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Partie I : Synthèse bibliographique

3.2. Risques liés à l’usage des produits phytosanitaires

3.2.2. Toxicité des produits phytosanitaires

La toxicité d’un produit phytosanitaire est sa capacité à donner, plus ou moins rapidement, une incapacité plus ou moins poussée, une maladie ou la mort. Cette définition tient compte de toutes les formes d’intoxication (suraiguë, aiguë, chronique, subaiguë, subchronique…), de toutes les voies de pénétration (digestive, respiratoire, cutanée, oculaire), de toutes les substances et de tous les modes d’intoxication (FAO, 2003; Amiard, 2017).

3.2.2.2. Type de toxicité et forme d’intoxication

On distingue plusieurs types de toxicité et de forme d’intoxication en fonction de la rapidité d’apparition des symptômes, de leur sévérité, de leur durée ou de la rapidité d’absorption de la substance toxique (Amiard, 2017).

La toxicité aiguë correspond à une administration unique du toxique ;

- La toxicité subaiguë qui est une toxicité réitérée pendant au maximum 28 jours ; - La toxicité subchronique qui est une toxicité réitérée pendant plus de 28 jours et

moins de 90 jours ;

- La toxicité chronique qui est une toxicité réitérée pendant plus de 90 jours. Parmi les formes d’intoxication, on a :

- L’intoxication suraiguë correspondant à une exposition de très courte durée où l’absorption est toujours très rapide, la dose toujours unique et la mort survient rapidement ;

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- Lors d’une intoxication aiguë, l’apparition de la toxicité est de courte durée, l’absorption du toxique est rapide, les manifestations d’intoxication sont rapides (vertige, allergies cutanées), la mort ou la guérison sont rapides ;

- L’intoxication subaiguë correspond à des expositions fréquentes et répétées sur une période de plusieurs jours ou semaines pour que les symptômes d’intoxication (céphalées, vomissement, fatigue, etc.) apparaissent ;

- Dans le cas d’une intoxication chronique, les expositions sont répétées sur une longue période (plusieurs années) et la manifestation de l’intoxication dépend soit du poison qui s’accumule, soit des effets engendrés qui s’additionnent. Ce type d’intoxication provoque souvent le cancer, les effets neurologiques, dermatologiques et la perturbation du système endocrinien.

3.2.2.3. Voies d’exposition aux pesticides

Les substances actives pénètrent dans l’organisme selon plusieurs voies (Samuel et St-Laurent, 2001; Burns et al., 2007; Lebailly et al., 2009; Flores et al., 2011; Amiard, 2017) :

- La voie digestive résultant d’une ingestion volontaire ou accidentelle. Le toxique arrive au niveau de l’estomac, puis de l’intestin ;

- La voie respiratoire est concernée par l’inspiration des gaz, des vapeurs de liquides volatils et des aérosols. L’action toxique est directe sur la muqueuse respiratoire (pour les irritants) ou dite systémique (générale) lorsque le produit traverse la paroi pulmonaire pour se fixer sur les hématies ou se dissoudre dans le sang ;

- La voie cutanée qui est la principale voie d’exposition des producteurs aux pesticides en milieu agricole, est impliquée dans le cas d’un contact direct avec la substance toxique soit par projection, soit le sujet est dans une atmosphère contenant des vapeurs toxiques. L’action sera directe avec destruction de la peau ou systémique si le produit traverse la barrière cutanée. Cette voie regroupe la voie pilosébacée (les poils), la voie des pores (surtout au niveau des mains et des pieds) et la voie épidermique qui est de loin la plus importante ;

- La voie oculaire résulte de projections du produit dans les yeux. La brûlure oculaire peut entraîner une atteinte des annexes, mais aussi la destruction de l’œil et un risque de cécité.

La voie de contamination dépend toutefois des caractéristiques du produit utilisé, du comportement humain (utilisation des pesticides sans protection adéquate) et de l’environnement (période d’application des pesticides).

3.2.2.4. Facteurs influençant la toxicité des pesticides

L’exposition humaine aux pesticides peut se produire lors d’une utilisation par les agriculteurs ou par les travailleurs dans les zones traitées et plusieurs facteurs peuvent modifier cette exposition (Fenske et Day, 2005).

3.2.2.4.1. Paramètres liés à la toxicité intrinsèque des pesticides

Les produits peuvent être sous forme de poudres, de granulés ou de liquides et selon les études, les produits sous forme de poudre sont plus exposants (Glass et

Production et gestion des pesticides au Burkina Faso

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Machera, 2009). Cependant, les formulations liquides pénètrent plus rapidement dans la peau, surtout par les mains (Berenstein et al., 2014).

3.2.2.4.2. Paramètres liés à la tâche réalisée

La plupart des auteurs estiment que les phases de préparation et de pulvérisation sont les plus importantes concernant l’exposition des opérateurs aux pesticides et que 90% de l’exposition a lieu durant l’opération de dosage, car le produit manipulé est à l’état concentré (Burns et al., 2007; Lebailly et al., 2009; Flores et al., 2011). Pour Baldi et al. (2006), la pulvérisation est responsable de 50 % de l’exposition journalière totale. Cette forte exposition serait due à l’absence ou à un mauvais usage des EPI et à des débordements de la cuve.

La phase de nettoyage n’est pas également négligeable dans l’exposition aux pesticides, car elle compterait pour 20 % de l’exposition totale (Baldi et al., 2012).

3.2.2.4.3. Paramètres liés au matériel de pulvérisation

Le type de matériel de pulvérisation influence également l’exposition des producteurs aux pesticides. Les pulvérisateurs manuels impliquent une exposition plus importante de l’opérateur que les pulvérisateurs motorisés du fait de la proximité des buses sur les systèmes portés (Nuyttens et al., 2009). Aussi, les buses produisant généralement des gouttelettes fines, exposent plus l’opérateur aux pesticides par rapport à celle produisant de grosses gouttelettes (El-Aissaoui, 2015). Enfin, plus la pression de pulvérisation est élevée, plus l’opérateur est exposé et plus la cuve est grande, moins l’opérateur est exposé (Machado-Neto, 2001; Lebailly et al., 2009). Cela semble dû au fait que les grandes cuves réduisent la nécessité de refaire des préparations supplémentaires pour traiter l’ensemble de la parcelle, réduisant ainsi les tâches et le temps de contact avec les produits concentrés (Boissonnot, 2014).

3.2.2.4.4. Paramètres liés aux Equipements de Protection Individuelle (EPI)

Pour limiter l’exposition des agriculteurs aux pesticides, l’usage des EPI est recommandé en fonction du type de produits phytopharmaceutiques utilisés et des différentes étapes du traitement (préparation, application, nettoyage). Un jeu complet d’EPI est composé d’une combinaison de type 5/6, de bottes, d’un masque intégral ou d’un demi-masque de type A2P3 et d’une paire de gants en nitrile (Boissonnot, 2014). Les mains sont les plus soumises à la contamination par les pesticides d’où l’importance du port des gants (Baldi et al., 2006; Ramos et al., 2010).

3.2.2.4.5. Paramètres liés à l’opérateur

Le niveau d’instruction et de formation est un paramètre aussi important pour éviter l’exposition de l’opérateur aux pesticides (FAO, 2001). Plus l’opérateur est instruit et formé, plus l’exposition diminue car il a une compréhension et un respect des informations mentionnées sur les étiquettes (dose à appliquer, consignes de sécurité, etc.) (Machado-Neto, 2001; Lebailly et al., 2009). Aussi, le fait de porter de vêtements propres pendant l’utilisation des pesticides et de se laver les mains ou de se doucher proprement après utilisation des pesticides, permet de réduire

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l’exposition (Dosemeci et al., 2002). Les enfants, les femmes, les personnes âgées et les individus qui ont des problèmes de santé sont habituellement les plus sensibles aux pesticides (Samuel et St-Laurent, 2001; FAO et OIT, 2013).

3.2.2.4.6. Paramètres liés aux conditions météorologiques

Durant l’application des produits phytosanitaires, les fortes températures et l’humidité élevée tendent à augmenter la pénétration des produits à travers la peau (Aubertot et al., 2005; Fenske et Day, 2005; Gil et al., 2008; Vitali et al., 2009). Quant au vent, il a des effets sur la répartition du produit et la contamination de l’opérateur et des écosystèmes, car lors de la pulvérisation et en fonction du vent, 30 à 50 % de la quantité appliquée peut être perdue dans l’atmosphère, sans atteindre les plantes (Aubertot et al., 2005; Gil et al., 2008). Les vitesses de vent admises se situent entre 1 et 2 m/sec (FAO, 2001; Schiffers et Moreira, 2011; El-Aissaoui, 2015).