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Chapitre 2 : Le territoire d’étude : conséquences sur la problématique

4. Le développement d’une agriculture de proximité

Dans ce contexte d’inquiétude sanitaire, de paupérisation de la population et d’accroissement de la demande alimentaire, s’est développée récemment une production agricole, essentiellement maraîchère, consommée et commercialisée, apparue récemment sur le

territoire. Ce n’est en effet qu’à partir de la fin des années 1980 (Dumont, 2006) que les

ménages agricoles mahajangais ont développé une production commercialisée visant à alimenter la population urbaine. Toutefois, la production maraîchère n’est pas suffisante pour

alimenter entièrement la population de la ville. Ainsi, une grande partie des produits maraîchers sont importés d’autres zones.

4.1. Les différentes zones approvisionnant la ville en produits maraîchers

On retrouve quatre grands types de zones approvisionnant la ville de Mahajanga en produits maraîchers (Dumont, 2006), (figure I-9) :

 les zones urbaines et périurbaines situées dans un rayon de 10 Km autour de la ville :

Ambondrona, Amborovy, Ampitolova et Belobaka ;

 les zones intermédiaires plus éloignées dont la distance à la ville ne dépasse pas 35 km:

Betsako, Andranatokatra et Ambalakidra

 les zones rurales se trouvant au plus à 100 km de la ville : Ambatoboeni, Mampikony,

Andranofasika etc.

 les régions de production des autres provinces comme Antsirabe et Antananarivo

Figure I-9: Délimitation des zones urbaines et périurbaines et des zones plus éloignées approvisionnant Mahajanga en produits maraîchers. ( SIG ANGAP/DIR Juillet 2005 et auteur , 2009)

Mais selon la proximité des sites de production à la ville de Mahajanga les productions maraîchères diffèrent. On retrouve bien ici, comme dans d’autres situations, un gradient des produits selon la distance à la ville (figure I-10). Ainsi, la quasi-totalité des légumes- feuilles vendus sur les marchés de Mahajanga proviennent des zones urbaines. Une grande partie des tomates proviennent des zones plus éloignées mais ne nécessitant pas un long trajet, alors que les légumes se conservant mieux (carottes, oignons…) proviennent pour la plupart des zones rurales et d’Antananarivo.

Figure I-10: Le gradient de spécialisation (Dumont, 2006)

4.2. L’agriculture urbaine à Mahajanga : une agriculture nouvelle en pleine expansion

4.2.1. Les différents sites de production dans la commune urbaine de Mahajanga

Comme nous l’avons vu, (cf. 1.2.1, p.11), l’agriculture urbaine se définit comme «

l’agriculture localisée dans la ville et sa périphérie, dont les produits sont destinés à la ville et pour laquelle il existe une alternative entre usage agricole et urbain non agricole ». Dans

ce travail, au vu de la définition retenue, nous avons pu délimiter le territoire dans lequel se pratique l’agriculture urbaine dans un rayon de 10 km environ par rapport à la ville de Mahajanga, ce qui correspond approximativement au découpage administratif de la CUM. En effet, pour les sites de production plus éloignés, si une partie des produits est destinée à la ville (tomate notamment), il n’existe pas de tension entre usage agricole et non agricole sur les ressources, notamment foncier et main d’œuvre (Dumont, 2006).

 La nature et l’importance des activités extra-agricoles varient selon l’éloignement du site

de production à la ville. Seules les exploitations agricoles situées à une distance inférieure à

10km du centre de la ville (dans la CUM) développent pour certaines des activités extra- agricoles, et emploient de la main d’œuvre provenant de la ville. Dans les zones les plus éloignées (zone périurbaine) l’ensemble des activités développées reste principalement tourné vers le milieu rural, non liées à la ville : cultures vivrières ou autres cultures dans un but de commercialisation toujours locale, travail comme main d’œuvre sur les exploitations de grands propriétaires, épiceries et commerce du bois. La distance entre la ville de Mahajanga et ces sites de production « éloignés » peut paraître faible, mais les temps de trajets sont importants et les routes sont difficilement praticables, même en saison sèche, rendant de fait difficile les échanges de main d’œuvre avec la ville de Mahajanga.

 Dans les zones situées dans la CUM, les exploitants disposent de petites surfaces (<2000

m²) dont ils sont rarement propriétaires et pratiquent une agriculture intensive. Ils se sont adaptés aux contraintes foncières en exploitant des zones plus difficilement constructibles (bas-fonds, lacs, bordures de rivières). Mais la concurrence pour le foncier entre usages

agricoles et non agricoles peut affecter tous les types de terrain, et même les terrains marécageux peuvent être drainés en vue d’être construits. C’est le cas notamment pour le site d’Amborovy : une partie des terres cultivées en maraîchage appartiennent à l’aéroport, de nouvelles pistes d’atterrissage devraient être construites dans les années à venir, ce qui entraînera l’expulsion des maraîchers cultivant sur ces terres. A l’inverse, dans les zones plus éloignées les agriculteurs disposent de grandes surfaces (pouvant atteindre 3 à 4 ha) dont ils sont propriétaires et pratiquent une agriculture extensive.

Pour l’ensemble de ces raisons et du fait que l’intégralité de la production des légumes feuilles qui nous intéressent sont situées dans la CUM, ce territoire administratif a été retenu

comme notre terrain d’étude (figure I-9, p.31), les limites de la CUM correspondent aux

zones urbaines et périurbaines.

Ainsi on peut compter 4 sites de production dans lesquels est pratiqué une agriculture urbaine. Ces sites se situent sur deux axes routiers :

- Axe Nord : Ambondrona, Amborovy, Ampitolova - Axe Est : Belobaka

Ces 4 sites de production maraîchers se situent dans deux grands types de milieux : en bas fonds (Ambondrona et Amborovy) et en bordure de lacs (Belobaka et Ampitolova).

Figure I-11: Répartition des zones agricoles dans la Commune Urbaine de Mahajanga

Source : Balyuk et auteur, 2009

La figure I-11 illustre la répartition des différents sites dans lesquels se pratique l’agriculture urbaine. Ces espaces agricoles sont dispersés, ils n’occupent pas l’espace de manière continue autour de la ville mais par « sites » géographiquement distincts. Ces sites de production se situent dans les quartiers ruraux de la CUM. Ils sont généralement entourés d’habitations éparses, d’anciennes concessions (propriétés privées) et également de zones inondables (du

fait des marées) et à forte salinité à l’ouest des sites d’Ambondrona, Amborovy et Ampitolova et à l’Est de Belobaka.

Ces 4 sites constituent donc a priori le potentiel de zones cultivables pour le territoire de la

CUM. Les trois principaux sites, en terme de surfaces cultivées, sont Ambondrona, Amborovy

et Belobaka. Le site d’Ampitolova ne concerne que peu d’agriculteurs et une faible superficie. 4.2.2. Une agriculture dominée par le maraîchage

Traditionnellement d’autoconsommation, l’agriculture pratiquée à Mahajanga n’était dans un premier temps qu’une agriculture d’autosubsistance basée sur la culture du riz de bas fonds en saison des pluies, dont la récolte était entièrement consommée par la famille au cours de l’année et très rarement vendue. Elle était alors complétée par du petit maraîchage réalisé au sein de l’enclos d’habitation, principalement en saison sèche. Mais elle a connu ensuite (à partir des années 1980) une augmentation de ses surfaces et une diversification de ses productions, en réponse notamment à la demande du marché local, ajoutant à l’autoconsommation un attrait commercial et participant au développement de l’activité agricole, principalement maraîchère.

Aujourd’hui, l’activité agricole est rythmée par les saisons et les cultures, elle se décline en deux temps au cours de l’année :

 en saison des pluies, la culture du riz (aliment de base des malgaches) domine. Le riz est

une production très, voire uniquement autoconsommée. On retrouve également la culture du manioc pratiquée à proximité des habitations et lui aussi largement autoconsommé.

 en saison sèche, le maraîchage est la principale occupation des familles qui vivent de la

commercialisation des légumes feuilles mais aussi d’autres cultures maraîchères telles que la salade ou l’oignon. Ces cultures débutent généralement au mois d’avril et se terminent en novembre ou décembre selon la disponibilité de l’eau, l’assèchement des terres et la date de retour des pluies.

Ainsi l’agriculture urbaine est dominée par le maraîchage. La production maraîchère se caractérise par une très forte saisonnalité : importante pendant la saison sèche, elle diminue fortement en saison des pluies, le climat étant alors défavorable aux cultures. Cette irrégularité de la production tout au long de l’année, implique une saisonnalité de l’approvisionnement urbain et de la nature des légumes produits, ainsi, qu’en retour, une variation importante des prix. Cette contrainte saisonnière est complétée par une grande périssabilité des produits, obligeant à une forte proximité entre les sites de production et les marchés.

L’agriculture urbaine à Mahajanga s’est développée récemment. Elle est dominée par le

maraîchage dont la production de légumes feuilles. L’essentiel des légumes feuilles

commercialisés à Mahajanga provient de cette agriculture urbaine située au sein des limites de la CUM.

5. Quelques éléments sur le système d’approvisionnement de Mahajanga en