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Chapitre 4 : Vaccination et grossesse

4.2 Perceptions des sages-femmes face à la vaccination lors de la grossesse

4.2.1 Vaccination et pratique sage-femme : sa place et sa pertinence au sein du su

Dans le domaine de la santé, les positions divergentes ne font pas exception en ce qui a trait à la vaccination en général (Dubé et al. 2013c :1770), (pensons par exemple à la vaccination des travailleurs de la santé contre la grippe). La vaccination durant la grossesse, qui est relativement nouvelle, ne fait également pas l’unanimité. Il serait facile de croire que les médecins sont tous en faveur de cette intervention, tandis que les professionnels de la santé priorisant des méthodes de soins plus naturelles, tel que les sages-femmes, seraient tout à fait contre la vaccination chez la femme enceinte. Les onze sages-femmes répondantes se sont confiées sur la place et l’importance que détient la vaccination au sein du suivi sage-femme. Pour cette section, il est nécessaire de spécifier que les sages-femmes ont été questionnées sur la vaccination contre l’influenza chez la femme enceinte, bien qu’il soit possible de recevoir d’autres vaccins lors de la grossesse.

Au moment de la recherche, le vaccin contre l’influenza était recommandé durant la grossesse au Canada. En plus de ce vaccin, d’autres peuvent être administrés aux femmes enceintes de façon sécuritaire, si ces dernières sont à risque accru d’être en contact avec des pathogènes (exemple lors de voyages ou d’éclosions, etc.). Ces vaccins sont les suivants9 :

- hépatite B; - poliomyélite; - méningite; - pneumocoque;

- certains vaccins destinés aux voyageurs.

4.2.2 Vaccination lors de la grossesse, une nécessité?

Bien que la possibilité de se faire vacciner enceinte contre l’influenza soit méconnue pour plusieurs femmes, cette intervention est de plus en plus recommandée par les autorités de santé publique. Lorsqu’elles ont été questionnées sur la pertinence de la vaccination chez la femme enceinte, plusieurs sages-femmes répondantes ont affirmé que cette intervention n’est pertinente qu’en contexte d’épidémie, lorsque des maladies pouvant avoir des graves conséquences sur la mère ou sur le fœtus sont en expansion, ou lorsque des campagnes de vaccination recommandées par la santé publique sont mises en place.

9 Informations consultées sur le site de l’Agence de la santé publique du Canada : https://www.canada.ca/fr/sante-

En ce moment, il n’y a pas de grosses maladies qui se propagent c’est pour ça que je dirais que non, elle n’est pas nécessaire. S’il y a une compagne de vaccination, je vais avec. Si la santé publique dit : « voilà on vaccine tout le monde entre autres pour la grippe », allons-y. Je ne peux pas dire le contraire comme professionnelle, je ne peux pas dire : « fais attention ». Mais en ce moment, il y a rien qui se passe. Je ne dirai pas à ma cliente : « vas te faire vacciner pour la grippe c’est urgent », il n’y a rien qui se passe (répondante sage-femme #1).

La vaccination peut être un sujet tabou pour les familles et il devient difficile de prendre position face aux multiples discours antagonistes qui la concernent. Face à cette situation, les sages-femmes tentent d’accompagner les femmes dans leurs prises de décisions en leur fournissant des informations pertinentes et en répondant à leurs interrogations, afin que ces dernières puissent faire le bon choix pour leur bébé, leur famille et pour elles-mêmes. Il est reconnu que « les différents acteurs en périnatalité se doivent d’être en mesure d’apporter aux futurs parents l’information nécessaire à la bonne compréhension des enjeux de cette prévention vaccinale » (Pinquier et al. 2008 : 462).

Je te partage la position officielle des sages-femmes qui est selon moi, que par le fait qu’on est des professionnelles de la santé dans le réseau québécois de santé publique, on n’a pas le choix de donner de l’info sur les vaccins et de les recommander dans une certaine mesure. Quand c’est une mesure que l’INSPQ va recommander, on n’a pas tellement le choix en étant nous-mêmes professionnelles dans le réseau de la santé. Toutefois, notre position avec la vaccination comme étant avec tous les autres choix, c’est de donner les informations aux couples et qu’eux prennent la décision. Encore là, on va agir de la même façon avec une femme qui nous pose des questions sur la vaccination antigrippale en grossesse. On va lui donner les pours, les contres, les explications, une histoire d’où ça vient ce vaccin-là et les conséquences et les bénéfices que ça peut avoir. On va encore ici accompagner la femme dans sa prise de décision (répondante sage-femme #4).

Nombreuses sont les sages-femmes répondantes qui ont relaté ne pas aborder d’emblée la vaccination avec leurs clientes. En fait, la vaccination est mentionnée lorsqu’une femme se trouve dans une situation précaire ou présentant des conditions à risque, lorsqu’elle a des interrogations, ou lors de la saison grippale. « Je n’en parle pas nécessairement, j’en parle si elle a des questions ou des facteurs de risque, comme travailler dans le domaine de la santé,

ou qu’elle a des enfants en bas âge, des choses comme ça » (répondante sage-femme #8). Quelques répondantes ont souligné le fait que les informations sur la disponibilité de la vaccination lors de la grossesse est bien affichée dans leur maison de naissance et qu’ainsi, elles ne ressentent pas l’obligation ou la nécessité de l’aborder avec les femmes. « On a une affiche dans notre bureau qui parle de la vaccination contre la grippe, les femmes la voit et certaines posent des questions et on y répond » (répondante sage-femme #6).

Deux répondantes ont souligné vouloir prévenir les infections autrement que par la vaccination, en optant davantage pour des méthodes de soins naturelles et en faisant la promotion de saines habitudes de vie. « Je vais avoir plus envie de travailler avec la femme sur son système immunitaire, essayer de le renforcir et prévenir les infections que d’aller injecter un vaccin qui va… le vaccin il y a certains agents chimiques qui peuvent venir influencer le système immunitaire de la femme enceinte, qui est déjà variable durant la grossesse, donc d’aller injecter un produit chimique pour moi c’est de venir jouer sur un terrain qui est déjà débalancé par la grossesse » (répondante sage-femme #10).