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Partie I : Synthèse bibliographique

3.2. Risques liés à l’usage des produits phytosanitaires

3.2.5. Composantes de l’analyse des risques

L’analyse des risques se compose de trois parties reliées entre elles par un lien de collégialité (AFSCA, 2005; Schiffers et Samb, 2011) :

1. Evaluation des risques (risk assessment) ; 2. Gestion des risques (risk management) ;

3. Communication sur les risques (risk communication).

La Figure 11 illustre la structure systématique d’analyse des risques.

Production et gestion des pesticides au Burkina Faso

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3.2.5.1. Evaluation des risques (risk assessment)

La première composante de l’analyse des risques est l’« évaluation des risques ». Elle correspond à un processus fondé scientifiquement, qui doit avoir lieu

indépendamment de la gestion des risques. Elle est scindée en 4 étapes :

- l’identification des dangers (hazard identification) ;

- la caractérisation des dangers (hazard characterisation ou dose-response assessment) ;

- l’estimation de l’exposition (exposure assessment) ; - la caractérisation des risques (risk characterisation).

Etape 1 : Identification des dangers

L’objectif de cette étape est de décrire sur base qualitative les dangers (micro)biologiques, chimiques ou physiques qui sont à l’origine d’un risque pour la santé ou de l’environnement en fonction du domaine dans lequel le risque est évalué. Pour ce faire, on fait largement appel à la littérature existante. Ainsi, en ce qui concerne l’identification des dangers chimiques, on procédera à la description des effets nocifs de la substance ainsi que le profil (groupe d’âge, sexe,…) et l’étendue de la population qui encourt le risque.

Etape 2 : Caractérisation des dangers

Au deuxième stade de l’analyse des risques, on procède à la caractérisation des dangers correspondant à l’évaluation qualitative (décrire les symptômes, les effets) et/ou quantitative (décrire la gravité du danger en fonction de la dose) de la nature des effets néfastes sur la santé associés aux agents biologiques, chimiques et physiques qui peuvent être présents dans les denrées alimentaires :

- pour les agents biologiques et physiques, on procédera à une détermination de la dose-réponse si on peut se procurer des données ;

- pour les agents chimiques, il y a lieu de procéder à une détermination de la courbe dose-réponse (si les données sont disponibles).

Etape 3 : Evaluation de l’exposition

L’estimation de l’exposition consistera à combiner des informations sur la prévalence et la concentration du danger dans la denrée avec celles relatives à la consommation. On traduira ainsi la probabilité que le consommateur soit exposé à des quantités ou des concentrations variables d’un agent biologique, chimique ou physique via l’alimentation et, le cas échéant, par d’autres voies d’exposition.

Pour réaliser cette évaluation, on doit donc disposer de données :

1. Sur la contamination de la denrée par exemple la quantité moyenne de pathogènes alimentaires, ou la concentration probable en contaminants, auxquelles le consommateur peut être exposé au moment de la consommation en travaillant en cas d’absence de données avec les limites acceptables fixées telles que les Limites Maximales en résidus (LMR).

2. Sur la consommation de la denrée en utilisant les données relatives aux habitudes alimentaires (enquêtes de consommation). L’estimation se base soit sur la moyenne (en g/jour) de la consommation/jour de la population dans son

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ensemble, soit, pour tenir compte des « gros consommateurs », sur les percentiles (P97,5 ; P90) des consommations/jour. Il faut aussi prendre en considération, quand c’est possible et quand c’est justifié, certaines catégories spécifiques de la population (ex. : les adultes et les enfants, pour lesquels le niveau de risque peut être différent en raison de leurs différences de consommation et de poids corporel).

Pour rassembler les informations, on peut faire appel à la littérature scientifique, à des tests de croissance, à des tests de conservation, aux résultats de recherche analytique, à des modèles mathématiques et à des études sur les habitudes alimentaires.

Pour l’évaluation de l’exposition à l’aide de données sur la consommation et de données sur la contamination, on peut utiliser la méthode déterministe, la méthode probabiliste ou une combinaison des deux. La méthode déterministe utilise des estimations ponctuelles, aussi bien pour la consommation que pour la contamination, comme la moyenne, le 95ème percentile, le maximum. Dans l’estimation probabiliste de l’exposition, on fait appel à la distribution de la consommation et à la distribution de la contamination de la population. Une combinaison des deux techniques est également possible, en utilisant par exemple une estimation ponctuelle pour la consommation (par exemple la moyenne) et en prenant en compte la distribution complète pour les données de consommation.

Etape 4 : La caractérisation des risques

Une dernière étape de l’évaluation des risques est la réalisation d’une caractérisation des risques. C’est une estimation basée sur l’intégration de toutes les données obtenues lors des étapes précédentes. Elle a pour objectif de déterminer la probabilité de survenue d’un danger, ainsi que l’ampleur des conséquences économiques et sociales indésirables qui y sont liées. Ce classement doit ensuite permettre de prendre une décision concernant l’acceptation ou la non acceptation d’un risque donné.

La caractérisation du risque peut être exprimée qualitativement (risque élevé, moyen ou faible) ou quantitativement (ex. : en % de la dose de référence aiguë (ARfD) ou de la dose journalière admissible (DJA) pour un groupe de consommateurs). Elle doit également tenir compte explicitement de la variabilité, des incertitudes (données incomplètes, connaissance partielle), ainsi que des suppositions faites, avec pour but de donner une idée de la fiabilité de l’estimation du risque.

L’évaluation sera complétée par la définition des options possibles de maîtrise du risque : liste des méthodes disponibles, des moyens permettant à priori de contrôler le risque. En changeant les paramètres d’un modèle d’évaluation des risques, les experts pourront aussi sélectionner et proposer aux gestionnaires les options les plus efficaces.

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3.2.5.2. Gestion des risques (risk management)

Apres avoir effectué une évaluation des risques, on procède à la gestion des risques. Pour cette opération, on évalue les informations relatives aux dangers et aux risques qui ont été collectées pendant l’évaluation des risques, par rapport à d’autres facteurs importants qui influenceront aussi les décisions finales en matière de gestion. Cette seconde composante correspond donc aux décisions « politiques » prises notamment par les autorités pour maintenir les risques à des niveaux acceptables.

Ensuite, les autorités doivent établir et mettre en œuvre des mesures stratégiques adéquates, afin de réduire de la manière la moins coûteuse possible la probabilité d’apparition de risques inacceptables.

3.2.5.3. Communication sur les risques (risk communication)

Un dernier élément de la systématique de l’analyse des risques est la communication sur les risques. Cette communication implique toutes les parties prenantes dans le processus d’analyse des risques afin d’échanger sur les informations relatives à l’évaluation et à la gestion des risques. Cette troisième composante de l’analyse de risque permet à toutes les parties prenantes d’être informées sur la nature, l’origine et la criticité des risques d’une part. Elle permet ainsi aux autorités de construire un programme de surveillance et de planifier les contrôles dans la chaîne alimentaire. D’autre part, elle permet aussi d’informer les opérateurs sur les mesures de maîtrise qui se sont avérées réellement efficaces. Par ailleurs, on peut aussi communiquer lors des étapes précédentes (durant l’évaluation des risques et la gestion des risques) avec les personnes concernées (voir figure 11).

3.2.6. Impacts de l’usage des pesticides en production agricole