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La validité et le degré de pertinence de la compréhension de la réalité

CHAPITRE 3 : PERTINENCE DE LA MOBILISATION DE L’ETUDE DE CAS

3.3. Exigence d’une légitimité des connaissances : les « Tests-qualité » de l’étude

3.3.2. La validité et le degré de pertinence de la compréhension de la réalité

compréhension de la réalité construite par les acteurs étudiés

La validité concerne la nécessité de produire des résultats qui contribuent à mieux comprendre une réalité, un phénomène. Trois niveaux d’analyse nous aident à la mesurer : la validité du construit ou validité théorique, la validité interne et la validité externe (Yin, 1994).

3.3.2.1. La validité de construit ou validité théorique

En recherche qualitative inductive, la validité de construit ou validité théorique renvoie à l’établissement de mesures opérationnelles correctes pour les concepts ou paradigmes théoriques étudiés. L’erreur de construit conduit un chercheur à choisir des mesures inadaptées au concept étudié, par manque de réflexion préalable sur la mesure sélectionnée ou par absence de confrontation avec d’autres mesures existantes. Une première tâche consiste alors à définir les concepts à partir des travaux d’auteurs, reconnus dans leur domaine d’expertise. Cette première a été accomplie au chapitre 1, à travers une sélection rigoureuse des textes pour la revue de littérature. Ensuite, le chercheur doit identifier tant les faits

109 qui génèrent le concept que ceux qui le traduisent. C’est à travers la multi angulation des données, des temps de collecte, des personnes, des théories et des méthodes qu’il y parviendra (Hlady Rispal, 2002). Des précisions sur l’adaptation du principe de la multi angulation à notre cas sont détaillées au chapitre 4. Mais nous pouvons dire à ce sujet que plusieurs sources d’informations ont servi lors de la collecte (orales, écrites), que différentes méthodes d’investigation ont été mobilisées (entrevue, questionnaire, observation) ainsi que diverses stratégies d’analyse des donnée (la narration et la quantification), par exemple. De plus, la littérature suggère plusieurs mécanismes pour minimiser les biais de construction tels que la remise en cause systématique. Par exemple, le guide d’entretien a été transformé en questionnaire pour répondre à l’exigence du premier cas recruté. Finalement, cet outil s’est avéré précieux pour valider une donnée, comme nous l’expliquons au chapitre 4. La pré-analyse a également subi plusieurs suspensions au cours de la recherche, marquées surtout par le retour tardif des mails des participantes validant les comptes rendus de chaque entretien. Globalement, une relecture constante des données consignées sous forme de comptes rendus d’entretiens donnant lieu à une discussion, au début de chaque entrevue ou en fin d’étude de cas avec chaque personne interviewée, constitue un autre mécanisme suggéré par la littérature pour minimiser les biais de construction d’une étude de cas.

3.3.2.2. La validité interne

La validité interne, quant à elle, est orientée vers l’authenticité de la représentation de l’objet (Yin, 1994). Pendant les phases de collecte et d’analyse des données, le chercheur doit observer un certain nombre de principes indispensables pour assurer la validité interne de sa recherche. Ainsi, lors de la collecte des données, le chercheur peut, tout au long des entretiens, réaliser des synthèses qui rendent compte de sa compréhension de ce qui vient d’être exprimé (élaboration des fiches d’entrevues insérées dans l’annexe 4). De même, lors de chaque nouvel entretien, il peut réaliser une synthèse de ce qui avait été dit la séance précédente et s’assurer de ne pas avoir commis de contresens interprétatif70. Lors de l’analyse

110 des données, Glaser et Strauss (1967) préconisent d’élaborer pour chaque cas une explication, en mettant en place un processus de génération d’hypothèses. Ce processus consiste à développer des idées à tester pour une étude ultérieure dans le cadre d’une démarche itérative. En effet, nous avons, dans un premier temps, procéder au diagnostic de chaque Business Model, à l’aide de la méthode PMI71. Ensuite, nous avons considéré uniquement la colonne « Plus » pour faire émerger les informations descriptives et les informations explicatives. Ces deux types d’informations constituent finalement la base de la formulation des propositions finales de notre recherche. Enfin, la remise d’un compte rendu final évoquant ces propositions et sa validation par chaque participante à la recherche a constitué une autre garantie de validité interne.

3.3.2.3. La validité externe

La validité externe se concentre sur les problèmes de « généralisabilité » des résultats. En effet, une logique inductive tente de saisir l’applicabilité à d’autres cadres ou environnements les idées et les thèmes générés dans un cadre ou un environnement spécifique. Ceci est un défi important qui évoque la limite de généralisation statistique reconnue à la méthode de cas. Mais, cette limite n’est pas justifiée puisque ses détracteurs commettent une erreur de confusion entre un échantillon statistique d’une étude par enquête et l’échantillon théorique d’une étude de cas (Yin, 1994). Le premier autorise une généralisation statistique fondée sur la fréquence alors que le second conduit à une généralisation analytique ou théorique dont le but est d’étendre une théorie (Yin, 1994). La généralisation analytique amène donc le chercheur à la généralisation d’une série particulière de résultats en vue d’accéder à une théorie plus large (ibid.).

Finalement, la fidélité et la validité, en tant qu’éléments constitutifs « du test-qualité » de l’étude, s’avèrent difficiles à atteindre de façon optimale, quelles que soient les méthodes utilisées, mais constituent des défis à relever pour le chercheur.

Le besoin d’expliquer comment identifier des cas à étudier et à les rendre accessibles a conduit à l’élaboration d’une méthode : l’étude de cas. Dans ce

111 chapitre, nous avons, d’abord, justifié la pertinence de sa mobilisation ainsi que la nécessité d’une étude de cas multi sites. In fine, au-delà de l’originalité de la méthode de cas, du projet sous étude et de l’objectif visé, le positionnement épistémologique adopté constitue également un argument en faveur d’une recherche par étude de cas. L’explication sur le cheminement méthodologique, des critères de sélection jusqu’au recrutement des cas soumis à l’étude, a clôturée la première section. Ensuite, nous avons développé les critères de scientificité de la méthode de cas (Paillé et Mucchielli, 2012), dans la deuxième section. Ces critères ou tests-qualité de l’étude de cas, doivent guider le déploiement du protocole aussi à la phase de collecte qu’à celle de l’analyse des données. Il convient donc, à présent, de montrer comment nous avons déployé le protocole pour l’immersion-terrain. C’est l’objet du chapitre 4.

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CHAPITRE 4 : DEPLOIEMENT DU PROTOCOLE D’ACCES