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Chapitre 2/ Une internationalisation multi-niveaux

2.4. Un système de formation valorisant à l’international

Élément structurant du modèle professionnel, le système de formation organise et transmet des savoirs, des courants de pensées, et une identité collective. Les étudiants des écoles adoptent un vocabulaire spécifique : le « projet301 » et la « charrette302 » qui rythment leur existence étudiante. Les professeurs souvent eux-mêmes architectes praticiens303, participent à véhiculer un modèle libéral à partir de leur propre pratique en agence. L’école enseigne des valeurs communes. En 1970 François Marquart et Christian Montlibert insistaient sur la transmission d’une idéologie : « Nombre

d’architectes interrogés dans l’enquête sont d’ailleurs très sensibles à cette formation « à un nouvel académisme qui les a fait travailler sur des palais, des immenses hôpitaux, des super-facultés, de grandes réalisations prestigieuses… et négliger la réalité. » Mais il faut bien remarquer que ce système avait sa cohérence et visait avant tout, à transmettre, au-delà même des apprentissages spécifiques, un système de valeurs, une idéologie304».

Dépasser le modèle traditionnel libéral reste un enjeu quotidien dans les écoles. Les discours d’étudiants en 2015 montrent toute la difficulté à trouver leur place entre un constat partagé sur la nécessité d’adapter leurs pratiques à de nouvelles problématiques sociétales dépassant des préoccupations locales, et le décalage avec des générations d’enseignants-praticiens toujours attachés à la transmission du cœur de métier traditionnel, à la pratique de la maîtrise d’œuvre : « On

sent bien que t’es pas un vrai archi si tu montes pas ton agence. On l’entend tous les jours « vous, les futurs architectes »…, on nous met au centre de la chaine de construction, on a l’impression qu’on est Dieu305». D’autres étudiants ont reçu un enseignement alternatif de la part d’enseignants plus

jeunes, à contre-courant du modèle libéral en agence : « Dès le début il nous a dit « les agences c’est

plein de soucis, partez voyager, allez voir autre chose… » Ça nous a tous touchés, on en a tous gardé une image... c’était la première fois qu’un prof nous posait la question : quel type d’architecte voulez-vous devenir ?306 ».

Autour de l’enseignement de projet d’architecture et d’urbanisme transmis en ateliers, des séminaires apportent des savoirs théoriques et pratiques : histoire, construction, sociologie, arts et parfois philosophie. Le rapport d’échelle entre « local » et « global » est un fil directeur dans la formation à l’élaboration de projets architecturaux, urbains et paysagers. Les étudiants apprennent à insérer des propositions sur des territoires à proximité de leurs écoles : villes, départements, et régions composent les principaux terrains d’apprentissage. Ils mobilisent pour l’ensemble de leurs projections des connaissances sur le monde et des références architecturales aussi bien nationales

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Boutinet Jean-Pierre, Psychologie des conduites à projet, Paris, Presses Universitaires de France, 2014 302

La charrette en architecture est le fait d’être en retard sur la production finale. L’expression provient des étudiants architectes aux Beaux-arts, qui transportaient leurs plans depuis les salles d’ateliers jusqu’à la salle des rendus avec des charrettes, sur lesquelles ils terminaient leurs travaux. « Je suis charrette sur mon projet » est une phrase répandue dans le milieu étudiant et professionnel.

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70% des enseignants des écoles nationales supérieures d’architecture sont aussi praticiens. Source : Ministère de la Culture et de la communication.

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Marquart François, Montlibert Christian, op. cit., p.375-376 305

Étudiant Licence ensapBx 306

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qu’internationales. L’étude des textes législatifs tels que les Plan Locaux d’Urbanisme (PLU) n’empêche pas la construction d’une culture dépassant les cadres nationaux. Invoquer le travail d’un architecte agissant à l’autre bout du monde est fréquent et valorisé. En ça l’architecture diffère peut-être d’autres disciplines : les productions peuvent peut-être comprises et transmises dans un langage commun qu’incarnent les plans, les coupes, les images et les photographies, et ces modes de représentations spatiales circulent allègrement sur la toile, les revues, les expositions, et les conférences… Pourtant, rien ne remplace les visites de villes ni d’édifices en personne. Les voyages d’études jalonnent le parcours de formation. Ils sont des temps pédagogiques forts, qui font découvrir en trois dimensions les productions des auteurs étudiés dans les livres, forgent les regards, une ouverture d’esprit, et la compréhension d’autres cultures.

L’expérience vécue au cours des cinq à six années d’études peut être racontée comme un bon souvenir, la découverte et l’apprentissage de la discipline, de futurs associés et amis, la rencontre de professeurs marquants, la construction d’une conscience professionnelle, l’engagement dans un secteur d’activités particulier. Les expériences internationales sont nombreuses pendant les études, et si l’année Erasmus est la plus vivement évoquée comme décisive à l’internationalisation des carrières, elle figure parmi une diversité de dispositifs d’actions mis en œuvre entre des établissements, des Universités, des villes : ateliers de projet (workshops), concours d’idée, double-diplômes, transferts de dossiers, conférences… Enfin l’internationalisation apparaît aussi dans la mixité des nationalités des étudiants inscrits dans les écoles françaises, tradition issue de l’accueil d’étrangers dans les établissements.

Avant d’analyser les effets de l’internationalisation de la formation, quelques grands traits du système d’enseignement de l’architecture et ses principales évolutions sont à évoquer. À partir de 1867, l’école des Beaux-arts délivre un diplôme d’architecte reconnu par l’État, « Et si, dès ce

moment, un enseignement organisé fut donné à l’École des Beaux-arts – libre, désormais, de ses trop fortes attaches académiques – il fallut attendre 1874 pour que cet arrêté soit confirmé par un décret donnant toute sa valeur au diplôme307». Dix ans plus tard, les diplômés de l’école se regroupent sous

la Société des Architectes Diplômés du Gouvernement (SADG) et délimitent ainsi des frontières au groupe concurrencé par les ingénieurs. En 1914, un décret reconnaît le titre Diplômé par le Gouvernement (DPLG). En 1924, le code pénal est modifié pour protéger les professionnels contre les non porteurs du titre. La loi du 31 décembre 1941, sous le régime de Vichy, institue l’Ordre des architectes. Pour exercer et porter le titre, les architectes doivent obligatoirement détenir le diplôme d’État, s’inscrire à l’Ordre et respecter le code de déontologie. Le nombre de diplômes annuel est passé de 112 en 1945 à 2861 en 2000 (figure 7).

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André Malraux met fin au système Beaux-arts et à l’académisme régnant jusque dans les années 1950-60 dans le système d’éducation à l’architecture en France : « Les concours et prix de Rome sont

supprimés en 1968. L'Académie des Beaux-arts et l'Institut de France perdent la tutelle de la Villa Médicis au profit du ministère de la Culture. À la rentrée scolaire 1968–1969, le ministre de la Culture soustrait l'enseignement de l'architecture à la tutelle de l'Académie des Beaux-arts et crée une douzaine d’unités pédagogiques d’architecture (U.P.A.) sur tout le territoire308». Pendant les années

1960-70 le système de formation Beaux-arts et le rapport maître à élève sont remis en cause, les sciences humaines entrent dans les programmes, l’architecture se transmet dans un rapport plus équilibré entre la théorie et la pratique. Un architecte témoigne de cette époque. Il obtient son diplôme en 1966 des mains d’Albert Laprade : « Notre génération était formée (à la politique). Quand

on était à l’école en 1963 c’était déjà assez revendicatif et politisé, 1968 je ne l’ai pas vécu parce que j’étais au service militaire en Afrique. Mais 1967 c’était déjà très chaud, 69 quand je suis rentré tout était politique : le théâtre, les arts plastiques, on était toujours en action politique. 1981 la gauche arrive, c’est à ce moment là qu’on me donne à faire l’école de création industrielle, c’est une décision politique, Jack Lang le décide, je ne le connaissais pas (encore) ».

Émulation collective, c’est la description que fait une diplômée d’architecture et de Sciences politiques, devenue critique d’architecture dans les années 1970 et actuellement directeur adjoint de l’Institut Français d’Architecture, elle raconte : « Des tas de métiers apparaissent (au moment de mon

diplôme), des architectes deviennent journalistes, conseillers dans les CAUE ». Architecte diplômé par

le gouvernement en 1980, un de ses confrères voit se créer les institutions départementales des Conseils d’Architecture d’Urbanisme et d’Environnement (CAUE)309, et s’insère très tôt dans ce secteur de diffusion culturelle de l’architecture. Le centre Arc-en-Rêve310 dont il est co-directeur bénéficie d’une réputation européenne et mondiale.

308

http://www.culturecommunication.gouv.fr/Ministere/Histoire-du-ministere/Les-ministres/Andre-Malraux 309

Le Conseil d’architecture, d’urbanisme et d’environnement est un organisme départemental crée en 1978 des suites de la loi sur l’architecture du 3 janvier 1977. Ses missions fixées par la loi sont : informer, sensibiliser, conseiller, former. 310

Centre de diffusion culturelle de l’architecture à Bordeaux.

Figure 9 –Nombre total d’étudiants diplômés (DPLG, DESA et DENSAIS)

115 Les études d’architecture en chiffres

L’ensemble des écoles nationales supérieures d’architecture accueille environ 19 000 étudiants dont 40 % dans les six établissements de l’Ile-de-France. Près de 2 800 nouveaux étudiants s’inscrivent chaque année en première année dont la moitié environ est titulaire d'un bac série S. En 2014, sur les 2 200 diplômés d’État d‘architecte, environ 20 % des étudiants se sont inscrits dans les formations de spécialisation post-master et près de 80 % ont suivi le cycle conduisant à l’habilitation à l’exercice de la maîtrise d’œuvre en son nom propre (HMONP). Le taux de féminisation des études d‘architecture est en constante progression (57 % d'étudiantes). Les étudiants étrangers représentent 12 % de l’ensemble de la population étudiante. Enfin, près de 400 doctorants sont accueillis au sein des unités de recherche des écoles d'architecture.

Le personnel enseignant est largement composé de praticiens. Ceux-ci représentent 70 % des enseignants du projet architectural. Les vingt ENSA comptent environ 1 000 enseignants titulaires ou associés – dont 10 % sont des professeurs et 70 % des maîtres-assistants – mais également des enseignants contractuels et des vacataires. Un nombre croissant d’enseignants exercent en outre des activités de recherche.

Source : Ministère de la Culture et de la communication (MCC)

Un réseau territorial de vingt écoles nationales supérieures d’architecture311 (ENSA) est placé sous la tutelle du ministère de la Culture et de la communication (figure 10).

Les études d’architecture sont alignées au rythme européen d’enseignement supérieur 2005 : Licence, Master, Doctorat (LMD)312. Alignement qui facilite les passerelles, les échanges, les mobilités et les partenariats entre les pays. L’alternance de cours théoriques, pratiques, de travaux encadrés, de stages, d’initiation aux méthodes de la recherche délivre aux étudiants les clés pour faire face à la

311

Sur les vingt écoles, deux dispensent également la formation au paysage. 312

L’enseignement de l’architecture en France a opéré son intégration à l’enseignement supérieur européen dit LMD (licence, master, doctorat), issu de la déclaration de Bologne signée le 19 juin 1999 par vingt-neuf pays.

Figure 10 – Les écoles nationales supérieures d'architecture et de paysage en France (en rouge)

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maîtrise de l’espace bâti qui constitue un enjeu essentiel. Le premier cycle de licence confère « des

bases d'une culture architecturale, des processus de conception, de la compréhension et de la pratique du projet. Les titulaires du DEEA (Diplôme d’études en architecture) ont vocation à être employés par des agences d'architecture, d'urbanisme, d'architecture intérieure ou de design, des bureaux d'études et d'ingénierie, des entreprises du bâtiment et de travaux publics, des sociétés d'aménagement313 ».

Le master en deux ans conduit au diplôme d'État d’architecte conférant le grade de master (DEA). Il permet « d'acquérir la maîtrise des problématiques propres à l'architecture et de se préparer aux

différents modes d'exercices et domaines professionnels de l'architecture. Le DEA permet d’accéder, outre la conception, à toutes les fonctions de conseil, d’assistance à la maîtrise d’ouvrage, d’études techniques, d’urbanisme et d’aménagement en qualité de salarié. Les architectes diplômés d’État peuvent également devenir agents publics de l'État ou des collectivités territoriales, pratiquer l’architecture d’intérieur, ou exercer des missions de conseil pour le compte de l’État, de particuliers ou de collectivités territoriales314 ».

Le droit d’exercice des diplômés est conditionné par l’obtention de la licence professionnelle HMONP. La figure 9 montre le passage entre les DPLG et HMONP : « L’année 2007 se

distingue par un pic lié directement à la réforme des études d’architecture. De nombreux architectes ont en effet profité de la dernière année du régime DPLG pour passer leur diplôme, avant que l’obligation de l’HMONP ne rende plus contraignante l’inscription à l’Ordre des architectes et donc à l’exercice en nom propre315 ». La HMONP au même titre que l’ancien diplôme DPLG est reconnue

dans tous les pays membres de l’Union Européenne.

313 http://www.culturecommunication.gouv.fr/Politiques-ministerielles/Architecture/Formations-Recherche-Metiers/Les-formations-d-architecte-et-de-paysagiste/Les-cursus-et-les-diplomes 314 http://www.culturecommunication.gouv.fr/Politiques-ministerielles/Architecture/Formations-Recherche-Metiers 315

« Archigraphie, chiffres et cartes de la profession d’architecte », Sous la direction de François Rouanet, Vice-président du Conseil national de l’ordre des architectes, 2014

Figure 11– Effectifs diplômés d’architecture (titre DPLG et HMONP), 2001-2012

117 L’internationalisation des études : de l’élite à la masse

L’internationalisation des architectes est un processus à l’œuvre dès le parcours de formation. Le recrutement des ENSA suit une logique « grandes écoles » en privilégiant des étudiants de classes sociales supérieures316. Habitués à voyager en famille (aisées) ou en solitaire, les familles encouragent les étudiants à passer une année à l’étranger pendant le cursus, et sont en mesure de soutenir financièrement317 les déplacements.

Depuis 1990, entre les cycles de Licence et Master, les étudiants ont la possibilité de recevoir une bourse de l’Union européenne et de leurs régions pour réaliser un semestre ou une année d’études à l’étranger. Si dans les débuts du programme Erasmus les échanges étaient minoritaires et exclusivement ouverts à l’Europe, en 2015, selon les établissements, au moins 50% des étudiants de la promotion de Master 1 font le choix de partir en mobilité internationale et majoritairement pour une durée d’un an. Chaque école est autonome dans sa stratégie internationale. Cinq écoles françaises ont institué une commission internationale interne constituée de membres enseignants, de chercheurs et de personnel administratif qui décide de la politique d’accueil d’étudiants étrangers, de l’envoi des inscrits en France à l’international, et des différents sujets et partenariats internationaux propres à l’établissement. L’école de Toulouse décrit sa commission : « Cette instance

définit la stratégie internationale de l'école, assure la mise en place, le suivi et le développement des échanges européens et internationaux. Elle a pour mission de promouvoir l'internationalisation des formations et de valoriser la politique d'ouverture de l'établissement318 ».

Les prix de Rome et les séjours à la Villa Médicis étaient de l’acabit des élites de disciplines artistiques jusqu’en 1968. Chaque année, un unique gagnant remportait une bourse pour réaliser un séjour d’étude en Italie. En 2016, pas besoin d’être lauréat ou particulièrement savant pour acheter un billet d’avion. Parmi les étudiants, part qui veut et même ceux qui n’ont pas été acceptés dans leur choix de mobilité. Après avoir suivi le cursus de formation pendant trois ans à Bordeaux, une étudiante demande une bourse Erasmus pour Delft aux Pays-Bas. La réputation internationale de la faculté restreint les chances d’acceptation et l’étudiante essuie un refus. Vaillante, elle part tout de même accompagner une de ses amies acceptée en mobilité à Stuttgart. L’étudiante trouve un stage en agence pour quelques mois et fait une demande de transfert pour intégrer un Master à Cologne. Acceptée en candidat libre, elle obtient son diplôme d’architecte en Allemagne. Son expérience montre que les cadres institutionnels facilitent les échanges mais ne les déterminent pas. Les volontés individuelles l’emportent, et même si les services administratifs des ENSA ne le voient pas toujours d’un bon œil, les étudiants sont libres de déposer des demandes d’inscription à titre individuel dans un établissement de leur choix. C’est le cas de deux anciennes étudiantes de Paris-La

316

Enquête sur l’insertion des jeunes diplômés en architecture 2015, Ministère de la Culture et de la communication : « Entre 1985 et 2010, selon les origines familiales des étudiants primo-entrants dans les écoles, les trois plus importants contingents que constituent les professions libérales, les cadres supérieurs ou les professions intermédiaires, représentent entre la moitié et les deux-tiers du recrutement (49% à 66%). »

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Les bourses attribuées à chaque étudiant par la commission Européenne s’élèvent à environ 400€ cumulables avec des aides régionales et du CROUS.

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Villette et Nantes, qui souhaitaient étudier en Angleterre mais dont les écoles n’avaient pas de conventions bilatérales actives. En effet, les accords avec le Royaume-Uni et les États-Unis sont complexes à instaurer, en partie en raison des frais d’inscription particulièrement élevés des établissements anglo-saxons. Les étudiantes ont réussi à étudier un an dans le pays, et y ont trouvé un goût certain pour l’international : « Depuis Edimbourg, j’avais passé une semaine de vacances en

Écosse, j’ai adoré, je suis tombée amoureuse de Glasgow, je suis partie là-bas avec mes valises, mon CV, j’ai cherché du travail j’en ai trouvé,… j’y suis restée quatre ans ».

Véritable clé de voûte dans la construction des parcours individuels, l’année d’échange à l’étranger est un tremplin pour se confronter à des contextes d’actions étrangers, rencontrer des étudiants venus d’ailleurs, voyager, et affirmer des ambitions professionnelles internationales avant même d’entrer sur les marchés du travail.

Les échanges en mobilité internationale n’étaient pas répertoriés dans les statistiques nationales avant 2008 : « il faut bien comprendre que c’était nouveau pour nous. C’était un test, on

ne savait pas ce que ça donnerait tous ces échanges !319 ». Un réseau des services des Relations

internationales des ENSA s’est structuré, chaque année les équipes administratives se rencontrent, se forment sur les logiciels régulés par la Commission Européenne, échangent entre elles. Quelles que soient leur taille, leur situation géographique, leurs ambitions, les écoles sont encouragées à internationaliser leurs actions, et à s’aligner au modèle universitaire. Selon les écoles, les modalités varient : à Bordeaux les équipes préparent les départs en mobilité internationale en amont. En novembre ou décembre précédant le départ, une réunion d’information convie tous les étudiants de Licence pendant une demi-journée pour présenter les choix de destinations. Des professeurs référents par pays sont désignés comme interlocuteurs des Universités partenaires, ils se déplacent chaque année pour rencontrer leurs homologues, se rendre compte des contenus pédagogiques, s’assurer que les partenariats sont bien actifs, que les étudiants inscrits en France seront bien accueillis tant d’un point de vue de l’environnement social que de la formation. Les professeurs référents présentent donc les Universités, racontent des anecdotes, donnent envie d’y étudier. Le personnel administratif expose les modalités de visas, les niveaux de langues à acquérir avant le départ, les dossiers d’inscription et les délais. Enfin, des étudiants de retour de mobilité témoignent de leur expérience avec des photographies de voyages et des films. À Paris-La Villette et à Lille, les étudiants de retour exposent des productions sous forme de dépliants et de panneaux grands formats, et indiquent leurs noms et contacts. Une entraide informelle existe : avant toute décision ferme, les plus jeunes se renseignent auprès des plus anciens pour valider leurs choix.

Les pays accueillant le plus d’étudiants inscrits en France sont l’Allemagne, l’Espagne, l’Italie. À partir des années 2000, les pays hors de l’Europe remportent de plus en plus de succès, une proportion moitié Europe, moitié hors-Europe est presque atteinte en 2015. Les pays du Sud sont décrits par les

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Sous-direction de l'enseignement supérieur et de la recherche en architecture (SDESRA), Direction générale des patrimoines (DGPAT), Service de l'architecture, Ministère de la Culture et de la Communication, entretiens répétés, 2014-2015

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étudiants comme des laboratoires où il n’est pas impossible, et parfois même commun, de construire à grande échelle, de répondre à des commandes, et d’être au contact direct de populations locales.