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Chapitre 1 : Dynamiques territoriales : apports de la thèse à un modèle d’analyse des

3. L’analyse des possibilités d’extension des surfaces cultivées en termes de marges de

Nous avons fait l’hypothèse H3 (cf. Partie I, chapitre 1) qu’il existe des marges de manœuvre pour augmenter la production dans les exploitations maraîchères à deux niveaux :

 « interne », liée aux conditions mêmes du fonctionnement des exploitations (cf. supra)  « territorial » qui a trait aux ressources disponibles dans le « territoire périurbain » (eau,

foncier et main d’œuvre principalement) mais également aux conditions de commercialisation.

3.1. Les marges de manœuvre « internes »

D’un point de vue méthodologique, nous avons pu montrer que l’utilisation des ratios entre variables de surfaces intégrées potentielles et réelles permet, étape par étape, d’identifier de façon précise quelle variable peut faire l’objet d’une extension ou pas, et dans chaque cas, quels sont les facteurs limitants. Si le modèle utilisé a permis déjà de discuter de marges de manœuvre dans les exploitations, nous apportons ici une formalisation par la quantification et par l’identification d’indicateurs.

Nos résultats montrent qu’à l’échelle des exploitations, dans notre échantillon, il semble qu’il y ait peu de marges de manœuvre pour augmenter les surfaces cultivées, notamment dans certains milieux contraignants (lacs mais aussi bas-fonds). Néanmoins, nous avons pu

identifier des moments de la saison culturale et des facteurs qui sont clés (en premier lieu la

main d’œuvre) pour gagner au sein des exploitations des surfaces cultivées.

D’autre part, nous avons vu que les exploitations ne disposent pas du même niveau de marges de manœuvre (cf. Partie II, chapitre 3) selon les ressources productives dont ils disposent et le type de milieu dans lequel ils cultivent.

D’autres travaux ont montré cette diversité des marges de manœuvre et leur mobilisation différenciée à l’échelle d’un territoire pour réduire des risques environnementaux (Joannon et al., 2006 ; Joannon et al., 2008) en adaptant l’assolement des zones cultivables par culture

et/ou l’organisation du travail.

Même si les marges de manœuvre à l’échelle de l’exploitation pour augmenter leurs surfaces cultivées restent faibles, nous montrons que leur compréhension à l'échelle de l'exploitation est indispensable non seulement pour évaluer les contraintes et opportunités des agriculteurs pour adopter des propositions de changement mais aussi pour raisonner le développement des cultures à l'échelle du territoire périurbain.

3.2. Les marges de manœuvre « territoriales »

Pour passer à l’échelle du territoire à travers l’évaluation du caractère plus ou moins représentatif des exploitations et des sites d’enquêtes on a utilisé deux outils que sont (i) la typologie des exploitations et (ii) les outils de cartographie.

Nous sommes partie d’une description fine des exploitations pour aller vers le territoire. La typologie des exploitations sur laquelle nous avons construit notre échantillon (Dumont, 2006) est basée sur l’évolution des ressources au cours du cycle de vie de l’exploitation : si cette base est pertinente pour nous, on a pu montrer cependant, qu’au sein d’un même type, on constate une forte diversité de pratiques quant à l’allocation de la ressource terre aux différentes cultures, même si ces exploitations ont la même structure et les mêmes objectifs (stratégique). D’autre part, cette typologie n’est pas spatialisée sur le territoire : on ne connaît pas la représentation en termes d’occupation de l’espace des différents types dans le territoire de la CUM.

Ainsi, si la typologie utilisée dans ce travail permet en partie de cerner la diversité des marges de manœuvre, elle n’est pas complètement satisfaisante : il faudrait une typologie ad-hoc

pour passer à un degré de généralisation. Certains éléments mériteraient ainsi d’être

approfondis et intégrés dans une nouvelle typologie pour mieux cerner la diversité des marges de manœuvre des agriculteurs :

- les milieux dans lesquels les agriculteurs cultivent (lacs, bas-fonds, bas-fonds et

tanety) doivent être un critère d’entrée, étant donné leur importance dans les

décisions ;

- une quantification plus fine de la main d’œuvre serait aussi nécessaire ;

- les relations avec les premiers metteurs en marché (au moins sous la forme de la typologie rapide que nous avons proposée) ;

- il faudrait aussi, à l’idéal, intégrer certaines variables du modèle telles que la surface maximale exploitable, la zone cultivable, l’intervalle de temps par culture.

Ce qui devrait permettre de mieux approcher la diversité des modes de constitution des surfaces cultivées et donc des marges de manœuvre des agriculteurs. Remarquons que nos exploitations se situent pour la plupart dans la catégorie « family-type commercial farmers » identifiée par Moustier et Danso (2006) (cf. Partie I, chapitre1).

D’autre part, pour bien renseigner notre question de recherche, la prise en compte des dimensions territoriales est nécessaire. Dans ce domaine des travaux en géographie ont permis de donner une représentation spatialisée de typologies d’exploitation permettant ainsi une approche perspective plus fine, c’est notamment le cas de travaux en géographie menés sur les fronts pionniers (Albaladejo et al., 2005 ; Eloy, 2005).

La spatialisation de typologies d’exploitations agricoles fait appel à des méthodes de cartographie statistique et relève plus de la discipline géographie que de l’agronomie. Mignolet (2005) dresse un panorama des méthodes développées pour spatialiser la diversité des exploitations agricoles et de leurs dynamiques. Il en ressort que les modèles de représentation spatiale des types d’exploitations agricoles et de leurs évolutions apparaissent très variés, tant au niveau des typologies d’exploitations choisies pour décrire une diversité régionale d’exploitations, qu’au niveau des maillages spatiaux et des méthodes retenus pour cartographier cette diversité. Néanmoins tous s’appuient sur des données statistiques. Dans notre cas, compte tenu de l’absence de donnée statistique et de l’absence dans les exploitations de tout document, il aurait fallu pour obtenir ces informations, opérer un suivi pluriannuel de certaines fermes, ce qui était hors de nos possibilités matérielles.

D’autre part, ce travail a été mené sur un petit nombre d’exploitations agricoles, ce qui en constitue une limite, mais on a volontairement exploré une diversité (11 exploitations choisies parmi 91 exploitations). Il serait souhaitable à l’avenir de tester à partir des indicateurs que nous avons bâtis, l’extrapolation de nos résultats sur un échantillon plus large avec un dispositif plus léger concentré sur les variables et déterminants clés. De plus, notre approche pourrait être approfondie par (i) l’affinement de la typologie existante et (ii) une spatialisation de la diversité des exploitations pour évaluer les marges de manœuvre à l’échelle territoriale pour étendre les surfaces cultivées. Ce travail relève d’un travail pluridisciplinaire associant agronomie et géographie.

Cependant cet objectif se heurte à l’inexistence de base de données statistiques recensant

les exploitations. Si l’on n’est pas, à Mahajanga, dans des situations d’agriculture urbaine illégale (Howorth et al., 2001), il reste que cette agriculture n’est l’objet d’aucun recensement

ni soutien technique.