• Aucun résultat trouvé

demande parfois ce que feraient les humains s’ils vivaient dans un monde sans limites ? Un monde où le chaos prévaut au détriment de la loi ?

Si on fait une analyse psychologique de la première saison de la série américaine Westworld, on trouve des éléments de réponse face à cette interrogation et ce, principalement, à travers le personnage de William. Quand ce dernier découvre ce parc révolutionnaire, il est d’abord subjugué. Il a du mal à faire la distinction entre les visiteurs et les hôtes. Petit à petit, il ressent du dégoût face à son beau-frère Logan qui prend ses aises, détruit tout sur son passage, affronte les hôtes sans merci et profite sexuellement de la chair artificielle. William, d’une âme a priori plus apaisée, est captivé par la beauté et l’intelligence d’une hôte, Dolorès. Il est troublé par sa présence et il est convaincu que les sentiments qu’il éprouve pour elle sont réciproques. Son futur beau-frère a beau essayer de le raisonner, William ne veut rien savoir. Il est persuadé que Dolorès est dotée d’une conscience et qu’elle réfléchit comme le plus normal des humains. Cet amour devenu obsessionnel alerte Logan qui poignarde Dolorès avant de sortir des câbles de ses tripes, pour que William se rende à l’évidence. A partir de ce moment, William le vertueux aux habits blancs, devient l’homme en noir. Désormais, il comprend les règles du jeu. Devant les yeux ébahis de Logan, William tue alors tous les hôtes puis déshabille et ligote Logan à un âne avant de l’envoyer errer dans le désert.

Dans cette première saison, nous découvrons donc un personnage incarnant deux identités différentes : William, lorsqu’il a vécu sa première expérience au parc et l’homme en noir qu’il est devenu. Ce n’est qu’à la fin de la saison que nous réalisons qu’il s’agit en fait d'une seule et même personne à 30 années de distance. Grande est notre surprise. William, captivé par la vie dans le parc, est devenu quelqu’un d’exécrable dans sa vie quotidienne.

Revenons-en à l’analyse de cette transformation radicale. Pour William, la réalité du monde réel se confond avec celle du monde virtuel. Nous pouvons faire le parallèle avec les jeux-vidéos actuels dans lesquels science et société se confrontent en terme de dédramatisation de faits pourtant répréhensibles. Le plus souvent, les jeux offrent des contenus violents et, depuis leur essor dans les années 1990, ils sont pointés du doigt pour être l’une des sources de la violence perpétrée par les joueurs hors du jeu. Pour

cultures populaires, cultures informelles

cause, dans les jeux vidéos, la violence y est banalisée. Le joueur contrôle les actions. C’est lui l’auteur de l’agressivité perpétrée et il s’en donne à cœur joie. Par opposition, lorsqu’il s’agit de films ou d’œuvres d’art, l’humain est dans une position passive. En tant que spectateur, il n’est pas invité à participer à des scènes violentes. Le développement technologique a aujourd’hui dépassé les jeux à la manette et propose une réalité virtuelle qui arrache le joueur de sa réalité pendant quelques heures. De retour à la vie réelle, le joueur souffre de ce que les études scientifiques qualifient de troubles de dépersonnalisation et de déréalisation.

Dans Westworld se pose la question de l’impact qu’a sur la société l’intelligence artificielle mise au service exclusif des entreprises en quête de profit. Westworld est la conséquence probable, à grande échelle, du scientifique qui ne prend pas de recul et qui guiderait l’être humain à sa déshumanisation. Une question complexe s’impose alors : la technologie éloigne-t-elle l’humain de sa vraie nature ou, a contrario, la fait-elle ressortir ?

Ce qui nous différenciera peut-être demain des robots c’est la conscience dont seul l’humain est censé être doté. Encore faut-il s’en servir à bon escient car au rythme où se développe l’évolution technoscientifique, demain l’interdit et le non interdit auront acquis d’autres définitions. Les propos du docteur Ford le fondateur du parc Westworld n’invitent-ils pas à considérer la chose avec un peu plus d’attention ? : “Nous ne pouvons pas définir la conscience parce que la conscience n’existe pas. Les humains croient qu'il y a quelque chose de spécial dans la façon dont nous percevons le monde, et pourtant nous vivons dans des boucles aussi serrées et aussi fermées que le font les hôtes, remettant rarement en question nos choix, notre contenu, la plupart du temps, pour se laisser dire quoi faire.”

W

estword serie

,(HBO 2016)

2016

Westworld (serie)

W

estworld est une série télévisée américaine de science-fiction créée par Jonathan Nolan et Lisa Joy, produite par J. J. Abrams et Bryan Burk, et diffusée depuis le 2 octobre 2016 sur HBO. Il s'agit de l'adaptation télévisée du film Mondwest (Westworld) écrite et réalisée par Michael Crichton en 1973. L’image est extraite du générique de la saison une.

L’image est prise en plan moyen et montre la création d’un robot humanoïde par des bras robotiques articulés. Cet extrait illustre une mise en abîme, par le principe même de la création. Dans cette séquence ce n’est pas l’homme qui crée une machine, mais la machine qui en crée une autre. La robotique humanoïde demeure le point central du plan.

À l’heure actuelle, la philosophie évoque les robots humanoïdes comme un moyen de mieux nous comprendre. Notre société évolue constamment vers la création et cherche toujours plus à repousser les limites. Il est donc