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Plusieurs traitements existent afin de soulager et permettre la guérison du tendon tibial postérieur. Les traitements varieront selon le stade de la pathologie, de la phase de celle-ci (phase aigüe ou phase chronique) et du jugement du clinicien traitant [117]. La plupart des traitements répertoriés et présentés dans ce mémoire ont comme objectif de diminuer les forces appliquées sur le tendon ou d’augmenter la résistance du tendon aux forces appliquées sur celui-ci [26, 27, 118, 119]. Les traitements sont présentés en ordre chronologique de ce qui est habituellement fait en clinique en tenant compte du ratio risque versus bénéfice et du ratio coût versus efficacité [117].

En première intention, le repos et le changement des activités en favorisant des sports moins exigeants tels que le vélo et la natation sont souvent conseillés au patient atteint d’une DTTP. Cette transition permet de diminuer la charge appliquée sur la structure atteinte [36, 37]. En clinique, des anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) sont parfois prescrits comme traitement adjuvant. L’objectif thérapeutique de ce traitement est de venir diminuer la douleur associée à l’inflammation. Cependant, de manière théorique, les AINS pourraient venir diminuer ou interrompre la réaction inflammatoire permettant la guérison du tendon en plus d’exposer le patient aux différents effets secondaires possibles reliés à cette médication [120]. Différents bandages thérapeutiques fait avec du bandage inélastique (ex. : leukotape P) peuvent aussi être utilisés (low dye taping ; bandage en « J »[121-123] ). Bien que ce type de bandage n’est jamais été testé chez la population DTTP, son effet bénéfique serait ressenti jusqu’à une semaine suite à son installation initiale pour les gens souffrant d’une fasciopathie plantaire [122, 124]. Encore une fois, le mécanisme potentiel de cette approche thérapeutique serait de diminuer la charge mécanique sur le tendon TP en venant diminuer la pronation du pied et de la cheville [29, 121]. À cela peuvent s’ajouter des exercices de renforcement en concentrique et en excentrique du muscle TP. L’efficacité thérapeutique a été démontrée par Ross, et al. [125] dans leur récente revue systématique de la littérature. Des exercices lents avec charge intense ( « heavy slow resistance » )

permettent de renforcer les tendons pathologiques en augmentant la charge appliquée sur le tendon. De plus, l’effet thérapeutique des exercices de renforcement est bien démontré pour plusieurs tendinopathies du membre inférieur [9, 126]. Il est important que les exercices ne créent pas de douleur ni pendant ni après les exercices. En effet, les exercices permettent renforcer les tendons pathologiques et ainsi augmenter leur résistance aux charges [35, 38]. Une désensibilisation tendineuse (diminution de la douleur) est aussi répertoriée à la suite d’exercices de renforcement [127, 128].

Comme démontré par l’étude de Kulig et al. [25], les exercices de renforcement peuvent être ajoutés aux OP sur mesure afin de diminuer la douleur associée à la DTTP. Les OP en combinaison avec des exercices de renforcement ou d’étirement ont démontré leur efficacité thérapeutique pour la DTTP dans d’autres études [21-24]. Leur effet bénéfique peut s’expliquer par le fait qu’elles viendraient diminuer la charge mécanique sur le tendon TP [72, 129] en modifiant la biomécanique de la cheville observée chez la population DTTP. Cependant, l’utilisation des orthèses plantaires n’a jamais été isolée des autres modalités thérapeutiques telles que les exercices d’étirement ou de renforcement, et ce, dans aucune de ces études. De plus, aucun groupe contrôle (sans traitement) n’était présent dans les études servant à mesurer leur effet thérapeutique. La guérison naturelle du tendon peut être l’explication pour laquelle la population DTTP ressentait une amélioration de leurs symptômes douloureux dans les études précédemment nommées, malgré le fait que ce soit peu probable selon certains auteurs [26, 27]. Présentement, il est donc difficile de confirmer et de quantifier l’effet thérapeutique réel de l’orthèse plantaire pour la DTTP.

Dans les cas où l’orthèse plantaire ne contrôle pas la douleur, différents types d’orthèses pied-cheville peuvent être utilisés. L’« Arizona Brace » ou les orthèses pieds- chevilles (Ankle foot orthoses) sont habituellement employées dans les stades II avancés, les stades III et les stades IV de la DTTP [27, 130-132]. Ces orthèses servent à diminuer la charge mécanique appliquée sur les structures douloureuses. Une botte de décharge pneumatique est parfois conseillée dans les cas aigus pour une durée de deux à quatre semaines. Les infiltrations de cortisone sont parfois utilisées en clinique avec ou sans la botte de décharge malgré leur effet potentiellement délétère pour les tendons [27, 45, 133]. Les traitements conservateurs satisferont environ 70% des individus atteints d’une DTTP

de grade II. 15% décideront d’avoir recours à la chirurgie et le 15% résiduel seront plus ou moins satisfait des traitements conservateurs sans toutefois recourir à la chirurgie [45].

En dernier recours, la chirurgie reste une solution envisageable pour les gens ayant un échec des thérapies nommées précédemment. Tout dépendamment du stade de la DTTP, plusieurs types d’interventions peuvent être utilisées. Dans le stade I, la chirurgie inclut généralement un simple débridement chirurgical du tendon. Dans le stade II, le transfert du tendon long fléchisseur des orteils est habituellement combiné à une ostéotomie calcanéenne médiale et/ou un allongement de la colonne latérale du pied (« Ostéotomie de Evan »). Pour les stades III ou IV, une fusion de l’articulation sous-talaire, tibio-talaire ou des deux articulations est parfois la seule option possible étant donné l’état ostéo-articulaire des articulations précédemment nommées [134-136]. À ce moment, l’intervention chirurgical est un traitement irréversible, entraînant aussi des risques péri-opératoires importants pour le patient ayant recours à ce traitement. Il est donc primordial d’optimiser les traitements conservateurs de la DTTP avant l’atteinte des stades III et IV. Parmi ceux-ci,