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UNITÉ 6 : RÉSERVE FAUNIQUE MASTIGOUCHE

Dans le document DE LA MAURICIE (Page 80-88)

5 ENJEUX ET STRATÉGIES DE DÉVELOPPEMENT

6.6 UNITÉ 6 : RÉSERVE FAUNIQUE MASTIGOUCHE

La réserve faunique Mastigouche est rattachée aux régions de la Mauricie et de Lanaudière, puisqu’elle est située à la fois dans les territoires des MRC de Maskinongé et de Matawinie. Elle est toutefois considérée au complet dans cette analyse. Sa superficie est de 1574 km², sur terres du domaine public. Les plans d’eau les plus importants sont le lac Sorcier, le Grand lac des Îles, le lac Saint-Bernard et le lac Shawinigan. Les grandes rivières sont celles du Loup, Mastigouche-Nord, Sans Bout et des Îles. La réserve est située dans la zone de chasse et pêche 15 et la vocation principale du territoire est récréoforestière.

6.6.1 Infrastructures d’accès et d’accueil

L’unité est jugée moyennement accessible. Elle est située à 100 km au nord-ouest de Trois-Rivières, à 140 km au nord de Montréal et à 230 km à l’ouest de Québec. On peut y accéder par trois postes d’accueil : Pins rouges (via Alexis-des-Monts), Catherine (via Saint-Charles-de-Mandeville) et Bouteille (via Saint-Zénon ou Saint-Michel-des-Saints). L’entrée Pimbina, au nord, ne permet plus l’accès depuis que le pont a été fermé.

D’après des calculs basés sur des photographies aériennes datant de 1988, 1992 et 1996, le réseau routier dans la réserve est carrossable à 43%, comptant près de 12 km de route par 10 km² de territoire. Toutefois, environ les trois-quarts des chemins primaires et secondaires sont carrossables. L’hiver, la réserve faunique est accessible en motoneige par des sentiers locaux et régionaux et compte moins d’un kilomètre de sentier par 10 km² Les motoneigistes utilisant ces sentiers ne sont généralement que de passage dans la réserve car il n’y a pas d’infrastructures aménagées spécifiquement pour cette clientèle.

On retrouve environ 17 camps de piégeage dans cette unité. La densité des bâtiments, qui sont tous opérés par la SÉPAQ, y est très faible, soit de 0,4 chalets par 10 km² de territoire. La capacité d’accueil du territoire est de 301 places, dont 199 en chalets et 88 en refuges, ainsi qu’un terrain de camping aménagé comptant 78 emplacements avec ou sans services sanitaires et environ 60 emplacements rustiques..

6.6.2 Portrait de la demande 6.6.2.1 Pêche sportive

L’espèce sportive recherchée dans cette unité est l’omble de fontaine. La pêche en milieu lacustre compte pour 95% de l’effort de pêche, soit 25 234 jours de pêche. En 1999, environ 261 lacs étaient exploités pour la pêche, et 124 lacs (48%) étaient réservés pour la clientèle de la pêche à la journée. En terme de pression de pêche, la tendance est stable dans cette unité et considérée moyenne (2,4 jours de pêche par hectare d’eau) à l’échelle régionale.

6.6.2.2 Chasse

Le nombre d’inscriptions au tirage au sort pour la chasse à l’orignal est un bon indice de la demande. En 2001, environ 3600 personnes se sont inscrites à ce tirage (2800 avec hébergement en chalet et 740 en camping). La demande est environ cinq fois plus élevée que dans la réserve faunique Saint-Maurice, malgré la probabilité plus faible d’être pigé au tirage au

Unité 6. Réserve faunique Mastigouche

sort. La chasse à l’ours noir a, quant à elle, attiré 28 chasseurs au cours de l’année 2000 dans la réserve.

Les espèces en demande pour la chasse au petit gibier sont le lièvre d’Amérique et la gélinotte huppée. Au cours de la période de 1990 à 2000, la pression de chasse au petit gibier a subi une baisse de 38% mais est relativement stable depuis 3-4 ans. L’activité représente en moyenne 2800 jours de chasse ces dernières années, soit une pression supérieure à celle observée dans la réserve Saint-Maurice. La nouvelle tarification pourrait être en partie associée à cette baisse marquée de la fréquentation pour les petits gibiers. Or, cette activité demeure peu importante dans l’unité.

Étant donné le peu de surface occupée par des milieux humides dans la réserve, la chasse à la sauvagine demeure accessoire et peu en demande.

6.6.2.3 Piégeage

La réserve est divisée en 25 terrains de piégeage enregistrés et la demande pour les terrains qui pourraient se libérer est très forte. La transmission des terrains se fait de trappeur à aide-trappeur plutôt que par tirage au sort.

6.6.2.4 Observation de la faune et activités en milieu naturel

Les chalets de Mastigouche sont parmi les plus achalandés du réseau des réserves fauniques, avec un taux d’occupation global de 98%. La qualité de l’offre de pêche associée à l’ensemble de l’hébergement explique la très forte demande pour les chalets. Les refuges sont occupés à 33% mais seul ceux associés à la pêche durant une partie de la saison sont plus fréquentés que les autres. Le seul camping aménagé, au lac Saint-Bernard, est bien occupé avec un taux de 48%.

La réserve compte quatre sentiers de randonnée et d’interprétation de la nature qui sont dispersés sur le territoire et peu fréquentés. Ils répondent principalement aux besoins de la clientèle qui effectue des visites d’une journée et des pique-niques. Dans la réserve faunique, outre les activités déjà mentionnées, il est possible de faire de la baignade, du canotage, du canot-camping, du vélo de montagne, et de la cueillette. L’activité non-consommatrice la plus populaire est les visites / pique-niques, mais les statistiques ne permettent pas d’évaluer l’importance des activités non-consommatrices dans la fréquentation totale de la réserve.

6.6.3 Portrait de la ressource faunique et de son habitat 6.6.3.1 Le milieu biophysique

6.6.3.1.1 Habitats aquatiques

On dénombre 1294 plans d’eau sur le territoire, lesquels couvrent une superficie d’environ 100 km². Du nombre total de ces plans d’eau, 63% sont des étangs dont le potentiel piscicole est négligeable (superficie de moins d’un hectare).

Unité 6. Réserve faunique Mastigouche

Figure 11 Carte de l’unité 6 : Réserve faunique Mastigouche

Unité 6. Réserve faunique Mastigouche Avec les rivières, la superficie totale en eau est de 103 km², soit 6,5% du territoire, ce qui est moyen comparativement aux autres unités de la Mauricie. On y trouve une forte proportion de lacs entre 5 et 100 ha. Sur les 215 lacs analysés dans l’unité, 15% (32 lacs) sont considérés acides et 39% sont en voie de l’être, c’est-à-dire que leur pH se situe entre 5,5 et 6,0. Ils se retrouvent principalement au sud-est et au nord de la réserve. Les lacs acides peuvent présenter des conditions limitantes pour la faune aquatique.

6.6.3.1.2 Habitats terrestres

La réserve faunique Mastigouche se trouve dans la zone tempérée nordique, sous-zone de la forêt décidue, domaine de l’érablière à bouleau jaune. La superficie en forêt est de 1423 km², ce qui correspond à presque toute la portion terrestre de l’unité. L’âge des peuplements est fonction des coupes forestières ; 58% ont moins de 40 ans. D’après les plans quinquennaux de 2001 à 2005, les coupes forestières sont bien distribuées sur le territoire : au sud-est du lac Patoulet, au nord du lac Saint-Bernard, au nord du lac Shawinigan, à l’ouest et au nord du lac Sorcier et au sud du Grand lac des Îles, et enfin, au nord-est du lac au Sable.

6.6.3.1.3 Milieux humides

On note la présence de zones marécageuses d’importance au lac Bourassa (aménagé par Canards Illimités) et au lac Sans Bout; elles pourraient présenter un potentiel d’observation de la faune.

6.6.3.2 La faune

6.6.3.2.1 Faune aquatique

On dénombre 16 espèces de poissons dans la réserve. Le territoire est dominé par l’omble de fontaine, présent dans presque tous les plans d’eau. Les autres salmonidés ne sont présents que dans quelques lacs : la ouananiche aux lacs Sorcier et Théodule, et le touladi aux lacs Saint-Bernard, Tonnerre, Noël, au Sable et Chamberlain.

La principale communauté piscicole de l’unité est composée d’ombles de fontaine vivant en association avec le ventre rouge du nord. De par l’importante superficie des bassins versants qu’elle occupe, soit 750 km² correspondant à près de la moitié du territoire, cette communauté de poissons s’avère exceptionnelle à l’échelle du Québec. La faible compétition entre les deux espèces, permet un rendement élevé pour l’omble de fontaine. Ailleurs dans la réserve, cette dernière espèce est surtout associée aux mulets à cornes ou perlés et aux meuniers noirs. Des travaux de restauration de la diversité d’origine ( repeuplement en ombles de fontaine ) ont eu lieu sur plusieurs lacs récemment (Bonom, Dispos, Jaseur, des Pissenlits, Violon, Bleu, Pyrole, Portage, Sanglier et Cailloux).

Unité 6. Réserve faunique Mastigouche

La réserve faunique de Mastigouche offre la meilleure qualité de pêche de la région. On ne remarque pas de contraintes majeures à l’exploitation, sinon la colonisation de plans d’eau par certaines espèces compétitrices. Il est à noter que le taux d’exploitation du potentiel de l’omble de fontaine dépasse annuellement 90%. En 1999, la SÉPAQ a ensemencé 49 690 fretins dans 30 lacs de la réserve. Au cours de cette année, 10,4% des captures d'ombles de fontaine provenaient de 42 lacs ensemencés périodiquement. En 1995, on jugeait que la possibilité de pêche à l’omble de fontaine pouvait être légèrement accrue en augmentant le nombre de lacs exploités. Sur 100 lacs inexploités en 1995, près de la moitié présentait un potentiel de pêche suffisant pour justifier une exploitation occasionnelle.

6.6.3.2.2 Grande faune

En 1995, la densité hivernale d’orignaux, estimée à 3,2 bêtes par 10 km², était particulièrement élevée. Dans la partie nord de la réserve, cette densité serait environ trois fois plus importante que celle de la zone. L’abattage de l’orignal dans cette unité est en moyenne près du double de la zone. Il a accusé une légère tendance à la baisse suivant l’entrée en vigueur des modalités sur la femelle, puis augmenté récemment (2000 et 2001). La proportion des mâles dans la récolte est supérieure à celle de la zone mais la productivité est faible. En effet, le nombre de veaux par 100 femelles est exceptionnellement bas en fonction du taux d’exploitation qui varie de 9 à 14% de 1994 à 2000 dans la réserve. Malgré ce taux d’exploitation plus faible qu’ailleurs, on ne peut augmenter substantiellement le prélèvement sans que la population ne soit affectée, en raison du fait que la chasse se pratique en partie pendant la période de rut. Une augmentation de la pression de chasse et du prélèvement ne devrait être envisagée qu’avec une très grande prudence, après constat d’une augmentation du cheptel.

Le cerf de Virginie ne fait l’objet que de rares mentions dans l’unité et la population ne permettrait pas un prélèvement soutenu.

La récolte moyenne d’ours noir dans la réserve faunique Mastigouche augmente sensiblement depuis 1990. Elle est passée de 10 ours par année (1990-1993) à 13 (1994-1997) et à 19 (1998-2000). Cette dernière récolte, soit 0,12 ours/10 km2, est supérieure au prélèvement suggéré dans le plan de gestion pour les réserves fauniques. Selon la densité moyenne de la zone 15 (2 ours/10 km²), le taux d’exploitation ne serait que de 6% même si le succès de chasse est historiquement faible (30%). Pendant la période 1990-2000, la proportion des mâles dans la récolte par la chasse est passée de 52% à 58%, ce qui est encore faible, mais indique un redressement de la population puisque les mâles doivent normalement, de par leurs habitudes comportementales, être plus nombreux dans la récolte. La récolte, très forte (0,26 ours/10 km²) en bordure de la réserve, affectait sa population. Depuis l’application du plan de gestion en 1998, le prélèvement à l’extérieur de la réserve a connu une baisse de 70%, de sorte que la densité devrait augmenter aussi dans la réserve. Dans ces conditions, un taux de prélèvement de 0,15 ours/10 km² serait acceptable et permettrait la récolte de 24 ours annuellement. Advenant une augmentation du succès de chasse et du pourcentage de mâles dans la récolte, le quota pourra être haussé et ce, de manière prudente et progressive.

6.6.3.2.3 Petite faune

D’après les données de récolte, le lièvre a connu un sommet d’abondance en 1989, mais les statistiques ne montrent pas de variation depuis ce temps, probablement parce que son exploitation s'avère marginale. Selon la périodicité de l’espèce, son abondance devrait être à la baisse au début des années 2000. Ce serait également le cas pour la gélinotte huppée.

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6.6.3.2.4 Animaux à fourrure

L’unité fait partie, avec la réserve faunique Saint-Maurice, de l’UGAF 36. L’exploitation des animaux à fourrure dans la réserve indique que les espèces les plus récoltées sont le castor, la martre, la belette et le rat musqué. Cependant, l’UGAF arrive au premier rang régional pour les prélèvements de pékans et au second pour la belette. Par rapport à la réserve Saint-Maurice, on capture nettement plus de belettes, de lynx du Canada, de loutres et de loups dans la réserve Mastigouche, et nettement moins de coyotes, d’écureuils roux, de rats musqués, de mouffettes rayées et de renards.

6.6.3.3 Principaux sites et activités d’intérêt récréofaunique ou écotouristique

La réserve faunique compte sur son territoire la réserve écologique Marie-Jean-Eudes, qui couvre une superficie de 845 ha. Cette réserve écologique assure la protection d’écosystèmes représentatifs de la région écologique des Moyennes Laurentides de la Mauricie, laquelle appartient au domaine de l’érablière sucrière à bouleau jaune. D’autre part, on retrouve une héronnière de 26 nids sur une île du lac Saint-Bernard.

6.6.4 Enjeux et stratégies de développement

Des trois réserves fauniques accessibles aux montréalais dans un rayon de 150 km, c’est celle Mastigouche qui présente la meilleure offre faunique. Cependant, le potentiel de la réserve ne permet que peu de prélèvements supplémentaires, sauf pour les petits gibiers. Il s’agit d’un milieu sauvage peu fréquenté par rapport à son voisin, le parc national de la Mauricie.

6.6.4.1 Constats généraux

• Territoire sauvage situé près des concentrations humaines et comportant de nombreux plans d’eau facilement accessibles ;

• Demande supérieure à l’offre pour la chasse à l’orignal et la pêche ;

• Territoire reconnu pour une qualité de pêche aux salmonidés ;

• Rivières pouvant supporter une pression de pêche accrue au début de la saison ;

• Qualité de chasse à l’orignal élevée à l’échelle régionale;

• Exploitation optimale du potentiel faunique pour les espèces les plus en demande limitant possiblement le développement ;

• Activités sans prélèvement reliées à la faune (observation et interprétation) non développées;

• Clientèle relativement satisfaite ;

• Bonne qualité des infrastructures d’accueil;

• Nécessité de continuer à améliorer la qualité (confort) du produit d’hébergement.

6.6.4.2 Problématiques de l’unité

• Présence d’espèces compétitrices ayant profondément modifié l’équilibre des communautés d’origine et détérioré sensiblement la qualité de pêche à l’omble de fontaine;

• Baisse de la demande pour la chasse au petit gibier, probablement due à la hausse de la tarification;

• Certaines activités récréatives ne sont pas rentables;

• Sites d’observations de la faune au lac Bourassa non utilisés;

Unité 6. Réserve faunique Mastigouche

• Certaines infrastructures nécessitent des réparations importantes (travaux en cours).

6.6.4.3 Axes de développements

• Maintenir la notoriété de la réserve pour sa qualité de pêche;

• Accroître l’offre de pêche dans les secteurs les plus problématiques;

• Augmenter la chasse aux petits gibiers;

• Privilégier le développement de produits touristiques i.e. visant la clientèle extra régionale;

• Harmoniser et intégrer la mise en valeur de la réserve avec les grands axes de développement de mise en marché régional et touristique de la Mauricie et Lanaudière.

6.6.4.4 Projets

• Ensemencer certains lacs propices suivant une modalité « dépôt-retrait » ;

• Restaurer la biodiversité d’origine de certains lacs (continuation);

• Offrir des lacs à la pêche sans aucun service (pêche sauvage);

• Promouvoir d’avantage la chasse au petit gibier;

• Développer un partenariat avec des établissements touristiques locaux afin qu’ils puissent offrir de la chasse aux petits gibiers à leur clientèle (nouvelle tentative);

• Pour la chasse à l’ours, contrat de partenariat avec possibilités d’augmenter le prélèvement en bordure immédiate du parc national;

• Compléter l’aménagement du sentier de courte randonnée dans le secteur du camping Saint-Bernard et y intégrer de l’observation et de l’auto-interprétation;

• Organiser des évènements populaires ou des manifestations sportives sans prélèvement faunique ;

• Remplacer ou ajouter des équipements pour améliorer la qualité de l’hébergement et des services offerts.

Unité 7. Parc national de la Mauricie

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