangea et quand le soir arriva, il coucha avec ses épouses.

Le lendemain, le père interrogea ses filles :

« Est-ce vraiment votre mari ? »

« Oui, c’est vraiment notre mari, c’est son sexe qui brûle » répondirent-elles.

Le père qui avait de plus en plus de soupçon, s’interrogeait :

« Il courbe l’arc multicolore, son sexe brûle… » Il donna une hache à ses filles et leur dit :

« Qu’il abatte les arbres aujourd’hui. »

70 Corbeille à farine de manioc

71 Couleuvre à manioc

72 Tamis à manioc

Ka’akatuwãn prit la hache et partit pour l’abattage. Comme d’habitude, il pleura devant l’ampleur de la tâche. Le Longicorne scieur arriva et lui dit :

« Pourquoi pleures-tu Ka’akatuwãn ? »

« On m’a dit d’abattre tous ces arbres, je ne pourrais jamais finir aujourd’hui. » répondit-il désespéré.

« Sors ! Il veut te manger, sors ! » Lui dit le longicorne scieur.

Il appela ses troupes et ils abattirent tous les arbres.

Le lendemain, Katu’aiwöt donna de l’encens à ses filles et leur dit :

« Que votre mari aille mettre le feu à l’abattis qu’il survolera après y avoir mis le feu. »

Ka’akatuwãn prit l’encens et partit mettre le feu à l’abattis qui ne s’alluma pas car les feuilles n’étaient pas sèches, et qu’il ne pouvait pas survoler parce qu’il était trop lourd. Il se mit à pleurer.

Le Tepiaõ arriva et lui dit :

« Pourquoi pleures-tu Ka’akatuwãn ? »

« On m’a dit de brûler cet abattis qui n’est pas encore sec » répondit le Teko.

« Sors! Il veut te manger, sors ! » Lui conseilla le Tepiaõ.

À chaque fois qu’il se mettait à pleurer, on avait pitié de lui, on lui disait toujours la même chose, il prenait peur et cherchait un moyen de redescendre sur terre.

Le Tepiaõ lâcha un gaz, il péta, péta encore, voilà que l’abattis sécha. Puis il se mit au milieu et péta un bon coup et alluma le gaz qui s’enflamma. Ka’akatuwãn vola mais ne put aller plus haut.

Alors le Vautour arriva et lui dit :

« Passe-moi ton habit ! »

Il le lui passa. Le Vautour survola haut l’abattis. De son village, Katu’aiwöt voyant cela, dit à ses filles :

« Regardez votre mari qui survole notre abattis ! »

Le Vautour redescendit, repassa son habit au Teko et reprit le sien. Le Teko rentra au village. Le lendemain Katu’aiwöt prit un épi de maïs, un morceau de tige de manioc et partit planter tout l’abattis.

Le même jour, il rapporta du maïs bon à manger et il dit à ses filles :

« Allez chercher du maïs et faites-en du cachiri ! »

« Nous irons demain, nous sommes fatiguées » répondirent-elles.

Le lendemain, les filles prirent leurs hottes et partirent chercher du maïs et du manioc, mais ils n’étaient pas mûrs. Leur père dit :

« Dorénavant, nous peinerons à trouver de quoi nous nourrir. » Le père dit ensuite à ses filles :

« Que votre mari aille faire la nivrée. »

Elles donnèrent à leur mari un petit bout de liane. Le Teko pris la liane, il l’écrasa, en remplit une petite hotte. Après l’avoir remplie, il alla la tremper dans le grand bassin. Il attendit, mais pas un poisson ne flotta. Il se mit à pleurer et se demanda :

« Comment faire ? »

Le Martin-pêcheur arriva et lui dit :

« Pourquoi pleures-tu Ka’akatuwãn ? »

« On m’a dit de faire la nivrée avec seulement un tout petit bout de liane » répondit l’homme.

« Sors, ramasse les poissons ! » reprit le martin-pêcheur.

Il prit son arc, ses flèches et flécha le milieu du grand bassin qui s’assécha. Le Martin-pêcheur répéta :

« Ramasse les poissons maintenant »

Il ramassa par terre autant de poissons qu’il voulait : coumarou, aïmara, pacou… le Martin-pêcheur dit à nouveau :

« Prends la quantité que tu veux, je vais retirer la flèche et le bassin se remplira. » Le Teko jeta sur la rive les poissons, encore et encore. Puis le Martin-pêcheur lui dit :

« Sors ! »

Il retira sa flèche et le bassin se remplit. Le Teko rassembla les poissons, il y en avait beaucoup. Il fabriqua une hotte de portage, mais elle ne pouvait pas tout contenir, et il se demanda :

« Comment vais-je transporter tous ces poissons ? »

Il se mit à pleurer. Le Martin-pêcheur n’était pas parti et il revint lui dire :

« Vas me chercher cette feuille. »

Le Teko revint avec les feuilles ; le Martin-pêcheur avait déjà préparé un tout petit paquet dans lequel il avait mis tous les poissons et il lui dit :

« Rapporte ce paquet et accroche-le là où on te dira. » Le Teko pris le paquet et se demanda :

« Comment ce tout petit paquet peut-il contenir tous ces poissons ? »

Il ouvrit doucement le paquet et quel gâchis ! Tous ces poissons tombèrent par terre ! Il se remit à pleurer. Le Martin-pêcheur n’était pas parti parce qu’il savait qu’il allait tout gâcher, et il revint lui dire :

« Vas me chercher d’autres feuilles ! »

Pendant qu’il avait le dos tourné, le Martin-pêcheur avait déjà cueilli des feuilles et mit trois poissons dedans, qui se multiplièrent instantanément, et il pria l’homme une dernière fois :

« N’ouvre plus le paquet, je vais partir. »

Le Teko emporta le paquet et l’accrocha dans le carbet de Katu’aiwöt. Il dit à ses femmes :

« Voilà les poissons ! » Ses femmes dirent à leur père :

« Voilà les poissons que notre mari a rapportés ! » Leur père dit :

« Apportez trois gros pots ! »

Les filles ramenèrent les trois pots ; leur père s’approcha du paquet et l’ouvrit. Les trois gros pots furent vite pleins et il dit à ses filles :

« Couvrez les pots pour que ça fermente. »

Le quatrième jour, les poissons étaient pourris. Katu’aiwöt goûta à son breuvage et dit :

« C’est bien fermenté, préparez-vous à boire ! » Le Teko se dit :

« Je ne boirais pas ça, je vais m’enfuir. » Il dit à ses femmes :

« Je vais me baigner. »

Il partit se baigner. Un urubu passa et le Teko lui lança :

« Où vas-tu ? »

« Je vais sur terre » lui répondit l’Urubu.

« C’est possible que je vienne avec toi ? »

« Non, je ne pourrai pas t’emmener, ma pirogue est lente, il y a une pirogue plus rapide qui arrive bientôt, attends-la ici. »

L’Urubu n’était pas parti, il était resté dans un coin pour surveiller. Le Pigeon passa ; le Teko lui fit signe de s’arrêter et lui dit :

« Où vas-tu ? »

« Je vais à terre pour manger un peu de piment » répondit le Pigeon.

« Serait-ce possible que je vienne avec toi, parce que les autres vont boire des choses pourries, je n’aime pas ça. »

Le pigeon lui accorda le passage :

Le pigeon lui accorda le passage :

Dans le document The DART-Europe E-theses Portal (Page 109-130)