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Compte-rendu Marion Hézard

2- Tourisme en Transition à Saint-François de Sales :

Présentation du projet de transition de la commune pour la porte d’accès au domaine nordique. Par Maryse Fabre, Maire et Bernard Jean qui gère le gîte communal et accompagne la commune sur la question du tourisme depuis quelques temps.

Le tourisme de neige à Saint-François date de 1980. Maryse Fabre insiste sur le fait que « c’est un tourisme hérité », ce n’est pas un “projet” de faire du tourisme de neige… On en hérite lorsqu’on est élus sur la commune.

Historique du projet :

En partant d’un double constat :

- Le tourisme de Neige coûte très cher à la commune : comment équilibrer les comptes ? - D’ici peu, la neige ne sera plus présente : comment anticiper, plutôt qu’attendre l’inéluctable

en se fermant les yeux ?

La commune de St-François a alors le désir de prendre en main son avenir touristique, et refuse que les choix lui soit imposés. Mais Maryse Fabre a conscience de la nécessité d’être accompagnée dans cette démarche, car ils n’ont pas les compétences en interne sur cette commune de 155 habitants… Il y a 3 ans Bernard Jean vient avec ses étudiants de Master 2 tourisme (SEST, à la faculté d’économie de Grenoble) : ils établissent alors un diagnostic territorial. A partir de là, Grand Chambéry accepte de financer une étude spécifique pour la porte de Saint-François : l’année dernière Bernard Jean accompagne la Mairie et devient l’interlocuteur du cabinet Alter Espace, en charge de l’étude. Cette étude permet à la commune d’avoir une ligne directrice – un projet de territoire, même si c’est à petite échelle. Et à partir de là, cela devient bien plus simple d’accepter ou de refuser des propositions de porteurs de projets dans le domaine touristique.

Pour Maryse Fabre, très clairement, au-delà d’arriver à équilibrer les comptes, le projet est de faire de l’éducation à la nature. « on pense qu’il y a un réel besoin de renouer avec la nature, qu’il y a une vraie

demande pour ce tourisme ». Mais l’idée est aussi d’aller plus loin, et de ne pas laisser les habitants de

la commune en dehors du projet : en lien avec CIPRA, la commune s’engage par exemple sur la protection de l’abeille noire, et c’est un sujet qui semble pouvoir mobiliser les habitants et créer du lien social.

Au final, réaliser le projet de la commune (essentiellement de la mise aux normes de bâtiments existants et de l’aménagement de sentiers découvertes) se monterait à 1,4 M€ (à mettre en parallèle au projet global sur Savoie-Grand-Revard d’un montant de 20M€, dont 3 M€ pour la neige de culture…). Encore faudra t’il obtenir le financement, soumis à l’approbation de Grand Chambéry… Les menaces, tant pour le territoire que pour le projet (présentées notamment par Bernard Jean):

- A court terme (on est déjà dedans) : c’est la loi NOTRe. La fusion imposée avec Grand Chambéry qui change la gouvernance de la station, avec notamment une perte de pouvoir d’agir sur le territoire où l’on est élu.

- A moyen/long terme : le changement climatique, et donc le manque de neige.

Dans ce double contexte, Bernard Jean insiste sur un aspect que Naomie Oreskes, auteur de l’ouvrage “les marchands de doutes”, a mis en évidence dans ses écrits : les élus prennent des décisions politiques sans connaître la réalité scientifique du changement climatique et ses conséquences. Il donne alors pour exemple une présentation qu’il a faite aux élus de Savoie-Grand-Revard, dans laquelle il leur a montré les chiffres et les prospectives concernant la station : en 2050 il ne pourra plus y avoir de tourisme de neige ici. Un seul, parmi les élus présents, avait connaissance de ces chiffres ! Maryse Fabre met aussi en avant le “fossé culturel et organisationnel” qui existe entre les élus des deux anciennes communautés de communes : les élus du “Cœur des Bauges” avaient l’habitude de discuter des projets en conseil communautaire, et les votes se faisaient en fonction de leurs positions sur l’utilité d’un projet. Depuis la fusion des intercommunalités, la discussion des projets n’a pas lieu pendant les conseils, et elle subit des pressions sur la manière dont elle doit voter les projets.

Quels liens entre “la ville” et “la montagne” ?

- Pour Maryse, la question est de savoir “quelle valeur on donne à notre territoire”. L’idée qui semble portée par les élus “du bas” serait que les habitants des Bauges profitent des services du bas (et en plus des financements!). Mais il faut voir aussi qu’en contrepartie, les habitants “du bas” profitent bel et bien du territoire naturel des Bauges. Des stations, mais aussi simplement d’un accès gratuit à la nature et aux sentiers de randonnées... bien que cette nature ne soit pas “gratuite”: Le paysage a été entretenu par des générations et des générations, qui cultivent les terres et entretiennent la forêt...

Que retenir?

- Il est temps de réinventer les alliances et les transactions entre les vallées urbaines et les montagnes, en prenant en compte d’autres facteurs que ceux immédiatement quantifiables financièrement : c’est à dire avoir une réflexion sur le bien être territorial et la qualité de vie. En bref : repenser en profondeur quels sont les atouts et les besoins de chaque partie du territoire et de ses habitants, instaurer un dialogue pour s’accorder sur la réciprocité territoriale, juste et enviable, à mettre en place.

- Les élus ont tout intérêt de s’entourer d’experts qui prennent en compte la réalité du changement climatique pour que les choix d’aujourd’hui ne pénalisent pas trop profondément le territoire, ses habitants, ses élus, dans les années à venir.

- Une vision pour l’avenir: “ce qui m’intéresse aujourd’hui, c’est de partir de ce que veulent les

habitants” : Si jusqu’à présent la commune s’est engagée dans un processus de

communication sur les projets en cours, le fil conducteur d’un second mandat - s’il a lieu - serait d’être plus dans l’accompagnement des envies des habitants, Maryse précisant bien qu’elle ne veut pas “faire le bonheur des gens à leur place”.