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Une défiance réciproque entre jeunes et institutions

mutations rapides et profondes

Chapitre 1 : Une crise institutionnelle sans précédents

1.2 Une défiance réciproque entre jeunes et institutions

Observons l’évolution des mots pour regarder les mutations de société : le terme jeunisme, construit de la même façon que le terme racisme par exemple, désignait initialement ceux qui étaient discriminants vis à vis des jeunes.

Aujourd’hui, ce vocable évoque ceux qui les flattent. Derrière ce renversement, apparaît bien la marque de cette société qui a du mal à penser son rapport aux nouvelles générations, son rapport à un monde en profonde transformation. De ce point de vue–là, souligne Jean Claude Richez, notre société paraît bloquée dans une sorte de gérontocratie de fait. Pour lui « dans la mesure où une politique jeunesse relève du politique, de l’intervention de l’Etat, de la

collectivité en général […] on peut considérer qu’en France, il n’y a pas eu de véritable politique de jeunesse avant la mise en place de la Vème République. Auparavant, on considérait en général qu’elle relevait de la sphère privée, de la famille ou alors d’une politique scolaire ou militaire (la conscription). »163

Pour notre présente réflexion, il importe que nous puissions analyser la façon dont les défiances se sont construites, les raisons de cet état de fait aujourd’hui installé, et surtout les possibles modalités de dépassement. 164

Une difficulté de reconnaître

Pour l’essentiel, il est vraisemblable que le constat de défiance résulte d’une non satisfaction des attentes très fortes des jeunes vis-à-vis des adultes et des institutions. Ce n’est pas à proprement parler une défiance contre les institutions, mais davantage une défiance de déception. Cette distance entre jeunes et institutions est tout à fait problématique dans une démocratie. Pourtant force est de constater que la contestation s’exprime peu, qu’elle n’est pas active dans ce domaine.

Pour analyser cet état de fait, nous avons tenté de mieux comprendre pourquoi les protagonistes avaient tant de mal à se reconnaître.

Sylvie Tumoine165, en décembre 2004, disait de la reconnaissance mutuelle : « Les jeunes souffrent d’une image dégradée, de préjugés et d’une méfiance quotidienne de la société à leur égard. Les feux de l’actualité se concentrent le plus souvent sur les problèmes des jeunes

163 RICHEZ (Jean-Claude) « Les présupposés d’une politique de jeunesse », Revue Territoires, 2007.

164 Nous pouvons regarder avec intérêt, dans ce champ, les travaux de Louis Chauvel.

CHAUVEL (Louis), « les nouvelles générations devant la panne prolongée de l’ascenseur social » : http://louis.chauvel.free.fr/ofceralentissementgenerationnel5.pdf

165 Sylvie TUMOINE, Ministère Jeunesse et Sports,

et sur les jeunes à problèmes, plutôt que sur les ressources dont ils sont porteurs pour la société d’aujourd’hui et de demain. Pourtant, ils sont des milliers chaque année à pouvoir témoigner de leur capacité d’initiative, de leur sens des responsabilités, de leur créativité et de leur esprit de solidarité. »

Les jeunes, dans toute leur diversité, revendiquent une reconnaissance sociale qui aujourd’hui leur fait défaut. Ils demandent simplement à être écoutés, pris au sérieux, acceptés dans leur diversité afin de « prendre la place qu’ils ont choisie d’occuper dans la société. La confiance s’instaure dans l’action, dans l’engagement réciproque, dans la prise de risque partagée. La démarche de projet constitue à cet égard un support privilégié de dialogue entre les jeunes, les adultes et les institutions. Elle conduit progressivement à prendre en compte le point de vue de l’autre, à développer une écoute positive et exigeante marquée de respect mutuel.

La société a besoin du dynamisme de la jeunesse pour se développer. De leur côté, les jeunes ont besoin pour mûrir de se confronter au réel, de s’approprier les règles du jeu social. A nous adultes, de les aider à comprendre ces règles et surtout à faire en sorte que cette étape indispensable ne soit pas vécue comme un obstacle infranchissable. »166

Entre l’écoute et la prise en compte

Certes, la reconnaissance est essentielle, mais elle implique une imbrication de postures dont nous avons besoin de prendre conscience pour mieux savoir les faire émerger. Le premier niveau de reconnaissance nécessaire, c’est incontestablement l’écoute, y compris l’écoute d’un propos qui ne correspond que très partiellement aux propos attendus ou aspirés. Ecouter, en ce sens, c’est donner le temps de l’expression, c’est accepter une structuration et une logique différente… Le second niveau, c’est la prise en compte réelle de cette différence, qu’elle soit de forme ou de point de vue. Sans présupposer que le point de vue des jeunes puisse être toujours différent de celui de l’institution ou de l’adulte, il importe toutefois de garantir que si la divergence existe, elle puisse avoir le droit de s’exprimer.

Viennent ensuite les trois autres niveaux, qui relèvent de la reconnaissance de la mise en œuvre : en ce sens reconnaître, c’est, premièrement, créer l’espace de liberté nécessaire à la mise en place des projets, des idées, des envies… ; deuxièmement, reconnaître les porteurs des projets comme des acteurs légitimes ; troisièmement, être en capacité de proposer les conditions de la valorisation, de la mise en lumière des projets ou des initiatives, dans l’environnement social des jeunes.

De notre point de vue, la reconnaissance constitue un principe absolument fondamental. C’est de l’accueil d’une génération dont il est question : reconnaître les jeunes, c’est faire une place à une génération nouvelle et affirmer la confiance que nous lui portons.

Jean-Claude Richez associe la reconnaissance à deux autres concepts : la valorisation, sans laquelle il estime qu’il ne peut y avoir reconnaissance réelle, et la qualification, qui atteste de la capacité de celui qui reconnaît à accompagner techniquement les modalités de mise en œuvre.

La question de la reconnaissance est une question d’actualité. Elle ne se posait pas sous cette forme et avec cette prégnance jadis. Elle apparaît parce qu’émergent aussi les questions d’identité et de légitimité aujourd’hui. « On ne sait plus qui on est ». L’identité sociale ne va pas de soi, et nous faisons alors appel à la reconnaissance.

Entre le contrôle et la confiance

Reconnaître, dans notre acception du terme, relève bien de la capacité de l’adulte ou de l’institution à faire confiance. Ainsi, la reconnaissance du droit d’agir et de créer ne peut se fonder sur un laisser faire suivi d’un contrôle en bonne et due forme.

Les jeunes, s’ils ont besoin de se construire sur ce qu’ils sont, ont aussi besoin de voir que les adultes placent une réelle confiance en eux, de voir que la collectivité est susceptible de les écouter pour ce qu’ils ont à dire, de voir que leur droit d’expression est identique à celui des autres.

Confiance et reconnaissance se conjuguent également avec un souci de respecter l’autre comme un interlocuteur en capacité de comprendre les obstacles et les impossibilités, quand ceux-ci sont réels et explicités.

Un double jeu de représentations

Dans la relation des jeunes aux institutions, plus que de la défiance, c’est peut-être de cette demande de confiance dont il est question. Le regard que portent les jeunes sur la façon dont les adultes leur proposent d’agir peut être ressenti comme un manque de confiance : ils parviennent parfois à exprimer leur sentiment « d’action sous tutelle » ou de liberté restreinte à des cadres qui ne sont que rarement co-construits ou négociés.

La demande des jeunes, de notre point de vue, n’est pas de cette nature. Ce qu’ils attendent, c’est bien d’être reconnus comme réels interlocuteurs de la part des institutions, scolaires, associatives, politiques…

Pour ce faire, les contours des représentations actuelles doivent bouger de façon sensible, et ce du côté des institutions comme du côté des jeunes.

La perception des institutions par les jeunes

Nous l’avons souligné, les représentations que les jeunes ont des institutions ne permettent pas, en l’état, de nouer un dialogue ouvert.

Ceci étant, il importe de bien considérer le concept de représentation comme le résultat d’un processus interactif, qui peut agir tantôt comme facilitateur tantôt comme obstacle à la rencontre, au dialogue ou à la participation sociale. Pour cette raison, il nous est paru important de faire un détour par le concept de représentation sociale, pour mieux analyser les façons dont les uns et les autres s’en emparent.

Par représentation sociale, Denise Jodelet167 entend « des systèmes d’interprétation, régissant notre relation au monde et aux autres, [qui] orientent et organisent les conduites et les communications sociales ».

La définition met clairement en évidence le rôle ainsi joué par ces images interprétées de la réalité. Les individus sont dans l’obligation de se construire des représentations du monde qui leur permettront ultérieurement de «lire» leur environnement. Ainsi, cette notion de représentation révèle en quoi nous sommes désormais face à un monde qui se veut inévitablement codifié et codifiable. Ce code s’impose même comme la condition de possibilité de son appréhension chez des individus qui ne peuvent se soustraire de différentes modalités de la communication sociale.

Les représentations constituent donc des ponts entre le visible et l’interprété, qui tendent à réduire les écarts pour une plus grande cohérence du système de pensée de tout un chacun. Cette approche métaphorique des ponts peut faire écho à l’analyse des stéréotypes proposée par Yves Winkin dans «Anthropologie de la communication»168. L’ouvrage permet en effet une lecture qui pourrait mettre en avant le caractère positif des stéréotypes, souvent occulté par la vision négative qui considère ces catégorisations comme trop réductrices. Ces produits de la catégorisation semblent en effet occuper une fonction cognitive essentielle. Ils créent en quelque sorte des raccourcis cognitifs à travers lesquels l’individu structure ses relations intersubjectives et sa compréhension de l’autre et du monde en général.

Ces stéréotypes peuvent permettre de commencer à poser une certaine prévisibilité, mécanisme en jeu dans notre propre culture, avec un étranger avec qui l’on entretient pourtant

167 JODELET (Denise), Les représentations sociales, PUF, Paris, 1989.

peu de contact personnel. Cette probabilité va favoriser la confiance intersubjective et mettra en place des représentations qui constituent pour l’acteur social un certain guide pour l’action. Bien que ces représentations puissent également aboutir à un choc de deux ambitions subjectives émanant d’une culture distincte, elles constituent néanmoins un véritable enjeu social. Elles permettent de comprendre en quoi la communication doit inévitablement se lire à travers des codes à entretenir, des rites à suivre, une vraisemblance à élaborer. Cette lecture de la communication explicite le poids des stéréotypes qui découlent finalement directement des catégorisations sociales et des représentations sociales.

En ce sens, les jeunes ne sont pas différents des autres : ils observent, interprètent ce qu’ils voient ou entendent, et construisent des schémas conformes à ce qu’ils ont analysé.

De façon très schématique, pour illustrer ce propos, les axes de construction de la représentation que les jeunes se font des institutions s’imaginent aisément autour des facettes visibles et souvent stigmatisées de bon nombre d’institutions : relation d’immédiateté impossible, lourdeur des procédures, définition des demandes en termes de projets complexes, modalités d’évaluation apparentées à des contrôles de réussite…

En outre, c’est de cette interprétation du réel et de son incompatibilité avec les besoins et caractéristiques des jeunes que naissent le clivage, la méfiance, la défiance… Ce jeu de représentations se retrouve également au sein du réductionnisme mis au jour par Yves Winkin. Sans prendre en compte l’importance de l’intentionnalité, de la prévisibilité et de la culture, l’on peut rapidement tomber dans certains stéréotypes qui invalideraient toute possibilité d’une véritable analyse sociale. On s’en tiendrait alors à l’illusion que la société est faite d’interactions et qu’il suffit de les regarder de près pour saisir la vérité du social. Alors que, comme nous le rappelle Pierre Bourdieu : « La vérité de l’interaction ne réside jamais tout entière dans l’interaction »169.

C’est ainsi que dans son ouvrage, Yves Winkin va tenter de s’intéresser à l’altérité à travers le prisme de la communication qui mettra en lumière des phénomènes de catégorisation, de stéréotypie ou de formalisation sociale.

La perception des jeunes par les institutions

Le jeu des représentations est toujours double. Un observateur, via la nature de son regard, influe toujours sur le regard de l’autre. De fait, si nous comprenons facilement comment des jeunes élaborent leurs représentations des institutions, force est de constater que les institutions elles-mêmes construisent et véhiculent des représentations tronquées de jeunesse.

La globalisation des discours sur la jeunesse, que nous avons précédemment évoquée ; la façon dont les jeunes les plus en phase avec les discours institutionnels s’en saisissent ; le traitement de certaines questions de jeunesse par des réponses répressives peu constructives… tendent à proposer aux acteurs institutionnels – et plus largement aux adultes – des éléments de construction de représentation peu en phase avec la diversité et la pluralité des réalités de jeunes.

C’est de ce double jeu dont nous devons absolument nous saisir pour être en mesure de comprendre d’une part les enjeux de la relation intergénérationnelle dans une société démocratique, d’élaborer d’autre part des propositions qui facilitent ces rapports sociaux en reconnaissant les spécificités et les besoins de chacun des protagonistes.

Une juxtaposition d’identités prédéfinies : l’élève, le « fils de », le « jeune du quartier »…

Les constats que nous posons sur les difficultés relationnelles entre jeunes et institutions – plus globalement entre jeunes et adultes – influencent inévitablement le travail de construction identitaire qu’entament les jeunes au moment de leur adolescence.

Nous avons souhaité regarder un temps la façon dont s’organisent ces processus de construction pour mieux analyser les dysfonctionnements conjoncturels que nous avons à dépasser.

La construction identitaire face au cloisonnement des rôles

Conformément aux processus d’individuation que nous avons tenté de mettre en exergue dans notre première partie, la construction identitaire à laquelle se confronte chaque jeune doit lui permettre de se définir précisément, singulièrement. Bien sûr, cette construction, dont l’aboutissement est par essence très individuel, ne peut se mettre en œuvre que dans la relation à l’autre.

Dans son ouvrage, François de Singly170 démontre clairement le rapport étroit entre construction identitaire et individuation: « Le processus d’individualisation exprime un refus devant la réduction identitaire » nous dit-il. Comprenons bien alors que l’enferment des jeunes – en quête d’une identité stable – dans une définition qui ne relèverait que d’un rapport statutaire ou filial serait forcément restreignant.

Cette réaction identitaire plus ou moins pré-assignée, tels les rôles préconstruits de la jeunesse

évoqués précédemment, est sous-tendue par l’idée d’un certain ordre social ritualisé, à célébrer, ou non, dans toute interaction sociale. Nous ne pouvons manquer de relier ce point à l’argumentation d’Erving Goffman qui fait du monde une véritable pièce de théâtre171. En analysant les interactions sociales, les rites de politesse, les conversations et tout autre élément banalisé de la vie quotidienne, il fait de l’interaction en général un outil permettant de célébrer une certaine culture.

Ainsi, à travers tout «rituel d’interaction», il est, selon l’auteur, possible de réaffirmer un ordre social et moral propre à chaque communauté. Dans toute interaction, nous tentons de donner une certaine image de nous-mêmes, façonnée par les règles cérémonielles de notre société, auxquelles nous ne pouvons nous soustraire.

Le monde peut, dès lors, être assimilé à une pièce de théâtre au sein de laquelle les individus sont des acteurs qui tiennent des rôles et où chaque relation sociale s’impose comme une représentation sculptée par ces règles cérémonielles pré-établies. Chacun dispose cependant d’une certaine marge de manœuvre par rapport à sa définition fonctionnelle puisqu’il doit indubitablement adapter sa représentation au rôle qui lui est attribué afin d’augmenter la crédibilité de l’image qu’il entend donner de lui-même.

L’élargissement de cette réflexion sur la distanciation possible entre rôle attribué et initiative personnelle force à constater que, dans cette vision des choses, nous ne produisons pas vraiment la communication, nous y participons. Aussi, pouvons-nous remarquer que notre participation se fait ici au travers d’univers psychologiques déjà façonnés par une certaine culture. Nous en sommes membre parce que nous y sommes prévisibles et que nous y «performons»172 la culture par nos faits et gestes. C’est donc par l’intérieur que nous pourrons comprendre la communication qui s’établira. Cette dimension interne mettra en lumière le mécanisme mis en jeu ici: les individus sont liés entre eux par un système d’attentes réciproques, de maximes conventionnelles qui mettent au point une présupposition normative et cognitive basée sur ces raccourcis interindividuels.

Dans notre démonstration, il existe un parallèle systématique entre les caractéristiques de l’ordre social au niveau sociétal et celles de l’ordre social au niveau interactionnel: une interaction entre deux personnes n’est jamais seulement une interaction, c’est toujours un certain type d’ordre social. Toute interaction convoque la société tout entière par le fait qu’elle fonctionne sur les mêmes principes. Ainsi, en chaque interaction, Erving Goffman voit un rituel de célébration de la société tout entière.

171 GOFFMAN (Erving) La Mise en scène de la vie quotidienne, t. 1 La Présentation de soi, Minuit, Paris, 1973.

172 Ce concept de « performance » culturelle provient de l’interactionnisme symbolique, issu lui-même de la sociologie américaine, et il est repris par Yves Winkin dans « Anthropologie de la communication ».

Notre point de vue trouve des illustrations nombreuses dans les espaces scolaires, au sein desquels l’identité de jeune a bien du mal à se combiner à celle d’élève. Pourtant, la construction personnelle de chacun nécessite une mise en cohérence des espaces de pensée et de vie. Il va de soi qu’un jeune qui se trouve en difficulté face aux apprentissages scolaires ne peut se contenter d’une identité de mauvais élève et doit pouvoir être valorisé via d’autres facettes de ce qu’il est.

Mais pour ce faire, l’environnement doit être en capacité de porter un regard transversal, englobant des capacités scolaires certes, mais également des comportements sociaux, citoyens, des compétences artistiques, créatrices, des qualités humaines, solidaires, des aspirations militantes, engagées…

Ce regard sur l’individu dans sa globalité constitue selon nous une condition sine qua non de reconnaissance, de prise en compte, de valorisation.

La difficulté de perméabiliser les cadres et les espaces

La difficulté que nous pointons ici d’élargir les regards pour garantir la cohérence et l’intégrité des individus, n’est pas nouvelle. Elle émane sans doute de la nécessité de créer les conditions d’une éducation partagée au sein de laquelle chaque acteur, parce qu’il a défini son rôle et parce qu’il reconnaît les autres, est légitime à agir. En revanche, pour construire une telle configuration, la perméabilité des espaces, des structures, des institutions… est nécessaire.

Nous avons donc besoin de nous pencher sur la façon dont s’organisent la communication et la coéducation au sein même des collectifs de ceux et celles qui ont l’ambition d’accompagner les jeunes, afin de pouvoir assumer des missions éducatives qu’aucun acteur n’est légitime à porter seul.

Cette transversalité ne doit bien évidemment pas devenir une superposition des rôles et fonctions des uns et des autres, mais bien une combinaison cohérente d’espaces différents au