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Quelques indicateurs structurels de l’économie camerounaise

CHAPITRE 2 : LES SPECIFICITES DE L’ENTREPRENEURIAT FEMININ EN

2.2. Le contexte spécifique des femmes camerounaises créatrices d’entreprises

2.2.1. Bref aperçu historique du contexte socioéconomique du Cameroun

2.2.1.3. Quelques indicateurs structurels de l’économie camerounaise

Au cours de l’exercice 2012, les exportations du Cameroun ont été dominées par le pétrole brut (32,6 %), suivi par les cinq premières autres exportations (27,3 % du total) : il s’agit du cacao brut en fèves, du bois scié, du bois brut en grumes, du caoutchouc brut et du coton brut. Les produits vivriers et les biens d’équipement ont constitué l’essentiel des importations.

L’économie camerounaise s’articule autour de trois secteurs dont le taux de participation dans la constitution du PIB est matérialisé dans le tableau 15.

69 Tableau 15 : Décomposition du PIB par secteur (en %)

Période Secteur

Agriculture Industrie services 1965 - 1975 1976 – 1985 1986 – 1995 1996 - 2005 31,1 28,2 24,3, 22,6 19,2 27,0 30,3 31,5 49,7 44,8 45,4 45,9 2006 - 2007 19,7 31,0 49,3

Source : Banque mondiale (WDI), 2010

A la lecture de ce tableau, le secteur tertiaire se présente comme celui qui joue le rôle de locomotive dans la production des richesses.

Le classement du Cameroun dans l’édition 2013 du rapport Doing Business de la banque mondiale (au 161e rang sur 185 économies) témoigne du chemin à parcourir pour améliorer l’environnement des affaires du pays. Cet environnement reste défavorable eu égard à l’insécurité juridique relativement importante en matière d’application des droits des créanciers, des droits de propriété, par exemples (AFD, 2012). De plus, l’accès au financement demeure restreint et son coût élevé pour certains secteurs, tels que les PME ou le secteur agricole, du fait d'un risque de crédit élevé, associé à un manque d’épargne à long terme. Or, il est admis que la contrainte financière est souvent considérée comme étant un obstacle au développement économique d’un pays par le fait de limiter notamment la capacité d’émergence d’un tissu de PME et de TPE dans le secteur formel. Cette contrainte financière pourrait également rendre impossible la structuration financière des filières agricoles, dans le cadre spécifique du Cameroun. Fort de ce constat, et en vue de favoriser l’accès au financement pour les PME et les activités agropastorales, les autorités camerounaises ont créé en juin 2011, deux banques publiques, la Cameroon Rural Financial Corporation (CARFIC) et la banque camerounaise des PME (BC-PME SA) qui attendent encore l’octroi d’un agrément

70 par la Commission bancaire d’Afrique centrale (COBAC). En 2012, un certain nombre de réformes a encore été entrepris pour l’amélioration de l’environnement des affaires, telles que la révision de la réglementation relative à la création d’entreprises, à travers la prescription d’un nouveau délai de 48 heures pour les procédures devant notaires, avant de s’adresser au centre de formalités de création d’entreprises (CFCE), réduction des coûts de création d’entreprise de 22 % dans les CFCE, entre autres.

L’essentiel à retenir est que l’économie camerounaise connaît une transformation structurelle. Longtemps dominée par le secteur primaire37, la structure de cette économie a évolué avec une baisse relativement importante de la contribution de ce secteur dans le PIB (de 33 % entre 1998/1999 à 17 % en 2012, selon l’INS, 2012) au profit du tertiaire (commerce, hôtellerie et restauration), au cours des dix dernières années. Le sous-secteur pétrolier a également évolué et occupe une place importante dans l’économie. En effet, ce sous-secteur représente 40 % des exportations, au cours de la dernière décennie38.

L’agriculture de subsistance demeure néanmoins l’activité principale du secteur primaire. Bien que la production agricole repose à 90 % sur le travail des femmes, ces dernières ont perdu la maîtrise de ce secteur en raison de l’expansion des grandes cultures de rente, les confinant ainsi à la production vivrière.

Le secteur informel est également un élément incontournable de cette économie et est répandu dans le domaine de l’artisanat, des services et du micro-commerce. Ce secteur a enregistré une croissance continue, en particulier à la faveur de la crise économique. Selon les estimations, ce secteur emploie la majorité de la main-d’œuvre urbaine, et plus de 6 ménages sur 10 y tirent au moins une partie de leurs revenus (Rapport BIT/BAD, 2009). D’ailleurs, c’est dans ce secteur que la majorité des femmes entrepreneurs, qui représentent une bonne partie de l’ensemble des entrepreneurs au Cameroun, se retrouvent. Selon le même rapport, cette représentation est estimée à 56 % du total.

37 Le secteur primaire qui englobe l’agriculture vivrière et industrielle, l’élevage, la pêche et la

sylviculture, occupait 60 % de la population active, contribuait pour 20 % au PIB et représentait 25 % des exportations en 2004 (Abena, 2006).

71 A côté de cette économie dite « parallèle », le secteur formel regroupe toutes les entreprises dont la création satisfait aux conditions d’existence légale et formalités prescrites par les lois et règlements en vigueur dans le pays. A ce propos, et très récemment, une loi a été promulguée le 13 avril 2010 portant promotion des Petites et Moyennes Entreprises (PME), conformément au Code des Investissements du Cameroun. Dans ses dispositions générales, les PME comprennent : la Très Petite Entreprise (TPE), les Petites Entreprises (PE) et les Moyennes Entreprises (ME) 39. Le tableau 16 répertorie les critères d’inscription de ces PME au fichier national dans l’une des catégories ainsi déterminées40.

Tableau 16 : Synthèse des critères d’identification des PME au Cameroun

Critère TPE PE ME

Nombre d’employés 0-5 6-20 21-100 Chiffre d’affaires

annuel hors taxes < 15 millions de F CFA 15-100 millions de F CFA Entre 100 millions et 1 milliard NB : En cas de difficulté de classement d’une entreprise dans l’une des catégories déterminées, le

critère prédominant est le chiffre d’affaires annuel hors taxes.

Source : Extrait de la Loi n° 2010/001 du 13 avril 2010 portant Promotion des petites et moyennes entreprises au Cameroun

Les statistiques sur le nombre de PME et leur secteur d’activité ne sont pas connues en l’absence d’une base de données complète à ce sujet. Néanmoins, sur la base d’une étude menée en 2003 par le Centre de recherche et d’études en économie et sondage (Crètes) sur l’Etat des lieux/Identification villes de Douala et Yaoundé41, un aperçu de la participation des femmes à ce type d’entreprise est présenté dans le tableau suivant.

39 Dans les dispositions générales de cette Loi, une PME est réputée créée lorsqu’elle satisfait aux conditions d’existence légale et de formalités prescrites par les lois et règlements en vigueur.

40 Le fichier national est une base de données qui répertorie les PME opérant au Cameroun. Il est tenu par le Ministère en charge des PME ou tout autre organisme habilité à cet effet. L’inscription dans ce fichier donne droit au bénéfice des programmes de l’Etat au profit des PME.

72 Tableau 17 : Répartition des entreprises dont le promoteur est une femme suivant

le type et l’activité principale (en %) dans la ville de Douala

Secteur

d’activité entreprise Micro

Très petite entreprise (TPE) Petite entreprise (PE) Moyenne entreprise (ME) et moyenne industrie (MI) Mécanique/Tôlerie 5,3 Electricité/Dépannage d’appareils électroniques 5,3 25,0 Boulangerie/Crémerie 5,3 10 Couture/Broderie 57,9 Coiffure/Esthétique 10,5 25,0 30 Santé 25,0 20 50 Autres services 15,8 25,0 40 50 Total 100 100 100 100

Source : Rapport BAD/ BIT (2009)

Bien que ces données ne représentent pas la totalité des femmes entrepreneurs camerounaises, on peut supposer qu’elles en illustrent, du moins, quelques aspects. Par exemple, les micros entreprises détenues par les femmes entrepreneurs camerounaises restent majoritairement concentrées dans la couture/broderie, la coiffure/esthétique, confirmant ainsi l’idée de la prédominance des secteurs traditionnels. De plus en plus, les pratiques des femmes entrepreneurs évoluent avec l’apparition d’autres services représentant 15,8 % de micros entreprises, 25 % de TPE, 40 % de PE et 50 % de ME. Il s’agit, par exemple, des agences conseil, de l’imprimerie, de l’hygiène et assainissement, etc. La recrudescence de ces types de services n’est d’ailleurs pas exclusive au contexte camerounais (GEM 2005 ; Anna, Chandler et al, 2005 ; St-Cyr, 2001). La santé devient aussi de plus en plus une activité privilégiée, au regard des données figurant sur le tableau 17.

De plus, d’après la même enquête Crêtes (2003), sur 254 entreprises, 33 ont pour promoteur des femmes (environ 13 %) ; la majeure partie de ces entreprises sont des micros entreprises, suivies par la TPE, ensuite la PE et enfin la ME/MI qui représente 3,8 % du total. De même, en 2004-2005, la BAD a estimé à 7 100 le nombre d’entreprises visibles et enregistrées au Cameroun dont 38 % seraient détenues par des femmes.

73 Finalement, le faible taux de participation des femmes entrepreneurs dans l’économie formelle camerounaise (comparativement à celles des pays de l’Afrique du Sud, par exemple) illustré par ces deux études mérite qu’on s’y attarde un peu plus pour essayer de comprendre les raisons qui soutiennent cette situation.

2.2.2. Approche multidimensionnelle des obstacles liés à la