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Travail et emplois dans la chaine de valeur banane

Type Nord‐est Type Ouest Type Péri‐urbain

4 Analyse sociale

4.2 Travail et emplois dans la chaine de valeur banane

Le travail et l’emploi dans la CV banane s’inscrivent dans le registre plus global du travail au Burundi, avec certaines spécificités. Le Burundi est membre de l’Organisation Internationale du Travail (OIT) et a progressivement mis en place sa législation en conformité avec les normes de cette organisation. Le décret de loi numéro 1/037 du 07/07/1993, portant révision du Code du Travail de la République du Burundi explique clairement les différentes dispositions. Le Burundi est également membre depuis le 9 mai 1990 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP). L’application de ces dispositions est- elle effective dans la CV banane au Burundi ?

4.2.1.1

Travail domestique autour de la banane au Burundi

La bananeraie est souvent la première culture plantée par un ménage lors de son installation. Elle est positionnée autour de l’habitation afin de bénéficier des sols fertilisés par les déchets ménagers et organiques quotidiens du foyer et d’un entretien rapproché par les différents membres de la famille. L’entretien de la bananeraie fait donc partie intégrante des cahiers de charges des différents membres de la famille. Cependant, il n’est pas rare, même pour des petites exploitations familiales, de mettre en place un nombre important de stratégies économiques pour répondre aux besoins d’investissement (en travail et en capital) au sein de l’exploitation. Au cours des focus groups sur 45 répondants, 36 participants déclarent avoir fait appel à des travailleurs salariés les 12 derniers mois avant l’enquête dans leurs bananeraies pour des cultures commerciales et de case, dont la moitié régulièrement. 9 participants sur 45 répondants déclarent n’avoir pas eu besoin d’ouvriers agricoles.

84 FIGURE 18 :NOMBRE DE PARENTS OCCUPANT LEURS ENFANTS AU CHAMPS AVANT 16 ANS (SOURCE : NOS ENQUÊTES FOCUS GROUPS AUPRÈS DE 45 RÉPONDANTS)

FIGURE 19L AUX OUVRIERS AGRICOLES 12 DERNIERS MOIS AVANT L’ÉTUDE (SOURCES : NOS ENQUÊTES FOCUS GROUPS AUPRÈS DE 45 RÉPONDANTS)

Le travail des enfants est apparemment effectif au Burundi et dans les bananeraies. L’Unicef estime à 26,3% d’enfants travailleurs au Burundi (27,1% de filles, 25,5 de garçons). Notons que le Burundi a ratifié la Convention C182 sur les pires formes de travail des enfants en 1999, elle est en vigueur depuis le 11 Juin 2002, mais elle n’est respectée que partiellement. Le code du travail prévoit l’âge minimum légal d’admission à l’emploi à 16 ans.

Au cours des focus groups, 40 des 45 parents ont affirmé se faire accompagner dans les bananeraies par leurs enfants (89%) (exclus les jours de classe) pour des raisons de socialisations, d’apprentissage mais pas pour une quelconque exploitation. Certains estiment qu’il ne serait pas logique de laisser les enfants seuls à la maison à cause de l’insécurité qui règne dans certaines zones du Burundi. Seulement 5 parents sur 45 (11%) déclarent ne jamais aller aux champs avec leurs enfants de moins 16 ans. Il n’est non plus rare de croiser dans les différentes zones retenues de la filière banane, des enfants de moins de 10 ans transportant des régimes de plus de 20 Kg sur la tête.

89% 11% OCCUPATION DES ENFANTS AU CHAMPS  Enfants au champs pour socialisation Enfants exclus des champs avant 16 ans 80% 20% APPEL AUX OUVRIERS AGRICOLES Appel aux ouvriers agricoles Pas d'appel aux ouvriers agricoles

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La chaine de valeur banane souffre dans certaines zones de main d’œuvre depuis un certain nombre d’années en raison d’abord du désintéressement des ouvriers agricoles. Le secteur agricole et la chaine de valeur banane en particulier traine une mauvaise réputation quant aux conditions de travail offertes à ses travailleurs. Les conditions de travail resteraient moins compétitives que pour les travaux des chantiers de BTP (Bâtiments et Travaux Publics).

4.2.1.2

Emploi et rémunération des ouvriers agricoles actifs dans CV banane

La province de Cibitoke (Nourd-Ouest) affiche une meilleure rémunération de la main d’œuvre agricole (2.450 BIF/jour) tandis que la province de Kirundo (Nord-Est) affiche le prix de la main d’œuvre agricole le plus bas du Burundi (1.500 BIF/par jour), selon les enquêtes réalisées sur le terrain. Le Mobile Vulnerability Analysis and Mapping (mVAM) project estime d’ailleurs à 1.250 BIF/par jour le prix de la main d’œuvre agricole à Kirundo. Cibitoke, l'une des provinces les plus fertiles, offre plus d’opportunité de la main-d’œuvre agricole dans la chaine de valeur banane au Burundi.

En général dans toutes les zones de la production de bananes, les ouvriers agricoles bénéficient d’un repas à midi. Il est également à noter qu’à Kirundo les ouvriers agricoles travaillent 6 heures/ jour tandis que dans les autres régions les ouvriers agricoles travaillent au moins 2 h de plus.

Région Heures de travail Rémunération Repas midi

CIBITOKE 8h minimum 2450 BIF Oui

BUJUMBURA RURAL 8h minimum 2000 BIF Oui

KAYENZA 8h minimum 2000 BIF Oui

NGOZI 8h minimum 2000 BIF Oui

MUYINGA 8h minimum 2000 BIF Oui

KIRUNDO 6h minimum 1500 BIF Oui

TABLEAU 4-2:RÉCAPITULATION DES HEURES DE TRAVAIL, LES RÉMUNÉRATIONS PAR RÉGION 2.3 Emplois et rémunération dans les unités semi-industrielles de transformation

Au Burundi, deux unités semi-industrielles de transformation de banane sont actuellement fonctionnelles. Il s’agit d’IMENA sprl8 et de l’association Dukore Twitezimbere. Nous avons pu visiter IMENA qui emploie à plein temps et au fixe 400 personnes dont 60% de femmes. IMENA recrute également 100 à 200 journaliers. On constate la présence de 30% de femmes dans le Comité de Direction de l’entreprise. Les femmes ont pour principales tâches : le nettoyage des bouteilles à bière ; la préparation du sorgho ; les travaux dans les champs de bananiers ; en cas de panne d’électricité elles sont sollicitées pour l’étiquetage des bouteilles.

IMENA ne propose pas de Salaire Minimum Garanti (SMIG) et les employés travaillent 6 jours par semaine. Cependant, pour 8 heures de travail journalier, un employé non qualifié reçoit un minimum de 2.500 BIF. Cette offre serait supérieure à celle de la fonction publique du Burundi qui offre moins de 2.000 BIF/jour. Le recrutement des manœuvres et ouvriers non qualifiés se fait directement sur le site, tandis que le recrutement des professionnels se fait sur dossier. IMENA n’émet pas d’appel d’offre. Les employés d’IMENA n’ont pas de syndicat, les délégués du personnel transmettent les doléances et réclamations à la direction de l’entreprise. Les conflits sont réglés à l’amiable entre employeur et employés. Les fautes lourdes (tel le vol) sont sanctionnées par un licenciement avec un mois de salaire (le salaire du mois de licenciement), aucun dédommagement

86 n’est prévu. IMENA n’a pas prévu de congés payés pour ses employés et les hommes de moins de 35 ans n’ont pas droit aux congés de paternité. Au cours de l’année, certains employés sont appelés à effectuer des travaux de nuit sans indemnités de nuit. IMENA accorde certains avantages à ses employés, contrairement, disent-ils à certaines entreprises :

‐ Les allocations familiales comme à la fonction publique : 1.000 BIF/enfant/mois ‐ Congé prénatal et postnatal de 3 mois conformément au code du travail ‐ La Sécurité Sociale

‐ L’Assurance Maladie (couverture) ‐ Les Crédits bancaires solidaires

‐ Repas de midi à la cantine de l’entreprise.

FIGURE 20 :MANŒUVRES A L'ŒUVRE DANS L'UNITE SEMI-INDUSTRIELLE DE KAYANZA SOURCE :FAYÇAL BOUREIMA,2018

4.3 Foncier et Eau