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Pour affiner le profil que représente le startupper type pour l’incubateur Nubbo, intéressons-nous au travail de recherche du sociologue et directeur de recherche au CNRS Michel Grossetti. Son travail qui porte sur 97 startups de 2005 à 2015 facilite la conception de la définition à donner du startupper ordinaire, loin des idées de startups licornes ou des avancées fulgurantes de Netflix ou de ITunes. Son travail de recherche (Barthe, Grossetti, 2018) propose plutôt l’idée de startuppers standards, qu’il définit lui comme « innovateurs ordinaires ». Loin des réussites médiatisées par l’écosystème startup, il observe une majorité de réussites honorables et peu d’échecs catastrophiques (Chevalier, Micaelli, 2008). Il parle, dans son travail, d’innovations discrètes, construites autour de petites équipes. C’est un profil un peu moins jeune et « cool » que dresse le chercheur. Les startuppers ne sont pas tous jeunes, les étudiants représentent une part minoritaire et les moins de trente ans ne représentent que 20% des profils startuppers. La masse des startuppers représente des cadres ou des ingénieurs dans une moyenne d’âge entre 30 et 50 ans qui ont pratiqué un métier

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dans lequel ils n’avaient qu’un rôle de salarié. (Akrich, Callon, Latour 1988) Deux facteurs motivent ce changement dans leur vie :

• une instabilité professionnelle ;

• une envie de mettre en place un projet d’entreprise.

L’image de l’homme frappé par une idée fabuleuse et qui monte sa startup est donc très loin de la réalité et des messages reçus. M. Grossetti observe plusieurs cas de figure, que nous rencontrons aussi dans notre Incubateur : il y a les employés qui ont imaginé des projets depuis longtemps, mais que leur cadre personnel de travail ne leur permettait pas de mettre en place. Ce qui implique qu’ils quittent leur poste pour créer leur entreprise ; il y a ceux qu’une instabilité professionnelle pousse à se lancer. Puis il y a aussi ceux qui ne quittent pas leur emploi, comme les chercheurs ou certains cadres de grosses structures et développent à côté de leur poste, la création de leur startup. (Almeida, Fernando, 2008)

Ce que nous pouvons ajouter à ce travail de recherche, au filtre de la typologie de secteurs sur lesquels nous travaillons, ce sont les éléments clés qui permettent de monter, de manière stable, sa startup, observés sur plus 227 sociétés, ainsi que sur celles que nous avons accompagnées :

• Innovation technologique ou d’usage : évolution significative d’un produit, d’un service ou d’un processus de fabrication qui apporte quelque chose de nouveau sur le marché.

• Projet B to B : le modèle économique est nécessairement tourné vers les entreprises. Tous secteurs d’activités : santé, web, ingénierie, chimie, électronique, logiciel…

• Hypothèses d’un problème client identifié et de valeur ajoutée de la solution.

• Disponibilité à temps plein du futur dirigeant : la réussite d’un bon nombre de startups se joue ici. Bien évidemment, monter une startup est un job à plein temps.

• MVP (produit minimum viable) réalisé ou réalisable dans un délai maximum de 3 à 6 mois.

À ces éléments, il faut ajouter l’importance de la notion d’équipe. Le startupper ne peut être seul. Seulement 25 % des startups observées par le

sociologue M. Grossetti débute avec un acteur unique, 32 % sont développées par deux associés et 25 % par trois et 13% par quatre et plus. Dans notre entreprise c’est une majorité de projets développés à deux et plus que nous accompagnons. Dans le cas de startuppers solitaires nous mettons rapidement en place une stratégie de création d’équipe (stagiaires, associés, etc.) pour pallier ce problème qui est une cause de mortalité. (Alter, 2000, 2012)

« Seul on va plus vite, ensemble on va plus loin », Ce proverbe s’intègre parfaitement dans le travail d’accompagnement que nous réalisons à l’incubateur Nubbo.

Cette recherche se base donc sur un travail de terrain avec un lieu d’accompagnement dédié aux startups et la prise en compte des différentes startups rencontrées au cours de l’élaboration de cette thèse.

Figure 6. Chiffres clés de l’incubateur Nubbo sur lesquels s’appuie notre travail.

Ne pouvant pas prendre l’ensemble des projets et des réalisations développées durant cette thèse, nous avons donc sélectionné une série de startups avec lesquelles nous avons testé un maximum de processus de design, réalisé un nombre suffisant d’itérations et abouti à la méthodologie ainsi qu’aux outils développés pour

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l’accompagnement en design de service au sein de l’incubateur Nubbo. Voici quelques-unes des différentes startups avec lesquelles cette thèse a été développée et que l’on retrouve comme exemples appliqués dans les chapitres suivants. Là aussi une diversité de secteurs a été choisie pour offrir un large spectre de pratiques dans les projets de startups. (Anders, 2000)

Comme nous l’avons déjà rappelé, ce laboratoire de travail avec les startups, porte aujourd’hui le nom de Nubbo, nouvelle appellation du service des startups de la Région Occitanie. Dans la continuité des évolutions et des changements de structures dûs à la création de la nouvelle région Occitanie et afin d’augmenter la lisibilité de l’offre des services multiples de celle-ci, en 2018 le nom de notre incubateur a changé. C’est là une première approche « sémio-praticienne » qui illustre l’importance des

stratégies de signification dans une nouvelle démarche de communication impactante. (Alame, 2009), (Sorensen, Mattsson, Sundbo, 2010)

Figure 7. Nouveau logo de l’incubateur Nubbo.

L’analyse sémiotique du logo et de l’univers de marque serait intéressante à mener ici mais n’est pas l’objet de ce travail. Cependant, on notera que l’ensemble des éléments graphiques créés, rend lisible cette nouvelle démarche d’échanges, de co- création, d’accompagnement, d’engagements réciproques, professionnels et de lisibilité dans le paysage de l’accompagnement des startups sur la région Occitanie. Une relation de confiance, de lien est aussi représentée par la symétrie du « n » et du « u ». Nous entendons souvent dire par les startups « je suis passé par l’incubateur Nubbo » tel un label de validation ou de qualité, mais aussi d’appartenance à une « tribu ». Le projet sera donc, dans les années suivantes, de penser Nubbo comme une marque forte, en créant une constante d’expression et de contenu qui modélise sa nouvelle identité. Cette identité propose une vision du marché des startups, une vision qui se veut différente dès la mise en place du service d’accompagnement de startups pour éviter toute pétrification de celle-ci et de son projet, de son business, de son graphisme, de son objet, de son service, enrichie par un travail de culture en design du projet (viabilité, faisabilité, désirabilité), afin nous différencier dans l’écosystème des startups en Occitanie. C’est cette même culture design qui se retrouve dans l’évolution de l’incubateur et de sa communication comme dans l’accompagnement proposé désormais aux startups. Cette proposition d’enrichissement de l’accompagnement, par le design et au filtre de la sémiotique, nous la développons de manière pratique dans les chapitres suivants.

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