• Aucun résultat trouvé

Chapitre 2 : Le territoire d’étude : conséquences sur la problématique

3. Une ville marquée par l’urbanisation croissante

Notre zone d’étude se situe dans les limites administratives de la commune urbaine de Mahajanga, ce que nous justifions par la suite.

3.1. Une répartition inégale de la population

Etendue sur 53 km², la Commune Urbaine de Mahajanga18

(CUM) est composée de 26 quartiers ou fokontany qui sont divisés en secteurs. La densité moyenne est de 76 habitants/ha. Mais une analyse spatiale révèle une répartition inégale de la population au sein de la CUM (figure I-8). Le PUDi19

(2004) distingue cinq types de quartiers :

 Les quartiers modernes occupent la façade occidentale de la ville (Mahajanga Be et

Mangarivotra). Ils constituent les quartiers aisés de Mahajanga. Ils sont dotés d’équipements collectifs et de réseaux d’assainissement et sont séparés des quartiers populaires par de grandes avenues.

 Les quartiers populaires qui se trouvent à l’Est du centre ville. Ces quartiers sont inondés

périodiquement en saison de pluies. Les habitations y sont très précaires et insalubres. Les quartiers populaires, souvent à haute densité (250 à 400 hab/km²), ne bénéficient que de quelques éléments socio-économiques de proximité (marchés – écoles – mosquées).

 Les quartiers spontanés dans lesquels les habitats spontanés se sont implantés, en

périphérie des quartiers populaires et en zone inondable (100 à 250 hab/km²). Ces quartiers présentent des grandes caractéristiques communes : la prédominance des migrants, l’absence de lotissements, d’infrastructures et d’équipements collectifs adéquats.

 Les quartiers mixtes s’étendent de la partie Nord du quartier de Mahajanga Be au quartier

de Mahavoky Avaratra. Les habitats sont spontanés à plus de 50%, mais on y trouve également des zones résidentielles sur les hauteurs et le long de la côte, ainsi que les équipements administratifs (50 à 100 hab/km²).

 Les quartiers ruraux qui sont situés dans la zone Nord Est de la Ville (Ambondrona,

Amborovy,…). Environ 20 000 habitants y sont répartis et les densités y sont très faibles (0 à 50 hab/km²). L’habitat rural y prédomine. C’est ici que se concentrent les activités rurales de la ville. La plupart des habitants du secteur sont des migrants. Les équipements sanitaires et scolaires y sont insuffisants.

18 La commune urbaine de Mahajanga correspond à une agglomération et ne se limite pas aux limites de la ville. 19

Figure I-8 : Densité de population dans la Commune urbaine de Mahajanga

Source : Balyuk et auteur, 2009, inspiré du PUDi (2004)

3.2. Un fort accroissement démographique

La ville de Mahajanga connaît une croissance urbaine très importante engendrée par une dynamique migratoire intense et permanente. Jusqu’au début des années 1980, Mahajanga a connu un véritable boom industriel. La région étant sous-peuplée et la population autochtone à vocation pastorale, cette industrialisation s’est accompagnée de mouvements migratoires importants. Aujourd’hui, 47,5% des habitants de la ville sont des migrants.

La population en 2003 est d’environ 220.000 (Source : Commune Urbaine) à 260.000 (Source Préfecture) habitants dans la ville de Mahajanga : cette imprécision illustre bien la difficulté d’accès aux données descriptives et statistiques. C’est une population jeune, dont plus de 50 % ont moins de 20 ans. Elle est cosmopolite et multiethnique avec une majorité de Merina et de Betsileo (environ 53 %), de Tsimihety (13,9 %), de Betsirebaka (12,5 %), de Sakalava (9,6 %) et d’Antandroy (1,3 %). Cette population comporte également des étrangers dont les Comoriens, Indo-pakistanais, Européens, Arabes, Asiatiques.

Malgré l’écart important du nombre d’habitants selon les différentes sources (tableau I-3), toutes les autorités s’accordent à un taux de croissance démographique annuel de 3% en 2003. Ainsi, des travaux de prospectives estiment la population à 420 718 habitants pour l’horizon

2023 contre 232 941 en 2003 (PUDi Mahajanga). Cette concordance est à souligner malgré l’imprécision des sources initiales.

Année Population Source Taux annuel

2003 143 779 DIR POP/Instat 3%

2003 220 000<P<240 000 Commune urbaine 3%

2003 253 316 Préfecture 3%

2003 232 941 Base PUDi* 3%

Tableau I-3: Démographie de Mahajanga en 2003. (PUDi 2004)

*Compilation des recensements partiels par Fokontany

D’autre part, la ville ne cesse de s’étendre en surface, essentiellement via des installations « informelles » en direction des terres agricoles : vers l’Est (le long de la RN4, vers la zone de l’université d’Ambondrona) et vers le Nord (zone Ouest d’Amborovy et vers Grand Pavois).

3.3. Une paupérisation importante de la population

L’urbanisation rapide de la ville s’est accompagnée d’une précarisation de l’emploi : une grande partie de la population de la ville est sans emploi officiel dont une majorité de jeunes. Le taux de chômage au sens du BIT est relativement faible à Mahajanga, quoiqu’il ait tendance à monter : 3.5% en 2000 contre 5.1% en 2001, ce qui correspond à une hausse de près de 46%. Entre 2000 et 2001, on a assisté à un doublement du pourcentage de chômeurs de longue durée, soit 76.4% des chômeurs en 2001. Cependant, comme c’est bien souvent le cas dans les pays en développement, le taux de sous-emploi est l’indicateur qui permet le mieux de mesurer le niveau de l’activité. Ce taux est de 46.8% à Mahajanga en 2001.

De plus, la ville de Mahajanga connaît aujourd’hui une situation sanitaire inquiétante qui préoccupe fortement les autorités locales. La malnutrition y est plus importante que dans les zones rurales du fait de la forte concentration démographique et d’une paupérisation de la population limitant fortement les accès aux services (UPDR, 2001). Le seuil de pauvreté a été évalué en 2001 à 988 600 Fmg/an avec un taux de 69,6% sur le plan national. Dans la province de Mahajanga, 72,4% de la population serait sous ce seuil de pauvreté (PUDi, 2004).

3.4. Les infrastructures routières

Les axes routiers principaux sont des routes bitumées parcourues par des bus de la CUM. La RN4 reliant Mahajanga à la capitale en une dizaine d’heures (570 km) traverse la ville d’Est en Ouest (figure I-8, p. 29). La RN4 relie également le centre ville à l’aéroport, traversant les quartiers d’Ambondrona et Amborovy, comprenant les parcelles maraîchères. Des chemins de terre joignent les axes routiers bitumés aux communautés villageoises et parcelles. Les gens s’y déplacent à pieds, ou en charrette pour transporter des produits lourds ou encombrants.