• Aucun résultat trouvé

Partie II : Analyse d’instruments politiques favorables au développement de

3. Les systèmes agroforestiers dans les Stratégies Locales de Développement

3.2. Une conception environnementale de l’agroforesterie

La recherche d’occurrences montre que 18 chartes sur 29 font explicitement référence aux systèmes agroforestiers. Il est toutefois remarquable que, si certaines chartes ne concernent pas les systèmes agroforestiers, elles accordent beaucoup d’intérêt à la valorisation de la forêt paysanne, et donc aux liens pouvant exister entre agriculture et forêt. C’est le cas notamment de la charte du PNR de l’Ariège qui associe explicitement les agriculteurs à la politique forestière (des travaux sylvicoles à la commercialisation des bois, en passant par la production et la transformation de la ressource).

Le tableau 5 dénombre le nombre d’actions par occurrence dans les 18 chartes restantes. Les actions associées au sylvopastoralisme sont généralement associées aux enjeux visant à tisser des liens entre agriculture et forêt. Toutefois nous excluons les chartes qui ne traitent que du sylvopastoralisme dans la mesure où elles ne concernent pas l’agroforesterie hors forêt. Cette sélection ramène le nombre de chartes prenant en considération l’agroforesterie hors forêt à 12 chartes sur 29. Bien que cela ne soit pas négligeable, c’est relativement peu. D’un point de vue géographique, ces chartes se situent essentiellement sur des territoires non montagnards, à l’inverse des chartes qui prennent en considération le sylvopastoralisme qui, elles, se situent en zone de montagne.

Tableau 5 : Occurences "agroforestières" dans les CFT

Occurrence Nombre d’actions Remarque

Sylvopastoralisme 6

Agroforesterie 7 Dont :

- 1 action est associée au sylvopastoralisme - 1 action associée à des productions sylvicoles autres que le bois (truffes, champignons, châtaignes, amandes).

Ripisylve 7 Certaines ripisylves peuvent être incluses dans la

définition des forêts (largeur sup. 20 ml)

Haie / Bocage 10

Si l’on observe les enjeux auxquels sont associées les actions prenant en considération les systèmes agroforestiers hors forêt, 20 concernent des actions en lien avec des enjeux environnementaux, 3 concernent des actions en lien avec des enjeux de production et 1 concerne l’innovation. Les systèmes agroforestiers hors forêt sont ainsi nettement associés à des enjeux environnementaux (corridors écologiques, qualité de l’eau, cadre de vie et paysage…). Remarquons que les actions liées au sylvopastoralisme sont quant à elles associées soit à des enjeux de production, soit à des enjeux visant la complémentarité entre agriculture et forêt. Sur ce dernier point, les ripisylves, les haies et les systèmes bocagers pourraient être inscrits dans un tel cadre. Mais dans les chartes étudiées ce n’est pas le cas.

Lorsque les systèmes agroforestiers hors forêt sont associés à des enjeux de production, il s’agit par exemple de structurer la filière bois énergie et d’organiser la gestion collective de la filière grâce à des actions visant la haie et les systèmes bocagers (Pays Sud Charente), de mettre en place une filière bois énergie locale (Pays du Chinonais) ou de diversifier la sylviculture grâce à l’agroforesterie dans un contexte de changement climatique (PNR du Morvan).

La majorité des actions mises en œuvre pour répondre aux enjeux environnementaux associés aux systèmes agroforestiers hors forêt relève de l’animation/sensibilisation,

visant à faire connaître les fonctions environnementales des systèmes agroforestiers, la réglementation en vigueur au sujet des ripisylves, les mesures de soutien à la plantation ou à l’entretien. Les actions visent aussi largement la réalisation et la diffusion de recommandations techniques sur les « bonnes pratiques » d’entretien.

Sporadiquement des actions visant à mettre en exergue la dimension productive des haies figurent également parmi des actions relevant d’enjeux environnementaux. Le PNR du Morvan en 2004 se fixait notamment comme objectif de « rechercher des filières de commercialisation » pour les haies bocagères. Le Pays Horte et Tardoire envisage la « valorisation de la haie ». Toutefois, dans le cas du PNR du Morvan, le bilan de la charte de 2004 met en exergue les difficultés rencontrées pour susciter l’intérêt des agriculteurs au sujet de la valorisation des haies sous forme de bois énergie.

Dans le Pays du Chinonais, les actions s’inscrivant dans des enjeux de production visent la mise en place de chantiers de production de bois énergie en haie, à établir des liens entre l’entretien des haies et la filière bois, ainsi qu’à la mise en place d’un plan de gestion collectif du bocage. Une nuance est à apporter sur ce dernier point dans la mesure où le bocage concerné couvre une surface d’1,7 ha. Dans le cas du Pays Sud Charente, les actions consistent à mettre en place des suivis de chantier d’exploitation bois énergie, à mesurer la qualité du combustible livré et l’adoption d’une charte qualité. Le PNR du Morvan, dans sa charte de 2016, prévoit de développer l’agroforesterie pour diversifier la sylviculture. Le PNR des Grands Causses et le Pays du Chinonais visent le développement de l’agroforesterie à titre expérimental. Le Pays Midi-Quercy souhaite communiquer sur l’agroforesterie. Ces actions en faveur de l’agroforesterie intra-parcellaire suggèrent une volonté d’ouvrir la production sylvicole à des fins autres que celles du bois énergie. Hormis ces actions relativement isolées et se situant très en amont de la production effective de bois, il ressort de l’étude de ces chartes forestières que lorsque la dimension productive des systèmes agroforestiers hors forêt est prise en considération dans les politiques territoriales, celle-ci se restreint essentiellement à la production de bois énergie.

En définitive, les CFT excluent majoritairement les peuplements linéaires de la stratégie forestière. Dans les cas où ils ne sont pas exclus, leur fonction est

considération, elle se limite à la production de bois énergie. Pour l’ensemble de ces raisons, les CFT tendent à reproduire localement les cadres nationaux de la politique forestière.

3.3.

Regroupements de propriétaires : quels enseignements pour les