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Une fois l’empreinte effectuée et que le moule positif du pied est produit, différentes modifications intrinsèques peuvent être effectuées sur celui-ci afin de changer les forces agissant sur le membre inférieur. Aucune définition scientifique n’existe à ce jour pour ces termes. Une modification intrinsèque sur l’OP peut être définie comme étant tout ajout ou retrait de matériau sur le moule positif du pied qui est formé suite à la prise d’empreinte. L’une des plus communes est celle du biseau calcanéen médial décrit pour la première fois par Kirby [149]. La modification s’effectue en enlevant une petite quantité de la portion médiale du talon médial sur le positif du pied. Cette modification crée un biseau varisant dans la coquille de l’OP (Fig. 9). Par ailleurs, une seule étude, menée par Bonanno, et al. [150], est venue quantifier l’effet du biseau calcanéen médial de l’OP chez la population asymptomatique ayant un pied plat. L’effet a été mesuré sur les changements de pressions plantaires amenés par cette modification. Ils en concluent que seulement le biseau calcanéen médial de 4mm ou 6mm augmentait significativement la pression de la partie médiale du talon. Un biseau calcanéen médial de 2mm n’ayant donc pas d’effet sur les pressions plantaires comparativement à une OP sans cette modification. Ainsi, une OP prescrite en conformité avec la théorie du TST et du SALRE viendrait déplacer le centre de pression médialement à l’axe de l’articulation sous-talaire. Cela créerait un moment de force supinatoire pour ainsi diminuer les forces agissant sur les structures médiales à l’articulation sous-talaire (Ex.: tendon TP).

Figure 9 : Moule positif d’un pied gauche avec un biseau calcanéen médial de 4mm (gauche) et sans biseau calcanéen médial (droit).

Une fois les modifications sur le moule positif du pied, l’orthèse plantaire est chauffée et moulée sur le positif. Cela donne une coquille originale en polypropylène ou en EVA. Une modification extrinsèque sur l’orthèse plantaire peut être définie comme étant tout ajout sur la coquille originale de l’orthèse plantaire en polypropylène ou en EVA. En ce qui concerne les modifications extrinsèques, l’ajout d’un stabilisateur arrière, d’un stabilisateur avant ou d’une barre latérale sont les modifications les plus fréquemment utilisées en podiatrie [151] (Voir fig. 10). Ces modifications sont faites sous la coquille de polypropylène.

Figure 10 : Orthèse plantaire gauche munie d’un stabilisateur arrière et d’un stabilisateur avant. Orthèse plantaire droite munie d’un stabilisateur arrière et d’une barre latérale [148, 149].

Une revue systématique de la littérature effectuée par Desmyttere, et al. [152] montre que les modifications extrinsèques de l’OP dans le plan frontal influencent l’EMG, la cinématique et la cinétique des membres inférieurs de la population ayant un pied plat. En effet, le fait d’ajouter uniquement un stabilisateur arrière ayant un effet varisant ne modifie pas la cinématique et la cinétique de l’arrière-pied. Cependant, lorsque le stabilisateur arrière ayant un effet varisant est combiné au stabilisateur avant ayant un effet varisant, il est possible d’observer une diminution de l’éversion de 2°. Par le fait même, l’étude menée par Telfer, et al. [153] montre une diminution du moment d’inversion à la cheville (équivalent du moment d’éversion externe observé dans l’étude). En augmentant de 2° l’effet varisant de l’OP, ils ont observé un effet dose – réponse sur la diminution du moment d’inversion à la cheville. Cet effet varisant aurait le même effet que le biseau calcanéen médial expliqué précédemment. Son mécanisme d’action potentiel pour soulager les individus atteints d’une DTTP se base aussi sur la TST et le SALRE. Cette modification

agirait en augmentant les pressions médiales à l’axe de l’articulation sous-talaire. L’orthèse plantaire agirait donc en augmentant le bras de levier et les forces appliquées en distal à l’axe de l’articulation sous-talaire. Toujours selon cette théorie, elle permettrait de diminuer les forces appliquées sur les structures effectuant les forces supinatrices (effectuant l’inversion) à la cheville. De plus, l’effet dose-réponse observé se répercutait au niveau du genou. En effet, une augmentation du moment d’abduction du genou (équivalent du moment de force externe en adduction) était aussi observée par tranche de 2° d’effet varisant de l’OP. Les auteurs suggèrent aussi que ce moment de force pourrait potentiellement engendrer de l’arthrose médiale du genou. Par le fait même, quelques études démontrent que le fait d’augmenter de 5° l’effet valgisant de l’OP diminuerait le moment d’abduction du genou chez la population atteinte d’arthrose médiale du genou [14, 154].

Les études de Moisan et al. [155-157] montrent que des OP avec une barre latérale sur l’OP diminue l’activité EMG des muscles fibulaires et du tibial antérieur. De plus, l’ajout d’un stabilisateur arrière de 5 degrés varus augmentait l’activité EMG du moyen fessier, du vaste médial et du long fibulaire chez un participant asymptomatique aux pieds plats. Une revue systématique effectuée par Reeves, et al. [158] montre que les seuls muscles influencés par les OP sont le muscle tibial postérieur à la phase de contact par une diminution de l’activité EMG et le muscle long fibulaire à la phase de mi-support de la marche par une augmentation de son activité EMG. Malgré ces deux tendances observées en majorité chez les gens asymptomatiques, les évidences montrent surtout un effet hétérogène sur l’activité EMG des muscles du membre inférieur. En effet, une réponse à l’OP est souvent spécifique pour chaque patient (patient specific response) portant celle-ci rendant ainsi difficile l’analyse des résultats à de grands groupes [158, 159]. De plus, peu d’études se sont penchées sur l’effet des OP sur l’activité EMG, la cinétique et la cinématique des populations présentant des pathologies.

La plupart des études se penchant sur l’effet de l’OP sur la biomécanique du membre inférieur à la marche ont été faites chez des populations asymptomatiques. Une seule étude l’a fait chez la population DTTP et elle sera détaillée dans la prochaine section.

L’effet de l’orthèse plantaire sur la biomécanique des membres inférieurs