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(carte postale) l'église au chœur de métal

1902 se situe au cœur de la pleine industrialisation du pays, de la consolidation du mouvement ouvrier et de l’affirmation du courant social au sein du catholicisme. L’époque est à la recherche d’une réconciliation des travailleurs et de la religion. D’où cette construction atypique, conçue pour une église ouvrière où le métal contribue, selon le curé de l’époque Soulange-Bodin, à « dégager une atmosphère familière aux ouvriers pour qu’ils s’y sentent chez eux », « entourés de matériaux de fer et de bois que leurs mains façonnent tous les jours ».

Au moment de la construction de l’église, Plaisance est un quartier pauvre où résident les ouvriers qui ont travaillé au montage et au démontage des Expositions universelles de 1867, 1878, 1889 et de 1900, mais aussi à la construction de la gare de l'Ouest (plus tard rebaptisée gare Montparnasse), située juste à côté et dont les travaux ont commencé en 1837.

La paroisse ouvrière est alors très impliquée dans de nombreuses œuvres sociales. On y sert jusqu’à 2000 repas par jour. Il y a même l’équivalent d’un bureau de placement pour les femmes des ouvriers qui souhaitent travailler à domicile et disposer ainsi d’une source de revenu supplémentaire pour le foyer.

Rattaché à Paris en 1861, Plaisance est un quartier en plein essor démogra- phique. Il voit sa population multipliée par 17 en moins de 50 ans ! De 2 000 habitants en 1850, elle passe ainsi à 35.000 habitants en 1895. L’ancienne église devient très vite trop petite. Le curé Soulange-Bodin souhaite en faire construire une nouvelle bien plus grande.

Une sorte de crowd-funding est alors organisé pour la financer. Monsieur Soulange-Bodin profite du contexte de la préparation de l’Exposition universelle de 1900 pour lancer en 1897 un appel à souscription afin de mobiliser les donateurs au-delà de Paris. 100 000 prospectus sont imprimés à cet effet. S’ensuit un long travail de collecte de fonds. Le curé consacre lui-même une grande partie de ses deniers privés pour la réalisation du projet. Les paroissiens ouvriers ne peuvent cependant eux-mêmes que très peu contri- buer à la construction de la nouvelle église. La difficulté du financement de l’église est en réalité un des déterminants majeurs du choix de son architecture et de ses matériaux. Ces contraintes permettent d’inaugurer le choix audacieux d’une architecture de métal.

cultures populaires, cultures informelles

L’architecte retenu pour sa conception est Jules Astruc qui a notamment été le constructeur de l’église Sainte Hippolyte dans le 13e arrondissement de

Paris (inaugurée en 1902). Contraint de trouver des solutions ingénieuses et économiques afin de se contenter du peu de moyens dont il dispose, Astruc livre trois plans successifs de Notre-Dame du Travail, revoyant chaque fois à la baisse l’ampleur du projet et la nature des matériaux, comme par exemple la suppression des clochers et des voûtes ou le remplacement de la pierre de taille par du moellon dur récupéré suite à la démolition des abattoirs en bordure de la place de Breteuil.

La solution d’une charpente métallique est de cette façon retenue. Elle apporte hardiesse à l’ensemble, confère une grande légèreté à la structure. Elle permet de couvrir un grand espace avec peu de piliers, tout en obtenant beaucoup de clarté. Ce type d’architecture s’est déjà imposée dans la construction civile : Pont des Arts à Paris en 1801 ou gare Saint-Lazare en 1851. Son usage néanmoins dérange ou choque pour une église. Loin de la sérénité et de la noblesse spirituelle à laquelle invite la pierre tradi- tionnelle, la structure métallique renvoie à l’industrie, l’usine, la sidérurgie, les ponts et les hangars. L’architecture métallique est le plus souvent dissimulée derrière un revêtement de pierres, comme pour le Grand palais ou la gare d’Orsay construits à l’occasion de l’Exposition universelle de 1900. Ici point de pierre pour camoufler. Trop cher. Voilà pourquoi cette église marque un jalon dans l’histoire des usages de l’architecture métallique pour d’autres fonctions qu’utilitaires, avec ce choix audacieux pour l’époque de laisser apparente l’armature métallique intérieure, audace compensée par la confection d’une façade en pierres néo-romane de style classique, ne laissant rien deviner de la modernité de l’intérieur.

Le Gramophone

(la meilleure des machines parlantes).

Affiche de Louis-Charles Bombled de Richemont (1862-1927)

Imprimeur CHAIX, Encres Lorilleux, Lithographie en couleur

, 91x128 cm, [S.l.], [s.n.], [DL

1902]

É

couter de la musique en utilisant un poste de radio, une platine vinyle ou encore un lecteur audio numérique est aujourd’hui une pratique ordinaire. L’écoute musicale fait partie de notre quoti- dien, elle est inscrite dans notre univers intime et socio-culturel. Et pourtant, cette pratique si banale date d’à peine 100 ans ! En 1877, Thomas Edison invente le phonographe, le premier enregistreur audio. Cet appareil mécanique permet d’enregistrer des sons sur un support en cylindre et de les reproduire. Dix ans plus tard, Émile Berliner invente le gramophone avec, comme innovation, le disque en tant que nouveau support d'enregistrement. Comme pour l’invention de la photographie et de la vidéo, l’invention de l’audio est une innovation qui chamboule non seulement le monde scientifique en permettant aux chercheurs d’étudier sous de nouvelles perspectives les phénomènes vivants mais également notre univers quotidien, aujourd’hui envahi par le son, l’image et la vidéo.

1902

Le gramophone (publicité)