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DE L’IMPORTANCE DE LA PRATIQUE DU PROJET

2.5.4 Processus d’incubation : Observations

Nous avons observé lors de la première année une intégration éphémère et externe de la partie de l’analyse de parcours d’usage et de l’intégration du design dans les différents projets de startups intégrées dans l’incubateur. L’accompagnement des startups était en effet basé sur un processus d’interaction entre le porteur de projet de la startup et son chargé d’affaire84. Nous avons constaté un « diptyque »

d’accompagnement défini ainsi puisque nous avons appuyé notre réflexion sur les trois éléments que nous retrouvons en innovation de projet par le design thinking et qui sont notre structure pour le design de service au sein de notre entreprise. Éléments qui sont pour rappel : la faisabilité, la désirabilité et la viabilité.

Ici, un seul axe, celui de la faisabilité représente le travail « technique » que fait la startup fixée et figée sur son projet et plus précisément sur son produit. Et nous avons le ou la chargé(e) d’affaire qui impacte lui, lors de l’intégration de la startup, la partie viabilité du projet, partie qui représente l’accompagnement sur le business de la

83 Un médium : c’est l’élément physique qui compose le service imaginé par une startup dans son projet.

Cela peut être une application ou bien une valise de traitement de l’eau potable ou encore un site internet pour vendre son matériel agricole. Il est l’élément de matérialisation et d’interaction physique avec l’utilisateur. Il devra transmettre les valeurs et l’expérience imaginées par la startup. Par exemple, la capsule de Nespresso est l’un des médiums de leurs expériences de leur service de dégustation de café. La tasse ou la cafetière en sont d’autres.

84 Chargé d’affaire : professionnel qui accompagne le porteur de projet sur les différents blocs de son

business model lors de son incubation. Au sein de notre structure, nous avons deux chargés d’affaires qui se répartissent les nouvelles promotions de startups (deux par an en début de thèse puis trois par an la dernière année).

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startup, travail qui consistera à mettre en place les bonnes bases dans chacun des blocs du business model de la startup pour qu’elle avance de manière organisée autant sur son projet de service que sur son projet d’entreprise. Il est aussi important ici de présenter le processus d’intégration et d’incubation de la startup que nous avons aidé à évoluer en trois ans. Le nouveau processus sera développé dans le chapitre 2.7 « concevoir » puisqu’il fait partie d’une stratégie nouvelle, imaginée dans le cadre de cette thèse.

Par cette approche d’observation du terrain, nous avons analysé, en amont, le processus de sélection des startups lui-même pour la candidature à l’incubation. Il en ressort une mise en avant forte, autant dans la lecture des dossiers de candidatures que dans la présentation des startups sélectionnées, du fait que l’innovation est faite par le produit qu’elles ont imaginé et que c’est le médium lui-même (valise d’eau potable, application de soirée étudiante) qui est la source d’innovation ; se confondent ainsi les notions d’innovation et d’invention que nous avons expliquées dans la partie 1 (1.3)

Figure 58. Parcours de sélection pour l’incubation des startups il y a 3 ans.

On observe aussi un usage faible de la notion de design du design de manière générale. Celui-ci se limite à l’usage graphique pour certaines startups. Le design, design thinking ou celui de service sont presque inexistants. Les premiers ateliers (parcours d’usage*, persona*, prototypage*), dans ces domaines, révèlent ainsi une connaissance « prototype » de l’usager et/ ou de sa pratique du produit ou du service imaginé par la startup elle-même. Nous parlerons ici d’un pré-travail sur ces éléments de projet nous amenant, en conclusion, à traiter de proto-projet dans certains domaines de leurs business model, de proto-persona85 identifié par la startup et, dans

85 Proto-persona : est la formalisation dans un premier temps de projet de l’usager cible du service, il est

construit avec les premiers éléments du terrain et la modélisation faite par la startup et la connaissance qu’elle a de celui-ci.

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de nombreux cas, de proto-business model*. Ce qui est normal dans la pratique et confirmé lors des premiers échanges avec l’équipe de l’incubateur, mais qui s’intègre difficilement lors de la confrontation aux critères de sélections, par exemple, celui de maturité du projet. C’est une observation récurrente que nous avons faite avec les chargés d’affaires ou le consultant en innovation lors de nos échanges et ateliers pour améliorer notre accompagnement. Nous parlions alors d’un manque de culture du projet. Le premier rapport à l’usager ou au parcours d’usage observé apparaît lors du workshop d’entrée qui aborde, sous forme d’atelier « sprint » (une semaine en ateliers collectifs et individuels) la notion de problème / Valeur ajoutée et, en amont de cela la notion d’usage, d’utilisateur de parcours d’usage et de persona. (Chesbrough, 2007)

Figure 59. Parcours d’incubation des startups il y a 3 ans.

Nous avons observé que derrière cette semaine intensive, imaginée pour « repenser » et poser le projet et la startup sur de nouvelles bases, celles de l’accompagnement de l’incubateur, il y avait un essoufflement de l’objectif : l’intégration d’une culture forte de la notion de problème / Valeur ajoutée dans une innovation et donc intrinsèquement d’une connaissance et d’une analyse fine pour le projet de l’usager de son parcours d’usage.

La multitude d’intervenants et d’outils utilisés dans l’accompagnement, les différents ateliers, nous ont aussi amené à mieux comprendre le parcours d’usage du service d’accompagnement de projet de startups sur l’innovation de l’incubateur et à révéler ainsi le non-usage d’outils ou de processus mis en place par l’entreprise pour travailler, de manière précise, les trois premiers mois sur la notion de Problème / Valeur ajoutée et ainsi obtenir un culture et une expertise supérieure pour les projets. Nous avons donc créé des visuels pour mieux cerner l’écosystème qu’intègrent les startups au sein de l’incubateur.

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Figure 61. Création de visuels des ressources internes / externes de l’incubateur 2015/2016.