Tunisie

En Tunisie, pays qui a enregistré ces dernières années le taux de chômage le plus élevé des PAN, les principales priorités concernant l’ODD 8 tournent autour de la création d’emplois par la relance de la croissance économique et le soutien aux acteurs économiques, entreprises ou entrepreneurs, qui créent des emplois.

Le tableau suivant résume les mesures d’aide et d’accompagnement à l’emploi en Tunisie.

Tableau 11: Tunisie : mesures d’aide et d’accompagnement à l’emploi

Stratégies et programmes Incitations à la création d’entreprises

Politiques actives de l’emploi (PAE)

• Stratégie nationale pour l’emploi.

• Programme pays pour le travail décent en Tunisie (PPTD) 2017-2022.

• Contrat social (CS).

• Conseil national du dialogue social (CNDS)

• Stratégie nationale de l’entreprenariat, 2019.

• Stratégie de l’économie sociale et solidaire (ESS).

• Plan d’action national pour la Lutte contre le travail des enfants en Tunisie (PAN-TN).

• « Innajim » : campagne de sensibilisation à la culture d’entreprise.

• Programme d’accompagnement des créateurs de petites entreprises (PACPE).

• Projet UNOPS : création de micro entreprises dans deux gouvernorats du Sud.

• Projet « Plateforme des emplois verts » : création de 50 projets dans la région de Bizerte.

• Formation à la création d’entreprises et formation

d’entrepreneurs (CEFE).

• Formation destinée aux entrepreneurs en activité en vue de renforcer leurs compétences en matière de gestion d’entreprises et d’en améliorer la compétitivité (GERME).

• SIVP : Stage d’initiation à la vie professionnelle.

• CIDES : Contrat d’insertion des diplômés du supérieur.

• CAIP : Contrat

d’adaptation et d’insertions professionnelles.

• CRVA : Contrat de

réinsertion dans la vie active.

• SCV : Service civil volontaire.

• Contrat-dignité.

• Des initiatives d’incitation à la création d’entreprises ont été engagées, 160 217 contrats de travail signés et concrétisés.

• JEMP-FOURSATI : 1069 demandeurs d’emploi ont bénéficié de ce programme.

• Chèque d’amélioration de l’employabilité.

Source : Rapport national volontaire sur la mise en œuvre des ODD en Tunisie, juillet 2019.

III. Analyse comparative des réalisations concernant l’ODD 10 : réduction des inégalités intra et interpays

1. Analyse selon les indicateurs

Avant d’analyser les performances des PAN en matière de redistribution de revenus et de lutte contre les inégalités, il y a lieu de jeter un coup d’œil sur la prévalence de la pauvreté dans ces pays. En effet, la pauvreté et les inégalités sont deux aspects intimement liés et il est souvent difficile de comprendre l’un sans l’autre.

D’une manière générale, la pauvreté⁵⁴ suit une tendance à la baisse dans les PAN, sauf en Egypte où le taux de pauvreté mesuré selon le seuil de pauvreté national (SI.

POV.NAHC dans la figure ci-après) suit une tendance à la hausse, passant de 19,4%

en 2004 à 32,5% en 2017. L’évolution la plus remarquable concerne la Mauritanie où ce taux, mesuré par rapport au seuil national, qui était de 51% en 2000, a réalisé une baisse de 20 points de pourcentage en 14 ans, s’établissant à 31% en 2014.

L’écart de pauvreté est une autre mesure qui reflète à la fois l’ampleur de la pauvreté et son incidence. Mesuré par rapport aux seuils de 1,90, 3,20 et 5,50 dollars (PPA 2011) par jour, il montre que quel que soit le seuil, l’écart de pauvreté suit une tendance à la baisse très marquée en Tunisie, au Maroc et en Mauritanie, et une tendance moins marquée au Soudan et en Egypte ; pour ce dernier pays, la tendance s’est même

54 Il s’agit de la pauvreté monétaire mesurée par rapport à un seuil national ou international (1,90 dollar par jour, PPA 2011).

Figure 71: Evolution du taux de pauvreté aux seuils international et national

020406002040600204060

2000 2005 2010 2015 20202000 2005 2010 2015 2020

2000 2005 2010 2015 2020

Algérie Egypte Libye

Maroc Mauritanie Soudan

Tunisie

SI.POV.DDAY SI.POV.NAHC Année

Source : Banque mondiale.

inversée en fin de période traduisant un regain de la pauvreté et une incidence plus marquée.

La pauvreté monétaire, à elle seule, ne saurait refléter convenablement ce phénomène ; il importe donc de compléter l’analyse par un examen de la pauvreté multidimensionnelle qui reflète mieux la capacité des différentes couches de la population d’accéder aux services de base comme la santé ou l’éducation.

Malheureusement, les données portant sur cet aspect de la pauvreté font défaut dans la plupart des PAN et seul le Maroc dispose de deux observations, pour 2011 et 2014.

Dans ce pays, le taux de pauvreté multidimensionnelle global calculé par rapport aux individus est passé de 9,8% de la population en 2011 à 8,2% en 2014 ; pour les jeunes âgés de 0 à 17 ans, ce taux, qui a été de 15,5% en 2011, a été réduit à 11%

en 2014. Calculé au niveau des ménages, il est estimé en 2011 à 8,6% contre 7,7%

en 2014. A l’évidence, la pauvreté multidimensionnelle touche davantage les jeunes que les adultes ; les données par sexe ne sont pas disponibles.

Les inégalités de distribution de revenus dans les PAN mesurées par l’indice de GINI⁵⁵,⁵⁶ suivent de manière générale une tendance à la baisse, même si leur niveau

55 L’indice de GINI exprime dans quelle mesure la répartition des revenus (ou dans certains cas, des dépenses de consom-mation) entre les individus ou les ménages au sein d’une économie s’écarte d’une répartition parfaitement égalitaire. Cet indice prend des valeurs de 0 à 100, la valeur 0 correspondant à l’égalité parfaite, la valeur 100 à l’inégalité parfaite.

56 Selon les estimations de la Banque mondiale.

Figure 72: Evolution de l’écart de pauvreté aux seuils de 1,90, 3,20 et 5,50 $ (PPA 2011)

010203040010203040010203040

2000 2005 2010 2015 20202000 2005 2010 2015 2020

2000 2005 2010 2015 2020

Algérie Egypte Libye

Maroc Mauritanie Soudan

Tunisie

SI.POV.LMIC.GP SI.POV.UMIC.GP SI.POV.GAPS

Année

Source : Banque mondiale.

varie d’un pays à l’autre. En Algérie où une seule observation est disponible, cet indice est de 27,6 (2011) et indique que ce pays enregistre la distribution la plus égalitaire parmi les PAN. L’Egypte, après une nette baisse des inégalités entre 2004 et 2012, a enregistré une aggravation des inégalités, la valeur prise par l’indice de GINI passant de 28,3 en 2012 à 31,5 en 2017. Le Maroc se caractérise par l’indice de GINI le plus élevé de l’échantillon, quoiqu’en légère baisse, allant de 40,6 en 2001 à 39,5 en 2014. La Mauritanie, marquée en début de période par un indice presque aussi élevé que son voisin marocain, est parvenue quant à elle à réduire de manière assez remarquable les inégalités de distribution de revenus, faisant passer son indice de 40,2 en 2004 à 32,6 en 2014. Au Soudan, les inégalités de distribution de revenus, moyennement élevées, ont enregistré une légère baisse entre 2009 et 2014 avec un indice de 35,4 et de 34,2 respectivement. En Tunisie, la distribution de revenus, qui Figure 73: Maroc : évolution du taux de pauvreté multidimensionnelle global, chez les jeunes (âgés de 0 à 17 ans) et par rapport aux ménages

Source : Banque mondiale.

Notes : SI.POV.MDIM : taux de pauvreté multidimensionnelle calculé par individu et par rapport à la population totale (%), SI.POV.MDIM.17 : taux de pauvreté multidimensionnelle pour les jeunes (0-17), SI.POV.MDIM.HH : taux de pauvreté multidimensionnelle calculé par ménage et par rapport à la population totale (%).

Figure 74: Évolution de l’indice de GINI

253035402530354025303540

2000 2005 2010 2015 20202000 2005 2010 2015 2020

2000 2005 2010 2015 2020

Algérie Egypte Libye

Maroc Mauritanie Soudan

Tunisie

SI.POV.GINI

Année Source : Banque mondiale.

était fortement inégalitaire en 2000 avec un indice de GINI de 40,8, a suivi une nette tendance à la baisse et atteint une valeur de 32,8 en 2015.

En considérant un autre indicateur de distribution de revenus, celui qui consiste à comparer la part du revenu qui revient aux 10% des individus (ménages) les plus riches de la population et celle qui revient aux 10% des individus (ménages) les plus

pauvres, on remarque que l’écart se réduit en Tunisie et en Mauritanie, qu’il est presque constant au Maroc et en Egypte et qu’il se creuse au Soudan.

2. Passage en revue des politiques et programmes

Comme on peut le constater, bien que les PAN soient parvenus à réduire considérablement la pauvreté dans son aspect monétaire, les inégalités de distribution de revenus persistent et peuvent engendrer des conséquences économiques, sociales et politiques considérables. Les mouvements de contestation du « printemps arabe » survenus dans plusieurs pays de la région en sont une illustration. Pratiquement, tous les gouvernements de ces pays ont adopté des politiques et des programmes visant à éradiquer la pauvreté et à réduire les inégalités.