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Avec BAIYA

1.4.3 Une typologie d’utilisateurs dans le projet Mountnpass

Mountnpass, startup dans l’univers du voyage à vélo s’est donnée pour perspectives de mettre en place des offres de parcours vélo pour découvrir des régions autrement. Le but était pour cette startup de positionner rapidement un écosystème pensé autour du voyage à vélo et d’être rentable pour développer de nouveaux services autour de leur concept. Il faut apprendre de l’écosystème existant et considérer, de fait, le voyageur à vélo non comme un usager mais comme un client, et mettre en place une fidélisation des « early adopters » pour en acquérir de nouveaux. Il faut aussi prendre en compte les acteurs du système à organiser en répondant à la question :

Qui sont-ils et comment les rendre parties prenantes ?

Une autre recherche décisive à mener est celle de l’analyse anthropologique des cyclotouristes.

Qui sont-ils ? Sont-ils une même tribu ou un ensemble d’ethnies ?

Par principe, ils sont : cyclotouristes, Un cyclotouriste est une personne qui vit un type de parcours : qui le vit et non pas seulement le fait. Ceci implique alors des questions majeures. Comment le cyclotouriste voit-il son parcours ? Qu’est-ce qu’un parcours ? Quelles sont les différentes manières de vivre son parcours ?

Toute personne qui a déjà fait un parcours à vélo dira qu’il y a différents types de comportement lors de son parcours.

Des questions qui seront importantes à résoudre ; en effet, c’est lors d’un parcours que l’essentiel du contact avec le service que veut mettre en place Mountnpass s’établira. Il sera donc intéressant d’analyser les conjonctures possibles de l’échange avec le service, les équipes Mountnpass et les cyclotouristes. Et surtout de distinguer quels rôles doit jouer cette startup en passant par l’imaginaire de cyclotouristes susceptibles d’utiliser ces services : Information, découverte, vente, SAV, etc.

Où et quand doit-on ou peut-on proposer une interaction et à quelle typologie de cyclotouristes ?

Si nous parlons ici de typologie des cyclotouristes, c’est un travail au préalable qu’il nous faudra faire.

Première étape : c’est l’observation qui consistera à détailler de façon relativement précise les étapes des cyclotouristes depuis les préparatifs jusqu’au voyage et au retour. Il ne s’agira donc pas d’écouter les voyageurs mais d’observer leurs faits et gestes au cours de leur parcours. Ce n’est que bien plus tard que l’on pratiquera des échanges par des ateliers types pour les faire discuter entre eux. En effet, pour comprendre un projet et le problème qu’il souhaite traiter nous devons disposer d’une vision « objective » du trajet. Et il faut insister sur le « du » : c’est la matière du trajet et non une analyse « sur » le trajet que nous proposerons par la suite durant les ateliers avec les cyclotouristes. Ceux-ci ne donnent que rarement à l’interviewer une version viable mais souvent une réécriture du parcours vécu. Ce travail d’ateliers et d’échanges viendra, dans un second temps, pour percevoir davantage d’éléments sensibles qui viendront alimenter, cultiver le projet. Nous pouvons alors analyser le parcours sous l’angle sémiotique. Pourquoi ? Tout comme un texte, un parcours cyclotouriste a un début et une fin. Il fait l’objet comme tout récit d’un découpage en un nombre X d’étapes, qui se structurent selon certaines règles. On observe que ces étapes ne coïncident pas forcement avec des lieux, des étapes types mais sont cadrées par des interactions, des expériences susceptibles de redécouper des espaces, des lieux et des étapes elles-mêmes. Le parcours a une direction, avec un objectif final. L’observation des déplacements, tout au long d’un parcours X de cyclotouristes, montre que celui-ci est un récit d’aventures vers la finalité d’un lieu. Ce lieu est souvent propice au retour à la normalité de déplacement (train, bus, voiture). Le parcours ne sera donc pas une suite d’étapes improvisées. De ce fait, nous pouvons analyser sémiotiquement les parcours des cyclotouristes : ils ont du sens, ce qui nous permettra de les articuler et de construire une signification forte dans les réponses apportées par le service imaginé.

Nous avons donc mis en place deux stratégies pour croiser nos données : l’une se basant sur l’analyse de différentes études, notamment celle-ci : Spécial économie du

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vélo : Étude complète64, pour bien comprendre l’écosystème du projet et faire un état

des lieux sur le domaine et, en parallèle, l’autre sur une observation de terrain des différents parcours imaginés comme potentiellement intéressants pour le projet de la startup. L’idée a été d’observer les parcours types, crayon en main, et de structurer un document de prise d’informations types pour que les observateurs puissent l’analyser de la même manière. Ce travail d’observation des ateliers de cyclotouristes, des ateliers de clients potentiels et de parcours vélo a mis en évidence 4 temporalités à observer.

• Les déplacements • Le repérage

• La relation à l’environnement

• La perception des problématiques que souhaite résoudre Mountnpass

Une analyse de tous les événements de la notion de parcours devra être réalisée pour révéler de manière « objective » les problématiques d’usages imaginées ou observées partiellement de manière théorique.

L’équipe devra alors partir sur un postulat de type de parcours.

• Parcours direct • Parcours à étapes

• Parcours nécessitant un autre mode de déplacement

Il faut mettre en place des trajets types pour les 3 profils. Cela se fera avec des clubs et des Offices de Tourisme partenaires pour établir une POC test (Preuve de concept). Les parcours devront être repérés, segmentés et structurés puis mis en relation avec le parcours d’usage conçu par la startup. Ce qui permettra d’imaginer un ensemble

64 https://www.veloscenie.com/contenus/espace-pro/rapport-economie-du-velo-altermodal.pdf.

Étude réalisée par l’ensemble des acteurs du tourisme à vélo : Ministère de l'Écologie, de l'Énergie, du Développement Durable et de la Mer, Ministère de l'Économie, de l'Industrie et de l'Emploi DGCIS, Ministère de la Santé et des Sports, Conseil National des Professions de Cycles, Association des Départements Cyclables, Club des Villes et Territoires Cyclables, ATOUT FRANCE

d’actions et de services pour chaque étape clé du parcours et proposer ainsi des versions d’usages pour le service proposé.

Exemple : Version1 du site :

• Découvrir Communication de la startup • Rechercher Usage du site

• Choisir Usage du Site

• Programmer Planification hôtels, gites, restaurants, trains, bus • Partir Service du parcours

• Réaliser Service du parcours

• Revenir Déplacements Vélo, Bus, Train

Ce travail facilite la perception de phénomènes majeurs pour détecter les différents types de cyclotouristes :

• S’ils sont le nez dans leur guide. • S’ils voyagent sans détours.

• S’ils prennent le temps de papillonner. • S’ils observent le paysage.

• S’ils utilisent leur smartphone. • S’ils ont un parcours type.

• S’ils prennent des chemins de traverse. • S’ils préfèrent les étapes sportives. • S’ils sont sensibles la communication.

• S’ils partagent avec d’autres cyclistes ou non cyclistes. • S’ils sont sur des timings précis.

• Etc…

Ce travail consistera à détecter des parcours types de comportements et à dégager les récurrences et les similitudes. Pour mettre en évidence « une invariance dans la

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variation » selon l’expression de Jakobson, R. (1941) et ainsi détecter des éléments sur lesquels le service aura un réel impact et une réelle interaction.

Qu’entendons-nous par similitudes ?

Par exemple : être absorbé par son guide, son GPS, son smartphone, sa musique sont des similitudes de l’absorbation et s’opposeront à l’observation du paysage, aux discussions entre cyclotouristes, ou à la découverte d’un lieu qui sont, elles, des similitudes de l’attention ? On percevra assez vite la notion de rouler sans détour dans des observations d’actions qui mettront en évidence la volonté de rouler, « d’avaler du bitume », d’engranger les kilomètres. Si l’on prend un regard macroscopique sur l’observation d’un parcours de vélo, au-delà de la diversité figurative qu’il peut prendre, nous pouvons, détecter des types de parcours pour nous aider à affiner notre service. Ainsi, on détectera celui qui « optimise son parcours » et aussi celui qui « optimise ses étapes ». Celui qui est « intéressé par le paysage » et aussi celui qui passera plus de temps à sa prochaine étape ; celui-ci n’est pas celui qui va « timer » son étape. L’idée est de décrypter les parcours des cyclotouristes et de structurer leurs comportements.

Mais que faire des éléments du type : sexe du cyclotouriste, âge, but du voyage ? Ils viendront dans un second temps pour spécifier plus précisément chacun de nos types de cyclotouristes. Nous ne parlons ici que d’actions de voyage communes à tous avec, pour postulat de base, des parcours vélo pour la période de Mai à Octobre. Ce qu’il nous faut comprendre, dans un premier temps, c’est comment les gens voyagent à vélo et non dans quel but ils se déplacent. Puis dans un deuxième temps, on s’interrogera sur le pourquoi de leur voyage.

Tout ce travail constitue un trajet en étapes d’interactions signifiantes. On peut alors percevoir que le parcours s’organise de manière simple :

Continuité VS Discontinuité.

On visualise une diversité de séquences gestuelles, d’étapes, de débuts, de ralentissements, de reprises, de tensions, et de fins. Ceci met en valeur des flux, des automatismes pour certains qui neutralisent l’environnement ne laissant place qu’à l’acte de rouler. Que l’on parle de parcours aérien, ou de lignes de bus c’est le même problème : on observera des attitudes, des gestes, des regards, une concentration sur

ce que l’on fait, gestion du GPS, passage des vitesses… À l’opposée, d’autres trajets recherchent ou demandent des rythmes, des étapes clés. Ceci relève d’une stratégie de discontinuité, avec des diversités de paysages, ou des étapes atypiques, correspondant à un ensemble de parcours où le cyclotouriste donnera à avoir une réelle ouverture sur ce qui l’entoure. À partir de cela, la sémiotique propose un outil que nous transposons au design, en visualisant ces éléments sur un carré sémiotique type pour observer la structure de cet écosystème.

On posera le système suivant :

Discontinuité Continuité

La visualisation de ces deux catégories met en lumière leurs deux négations respectives :

Non-continuité non-discontinuité

La non-discontinuité c’est chercher à anticiper l’obstacle pour le gommer, préparer en amont pour passer toutes les étapes du voyage rapidement. On aura un besoin de précision dans l’offre de parcours de vélo. La non-continuité, elle, correspondra à la coupure, l’interruption dans le parcours. Les usagers attendent de se laisser surprendre par l’inattendu au détour d’un virage. Ils seront ravis de se laisser prendre par les animations d’un village ou stoppés par un incident. C’est quatre façons de vivre un voyage à vélo représentent quatre valeurs ajoutées du trajet à vélo pour l’usager de Mountpass et nous donnent 4 typologies de cyclotouristes :

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