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L’étude de Barn, et al. [160] est la seule étude qui a évalué l’effet biomécanique de l’OP auprès d’individus atteints de la DTTP. Celle-ci incluait une population souffrant d’arthrite rhumatoïde et d’une DTTP de stade I ou II. L’étude comportait 10 participants et comparait une condition contrôle où les participants marchaient pieds nus à une condition où les participants portaient un soulier et une OP sur mesure. L’OP était fabriquée à partir d’une prise d’empreintes effectuée selon la technique de Root (1971). Elles étaient fabriquées à partir d’un polypropylène de 3mm auxquelles un recouvrement en poron de 3mm était ajouté. Aucune modification extrinsèque ou intrinsèque n’a été faite à l’OP. Les auteurs ont analysé les variables biomécaniques pour les articulations distales au genou. La modélisation à deux segments du pied a été créée par les auteurs et n’avait pas été validée au préalable par des évaluateurs externes. Les résultats montrent une augmentation significative de l’activité EMG du gastrocnémien médial, du soléaire et du tibial antérieur avec l’OP sur mesure. Une diminution non significative (p = .09) de l’activité EMG du TP a aussi été enregistrée avec l’OP sur mesure. Aucune différence au niveau des variables cinétiques n’a été enregistrée entre les deux conditions. Cependant, une diminution de l’angle d’éversion maximale et une augmentation de l’angle de flexion plantaire maximale de l’arrière-pied ont été constatées en faveur de l’OP sur mesure. De plus, une diminution de l’abduction maximale de l’avant-pied a été enregistrée. La principale limitation méthodologique de l’étude est que le soulier n’a pas été isolé de l’OP sur mesure. Il est donc difficile de connaître l’influence de l’OP sur les variables biomécaniques de cette population. En effet, l’OP sur mesure est majoritairement portée dans un soulier par la population DTTP ayant recours à cette thérapie. Cet élément méthodologique sera considéré dans l’étude présentée au Chapitre 4.

Chapitre 2 : Problématique de recherche

Tout d’abord, il est possible de constater le faible nombre d’études scientifiques s’intéressant aux effets cliniques des OP auprès d’individus atteints d’une DTTP. Il est aussi clair que la compréhension du mécanisme par lequel l’OP a un effet clinique demeure limitée. En clinique, plusieurs types d’OP préfabriquées et sur mesures sont utilisées. Plusieurs modifications d’OP sur mesure sont aussi effectuées. En effet, les thérapies pour les stades I et II reposent souvent sur des données empiriques. Tel que décrit précédemment, la DTTP à un impact socio-économique important pour les gens atteint. Par ailleurs, le stade III - IV de la DTTP peut mener à des traitements irréversibles tels que la chirurgie engendrant ainsi des effets physiques et économiques importants pour l’individu atteint. Il est donc primordial d’optimiser les traitements conservateurs du stade I - II de la DTTP.

De plus, la biomécanique de l’individu atteint d’une DTTP ainsi que l’effet biomécanique de l’OP sur le membre inférieur chez cette population est encore très peu explorée. À ce jour, peu d’études ont exploré les effets de différentes OP sur la biomécanique du membre inférieur malgré leur utilisation clinique. De plus, le rôle de l’OP sur mesure pour traiter cette pathologie est inconsistant. Il est donc difficile pour le clinicien de connaître exactement à quel moment il doit utiliser cet outil au détriment ou en combinaison avec d’autres outils thérapeutiques. Il est bien démontré que les OP amènent une diminution de l’éversion de l’arrière-pied et une diminution du moment d’inversion chez la population asymptomatique. Ce lien n’a cependant jamais été fait chez la population DTTP.

Aussi, une dichotomie existe entre la pratique clinique, où les OP sont fabriquées de façon à être les plus spécifiques possible en fonction de la pathologie ainsi que l’anatomie de chaque patient et la littérature scientifique où les orthèses plantaires décrites sont généralement identiques pour tous les participants dans un but d’uniformisation de l’intervention. Les résultats de ces études cliniques perdent ainsi beaucoup de pertinence clinique, car peu d’études fondamentales expliquent l’effet biomécanique de différents

types d’OP. Il est donc difficile pour les chercheurs élaborant des protocoles de recherche de choisir la meilleure OP lors des études cliniques.

Par ailleurs, aucune étude n’a mesuré l’effet de l’OP sur le genou et la hanche chez la population DTTP malgré le fait qu’il y a des compensations proximales associées à cette pathologie [114, 116]. Aucune étude n’a mesuré l’effet biomécanique de l’OP, car elle n’a pas été isolée du soulier. Qui plus est, aucune étude n’a comparé l’efficacité biomécanique des OP sur mesure aux OP préfabriquées. Plusieurs modifications d’orthèses plantaires sont d’ailleurs effectuées quotidiennement par les cliniciens en suivant la TST et le SALRE. Cependant, aucune étude n’est venue quantifier l’effet de ces modifications (biseau calcanéen médial et effet varisant sur l’OP) chez la population DTTP, malgré le fait que plusieurs études et théories supportent l’application de ces modifications [70, 71, 149, 153, 161]. Il y a donc un besoin pour bien comprendre et bien quantifier les différences entre les éléments qui peuvent être ajoutées aux OP sur mesure et les OP préfabriquées. Cela permettra de mieux cibler les OP qui auront le meilleur effet pour diminuer les déficits biomécaniques à la marche causées par la DTTP. Aussi, cela pourra guider les chercheurs quant à l’OP optimale qui permettra de cibler les déficits biomécaniques des individus atteints d’une DTTP de stade I - II. Aussi, cela permettra de faire des études cliniques avec des OP de qualité pour ainsi optimiser le traitement de la DTTP de stade I - II et ainsi tenter d’éviter l’atteinte du stade III - IV.

Finalement, afin de faire un choix éclairé sur l’approche thérapeutique, le clinicien se doit d’avoir une approche systématique. Il doit considérer le coût, l’efficacité, les risques, les bénéfices et la durabilité du traitement qu’il choisira pour le patient [117]. De plus, il devra considérer le stade de la pathologie, les objectifs du patient ainsi que les croyances du patient envers le traitement choisi [162]. Il s’agit donc d’une situation complexe étant donné le peu d’évidences scientifiques en ce qui concerne la DTTP [21-23, 25-27, 163]. Il y a donc une nécessité d’approfondir les connaissances sur le traitement par l’orthèse plantaire afin de mieux renseigner les cliniciens sur la thérapeutique à adopter.

Chapitre 3 : Objectifs et hypothèses de recherche