• Aucun résultat trouvé

Chapitre 2. La qualité de l’emploi

2.7. Revue des travaux sur la qualité de l’emploi

2.7.1. Les travaux sur le plan international

En Europe, Erhel et al. (2013) analysent l’effet de la crise de 2008 sur la qualité de l’emploi en prenant en compte plusieurs dimensions à savoir, le salaire, les formes d’emploi atypique involontaire, le temps de travail, l’équilibre entre vie professionnelle et vie familiale, les conditions de travail, la sécurité de l’emploi, les compétences et l’évolution de carrière et la représentation des intérêts. Leurs résultats montrent une légère baisse de la qualité de l’emploi entre 2005 et 2010, avec des différences entre les pays, selon les dimensions. Erhel et al. notent ainsi des améliorations concernant les conditions de travail et la conciliation entre la vie familiale et la vie professionnelle, mais les indicateurs de salaires et de contrats atypiques se dégradent. De plus, en tenant compte des groupes constitutifs du marché du travail, ils indiquent que ce sont les jeunes, les séniors et les personnes faiblement qualifiées qui sont les plus touchés par le risque de connaitre une dégradation de la qualité de l’emploi.

71

Ramos et al. (2015) utilisent dix dimensions pour étudier la qualité de l’emploi en Amérique latine. Il s’agit entre autres du salaire, des congés payés annuels, du bénéfice de la formation, de l’appartenance syndicale, des heures de travail, du type de contrat, etc. Ils concluent que la qualité de l’emploi reste associée au type de contrat. Ainsi, seuls les emplois assujettis à un contrat de travail écrit permettent de bénéficier de certains avantages, notamment l’affiliation à la sécurité sociale ou des primes de congés annuels. La qualité de l’emploi est donc meilleure chez ceux qui possèdent un contrat de travail écrit. Toujours dans le contexte sud-américain, en Colombie, Farné et Vergara (2015) se sont intéressés à la qualité de l’emploi chez les salariés et les indépendants entre 2002 à 2011 en utilisant plusieurs dimensions telles que la durée de l’emploi, le statut de l’emploi, le revenu d’emploi, le dialogue social, la satisfaction au travail, etc.12 Ces auteurs arrivent à la conclusion selon

laquelle il y a eu une amélioration générale de la quantité des emplois, marquée notamment par l’augmentation des revenus, l’extension de la protection sociale et la possibilité d’avoir un emploi. Durant cette même période (2002-2011), Huneeus et al. (2015) ont étudié la qualité de l’emploi au Brésil à partir de trois dimensions que sont le revenu, le contrat de travail (caractère formel ou informel) et l’ancienneté dans l’emploi. Ils montrent une augmentation de la qualité de l’emploi qui varie d’un secteur d’activité à l’autre ainsi qu’entre salariés et indépendants.

C’est parce qu’il y a une différence entre les marchés du travail selon les pays que l’OCDE (2015) s’est intéressée à la qualité de l’emploi particulièrement dans les économies émergentes. Dans cette étude, le cadre d’analyse de la qualité de l’emploi est resté le même que celui utilisé à l’égard des pays développés. Ce cadre d’analyse repose sur la qualité du revenu d’activité, la sécurité de l’emploi et la qualité de l’environnement du travail. Mettant l’accent sur le contraste entre emplois

formels et informels, l’OCDE souligne l’absence de couverture sociale comme l’un

des facteurs qui explique l’absence d’emplois de qualité dans les pays émergents. En comparaison avec les pays développés, les résultats indiquent un niveau de rémunération plus bas, une insécurité globale de l’emploi qui est plus élevée, la

72

fréquence des très longues heures de travail et le stress au travail. Selon les groupes de travailleurs, les résultats de l’OCDE indiquent que ce sont les jeunes, les travailleurs non qualifiés, les femmes, et surtout les travailleurs occupant des emplois informels qui sont les plus défavorisés en matière de qualité de l’emploi dans ces pays. L’OIT (2014)13 révèle que dans les pays en développement, plus de

la moitié des travailleurs occupe un emploi « vulnérable », concept qui réfère aux activités informelles. Ces travailleurs ont moins de chance que les salariés de disposer d’un contrat de travail formel, d’être couverts par la sécurité sociale — assurance vieillesse ou santé — ou de percevoir des revenus réguliers. Dans sa conclusion, l’OIT observe que dans les pays en développement, la pénurie d’emplois de qualité est un facteur d’émigration, et ce, en particulier chez les jeunes diplômés.

Levionnois (2015) analyse la qualité de l’emploi chez les enfants immigrés à travers une comparaison entre la France et les États-Unis. À partir des trois dimensions que sont le salaire, la sécurité de l’emploi et le temps de travail, il montre un niveau de qualité de l’emploi inférieur chez les enfants d’immigrés par rapport aux natifs dans les deux pays. Toutefois, ses résultats rendent compte des hétérogénéités entre les deux pays, selon l’origine géographique des enfants d’immigrés ou le lieu de résidence. En France, sur l’ensemble des dimensions, les enfants d’immigrants venus d’Europe du Sud seraient moins pénalisés que les autres, tandis qu’aux États- Unis, les différences entre les enfants d’immigrés et les natifs portent davantage sur les salaires qu’elles ne s’expliquent par l’origine. L’auteur souligne pour sa part que la différence qu’on observe ici entre les deux pays s’explique par le rôle des institutions. En France, l’existence du salaire minimum, par exemple, contribue à réduire les écarts salariaux entre les travailleurs, contrairement aux États-Unis où les entreprises ont plus de flexibilité pour ce qui est de la rémunération des travailleurs.

73