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Chapitre 4. Objectifs, hypothèses et méthodologie

4.5. Modèle opératoire et méthodologie

4.5.1. Opérationnalisation du parcours migratoire

Rappelons que le parcours migratoire international pré-Canada représente notre variable indépendante principale. Comme nous l’avions signalé plus haut, celui-ci englobe à la fois l’expérience, en l’occurrence le fait d’avoir vécu ou non dans un autre pays en dehors du pays d’origine avant l’arrivée au Canada, mais aussi la trajectoire, c'est-à-dire le lieu ou pays dans lequel l’expérience a eu lieu. Celle-ci peut impliquer des pays développés ou des pays moins développés. Trois questions tirées de l’enquête nous ont permis d’opérationnaliser cette variable. La première question concerne l’origine représentée par le pays de naissance de l’immigrant ; la

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deuxième question a été posée en ces termes : « Avez-vous vécu six mois ou plus dans un autre pays en dehors de votre pays de naissance ? » ; dans l’affirmative, la troisième question a été celle-ci : « Dans quel(s) autre(s) pays avez-vous vécu ? (Six mois ou plus) ». Le schéma (5) qui suit explique les étapes de l’opérationnalisation de cette variable.

Schéma 5. Modèle opératoire du parcours migratoire pré-Canada

Dans quel pays êtes-vous né ?

À part le Canada et votre pays de naissance, avez- vous vécu six mois ou plus dans un autre pays ?

Dans quel(s) autre(s) pays avez-vous vécu ? Pays développé Pays moins développé Oui Non Oui Non Pays développé(s)

Pays moins développé(s)

Pays développé (s)

Pays moins développé(s) Première expérience migratoire internationale

Première expérience migratoire internationale

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Comme on peut le constater dans le schéma 5, notre variable indépendante principale, à savoir le parcours migratoire, a été créé en trois étapes : nous avons distingué tout d’abord les immigrants selon leurs pays de naissance. Ainsi, à la question « dans quel pays êtes-vous né ? », nous avons regroupé dans la catégorie de pays développés, un certain nombre de pays, à savoir les États-Unis, le Royaume-Uni, les autres pays d’Europe (sauf ceux de l’Europe de l’Est), l’Australie et la Nouvelle-Zélande. Il y a lieu de rappeler ici que le choix de regrouper ces pays dans cette catégorie repose aussi sur leur relative proximité culturelle avec le Canada, et pas seulement sur le plan strictement économique22.

Dans la catégorie de pays moins développés, nous avons regroupé les pays d’Afrique, d’Amérique du Sud et centrale, d’Europe de l’Est, d’Asie de l’Est, d’Asie du Sud et du reste de l’Asie. Par la suite, la question « en dehors de votre de

naissance, avez vécu six mois ou plus dans un autre pays ? » a servi de cadre pour

rendre compte de l’expérience migratoire. Celle-ci distingue les immigrants pour lesquels le Canada constitue une première expérience migratoire et ceux ayant connu d’autres expériences migratoires avant l’arrivée au Canada. Enfin, la question « dans quel(s) autre(s) pays avez-vous vécu ? » a permis de rendre compte de la trajectoire, c’est-à-dire le(s) type (s) de pays où l’expérience a eu lieu pour les immigrants ayant connu plusieurs expériences migratoires avant leur arrivée au Canada. Cette trajectoire peut comprendre des pays développés seulement, des pays moins développés seulement ou une combinaison des deux si l’immigrant a vécu dans plusieurs pays avant l’arrivée23. Plus concrètement, la variable

comprenait au départ les six modalités suivantes24 : 1 — immigrants originaires de

22 Selon les données de la banque mondiale, en termes de revenu par exemple, le Japon devance

certains pays de l’Europe occidentale.

23 Nous rappelons que l’enquête permettait de retracer pour chaque immigrant jusqu’à cinq pays dans

lesquels il aurait vécu. Ainsi, dans le cas où l’immigrant aurait vécu à la fois dans des pays développés et moins développés, c’est le premier pays développé qu’il a indiqué qui a été sélectionné.

24 À noter que dans nos analyses bivariées, en raison de leur effectif, nous avons regroupé les

immigrants originaires de pays développés ayant connu d’autres expériences migratoires en une seule catégorie sans les distinguer selon les pays où ils auraient vécu (trajectoires). Dans ces analyses, le nombre de modalités de la variable est de 5 au lieu de 6. Cependant, dans les analyses multivariées, ce regroupement n’était pas nécessaire.

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pays développés qui sont à leur première expérience migratoire internationale, 2 — immigrants originaires de pays développés ayant connu une expérience de migration dans un ou plusieurs autres pays développés , 3 — immigrants originaires de pays développés ayant connu une expérience de migration dans un ou plusieurs pays moins développés , 4 — immigrants originaires de pays moins développés qui sont à leur première expérience migratoire internationale, 5 — immigrants originaires de pays moins développés ayant connu une expérience de migration dans un ou plusieurs pays développés et 6 — immigrants originaires de pays moins développés ayant connu une expérience de migration dans des pays moins développés seulement (en dehors de leurs pays de naissance). Il importe de souligner qu’à présent, en raison de leurs effectifs, les modalités 2 et 3 de la variable ont été regroupées dans les analyses. Ainsi, les immigrants originaires de pays développés ayant connu une expérience de migration dans d’autres pays développés et ceux d’entre eux qui ont connu une expérience de migration dans des pays moins développés ont été regroupés dans une modalité particulière. Celle-ci représente ainsi les immigrants originaires de pays développés ayant connu plusieurs expériences de migration avant l’arrivée au Canada.

Comme on peut le constater, nous allons un peu plus loin que les travaux ayant étudié le parcours migratoire pré-Canada, lesquels se sont limités à distinguer les immigrants selon la trajectoire directe ou indirecte. Dans la démarche de ces travaux, un migrant direct renvoie à celui dont le dernier pays de résidence est le pays de naissance, tandis qu’un migrant indirect est celui dont le dernier pays de résidence est différent du pays de naissance. On peut remarquer dans notre cas qu’un immigrant ayant connu plusieurs expériences de migration internationale peut être un immigrant direct ou indirect. C’est le cas par exemple de quelqu’un qui aurait vécu six mois ou plus dans un ou plusieurs autres pays, puis rentre dans son pays d’origine, et vient enfin directement au Canada. Dans notre démarche, nous distinguons cet immigrant de celui qui serait venu directement au Canada à partir de son pays d’origine sans n’avoir jamais vécu dans un autre pays. En ce sens, nous

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dépassons ici les notions très réductrices de migrants directs et de migrants indirects qui masquent d’autres réalités qui pourraient avoir un effet sur la qualité de l’emploi.