• Aucun résultat trouvé

Implications méthodologiques pour les analyses

La méthodologie utilisée pour l’étude de la chaîne de valeur banane au Burundi est celle définie dans le cadre du projet VCA4D et qui a fait l’objet d’une présentation par la PMU lors d’une journée de travail le 8 juin à Bruxelles.

Lors des discussions qui ont suivi, le caractère spécifique de cette chaîne de valeur est très vite apparu pour les raisons suivantes :

 L’existence d’un système de production original et particulier autour de la maison d’habitation en milieu rural (l’Urugo) ;

 la prépondérance de l’autoconsommation ;

 les cultures associées qui sont presque toujours pratiquées dans la bananeraie ;

 l’importance des circuits locaux très diversifiés, souvent complexes et qui sont loin d’être figés mais qui sont très évolutifs en fonction de variables objectivables (prix, maladies, changements climatiques…) mais également de facteurs plus subjectifs liés essentiellement à l’aversion aux risques du producteur.

La délimitation des sous-chaînes de valeur (SCV) relève pour cette production d’un exercice au contour assez délicat. L’analyse comparative des SCV qui ont été identifiées devra être en permanence relativisée selon l’adage « comparaison n’est pas raison ».

Ainsi, le découpage adopté pourrait amener le lecteur à comparer la chaîne de valeur au départ du modèle intensif sur de petites superficies centrées sur la case/Urugo pour les petites exploitations que nous avons dénommé « Petit producteur » avec celle au départ d’un modèle semi-extensif sur de plus grandes superficies appelé « Moyen producteur ».

Or, les deux chaînes de valeur ne peuvent pas être comparées selon nous car les systèmes de production ne sont pas substituables. Bien plus, ils sont souvent complémentaires et moyen producteur dispose le plus souvent également du système de case. En outre, pour ce dernier, il est très difficile de valoriser les facteurs de production que sont le travail familial et le capital foncier. En analyse financière, ces éléments du coût de production sont rarement valorisés car ils ne correspondent à aucun décaissement. Par contre, ils peuvent intervenir dans la prise de décision des producteurs. Pour certains auteurs, en analyse économique, on pourrait imputer un coût négatif pour les modes de production qui permettent un maintien de la fertilité des sols. Pour d’autres, il s’agit d’un système à dépasser car l’attention portée par les fermiers à la gestion des exploitations bananières (matériel de plantation, contrôle des maladies et ravageurs, irrigation et rendements) est minimale puisque le but de la production serait essentiellement de compléter

48 d'autres sources alimentaires. Ce manque d’entretien approprié expose les exploitations bananières à des maladies et ravageurs que sont les nématodes, les charançons, la maladie de Panama et la mosaïque en tiret («Banana streak virus») et cela limite globalement les rendements. Il y aurait donc dans ce cas une externalité non pas positive mais négative.

Le jardin repose sur des principes d’économie circulaire qui en font un système très performant à petite échelle mais difficilement extensible. Il est aussi le pilier de l’économie familiale et à la base de la sécurité alimentaire du ménage comme décrit ci-avant. Difficile donc de tirer des conclusions pertinentes lorsque l’on compare les deux systèmes.

Enfin, la chaîne de valeur liée à au moyen producteur devrait selon nous être comparée à celle des tubercules comme le manioc qui représente également une source intéressante de glucides pour l’alimentation humaine.

En théorie, 14 SCV pourraient être retenues avec des acteurs exerçant parfois des fonctions multiples (ex. production-transformation-vente) et avec diverses interactions entre elles et spécificités des principaux bassins de production qui ont constitués nos trois zones d’enquête (voir Tableau 2-2). L’analyse environnementale prend en compte cette complexité pour mieux appréhender et différencier les impacts que ces systèmes de production, transformation et commercialisation / distribution pourraient avoir en termes d’épuisement des ressources, de qualité des écosystèmes et de santé humaine. Elle étudie plus particulièrement des systèmes spécifiques rencontrés suite aux visites de terrain, même si ceux-ci ne sont pas représentatifs globalement de la CV banane au Burundi. Elle présente ses résultats en distinguant la banane à bière, la banane à cuire et la banane dessert, chacun de ces produits se rattachant principalement à plusieurs systèmes de production, transformation et commercialisation / distribution décrits au Tableau 2-2 et considérés en tant que scénarios (voir chapitre 2.5).

Concernant l’analyse financière et économique, nous avons dû opérer des choix afin d’éviter l’écueil d’analyser un trop grand nombre de SCV. Dans un souci de synthèse, nous avons pris l’option d’analyser en détail quatre SCV : (1) banane à bière, (2) banane à cuire, (3) banane FHIA (variétés améliorées) et (4) banane dessert.

Notons que les 3 types de banane : à bière/vin, à cuire et dessert, identifiés dans l’analyse fonctionnelle sont utilisés tant pour l’analyse financière et économique que pour l’analyse environnementale. Toutefois, au vu de leur potentiel améliorateur, l’analyse financière et économique considère l’utilisation des variétés hybrides principalement constituées par les variétés FHIA diffusées depuis 2005 comme composante d’une SCV. Pour rappel, les variétés FHIA sont multi usages, tant pour cuire qu’en dessert mais plus rarement pour la transformation en bière/vin. Ces quatre SCV sont aussi utilisées pour la description des flux (volumes et prix) qui termine l’analyse fonctionnelle (voir § 2.5).

Il est à noter que, par rapport à la distinction des acteurs de la chaine de valeur banane tels que définis au § 2.2.7 l’approche selon les SCV retenues nous a amené à affiner les catégories d’acteurs en distinguant :

‐ Concernant l’acteur Producteur, une distinction entre Petit producteur et Moyen producteur au niveau des SCV banane à bière, banane à cuire et banane dessert. La distinction entre petit et moyen producteur porte essentiellement sur la superficie de l’exploitation et des volumes de banane produits.

‐ A côté du collecteur, tel que défini (§ 2.2.7) et qui prévaut dans la SCV banane à cuire, un collecteur-détaillant et un collecteur-murisseur. Le collecteur-détaillant est principalement

49

rencontré dans la SCV banane à bière. Il achète et achemine la bière qu’il vend à des consommateurs essentiellement en zone périurbaine en tant que détaillant. Le collecteur- murisseur est spécifique à la SCV banane dessert car il doit contrôler le processus de maturation des bananes pour assurer leur état de maturation optimum au moment de la vente.

Il faut également souligner que la transformation semi-industrielle de la banane à bière ne sera pas prise en compte dans l’analyse économique. La raison de ce choix tient au fait que, comme déjà mentionné (Chapitre2 , § 2.2.4), le potentiel de transformation des deux unités existantes ne représente aujourd’hui que moins de 3% de la production nationale de banane à bière. Cependant, l’analyse financière intégrera l’établissement d’un compte de production-exploitation (CPE) pour une unité de fabrication semi-industrielle de bière, sur base de l’étude CAPAD-SOCOPA (2017).

2.5 Flux des volumes et des prix au niveau des quatre sous-filières

retenues

Les figures 8 à 15 présentent les diagrammes des flux de quantité et de prix pour chacune des quatre SCV retenues.

50

2.5.1.1

Sous-chaine de valeur banane à bière

NE= zone Nord-Est ; O = zone Ouest ; PU = zone péri-urbaine

NB : LE NOMBRE DE BOUTEILLES EST CALCULÉ SUR BASE D’UNE CONTENANCE DE 72 CL