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Selon Casalis (2004), « la mise en évidence de l’hétérogénéité des dyslexiques (…) a renouvelé la questions des déficits associés » (p.92).

Lasserre (2006) parle des « dys » ; ce sont selon lui un ensemble de troubles dus à un dysfonctionnement cérébral, qui relèvent donc de la neuropsychologie. Selon l’OMS (1994), ce sont des troubles spécifiques de l’apprentissage qui peuvent toucher, selon la spécificité du trouble, la lecture, l’écriture, l’orthographe, le graphisme, la planification des gestes, le calcul, ect. La dyslexie et la dysorthographie en font partie mais il y a d’autres troubles commençant tous par le préfixe « dys » qui peuvent être liés et il est alors important de le souligner. Il y a des critères d’exclusion à prendre en compte avant de pouvoir parler de n’importe quelle

« dys ». En effet, comme nous en avons déjà parlé pour la dyslexie-dysorthographie, il faut d’abord regarder s’il y a des anomalies neurologiques, des altérations sensorielles, une déficience intellectuelle ou des facteurs de l’environnement responsables des difficultés. Ce

32 n’est qu’une fois avoir éliminé ces causes que l’on peut commencer à parler de « dys » (Lasserre, 2006).

5-1) Dysphasie

La dysphasie est un « trouble durable et significatif du développement du langage oral » (Lasserre, 2006, p.45). Gérard et Brun (2003) affirment qu’1% de la population scolaire est atteinte de ce trouble spécifique du langage. Elle peut affecter la production phonologique : le mot produit est plus ou moins éloigné du mot réel (exemple : « krompette » pour

« trompette ») (Gérard & Brun, 2003), l’encodage lexical et/ou syntaxique. Selon ces auteurs, elle peut aussi toucher la conscience phonologique, c'est-à-dire que l’enfant a des difficultés à décoder le langage et à manipuler les sons. L’expression et la compréhension sont donc amoindries. La conscience phonologique jouant un rôle important dans l’apprentissage de la lecture/écriture (Martinet & Rieben, 2010), cela pourrait expliquer la possible association entre la dysphasie et la dyslexie.

Selon l’INSERM (2007), la dyslexie fait suite dans plus de la moitié des cas à des troubles du langage oral. « L’évaluation précoce des capacités de segmentation, de l’émergence du babillage, de l’apparition des premiers mots et de la mise en texte à partir des récits dans sa dimension conceptuelle et linguistique se justifie en raison de la valeur prédictive que ces capacités présentent par rapport à l’apprentissage de la lecture et de l’écriture » (pp. 637-638).

5-2) Dyscalculie

La dyscalculie est « un trouble durable et significatif du développement du calcul » (Lasserre, 2006, p.72). Selon le rapport de l’INSERM (2007), c’est un trouble spécifique de l’acquisition de l’arithmétique qui engendre des procédures de comptage immature (les élèves comptent sur leurs doigts et ne passent pas par la voie directe de récupération des faits arithmétiques en mémoire) et une mauvaise compréhension des principes de dénombrement. Ces troubles élémentaires vont avoir des répercussions dans les résolutions de problème et les opérations complexes. Cependant, l’INSERM (2007) insiste sur le fait qu’il n’existe pas de définition universellement admise de la dyscalculie, de nombreuses classifications de sous-types de dyscalculie ont été faites et elles diffèrent d’un auteur à l’autre. Des études restent donc à faire.

33 Selon l’INSERM (2007), dans une population d’enfants présentant une dyscalculie, 17 à 64 % sont atteints de dyslexie. Ce trouble peut effectivement être lié à la dyslexie puisque des déficits visuo-attentionnels peuvent poser des difficultés en lecture/écriture comme en mathématique (poser des opérations par exemple). De plus, les problèmes de mémoire qui peuvent être présents dans la dyslexie (Alegria & Mousty, 2004) peuvent également être présents dans la dyscalculie (par exemple apprendre et utiliser les livrets d’additions et de multiplications).

5-3) Dyspraxie

La dyspraxie est un « trouble durable et significatif du développement de la planification du geste volontaire » (Lasserre, 2006, p.74). C’est un dysfonctionnement au niveau de la gestion des gestes qui peut être dû à des maladresses, des troubles de la coordination et des erreurs dans la conception et la réalisation du mouvement. La dyspraxie se distingue d’un simple retard psychomoteur puisque le problème reste durable et est lié à un trouble d’origine cérébral, les mouvements ne sont pas correctement maîtrisés par le cerveau (Lasserre, 2006).

Selon le rapport de l’INSERM (2007), la dyspraxie touche la capacité de choisir, planifier, séquencer et exécuter le mouvement. Cela va avoir des conséquences sur les actes de la vie quotidienne et une incidence sur les apprentissages.

La dyspraxie pourrait être liée à la dyslexie puisque « toute action impliquant la gestualité et/ou la posture nécessite également des capacités perceptives et visuo-spatiales intactes » (INSERM, 2007, p. 664). Or, on sait que les personnes présentant une dyslexie peuvent avoir des troubles visuo-attentionnels (Valdois, 2004). Cependant, selon l’INSERM (2007), « Une des questions majeures encore non résolues est de savoir s’il existe une forme particulière de dyslexie qui accompagnerait de façon spécifique les troubles de la coordination sensori-motrice chez le dyspraxique » (p.664). Des recherches sont donc encore à effectuer sur le lien entre la dyslexie et la dyspraxie.

5-4) Dysgraphie

Selon la CIM 10 (OMS, 1994), la dysgraphie est une atteinte de la qualité de l’écriture et du graphisme se traduisant notamment par une lenteur, une malformation des lettres, une illisibilité et des anomalies dans l’exécution motrice (sens, tonus). Cependant, selon le rapport de l’INSERM (2007),

« L’écriture étant un processus multidimensionnel, différentes composantes peuvent être à l’origine d’un trouble de l’écriture : difficulté d’écriture liée à

34 l’aspect moteur ; difficulté à terminer la tâche écrite ; orthographe insuffisante

; problèmes avec la composition écrite tels que la planification, le choix des mots, la construction de phrases et l’organisation du texte.

Le terme de dysgraphie, qui renvoie plutôt à un trouble de la calligraphie touchant également la réalisation de formes géométriques, a été parfois utilisé pour représenter un trouble général de l’écriture ; cependant dans la littérature, il est plus souvent question de dysorthographie. » (p. 650)

La dysorthographie étant toujours liée à la dyslexie, il est possible en ce sens que la dysgraphie y soit parfois également liée puisque les difficultés d’orthographe peuvent être inclues dans ce trouble plus large de l’écriture qu’est la dysgraphie.

En plus des « dys », Lasserre (2006) ajoute ensuite le syndrome hyperkinétique et déficitaire en attention. Le terme scientifique désignant cela est le Trouble Déficitaire de l’Attention avec ou sans Hyperactivité (TDAH). Cela veut dire qu’il pourrait y avoir chez les élèves présentant une dyslexie des problèmes d’attention, d’hyperactivité, d’impulsivité et d’hyperexcitabilité (Lasserre, 2006).

Après avoir vu les troubles pouvant être associés à la dyslexie, étudions maintenant les répercussions de la dyslexie sur la lecture, l’apprentissage, la vie professionnelle ainsi que sur les affects.