• Aucun résultat trouvé

Nous inscrivons notre recherche dans la perspective critique de l’exclusivité du concept traditionnel de l’objectivité, à travers lequel les féministes essaient de démontrer que la connaissance « objective » n’est pas objective dans le sens traditionnel du terme, mais plutôt qu’il s’agit d’une connaissance socialement située (Harding, 2004). Il s’agit donc de reconnaître que chaque partie de la connaissance supposée objective revient à un être humain, dont l’existence entière est basée sur la manière selon laquelle il ou elle perçoit la vie, c’est-à-dire d’un point de vue particulier. Ainsi, pour l’analyse des données, nous avons retenu, d’un côté, le principe que la connaissance est basée sur l’expérience, sur les différentes situations, sur les intérêts et les valeurs qui entraînent des connaissances différentes (Jaggar, 1983 ; Harding, 2004). De plus, dans l’analyse des données, nous avons utilisé la notion réaliste et les fonctions descriptive, compréhensive et analytique de la méthode ethnosociologique créée par Bertaux (1980)41. Finalement, nous avons considéré les principes de saturation et de comparaison continue de la théorie ancrée proposée par Glaser et Strauss (1967), parce que notre objet de recherche est un phénomène social compris comme un processus dépourvu de frontières formelles, qui appelle à la compréhension de la totalité du système social et ainsi, à la possibilité de trouver un ample éventail de cas. Dans le terrain, nous avons essayé de chercher un équilibre de cas en veillant à ne pas tomber dans des généralisations pour lesquelles il

41

Selon Bertaux, l’étude des trajectoires de vie individuelles, à travers l’approche des histoires de vie, permet de connaître les différents « capitaux d’expérience biographique » qui marquent les différences qui ont lieu dans les pratiques individuelles, cela même chez ceux ou celles qui réalisent une même activité à laquelle ils ou elles impriment un sceau personnel et particulier appelé « différentialité ».

n'y aurait pas des fondements suffisants (Alonso, 1994). L'objectif était de trouver, des mécanismes et des stratégies à travers lesquelles les divers groupes de femmes pouvaient être considérés dans une « catégorie-type ».

Le traitement du matériel recueilli lors des entretiens a subi une analyse continue. La méthode de traitement de données des entrevues a observé les étapes suivantes : la transcription ; la normalisation ; le codage des segments ; la création et définition de catégories et de sous-catégories d’analyse ; la systématisation, en vidant les segments retenus dans des fiches associées par catégories ; l’analyse des codes sous chaque catégorie pour vérifier la cohésion; la comparaison entre la transcription et les notes prises pendant les rencontres ; et finalement, l’analyse de contenu des entrevues et la traduction. Nous voudrions remarquer que dans le cas des entretiens, ceux-ci ont été retranscrits le plus intégralement possible à mesure qu’ils ont été recueillis. L’analyse, de cette manière, a commencé dès le premier entretien.

Finalement, il nous semble important de noter que la validité de notre recherche n’est pas donnée par les probabilités d’occurrence, voire dans des informations répétées de nombreuses fois comme dans les questionnaires. Au contraire, la validité a été construite à partir de la lecture des dimensions subjective et sociale des différentes « réalités » et de l’interprétation des univers symboliques présents dans les récits des immigrantes sud-américaines interviewées. Les résultats de cette recherche, ne se posent donc pas en termes de représentativité statistique, mais plutôt de catégorisation et de représentativité sociologique, en considérant la diversité de l’échantillon et la richesse des expériences des immigrantes. Les hypothèses ont été dégagées peu à peu sur le terrain, car dans une démarche inductive, le mode de fonctionnement s’inverse (Kaufmann, 1996). Ainsi, les vagues d’entretiens ont donné lieu à une nouvelle élaboration des pistes de réflexion et à la réinjection de nouvelles hypothèses et d’informations, afin de pouvoir les vérifier. Avec cette perspective, les cas analysés dans notre recherche, ont été pris comme « histoires de pratiques », permettant d'explorer diverses trajectoires sociales, familiales et individuelles, la succession de statuts sociaux à travers des processus de production dynamique du sens.Dans la deuxième partie de ce mémoire, nous examinerons les

résultats de notre enquête de terrain. Mais, comme il importe de retracer les caractéristiques majeures et le profil sociodémographique des immigrantes sud- américaines, nous nous étendrons sur ce point au chapitre suivant, pour ensuite nous occuper de l’analyse des résultats.

Deuxième partie

Les résultats du terrain

des immigrantes sud-américaines qualifiées installées à Montréal et à rendre opérationnelle la relation qui existe entre l’acquisition des ressources culturelles et symboliques et la « positionnalité transpositionnelle ». Nous proposons de comprendre quatre dimensions d’analyse correspondant aux axes de référence proposés par Anthias (2001a, 2002, 2007). Ces quatre axes renvoient à l’expérience, à la dimension intersubjective, à l’aspect institutionnel et à la perspective représentationnelle. Dans ce but, nous présentons, dans les pages suivantes, l’analyse des 16 entrevues à partir de la prémisse voulant que :

« Bourdieu’s (1990) notion of four kinds of capital, which includes cultural and symbolic capital, treats [some] aspects of class, so that gender and ethnicity form part of the cultural and symbolic schema, which then enters class relations […] Moreover, the focus on human capital, found in some approaches to stratification, essentially concentrates on individual capacities and skills, as determinants of market inclusion and exclusion is not fully adequate either. This approach [of capital] presupposes that individuals can acquire human capital attributes, without reference to the overall system of stratification, which determines which categories of persons are eligible to accomplish particular forms. Such a system includes within its very heart gendered, ethnicized and racialized relations: the

experiential, intersubjective, organizational and representational features of

these ontological domains are themselves constitutive of the stratification system. These are spaces where the production and reproduction of valuational and material inequalities takes place and where relational and antagonistic social relations are embodied and performed (Anthias, 2001a: 381). »

Dans un premier temps, au chapitre quatre, nous effectuons un examen préliminaire de la présence sud-américaine au Canada et au Québec, de même que nous analysons quelques indicateurs de l’intégration socioéconomique des immigrantes sud-américaines à partir des données des recensements. Il y est question de la population féminine sud-américaine à Montréal, qui forme le groupe à partir duquel notre échantillon a été construit.

Pour comprendre la « positionnalité transpositionnelle » des femmes universitaires sud-américaines dans la société de départ et comment les ressources culturelles et symboliques sont mises à leur disposition selon leur position situationnelle et sociale

sur quatre thèmes selon les axes définis ci-dessus. Le premier axe d’analyse est constitué de la compréhension des ressources acquises et de la décision de partir selon l’expérience personnelle des interviewées dans leur société d’origine. Le deuxième axe d’analyse, la dimension intersubjective, est abordé à partir des projets migratoires que les migrantes sud-américaines établissent. Le troisième axe se concentre sur la façon selon laquelle l'organisation des institutions influe sur l’accès aux ressources et sur l’expérience d’accès au marché de l’emploi dans la société de départ. Quatrièmement, nous analyserons les représentations que ces professionnelles se font du processus migratoire. À la fin du chapitre, la position sociale des femmes interviewées sera analysée à partir de la définition des projets migratoires.

Enfin, dans un troisième temps, nous présentons, dans le premier point du chapitre six, la façon selon laquelle les ressources culturelles et symboliques sont mobilisées dans la société réceptrice pour définir une ou plusieurs stratégies d’intégration socioéconomique. À cet effet, le premier axe de cette partie (l’expérience personnelle) est analysé en tentant de comprendre les processus d’établissement des interviewées dans la société réceptrice. Le deuxième axe, la dimension intersubjective, est abordé à partir de l’analyse des attentes et des processus qui encadrent le projet migratoire. Le troisième s’oriente sur l’influence des facteurs organisationnels et institutionnels du contexte récepteur, qui est formé d’épreuves pour rester au pays. Enfin, nous nous occupons de la dimension représentationnelle, à partir de l’influence des perceptions et des processus de reconnaissance des employeurs et des membres de la société réceptrice sur l’accès au marché de l’emploi. Dans la deuxième partie de ce chapitre, nous présentons l’analyse de la position sociale à partir des stratégies d’intégration socioprofessionnelle déployées par les femmes interviewées (l’expérience), des logiques d’action (la dimension intersubjective), de la reconnaissance dans la société de réception (facteurs organisationnels et institutionnels) et, enfin, de l’impact de l’insertion professionnelle des immigrantes (la dimension représentationnelle).

LA PORTÉE DE L’ORIGINE