• Aucun résultat trouvé

Chapitre 2 : Le territoire d’étude : conséquences sur la problématique

2. Milieu biophysique et climat

2.1. Un climat tropical sec

2.1.1. Caractéristiques des principales saisons

La côte ouest de Madagascar est la côte la plus sèche et la plus ensoleillée de l’île. Fortement influencée par la Mousson, la région de Mahajanga et plus particulièrement la commune urbaine de Mahajanga (CUM) bénéficie d’un climat monomodal de type tropical sec. Il est marqué par deux grandes saisons :

 Une saison des pluies ou Asara (de novembre à mars) durant laquelle sont concentrées

l’essentiel des précipitations dont 80% entre décembre et février. Les températures restent élevées tout au long de la saison et sont plutôt stables. Le vent de mousson ou talio soufflant du nord-ouest d’octobre à mars et le Mantsaly s’accompagnant de pluies torrentielles, apportent à la région l’essentiel des pluies. C’est aussi une période cyclonique8, de mi-

décembre à mi-avril, pouvant occasionner des destructions considérables lors du passage des cyclones ( Kamisy9

en 1984, Cynthia en 1991, Gafilo, en 2004).

 Une longue saison sèche ou Maintany de 7 mois (avril à octobre) qui est caractérisée par

des températures plus fraîches et des précipitations rares. Cette saison est marquée par la dominance de l’alizé du Sud-Est d’avril à septembre et du varatraza, vent desséchant soufflant en août-septembre. Les mois de juillet et août (hiver austral) sont généralement les mois les plus frais (figure I-4). Les précipitations y sont nettement déficitaires

2.1.2. Températures et pluviométrie

 Les températures

L’amplitude thermique est faible puisque la moyenne des températures passe de 24,4°C en saison sèche à 28,8°C en saison des pluies avec une amplitude journalière de moins de 10°C en saison des pluies et plus marquée en saison sèche (allant jusqu’à 12°C), notamment de juin à août, correspondant aux mois les plus frais (figure I-4).

15,0 17,0 19,0 21,0 23,0 25,0 27,0 29,0 31,0 33,0 35,0

Janv Fev Mar Avr Mai Juin Juil Aou Sep Oct Nov Dec

Maxi Mini

Figure I-4 : Températures maximales et minimales (moyenne 1971-2000).

Source : http://french.wunderground.com/history/airport/FMNM

8

La région de Mahajanga n’est pourtant pas considérée comme une zone cyclonique, la plupart des cyclones qui touchent Madagascar viennent de l’Océan Indien et arrivent sur la ville, déjà affaiblis par la traversée d’une partie de l’île et ne sont donc plus accompagnés de vents violents dévastateurs.

9 Le cyclone Kamis a traversé l’île d’Est en Ouest et est passé sur les Comores avant de revenir sur Mahajanga

 Une contrainte hydrique très marquée en saison sèche

Les précipitations moyennes annuelles atteignent 1488mm, avec 80 % environ de la pluviométrie annuelle tombant de décembre à février (figure I-5), faisant de la saison des pluies une période essentielle pour le rechargement des nappes. Toutefois, cette saison des pluies est irrégulière d’une année sur l’autre, tant pour son démarrage, d’octobre à décembre, que pour la quantité d’eau tombée (+/- 350 mm d’une année sur l’autre).

Figure I-5: Diagramme ombrothermique de Mahajanga (moyenne 1971-2000). Source :

http://french.wunderground.com/history/airport/FMNM

2.2.Un milieu riche et diversifié

2.2.1. Géomorphologie, topographie et géologie

La zone périphérique de Mahajanga, en bordure de mer, constitue une zone au relief peu marqué, entre 0 et 244 m d’altitude (JIRAMA, KFW, 2003 cité par Dumont S., 2006).

La géologie de la zone de Mahajanga se caractérise par des unités lithologiques et stratigraphiques orientées sous forme de bandes de direction Nord Est/Sud Ouest et qui longent la côte plus ou moins en parallèle avec une faible inclinaison. Les successions sédimentaires de la partie côtière commencent vers le nord ouest avec l’unité d’Isalo (calcaires, grès et conglomérats) du jurassique inférieur, suivie par les séries du jurassique supérieur (calcaires et marnes) et du crétacé (successions de calcaires et grès). Les successions tertiaires montrent des calcaires éocènes et pliocènes et du grès pliocène (80m). L’affleurement de ces dernières couches éocènes et pliocènes est en partie couvert par des alluvions (argiles et argiles sableuses, 2 à 5 m) qui terminent la succession stratigraphique. Contrairement au socle Précambrien, il n’y a alors pas d’argile latéritique sur les bassins sédimentaires malgré l'existence de sols rouges, mais il y a plutôt dominance de carapace argilo-sableuse souvent épaisse et de formation récente de type alluvial.

Ainsi, le bassin sédimentaire de Mahajanga, formé depuis le Permien jusqu’au Jurassique moyen, est constitué par des formations sédimentaires avec alternance de faciès continentaux et de faciès marins témoignant de l’existence de transgressions et de régressions marines (Randrianjafy, non daté).

2.2.2. Le réseau hydrographique et les ressources en eau

Bien que les 3 principaux fleuves de la région Boina: la Betsiboka, Mahavavy et

Mahajamba10, traversent les fivondronanas11 nord de la région, les plus proches de

Mahajanga, pour venir se jeter dans le canal du Mozambique, la ville de Mahajanga et sa périphérie possède peu de fleuves et rivières. L’essentiel des ressources en eau sont des réserves souterraines captées au niveau des calcaires et grès jurassiques et crétacés au Nord Est de la ville. De plus, le régime karstique intense au niveau des calcaires paléocènes et

10 Fleuves parmi les plus longs de l’île 11

Division administrative correspondant à l'ancienne sous-préfecture

0 25 50 75 100 125 150 175 200 225 J F M A M J J A S O N D T (°C) 0 50 100 150 200 250 300 350 400 450 pp (m m ) Précipitations Température maximale Température minimale

variant selon leur contenu en sable fin et moyen, crée des aquifères très favorables pour l’exploitation des eaux souterraines et l’approvisionnement en eau potable de Mahajanga.

Il existe deux types de nappes souterraines, situées à des distances variables en profondeur et dont les intérêts se complètent pour les populations locales (figure I-6) :

Figure I-6 : Nappes souterraines et nappes superficielles, (Dumont, 2006)

 Des nappes profondes : Mahajanga et sa périphérie sont très riches en nappes souterraines

situées à une distance de 50 à 60 mètres de profondeur et représentant une ressource en eau importante laquelle, d’après une analyse géophysique de la Jirama12, pourrait à elle seule

assurer l’alimentation en eau, potable et à usage agricole, de toute la population mahajangaise sur une période allant de 60 à 100 ans. Cependant ces nappes sont trop profondes pour être toutes actuellement exploitées.

 Des nappes superficielles et de moindre importance servent aujourd’hui de réserve

hydrique à la population agricole. Situées entre 2 et 4 m de profondeur, ces nappes sont alimentées par les eaux de la saison des pluies et permettent, via l’aménagement de puits, la mise en culture de superficies importantes en périphérie de Mahajanga, durant la saison sèche et jusqu’à l’assèchement des puits.

2.2.3. Les sols

Dans la région de Mahajanga, les sols, peu caillouteux, sont habituellement de couleur rouge caractéristique de Madagascar (tany mena13), plutôt sableux, ils offrent aussi des teintes plus

claires de brun et parfois plus sombres tirant vers le noir. Issus d’un bassin sédimentaire, ces sols, enrichis en éléments fertilisants arrachés par les eaux de ruissellement aux terres arables, situées en amont dans le bassin versant, ont été transportés par les eaux de pluies et les cours d’eau puis déposés par les crues fluviatiles. La carte pédologique (Annexe 1) indique des sols ferrugineux tropicaux et des roches sableuses ainsi qu’un complexe lithosol/sol peu évolué donnant des sols moyennement différenciés avec 2 horizons (A/S/R).

On distingue quatre principaux types de sols qui définissent et mettent en évidence une topo- séquence au sein des espaces cultivés (figure I-7) :

12 Compagnie nationale d’eau et d’électricité de Madagascar 13

Tany veut dire « terre, sol », Mena signifie « rouge » : sols rouges provenant de l’érosion des latérites du socle

Sol

Réserve d’eau souterraine Calcaire Petite nappe superficielle permettant l’agriculture Puits Cultures maraîchères 4m 50m Sol

Réserve d’eau souterraine Calcaire Petite nappe superficielle permettant l’agriculture Puits Cultures maraîchères 4m 50m

Terre inondable par crue de la rivière

Baïboho homogène Lit de la

rivière Terre inondable par l’eau de

pluie

Sols hydromorphes de bas fond

Terre jamais inondée Sols de colline, tanety latéritique

Sols de colluvions de

bas de pente

- fertile Fertilité + fertile

Humidité

- humide + humide

+ drainant Drainage + drainant

Sablo- limoneux Argilo- limoneux Argiles et alluvions Meilleur potentiel agricole

Terre inondable par crue de la rivière

Baïboho homogène Lit de la

rivière Terre inondable par l’eau de

pluie

Sols hydromorphes de bas fond

Terre jamais inondée Sols de colline, tanety latéritique

Sols de colluvions de

bas de pente

- fertile Fertilité + fertile

Humidité

- humide + humide

+ drainant Drainage + drainant

Sablo- limoneux Argilo- limoneux Argiles et alluvions Meilleur potentiel agricole

Figure I-7: Transect et toposéquence de la région de Mahajanga (Dumont, 2006)

1) Des sols de collines latéritiques rouges, avec texture argileuse et structure polyédrique difficiles à travailler. Ces sols se situent généralement en hauteur sur pente (ou tanety

latéritique). Ils se rangent parmi les sols les plus pauvres en éléments minéraux et matière.

2) Des sols de colluvions de bas de pente (tanety sableux), sablo limoneux, rouge à brun clair (tany mena), très filtrants (tany fasika14) et sans aucune stabilité structurale dont la structure

particulière résulte de l’érosion. Ces sols bordent souvent les bas-fonds (sols de type 3) et peuvent être cultivé en maraîchage.

3) Des sols plus argileux ou sols hydromorphes de bas-fonds aux nombreux termes vernaculaires: tany mainty, tany fotaka, tanipako, tany manta15, plus sombres et présentant

une couche d’humus et de matière organique plus importante que les précédents, ces sols se trouvent surtout au niveau de bas fonds. Ils présentent un meilleur potentiel agricole que les sols type 1 et 2 et sont ainsi parfois appelés tany baïboho (terre de culture) faisant allusion aux caractéristiques culturales de ces types de sols. De meilleure stabilité structurale que les précédents, moins filtrants et plus humides (meilleure rétention d’eau et plus grande proximité de la nappe phréatique), c’est dans ces bas-fonds inondables généralement cultivés en riz en saison des pluies (tany kietsa, tanibary16

) que sont cultivées d’avril à octobre, en saison dite sèche, les cultures maraîchères.

4) Des sols noirs argileux et fertiles situés en bordures de rivières appelés Baïbohos17. Ces

sols sont approvisionnés en limons et alluvions par les crues annuelles. Ils se caractérisent par des sols argileux à montmorillonite (90% d’argile), une texture limoneuse avec structure lamellaire et correspondent aux sols les plus riches de la région. Zones maraîchères par excellence (N’Dienor, 2002), les baibohos se trouvent majoritairement sur les bourrelets de berge des grands fleuves et ne sont utilisés qu’en saison sèche à cause des inondations en saison des pluies.

Si tous ces sols sont présents dans la région, dans le commune urbaine de Mahajanga, on retrouve principalement des sols de type 2 et 3.

14 Fasika désigne le sable 15

Mainty caractérise la couleur noire, Fotaka : la boue, Fako : les ordures, Manta : le bleu 16

Kietsa est la semence du riz, Vary : le riz d’où le terme rizière : tany + vary = tanibary 17

Dans le vocabulaire malgache courant, « baïboho » ne définit pas toujours un type de sol particulier mais une « parcelle cultivée ou champ permanent . Dans ce cas, le terme « baïboho » caractérise ces sols alluvionnaires en bordure de rivière, noirs et faciles à travailler, riches en matière organique et minérale.