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un timbre pour lutter contre la tuberculose

de solidarité nationale, est apparu en décembre 1904 au Danemark. Dès l’origine, l’objectif visé est double : financier, en constituant un fonds pour lutter contre la maladie et créer des sanatoriums, et éducatif, en diffusant des conseils préventifs. Le succès de l'initiative encourage sa diffusion in- ternationale.

Les campagnes de propagande ont généralement le même format. Elles allient différents moyens de communication (presse, radio, affiche, timbre, etc.) et divers acteurs, publics ou privés. Elles utilisent la puissance de l’image sur les individus et empruntent aux imaginaires collectifs. En témoigne l’attribut présent sur la majorité des timbres : la croix rouge à double barre. Proposée par le médecin français Gilbert Sersiron, elle est l’emblème du ralliement pour la lutte mondiale contre la tuberculose depuis 1902 et de la « solidarité des peuples vis-à-vis de la maladie et de la mort ». Le symbole fait sens, il rappelle à la fois l’emblème de la pre- mière croisade et la protection des blessés sur les champs de bataille. Les registres sous-jacents derrière l’emblème sont donc multiples – chrétien, militaire et patriote – pour illustrer une croisade pacifique contre une maladie « sociale ».

Dès l’apparition du timbre en France en 1927, il constitue un « instrument d’éducation sanitaire » et s’apparente à une vignette éducative (Arlette Mouret, 1994). Le sujet, porteur de symbole, est assorti d’une légende (slogan), d’une année, de la croix-emblème, du prix, du nom de l’auteur du timbre et de la mention du Comité de défense contre la tuberculose. Le timbre français de l’année 1934, tel qu’il figure sur l’affiche publicitaire, rompt cependant avec ceux des années antérieures. En effet, le sujet, la vaccination B.C.G. (Bacillum Calmette-Guérin), est la première allusion au vaccin dans des timbres dont les slogans prenaient la forme de conseils d’hygiène. Le sujet est abordé par le biais d’un hommage à Albert Calmette (12 juillet 1863-29 octobre 1933), décédé l’année précédente, médecin et bactériologiste militaire français qui a mis au point avec Camille Guérin ce vaccin contre la tuberculose. La légende « Calmette, sauveur des tout-petits par le vaccin B.C.G. » est explicite et rehausse la figure magnifiée du portrait. Sur ce dernier, Calmette apparaît en effet de trois-quarts, le regard porté vers l’horizon du visionnaire et vers la croix-emblème. La prise de vue est à hauteur d’œil, suggérant l’humanité du personnage, un gros

cultures populaires, cultures informelles

plan focalisé sur le visage de Calmette, mis en valeur par un arrière-plan neutre. La ligne du visage suit le coin droit haut du cadre, le nez et la barbe dans la diagonale. En 1934, la vaccination massive des enfants est mise en place depuis deux ans (elle n’est rendue obligatoire qu’en 1950). Si le décès de Calmette explique en partie le choix du sujet, on ne peut penser qu’il n’ait eu de lien avec le contexte historique marqué par un scandale d’ampleur. En 1930, 72 enfants vaccinés avaient en effet contracté la tuberculose à Lübeck, en raison de la négligence des médecins. Dans ce contexte, le choix d’aborder la vaccination par le biais du timbre antituberculeux a pour objet de sensibiliser le grand public à ses bienfaits. L’affiche elle-même est une lithographie en couleur de format 600x405 mm réalisée par Henri Cheffer (1880-1957) et diffusée par le ministère de la Santé publique et de l’éducation physique ainsi que par le Comité national de défense contre la tuberculose. Elle met en valeur le timbre et le slogan « Achetez le nouveau timbre antituberculeux ». La disposition des éléments et les tailles de police attirent le regard du lecteur sur le portrait de Calmette et sur le mot « Achetez ». L’objectif de l’affiche est financier (elle vise l’achat du timbre par le lecteur et la collecte de fonds), informatif (elle présente le timbre inédit) et préventif (par la puissance de l'image). L’affiche et son objet principal, le timbre antituberculeux de 1934, attestent ainsi du développement de la prévention et de la promotion de la santé à travers des supports de communication qui s’apparentent, par certains aspects, à des dispositifs de médiation scientifique appliqués à ce que l'on nomme aujourd'hui « éducation à la santé ».

Équipement chimique Merit fabriqué par J & L Randall LTD en Angleterre et distribué en Belgique. Collection personnelle.

1962

I

l y avait quelque chose d’intrigant dans les éprouvettes remplies de matières aux noms bizarres. Mon objectif était de trouver tout ce que je pouvais mélanger pour créer une explosion. J'ai découvert qu'il était possible d'acheter à la droguerie tout ce qu'il me manquait. Quand on demandait cent mètres de mèche de pétard au magasin de bricolage, le vendeur répondait en rigolant : Qu'allez-vous faire les gamins ? Exploser une banque ? Ces propos de Kary Mullis, prix Nobel

de chimie, datent de 1993.

Aurait-il pu révolutionner la génétique en concrétisant le concept d’amplification de l’ADN si, enfant, il n’avait pu s’essayer à quelques expériences risquées, poussé par sa curiosité et aidé par l’accès libre et non réglementé aux substances classées aujourd’hui comme dangereuses ? S’il ne s’était pas passionné pour les sciences, propulsant vers le ciel des grenouilles à bord de fusées bricolées, aurait-il été tenté par des études en chimie ?