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2.5 Quelles pratiques touristiques pour les déconsommateurs ?

2.5.2 Le tourisme de nature

Le tourisme de nature « fait référence à l’espace fréquenté qui est majoritairement naturel et plus ou moins sauvage » (Schéou, 2009). Cette forme de tourisme se concentre sur des endroits peu peuplés et éloignés. Selon Schéou (2009), elle permet ainsi de lutter contre la « désertification des zones rurales » en offrant aux populations locales et aux agriculteurs, la « possibilité de diversifier leurs sources de revenus ». Le tourisme de nature incorpore différentes formes de tourisme et d’expériences en milieu naturel, comme le tourisme d’aventure et l’écotourisme (Tourisme Québec, 2003).

• L’écotourisme

Selon l’OMT, l’écotourisme désigne « toutes les formes de tourisme basées sur la nature dans lesquelles la principale motivation des touristes est l’observation et la jouissance de la nature ainsi que des cultures traditionnelles qui prévalent dans les zones naturelles ».

L’écotourisme intègre également des caractéristiques éducatives et d’interprétation du milieu et contribue à la protection des zones naturelles utilisées comme centres d’intérêt écotouristique tout en minimisant les impacts négatifs sur l’environnement naturel et socioculturel . Le concept d’écotourisme, comme les autres formes de tourisme alternatif, est 18

apparu suite au développement du mouvement écologique et au rejet du tourisme de masse dans les années 70 et répond alors au besoin croissant des touristes pour un tourisme de nature (Salaméro, 2017). Cependant, cette forme de tourisme qui a pour but la conservation et préservation des zones naturelles, la minimisation des impacts et l’orientation locale du tourisme est critiquée par Bernard Schéou (2009) qui la voit comme « l’éclaireur qui prépare la prochaine arrivée du tourisme de masse dans des zones fragiles ».

Afin de contrer les éventuels impacts négatifs de l’écotourisme, plusieurs mouvements ont vu le jour comme le mouvement Leave No Trace (Sans Trace) qui promeut un tourisme de nature propre et respectueux de l’environnement. Ils conseillent notamment de gérer les déchets de façon écologique, de camper sur des surfaces durables, de minimiser les impacts des feux de camp ou de ne rien rapporter qui provient du site en question . 19

L’Observatoire de la Consommation Responsable (2011) a déterminé 4 profils d’écotouristes en fonction de leur niveau d’implication et du type d’activités touristiques pratiquées. Ainsi, les « mordus verts » sont ceux qui présentent l’engagement le plus fort dans des activités écotouristiques. Ce sont majoritairement des femmes éduquées et âgées entre 25 à 34 ans et entre 45 à 54 ans. Les « mordus verts » sont motivés par des activités liées à la conservation de la nature (randonnées, visites de parcs nationaux, observation des oiseaux, etc.) et privilégient le calme et la tranquillité. De plus, les rencontres sont au centre de leur voyage, ils sont intégrés à la communauté et participent à son développement. Le deuxième profil sont les « occasionnels », ils pratiquent des activités en lien avec la nature (observation des baleines, arbres-en-arbres, etc.), mais leurs considérations « éco-sociales » ne sont pas leur principale motivation. Ils sont intéressés par les événements touristiques traditionnels et les activités sportives, mais n’ont pas d’intérêt à rencontrer et échanger avec les populations locales. Le troisième profil sont les « conscientisés non-pratiquants », ils sont conscients des enjeux environnementaux liés au tourisme, mais ne pratiquent pas d’activités écotouristiques.

OMT. <http://sdt.unwto.org/fr/content/ecotourisme-et-des-aires-protegees>, consulté le 11 décembre 2018. 18

Leave No Trace. <https://lnt.org/>, consulté le 16 décembre 2018 19

Ils privilégient les rencontres avec les populations locales et sont motivés par l’épanouissement personnel. Enfin, le dernier profil sont les « conventionnels », ils regroupent le reste des individus non inclus dans les trois premiers profils. Ils recherchent surtout la détente et le dépaysement. Les préoccupations environnementales ne sont pas une priorité pour eux. Ils ont une préférence pour les activités touristiques organisées, le tout-inclus et les activités entre groupes d’amis.

• Le tourisme d’aventure

Le tourisme d’aventure suppose une activité réalisée dans un cadre naturel, nécessitant un effort physique et comportant un risque relatif (Barry, 2007). Au Québec, le regroupement Aventure Écotourisme Québec (AEQ) définit le tourisme d’aventure comme étant :

« Une activité physique de plein air ou combinaison d'activités se déroulant dans un milieu naturel particulier (endroit inusité, exotique, isolé, inhabituel ou sauvage). En tourisme d'aventure on utilise des moyens de transport non conventionnels, soit motorisés (motoneige, quad, etc.) ou non-motorisés (marche, canot, kayak, etc.). De plus, l'activité implique nécessairement un niveau de risque, lequel peut varier selon l'environnement (isolement, caractéristiques géographiques, etc.) ou selon la nature des activités et des moyens de transport impliqués. »

Le tourisme d’aventure a évolué ces dernières années et fait de plus en plus d’adeptes qui « cherchent à se ressourcer, à reconnecter avec la nature, à se dépasser et à vivre des expériences significatives » (Barry, 2018). Selon les données d’une étude réalisée par l’association Adventure Travel Trade (ATTA) sur le tourisme d’aventure en 2018 , on 20

observe une augmentation significative des personnes qui voyagent seules, ainsi qu’une augmentation importante de l’intérêt pour les séjours écoresponsables. Les voyageurs qui pratiquent le tourisme d’aventure sont à la recherche d’expériences « transformationnelles » et « authentiques ». En Thaïlande, l’entreprise HiveSters propose toutes sortes d’activités aux touristes comme de participer à des cours de cuisine dirigés par le propriétaire d’un food truck, et ce directement dans la rue.

Adventure Travel. 20 Adventure Travel Trends to Watch in 2018. Récupéré de <https://cdn- 20

research.adventuretravel.biz/research/5bbf902fa74d64.96720100/2018-Travel-Trends.pdf>, consulté le 17 décembre 2018

Une des tendances qui ressort en 2018 en tourisme d’aventure est l’importance accordée à la quête du bien-être durant le voyage. Selon l’ATTA, le touriste d’aventure voyage également dans le but de se déconnecter de la routine quotidienne et de se recentrer sur l’essentiel et voit dans le voyage une façon de se maintenir en bonne santé mentale comme physique. Cette évolution du but même du voyage qui passe de la simple découverte d’une destination à la quête du bien-être physique et mental ou à la recherche d’expériences « transformationnelles » montre bien qu’il y a une évolution des attentes des touristes vis-à- vis de l’offre touristique découlant d’une modification profonde des valeurs à l’origine des attitudes et des comportements.